Déclaration de M. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sur la position de la CGPME concernant le traité constitutionnel européen, Paris le 20 avril 2005.

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Circonstance : Comité directeur de la CGPME à Paris le 20 avril 2005

Texte intégral

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les Présidents
Chers Amis,
Tout d'abord, Madame la Ministre, je voudrais vous remercier d'avoir accepté de venir échanger sur l'Europe avec notre Comité Directeur.
Les chefs d'entreprises, Présidents d'Unions Territoriales ou de Fédérations professionnelles présents dans cette salle font aujourd'hui un constat : l'Union européenne que nous avons souhaitée ne répond plus pleinement aux attentes des chefs d'entreprises...
Nous sommes tentés de reprocher à l'Europe sa lourdeur administrative, sa faible réactivité face aux attentes des entreprises et des marchés. Nous nous sentons trop souvent pénalisés par la surabondance de réglementations tatillonnes de toute nature qui créent en permanence de nouvelles contraintes difficiles à intégrer pour nos TPE et PME, et perçues comme autant de charges supplémentaires qui handicapent leur compétitivité.
Soyons clairs :
L'Europe engendre parmi nous des craintes fortes : concurrence acharnée et baisse inexorable des prix, disparité des coûts salariaux entraînant des délocalisations en série, disparités fiscales avec pour conséquence directe une perte durable de compétitivité.
L'économie européenne va mal et les PME/TPE ne savent parfois plus si l'Union européenne fait partie du problème ou de la solution !
Et, pourtant,
- nous, chefs d'entreprise, nous savons que le repli est suicidaire dans le cadre d'une économie aujourd'hui mondialisée du seul fait de la technologie ;
- nous, chefs d'entreprise, nous savons que l'Europe nous a apporté la paix et qu'elle a contribué de manière impressionnante au développement économique de l'Espagne et du Portugal, nous ouvrant ainsi les portes de nouveaux marchés ;
- nous, chefs d'entreprise, nous savons que la compétition économique globale exige que nous unissions nos forces pour résister aux géants économiques qui nous menacent, de l'autre côté de l'Atlantique, ou en Asie.
Nous savons également que la France souffre de blocages qui empêchent les réformes drastiques qui s'imposent.
Alors, OUI, " l'économie sociale de marché " inscrite dans le projet de Constitution, nous fait rêver d'une Europe garantissant certes, la paix et les droits sociaux, mais nous permettant surtout, de développer librement nos entreprises, bien loin de l'ultralibéralisme destructeur ou du socialisme castrateur !!!
Nous ne sommes pas naïfs, le Traité établissant une Constitution pour l'Europe, ne constitue pas le sésame qui résoudra d'un coup de baguette magique, toutes les difficultés que nous rencontrons dans notre quotidien.
Mais nous avons besoin, Madame la Ministre, de vous entendre nous convaincre du bien fondé économique -car la CGPME reste dans une approche économique- du texte qui nous sera soumis à ratification le 29 mai prochain.
[Mot de conclusion de M. J.-F. Roubaud, suite à la déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les apports de la Constitution européenne à la construction de l'Europe :]
La clarté et la franchise de vos propos ont été pour nous bien appréciables et je tiens à vous en remercier.
Cette Constitution, vous l'avez dit, Madame la Ministre, introduit en effet des avancées non négligeables.
Dans le contexte actuel de globalisation des échanges, nous avons besoin d'une Europe capable d'agir plus efficacement sur les phénomènes liés à la mondialisation !!!
Aujourd'hui, quel pays européen peut, à lui seul, lutter contre l'exode des cerveaux et celui des usines, la concurrence par trop inégale de la Chine, tout en renforçant sa présence dans le secteur des nouvelles technologies et de l'innovation dans les PME ?
Pour nos entreprises, il est vital que nous puissions disposer d'un porte-parole ayant capacité à faire entendre la position européenne d'une seule voix et influencer la conduite des négociations commerciales internationales.
Les entraves au développement des entreprises ne peuvent perdurer. Une concurrence loyale doit être instaurée sur la base de textes clairs.
La reconnaissance, par la Constitution, du rôle des partenaires sociaux et de la société civile dans son ensemble, sonnera le glas des réglementations tatillonnes et inapplicables sur le terrain.
Autre point important :
Les Etats qui ont adopté l'euro ont évité des dévaluations compétitives, dévastatrices par le passé, et ont sécurisé la majeure partie de leurs échanges commerciaux.
Aujourd'hui, les acquis de l'euro ont besoin d'être consolidés.
Alors, même si tout n'est pas parfait et si l'on peut, notamment regretter une occasion manquée en matière d'harmonisation des politiques fiscales...
Ma conclusion est simple :
La question qui se pose aujourd'hui aux représentants du monde de la petite et moyenne entreprise est la suivante : souhaitons-nous donner à l'Europe, dans sa dimension économique, un socle et les moyens dont elle a besoin pour défendre nos intérêts et nos valeurs ?
Quant à moi, chers amis, après nos réunions d'Unions Territoriales et d'Unions Nationales de ce matin, je sais pouvoir l'exprimer en votre nom et avec le soutien unanime de notre Comité Exécutif :
Nous croyons à l'Avenir,
Nous n'avons pas peur de l'Europe !!!
(Source http://www.cgpme.fr, le 27 avril 2005)