Texte intégral
J.-M. Aphatie - Bonjour G. Lemaire. Vous êtes à Clermont-Ferrand parce qu'hier soir vous animiez votre dernier meeting de campagne. Quelle était l'ambiance parmi les militants écologistes en cette fin de campagne ?
R - " Du côté des militants écologistes, beaucoup d'enthousiasme. Par contre, j'ai écouté avec attention A. Duhamel, et je crains également une abstention forte. "
J.-M. Aphatie - Tout le monde la craint, hélas. En Auvergne, où vous êtes donc, G. Lemaire, mais aussi dans le Pas-de-Calais, en Rhône-Alpes et dans quatre autres régions françaises, les Verts ont choisi de se présenter seuls devant les électeurs, alors que dans treize autres régions, ils se sont alliés aux socialistes, dès le premier tour. Avec l'expérience de la campagne électorale qui vient de se passer, laquelle de ces deux stratégies vous a semblé la plus séduisante pour les Verts, G. Lemaire ?
R - " Je crois qu'il y a des questions très importantes sur lesquelles les politiques régionales peuvent jouer : le réchauffement climatique, au travers de la politique des transports, ou l'agriculture, en favorisant des agricultures paysannes, ou les politiques de l'eau. Donc les Verts se font beaucoup mieux entendre quand ils sont en listes autonomes. "
J.-M. Aphatie - Et vous regrettez que dans beaucoup de régions, justement, les Verts aient été un peu noyés dans le reste de la gauche, et qu'on les ait peu entendus ?
R - " Ecoutez, nous avons essayé quand même, même dans les régions où nous sommes en listes communes, de nous faire entendre. Je pense qu'on se serait peut-être fait plus entendre avec plus de listes autonomes. "
J.-M. Aphatie - En Ile-de-France en tout cas, le constat est clair : les Verts étaient alliés aux socialistes dès le premier tour, et à part J.-P. Huchon, on n'a pas entendu grand monde. Comment vous avez ressenti cette campagne ? Comment vous avez trouvé J.-P. Huchon ? Il a porté quelques-uns de vos thèmes ou pas du tout d'après vous, G. Lemaire ?
R - " Je pense que J.-P. Huchon a déjà pendant les six dernières années porté un certain nombre de nos thèmes, mais en les mettant dans les faits. La politique des transports en Ile-de-France a été complètement transformée. La proportion entre les transports collectifs et la route a été inversée du point de vue budgétaire. Et dans la campagne, il a porté un certain nombre de nos thèmes. Mais j'aurais préféré que les Verts se fassent beaucoup plus entendre. "
J.-M. Aphatie - C'était votre choix, mais les militants Verts d'Ile-de-France vous avaient désavoué, on s'en souvient, il y a quelques mois.
R - " Tout à fait. "
J.-M. Aphatie - Donc la campagne de J.-P. Huchon au total, vous l'avez trouvée plutôt bonne ? Comment vous l'avez trouvée ?
R - " Oui, une campagne plutôt bonne. Mais là je reviendrai sur ce diagnostic qu'A. Duhamel faisait : la campagne est peu passée dans la population. J'ai eu l'impression que nos concitoyens ne se saisissaient pas du débat sur les politiques régionales. "
J.-M. Aphatie - Pourquoi ?
R - " La région est une institution un peu neuve, c'est une première raison ; les gouvernements ont changé les modes de scrutin, à chaque fois, il est difficile de comprendre comment ça se passe, c'est une deuxième raison. Et la troisième raison, plus profonde, c'est que le débat politique apparaît lointain, et nos compatriotes sont moins impliqués aujourd'hui dedans. Et je souhaiterais que plus de monde se saisisse de ces débats qui mettent en cause l'avenir de la planète. "
J.-M. Aphatie - Vous-même, G. Lemaire, vous êtes secrétaire national des Verts depuis janvier 2003. Cela donc fait un peu plus d'un an que vous êtes en fonction. On vous a peu vu, peu entendu pendant toute cette période. Est-ce que c'est parce que D. Voynet, N. Mamère prennent trop de place dans votre parti, et vous en laissent du coup très peu ? Ou bien c'est un choix personnel ?
R - " Ecoutez, il y a un choix qui est que le secrétaire national des Verts a pour principale tâche d'animer le mouvement des Verts. Et les militants Verts m'ont entendu, m'ont vu beaucoup. Donc ce n'est pas mon rôle d'être celui qui porte la parole. Nous avons des porte-parole : Y. Contassot, M.-H. Aubert, qui se sont fait entendre. "
J.-M. Aphatie - Le 18 février, dans Le Monde, D. Voynet, qui est ancien ministre de l'Environnement, a donné une interview. Le Monde lui pose cette question : "l'élection de G. Lemaire à la tête du parti a-t-elle été une erreur" ? Et D. Voynet répond ceci : "l'élection de G. Lemaire a plutôt été une manifestation de dépit conjoncturel". C'est pas très sympa pour vous.
R - " Ecoutez, je ne commenterai pas ce genre de chose, parce que l'aspect personnel ne joue pas beaucoup. Par contre, c'est vrai que les Verts ont changé d'orientation en m'élisant, et en faisant le constat, le bilan, qu'ils ne s'étaient pas fait entendre suffisamment fort dans le gouvernement de L. Jospin. "
J.-M. Aphatie - Et là, vous croyez que c'est mieux maintenant ? Vous vous faites vraiment entendre plus fort avec le changement de stratégie que vous évoquez ce matin ?
R - " Je pense que nous avançons. Je pense que les choses ne se font pas en un jour, et je pense que nous pèserons beaucoup plus dans les orientations de la gauche dans les années qui viennent. "
J.-M. Aphatie - Vous-même, vous souhaitez que les Verts vous reconduisent dans votre fonction à l'automne prochain ?
R - " C'est en décembre prochain notre assemblée fédérale. Ce n'est vraiment pas la question, là aujourd'hui. "
J.-M. Aphatie - Vous ne voulez pas y répondre ?
R - " Non mais c'est que je n'ai pas d'opinion toute faite à ce sujet, et que le destin de G. Lemaire n'est pas important. Ce qui est important c'est le réchauffement climatique, ce qui est important c'est la question de l'eau, ce qui est important c'est cet environnement qui se dégrade et qui joue sur la santé : 35 % de cancers supplémentaires en vingt ans. Voilà les choses importantes. Et c'est sur ces questions importantes que je souhaite que les Verts se fassent entendre. "
J.-M. Aphatie - Juste après les régionales - on va les enjamber ce matin - on va trouver les élections européennes. Comment les Verts doivent-ils les aborder à votre avis ?
R - " L'Europe est à un tournant. On est souvent à des tournants, mais à un tournant important de son histoire. Est-ce que l'Europe va être capable de se doter d'institutions qui lui permettront réellement de fonctionner ? Je crois que les institutions dans l'état actuel, celles qui sont héritées de Nice, ne permettent pas à l'Europe de fonctionner. Or de plus en plus de questions se posent au niveau européen. Les questions dont on parlait précédemment : les questions d'environnement, les questions de transports, les questions de développement économique. Je crois important que le débat européen ait lieu, cette fois, avec le plus de visibilité possible. "
J.-M. Aphatie - Donc les Verts seront présents aux élections européennes de manière autonome. C'est ce que vous voulez dire.
R - " Oui, nos listes sont prêtes, nous les avons fait connaître. Nous sommes le premier parti d'ailleurs à avoir déterminé ces listes. Et nous serons présents dans l'ensemble de ces grandes régions parce que, là aussi, il y a une manipulation Raffarin sur le scrutin. "
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 mars 2004)
R - " Du côté des militants écologistes, beaucoup d'enthousiasme. Par contre, j'ai écouté avec attention A. Duhamel, et je crains également une abstention forte. "
J.-M. Aphatie - Tout le monde la craint, hélas. En Auvergne, où vous êtes donc, G. Lemaire, mais aussi dans le Pas-de-Calais, en Rhône-Alpes et dans quatre autres régions françaises, les Verts ont choisi de se présenter seuls devant les électeurs, alors que dans treize autres régions, ils se sont alliés aux socialistes, dès le premier tour. Avec l'expérience de la campagne électorale qui vient de se passer, laquelle de ces deux stratégies vous a semblé la plus séduisante pour les Verts, G. Lemaire ?
R - " Je crois qu'il y a des questions très importantes sur lesquelles les politiques régionales peuvent jouer : le réchauffement climatique, au travers de la politique des transports, ou l'agriculture, en favorisant des agricultures paysannes, ou les politiques de l'eau. Donc les Verts se font beaucoup mieux entendre quand ils sont en listes autonomes. "
J.-M. Aphatie - Et vous regrettez que dans beaucoup de régions, justement, les Verts aient été un peu noyés dans le reste de la gauche, et qu'on les ait peu entendus ?
R - " Ecoutez, nous avons essayé quand même, même dans les régions où nous sommes en listes communes, de nous faire entendre. Je pense qu'on se serait peut-être fait plus entendre avec plus de listes autonomes. "
J.-M. Aphatie - En Ile-de-France en tout cas, le constat est clair : les Verts étaient alliés aux socialistes dès le premier tour, et à part J.-P. Huchon, on n'a pas entendu grand monde. Comment vous avez ressenti cette campagne ? Comment vous avez trouvé J.-P. Huchon ? Il a porté quelques-uns de vos thèmes ou pas du tout d'après vous, G. Lemaire ?
R - " Je pense que J.-P. Huchon a déjà pendant les six dernières années porté un certain nombre de nos thèmes, mais en les mettant dans les faits. La politique des transports en Ile-de-France a été complètement transformée. La proportion entre les transports collectifs et la route a été inversée du point de vue budgétaire. Et dans la campagne, il a porté un certain nombre de nos thèmes. Mais j'aurais préféré que les Verts se fassent beaucoup plus entendre. "
J.-M. Aphatie - C'était votre choix, mais les militants Verts d'Ile-de-France vous avaient désavoué, on s'en souvient, il y a quelques mois.
R - " Tout à fait. "
J.-M. Aphatie - Donc la campagne de J.-P. Huchon au total, vous l'avez trouvée plutôt bonne ? Comment vous l'avez trouvée ?
R - " Oui, une campagne plutôt bonne. Mais là je reviendrai sur ce diagnostic qu'A. Duhamel faisait : la campagne est peu passée dans la population. J'ai eu l'impression que nos concitoyens ne se saisissaient pas du débat sur les politiques régionales. "
J.-M. Aphatie - Pourquoi ?
R - " La région est une institution un peu neuve, c'est une première raison ; les gouvernements ont changé les modes de scrutin, à chaque fois, il est difficile de comprendre comment ça se passe, c'est une deuxième raison. Et la troisième raison, plus profonde, c'est que le débat politique apparaît lointain, et nos compatriotes sont moins impliqués aujourd'hui dedans. Et je souhaiterais que plus de monde se saisisse de ces débats qui mettent en cause l'avenir de la planète. "
J.-M. Aphatie - Vous-même, G. Lemaire, vous êtes secrétaire national des Verts depuis janvier 2003. Cela donc fait un peu plus d'un an que vous êtes en fonction. On vous a peu vu, peu entendu pendant toute cette période. Est-ce que c'est parce que D. Voynet, N. Mamère prennent trop de place dans votre parti, et vous en laissent du coup très peu ? Ou bien c'est un choix personnel ?
R - " Ecoutez, il y a un choix qui est que le secrétaire national des Verts a pour principale tâche d'animer le mouvement des Verts. Et les militants Verts m'ont entendu, m'ont vu beaucoup. Donc ce n'est pas mon rôle d'être celui qui porte la parole. Nous avons des porte-parole : Y. Contassot, M.-H. Aubert, qui se sont fait entendre. "
J.-M. Aphatie - Le 18 février, dans Le Monde, D. Voynet, qui est ancien ministre de l'Environnement, a donné une interview. Le Monde lui pose cette question : "l'élection de G. Lemaire à la tête du parti a-t-elle été une erreur" ? Et D. Voynet répond ceci : "l'élection de G. Lemaire a plutôt été une manifestation de dépit conjoncturel". C'est pas très sympa pour vous.
R - " Ecoutez, je ne commenterai pas ce genre de chose, parce que l'aspect personnel ne joue pas beaucoup. Par contre, c'est vrai que les Verts ont changé d'orientation en m'élisant, et en faisant le constat, le bilan, qu'ils ne s'étaient pas fait entendre suffisamment fort dans le gouvernement de L. Jospin. "
J.-M. Aphatie - Et là, vous croyez que c'est mieux maintenant ? Vous vous faites vraiment entendre plus fort avec le changement de stratégie que vous évoquez ce matin ?
R - " Je pense que nous avançons. Je pense que les choses ne se font pas en un jour, et je pense que nous pèserons beaucoup plus dans les orientations de la gauche dans les années qui viennent. "
J.-M. Aphatie - Vous-même, vous souhaitez que les Verts vous reconduisent dans votre fonction à l'automne prochain ?
R - " C'est en décembre prochain notre assemblée fédérale. Ce n'est vraiment pas la question, là aujourd'hui. "
J.-M. Aphatie - Vous ne voulez pas y répondre ?
R - " Non mais c'est que je n'ai pas d'opinion toute faite à ce sujet, et que le destin de G. Lemaire n'est pas important. Ce qui est important c'est le réchauffement climatique, ce qui est important c'est la question de l'eau, ce qui est important c'est cet environnement qui se dégrade et qui joue sur la santé : 35 % de cancers supplémentaires en vingt ans. Voilà les choses importantes. Et c'est sur ces questions importantes que je souhaite que les Verts se fassent entendre. "
J.-M. Aphatie - Juste après les régionales - on va les enjamber ce matin - on va trouver les élections européennes. Comment les Verts doivent-ils les aborder à votre avis ?
R - " L'Europe est à un tournant. On est souvent à des tournants, mais à un tournant important de son histoire. Est-ce que l'Europe va être capable de se doter d'institutions qui lui permettront réellement de fonctionner ? Je crois que les institutions dans l'état actuel, celles qui sont héritées de Nice, ne permettent pas à l'Europe de fonctionner. Or de plus en plus de questions se posent au niveau européen. Les questions dont on parlait précédemment : les questions d'environnement, les questions de transports, les questions de développement économique. Je crois important que le débat européen ait lieu, cette fois, avec le plus de visibilité possible. "
J.-M. Aphatie - Donc les Verts seront présents aux élections européennes de manière autonome. C'est ce que vous voulez dire.
R - " Oui, nos listes sont prêtes, nous les avons fait connaître. Nous sommes le premier parti d'ailleurs à avoir déterminé ces listes. Et nous serons présents dans l'ensemble de ces grandes régions parce que, là aussi, il y a une manipulation Raffarin sur le scrutin. "
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 mars 2004)