Texte intégral
J.-J. Bourdin - Hewlett Packard : que peut faire le Gouvernement ? Pas grand-chose dans cette affaire ?
G. Larcher - Pas du tout. D'abord, il n'y a pas de fatalité à accepter une décision prise unilatéralement, mais en même temps, je crois qu'il faut se projeter vers l'avenir. D'abord, une vision européenne du problème : voilà pourquoi le président de la République a choisi, à l'issue du conseil restreint, de saisir la Commission européenne. La deuxième chose, c'est que je vais rencontrer le président européen de HP, qui est le lieu important de décision, pour voir quel est le contenu du plan de restructuration, quel est son périmètre. Regardez aussi avec lui les aspects d'orientation stratégique et les perspectives d'avenir, et lui demander qu'avec la direction française, ce soit d'abord le dialogue social qui soit au cur du plan de restructuration, parce qu'il y a des salariés performants à HP, et que je veux en faire un dossier d'avenir et non pas un dossier du passé.
Q- Allez-vous lui demander de revenir sur les 1.240 suppressions d'emplois annoncées ?
R- Bien évidemment. Je lui demande de revoir le contenu et le périmètre. Le contenu, cela veut dire quoi ?
Q- Cela veut dire le nombre de suppressions d'emplois...
R- Naturellement. Mais aussi de regarder s'il n'y a pas des perspectives d'avenir. Le hard, on sait bien son destin et je crois que chacun doit reconnaître qu'il achète parfois du Dell plutôt que du fabriqué en France et en Europe - c'est la réalité. Par contre, dans la dimension des services, on le voit avec d'autres entreprises d'informatique qui ont connu des restructurations, il y a des capacités nouvelles. Il faut donc, dans la restructuration, avoir une vision d'anticipation. En tous les cas, je suis décidé. Et je suis décidé avec - deuxième dimension - la dimension que nous travaillions tous ensemble. Voilà pourquoi j'ai reçu hier les élus de l'Isère. Je tiens naturellement à informer les élus des Hauts-de-Seine et les élus des Alpes-Maritimes. J'ai besoin du soutien de tous les acteurs institutionnels, qu'ils soient élus, mais aussi de l'intersyndicale que je recevrai aujourd'hui même...
Q- Concernant HP, les élus locaux, en Isère, demandent le remboursement des aides publiques : faites-vous la même demande ? Est-ce que HP doit rembourser les aides publiques reçues lors de l'installation ?
R- Le premier des sujets, c'est la réponse du Pôle de compétitivité. Le Pôle de compétitivité, c'est préparer l'avenir, mais en même temps - et le président de la République a été très clair avec le Premier ministre sur le sujet -, quand il y aura engagement de l'Etat, nous demanderons un engagement de la part des entreprises en termes financiers...
Q- Mais là, en l'occurrence, êtes-vous d'accord sur la demande de remboursement des aides publiques ?
R- J'allais dire qu'il est logique que des collectivités territoriales examinent si la contrepartie des aides qu'elles ont apportées à des entreprises se sont traduites par les engagements qui étaient pris. Le président du Conseil général l'a évoqué avec moi hier. Cela dépend de son autorité, mais je comprends totalement sa démarche...
Q- Un mot sur N. Sarkozy et D. de Villepin : comment vivez-vous cela, vous qui êtes ministre dans le Gouvernement ? Je lis que D. de Villepin dit que les élections de 2007 s'appuieront nécessairement sur un bilan et N. Sarkozy répond que depuis 1981, jamais une majorité sortante n'a été élue sur un bilan...
R- Je le vis de manière très complémentaire, avec à la fois une préparation de l'avenir, mais la nécessité, aujourd'hui, de répondre au problème des gens. Quand vous avez devant vous HP, quand vous avez 2.400.000 chômeurs, quand vous avez la volonté qu'il y ait moins de jeunes au chômage - je rappelle la volonté de réduire ce taux terrible de 23 % de demandeurs d'emploi -, il faut gouverner, il faut répondre aux problèmes, et du quotidien, et en même temps, préparer l'avenir.
Q- On a besoin de précisions sur le fameux contrôle des chômeurs. Regardons cette circulaire envoyée à toutes les ANPE de France...
R- D'abord, la circulaire n'est que l'explication de la loi du 18 janvier, qui porte cohésion sociale, et d'un décret qui est paru le 5 août dernier. On le redécouvre en septembre, mais ce débat nous l'avons eu, d'abord au Parlement. Première des choses : c'est un suivi de la recherche d'emploi, parce que nous savons que c'est autour d'un meilleur accompagnement, autour d'un projet personnalisé du demandeur d'emploi, que nous réussirons à faire qu'il y ait moins de chômeurs demain et que la durée dans le chômage soit la moins perturbante possiblement et soit la plus courte possible.
Q- Je suis au chômage, je vais à l'ANPE, je définis un projet personnalité d'accès à l'emploi avec l'ANPE quand j'arrive. Tout chômeur est censé devoir accepter une offre d'emploi valable, c'est la loi ?
R- Mais c'est d'abord une démarche très ancienne, puisqu'elle date de 1992. Mais je voudrais insister dans ce suivi personnalisé, car le 1er janvier prochain, nous devons offrir progressivement à tous les demandeurs d'emploi, un accompagnement mensuel. C'est la demande expresse du Premier ministre et nous sommes en train de mettre en place les éléments avec l'ANPE, dans un travail que nous faisons avec l'Unedic, avec les missions locales, avec l'APEC. J'entendais le problème des cadres, qui ont deux fois moins de chômeurs : c'est sans doute parce qu'ils ont l'APEC, qui fait un bon travail. Voilà la vraie démarche...
Q- Un chômeur qui refuse une offre d'emploi, de formation ou un contrat apprentissage, se verra infliger une baisse de ses allocations de 20 % pendant deux à six mois. En cas de récidive, au bout de deux offres refusées, son allocation sera amputée de moitié. Et s'il en refuse trois, il perdra définitivement ses droits au chômage. C'est cela ?
R- Rappelons d'abord quelques chiffres : nous consacrons 32 milliards d'euros à tout ce qui est accompagnement et indemnisation. Et je rappelle que ne sont indemnisés que la moitié des demandeurs d'emploi. Il y a trois obligations mais qui font partie de ce suivi de la recherche d'emploi : il faut répondre aux sollicitations du service public de l'emploi, aux convocations, aux actualisations ; le demandeur a cette obligation. Il faut se livrer à une recherche active d'emploi et la circulaire en a défini les contours. Cela peut-être le nombre de visites que l'on rend, la présence aux sessions collectives de formation, les recherches par Internet. Et il faut accepter les offres d'emploi qui correspondent à la cible qui a été définie dans le cadre du projet personnalisé. C'est autour de cela...
Q- Si on sort de la cible, on est sanctionné ? C'est ce que je comprends...
R- On peut être sanctionné, sauf motif valable, et c'est là où l'accompagnement mensuel permet de faire le bilan. Les hommes et les femmes peuvent rencontrer des difficultés. Il peut y avoir des projets qui ont été construits six mois auparavant, qui ne correspondent plus à la situation, parce que la situation familiale peut avoir évolué. Dans tout cela, il y a aussi un certain nombre de garde-fous, par exemple la modulation de la sanction : avant, c'était tout ou rien, c'est-à-dire soit on laissait faire, soit on supprimait totalement ; aujourd'hui, il y a une modulation. La deuxième question, c'est que l'on permet un recours, notamment avec la possibilité d'être assisté - c'est dans la loi du 18 janvier. Je dois dire que notre préoccupation n'est pas tant la sanction, qui est une nécessité si elle s'avère indispensable, mais c'est bien le suivi de la recherche d'emploi, c'est l'amélioration du suivi. Voilà pourquoi il m'intéresse de savoir ce que pensent les auditeurs de RMC : qu'est-ce qu'ils attendent de plus d'une mission locale, de l'ANPE et de tous ceux qui doivent les conduire vers l'emploi...
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 septembre 2005)
G. Larcher - Pas du tout. D'abord, il n'y a pas de fatalité à accepter une décision prise unilatéralement, mais en même temps, je crois qu'il faut se projeter vers l'avenir. D'abord, une vision européenne du problème : voilà pourquoi le président de la République a choisi, à l'issue du conseil restreint, de saisir la Commission européenne. La deuxième chose, c'est que je vais rencontrer le président européen de HP, qui est le lieu important de décision, pour voir quel est le contenu du plan de restructuration, quel est son périmètre. Regardez aussi avec lui les aspects d'orientation stratégique et les perspectives d'avenir, et lui demander qu'avec la direction française, ce soit d'abord le dialogue social qui soit au cur du plan de restructuration, parce qu'il y a des salariés performants à HP, et que je veux en faire un dossier d'avenir et non pas un dossier du passé.
Q- Allez-vous lui demander de revenir sur les 1.240 suppressions d'emplois annoncées ?
R- Bien évidemment. Je lui demande de revoir le contenu et le périmètre. Le contenu, cela veut dire quoi ?
Q- Cela veut dire le nombre de suppressions d'emplois...
R- Naturellement. Mais aussi de regarder s'il n'y a pas des perspectives d'avenir. Le hard, on sait bien son destin et je crois que chacun doit reconnaître qu'il achète parfois du Dell plutôt que du fabriqué en France et en Europe - c'est la réalité. Par contre, dans la dimension des services, on le voit avec d'autres entreprises d'informatique qui ont connu des restructurations, il y a des capacités nouvelles. Il faut donc, dans la restructuration, avoir une vision d'anticipation. En tous les cas, je suis décidé. Et je suis décidé avec - deuxième dimension - la dimension que nous travaillions tous ensemble. Voilà pourquoi j'ai reçu hier les élus de l'Isère. Je tiens naturellement à informer les élus des Hauts-de-Seine et les élus des Alpes-Maritimes. J'ai besoin du soutien de tous les acteurs institutionnels, qu'ils soient élus, mais aussi de l'intersyndicale que je recevrai aujourd'hui même...
Q- Concernant HP, les élus locaux, en Isère, demandent le remboursement des aides publiques : faites-vous la même demande ? Est-ce que HP doit rembourser les aides publiques reçues lors de l'installation ?
R- Le premier des sujets, c'est la réponse du Pôle de compétitivité. Le Pôle de compétitivité, c'est préparer l'avenir, mais en même temps - et le président de la République a été très clair avec le Premier ministre sur le sujet -, quand il y aura engagement de l'Etat, nous demanderons un engagement de la part des entreprises en termes financiers...
Q- Mais là, en l'occurrence, êtes-vous d'accord sur la demande de remboursement des aides publiques ?
R- J'allais dire qu'il est logique que des collectivités territoriales examinent si la contrepartie des aides qu'elles ont apportées à des entreprises se sont traduites par les engagements qui étaient pris. Le président du Conseil général l'a évoqué avec moi hier. Cela dépend de son autorité, mais je comprends totalement sa démarche...
Q- Un mot sur N. Sarkozy et D. de Villepin : comment vivez-vous cela, vous qui êtes ministre dans le Gouvernement ? Je lis que D. de Villepin dit que les élections de 2007 s'appuieront nécessairement sur un bilan et N. Sarkozy répond que depuis 1981, jamais une majorité sortante n'a été élue sur un bilan...
R- Je le vis de manière très complémentaire, avec à la fois une préparation de l'avenir, mais la nécessité, aujourd'hui, de répondre au problème des gens. Quand vous avez devant vous HP, quand vous avez 2.400.000 chômeurs, quand vous avez la volonté qu'il y ait moins de jeunes au chômage - je rappelle la volonté de réduire ce taux terrible de 23 % de demandeurs d'emploi -, il faut gouverner, il faut répondre aux problèmes, et du quotidien, et en même temps, préparer l'avenir.
Q- On a besoin de précisions sur le fameux contrôle des chômeurs. Regardons cette circulaire envoyée à toutes les ANPE de France...
R- D'abord, la circulaire n'est que l'explication de la loi du 18 janvier, qui porte cohésion sociale, et d'un décret qui est paru le 5 août dernier. On le redécouvre en septembre, mais ce débat nous l'avons eu, d'abord au Parlement. Première des choses : c'est un suivi de la recherche d'emploi, parce que nous savons que c'est autour d'un meilleur accompagnement, autour d'un projet personnalisé du demandeur d'emploi, que nous réussirons à faire qu'il y ait moins de chômeurs demain et que la durée dans le chômage soit la moins perturbante possiblement et soit la plus courte possible.
Q- Je suis au chômage, je vais à l'ANPE, je définis un projet personnalité d'accès à l'emploi avec l'ANPE quand j'arrive. Tout chômeur est censé devoir accepter une offre d'emploi valable, c'est la loi ?
R- Mais c'est d'abord une démarche très ancienne, puisqu'elle date de 1992. Mais je voudrais insister dans ce suivi personnalisé, car le 1er janvier prochain, nous devons offrir progressivement à tous les demandeurs d'emploi, un accompagnement mensuel. C'est la demande expresse du Premier ministre et nous sommes en train de mettre en place les éléments avec l'ANPE, dans un travail que nous faisons avec l'Unedic, avec les missions locales, avec l'APEC. J'entendais le problème des cadres, qui ont deux fois moins de chômeurs : c'est sans doute parce qu'ils ont l'APEC, qui fait un bon travail. Voilà la vraie démarche...
Q- Un chômeur qui refuse une offre d'emploi, de formation ou un contrat apprentissage, se verra infliger une baisse de ses allocations de 20 % pendant deux à six mois. En cas de récidive, au bout de deux offres refusées, son allocation sera amputée de moitié. Et s'il en refuse trois, il perdra définitivement ses droits au chômage. C'est cela ?
R- Rappelons d'abord quelques chiffres : nous consacrons 32 milliards d'euros à tout ce qui est accompagnement et indemnisation. Et je rappelle que ne sont indemnisés que la moitié des demandeurs d'emploi. Il y a trois obligations mais qui font partie de ce suivi de la recherche d'emploi : il faut répondre aux sollicitations du service public de l'emploi, aux convocations, aux actualisations ; le demandeur a cette obligation. Il faut se livrer à une recherche active d'emploi et la circulaire en a défini les contours. Cela peut-être le nombre de visites que l'on rend, la présence aux sessions collectives de formation, les recherches par Internet. Et il faut accepter les offres d'emploi qui correspondent à la cible qui a été définie dans le cadre du projet personnalisé. C'est autour de cela...
Q- Si on sort de la cible, on est sanctionné ? C'est ce que je comprends...
R- On peut être sanctionné, sauf motif valable, et c'est là où l'accompagnement mensuel permet de faire le bilan. Les hommes et les femmes peuvent rencontrer des difficultés. Il peut y avoir des projets qui ont été construits six mois auparavant, qui ne correspondent plus à la situation, parce que la situation familiale peut avoir évolué. Dans tout cela, il y a aussi un certain nombre de garde-fous, par exemple la modulation de la sanction : avant, c'était tout ou rien, c'est-à-dire soit on laissait faire, soit on supprimait totalement ; aujourd'hui, il y a une modulation. La deuxième question, c'est que l'on permet un recours, notamment avec la possibilité d'être assisté - c'est dans la loi du 18 janvier. Je dois dire que notre préoccupation n'est pas tant la sanction, qui est une nécessité si elle s'avère indispensable, mais c'est bien le suivi de la recherche d'emploi, c'est l'amélioration du suivi. Voilà pourquoi il m'intéresse de savoir ce que pensent les auditeurs de RMC : qu'est-ce qu'ils attendent de plus d'une mission locale, de l'ANPE et de tous ceux qui doivent les conduire vers l'emploi...
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 septembre 2005)