Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur les efforts en faveur de l'industrie aéronautique et spatiale militaire au niveau français et européen, au Bourget le 14 juin 2005.

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Circonstance : 46ème Salon international de l'aéronautique et de l'espace-déjeuner du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) au Bourget (Seine-Saint-Denis) le 14 juin 2005

Texte intégral

Le Salon du Bourget est un temps fort du secteur aéronautique et spatial en France et en Europe, pour les professionnels comme pour le public. Il est un grand rendez-vous des acteurs institutionnels et industriels de la Défense. La Défense a profondément évolué : s'appuyant sur une LPM respectée, comme l'a encore rappelé le Premier ministre, elle est au coeur de la politique économique du gouvernement. Pour cette raison, j'ai engagé une politique industrielle rénovée impliquant des moyens institutionnels et stratégiques.
Les premiers résultats concrets et prometteurs sont au rendez-vous. Il nous faut poursuivre sur cette voie dans le domaine aéronautique et spatial et porter notre effort sur la recherche et les nouvelles technologies.
J'ai voulu une administration performante, responsabilisée, forte d'une ambition claire.
J'ai défini quatre axes de réforme, au service d'une ambition retrouvée.
- La réforme de la conduite des programmes d'armement a tout d'abord remobilisé la DGA, en lui donnant plus de visibilité et de nouvelles perspectives. Nous conduisons désormais collectivement nos programmes dans la durée, avec davantage de rigueur et de cohérence capacitaire.
- La réforme des décrets d'organisation du ministère et le renforcement des pouvoirs d'arbitrage du CEMA vient parachever cette évolution.
- Cette nouvelle organisation devait s'appuyer une doctrine rénovée, notamment en matière de politique industrielle. C'est chose faite. Elle consiste en une relance de la prospective et de l'action stratégique, au service de l' " autonomie compétitive " : la priorité est ainsi donnée au redressement de l'effort de recherche, au développement et au maintien des capacités technologiques-clés pour l'avenir.
- J'ai enfin souhaité renouveler les relations entre le ministère et l'industrie en mettant en place le Conseil Défense Industrie. Nos réunions ont déjà permis de coordonner notre action sur des dossiers aussi essentiels que la politique industrielle, l'Agence européenne de Défense, la dynamisation de notre action collective à l'export ou l'appui aux PME-PMI.
Ces réformes doivent faciliter la poursuite des restructurations industrielles et du développement de l'Europe de la défense.
Il ne saurait y avoir de politique de défense sans une industrie performante et compétitive. J'y ai mis toute mon énergie, en engageant les nécessaires évolutions. Je pense à DCN et GIAT Industries bien sûr, mais également à des rapprochements comme SAFRAN. Nous devons encore progresser dans ce domaine.
L'Europe demeure au coeur de notre action. Une industrie européenne florissante nécessite une meilleure coordination des clients : telle est l'ambition de l'Agence européenne de défense. Au-delà du résultat du référendum sur la constitution européenne, ma détermination reste intacte. L'Agence est déjà une réalité : elle a réalisé les recrutements nécessaires, elle dispose d'un programme de travail. Elle est reconnue au sein des institutions européennes, forte de la légitimité apportée par les 25 ministres de la Défense. Je suis confiante dans sa capacité à se saisir bientôt des projets de démonstrateurs nouveaux que vous attendez.
Cette ambition, cette action, nous en voyons déjà les résultats concrets, à commencer par ici au Bourget.
Il y a trois ans, l'offensive du JSF était sur toutes les lèvres. Tout le monde annonçait la mort de l'industrie européenne des avions de combat. Il y a deux ans, je décidais de lancer ici même au Salon du Bourget, avec l'UCAV, une initiative résolument européenne
Aujourd'hui, nous lançons le programme NEURON qui réunira la France et cinq de ses partenaires : la Suisse, l'Espagne, l'Italie et la Grèce, la Suède dès que les nécessaires consultations nationales auront été menées à leur terme. Ce projet de l'ordre de 400 millions d'euros mobilise un grand nombre des grands industriels européens comme Saab, Finmeccanica, HAI, EADS/CASA, RUAG ou Thales. L'industrie des avions de combat retrouve ainsi des perspectives de long terme. C'est un acte fort, qui illustre bien ma vision d'une politique industrielle rénovée.
Pour autant, je ne compte pas en rester là. Il faut poursuivre nos efforts en matière de recherche et technologie.
Ils sont indispensables au développement des capacités technologiques dont nous aurons besoin demain pour assurer notre autonomie stratégique. C'est la raison pour laquelle je me suis fixée comme priorité le redressement de l'effort de recherche. En 2005, 550 millions d'euros sont destinés aux études amont. J'ai décidé une augmentation de ces crédits qui devront s'élever à 700 millions d'euros par an en 2008.
Quelles que soient les contraintes budgétaires, j'entends atteindre cet objectif et les crédits de recherche et technologie seront à l'abri des arbitrages. Cela représentera pour le ministère, et particulièrement les armées, un réel effort.
Dans la durée, notre objectif doit être le maintien et le développement des compétences. Trois secteurs doivent particulièrement mobiliser notre réflexion dans les mois à venir :
Le secteur des hélicoptères
Avec la fin proche d'un cycle de développements, nous devons engager une réflexion sur le maintien des compétences et les nouvelles capacités technologiques nécessaires à l'avenir. Dans le domaine des hélicoptères de transport et de combat tactique, nous devrons nous focaliser à partir de 2006 sur le lancement de démonstrateurs d'envergure.
La France et l'Allemagne doivent conjuguer et coordonner leurs efforts de R T pour préparer l'avenir de ce secteur. Les récentes décisions espagnoles en faveur du Tigre et du NH90 font également de l'Espagne un partenaire potentiel de ces actions.
Le secteur des missiles tactiques
De nombreux pays européens se posent, à l'horizon de la prochaine décennie, la question d'un armement de combat terrestre dans le nouveau contexte des opérations réseaux-centrées. Au plan industriel, les compétences des équipes de la société MBDA constituent un pôle d'excellence européen incontestable dans ce domaine. Il est indispensable de fédérer les compétences européennes autour d'un projet de démonstrateur d'une famille de missiles de combat terrestre. La France prévoit un financement significatif dès 2006. Des premiers contacts fructueux ont été pris entre plusieurs partenaires européens sur ce sujet.
Le secteur des missiles balistiques et l'Espace
La question de la pérennité des compétences dans la filière des lanceurs rejoint celle de la filière des missiles balistiques, posant ainsi clairement la question de la garantie de l'accès à l'espace des Européens. Les deux domaines font appel à de nombreuses compétences communes. La DGA devra élaborer des projets de démonstrateurs dans les domaines qui intéressent la défense et combiner ses efforts à ceux du CNES dans les domaines duaux. Le récent contrat pluriannuel conclu par le CNES avec ses ministères de tutelle prévoit cette complémentarité.
Au-delà, l'espace est un enjeu stratégique.
Il importe que les pays européens adhérent à de nouveaux programmes ambitieux. Les programmes Hélios, SAR-Lupe et Cosmos Skymed démontrent une volonté de travailler ensemble sur les futures capacités d'observation spatiale. Des études impliquant l'industrie européenne devraient être lancées très rapidement pour en déterminer les contours, sur la base d'un besoin opérationnel commun déjà bien avancé.
Réforme des structures, nouvelle doctrine, industrie en évolution, mobilisation technologique : voilà une politique en ordre de marche. Pour autant, votre secteur d'activité est plus que cela. L'aéronautique et l'espace apportent une part de rêve. Ils représentent aussi une " nouvelle frontière technologique ". Ce secteur, je le souhaite au coeur de la politique industrielle que j'entends mener.
Parier sur l'avenir, c'est aussi - et surtout - parier sur celles et ceux qui feront la France de demain. Je tiens à saluer à cet égard les nombreuses initiatives du Salon du Bourget tournées spécifiquement vers les jeunes, notamment grâce au GIFAS.
La Défense est à vos côtés. Les écoles de l'armée de l'air, la DGA et les écoles d'ingénieurs dont elle a la tutelle, accueillent ici les lycéens, les étudiants, les jeunes diplômés et les demandeurs d'emploi. Le pavillon de la Défense leur est également ouvert pour les informer sur les métiers militaires et civils de la défense.
Je terminerai en remerciant les membres du GIFAS d'avoir cette année encore permis ce rendez-vous incontournable, qu'est le Salon du Bourget.
Cette manifestation me confirme que je peux compter sur la responsabilité et la créativité des industriels du secteur aéronautique et spatial pour assurer les capacités futures de la France et de l'Europe
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juin 2005)