Entretien de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, avec BBC Afrique, sur les modalités de la contribution de solidarité sur les billets d'avion, le sida en République centrafricaine et sur l'aide publique française au développement de l'Afrique, à New York le 30 juin 2005.

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Circonstance : Segment de l'ECOSOC en vue de la préparation du sommet des Nations Unies de septembre et réunion ministérielle de suivi de la conférence de Monterey sur le financement du développement, à New York (Etats-Unis) du 27 au 30 juin 2005

Média : BBC Afrique

Texte intégral

Q - De façon concrète, pouvez-vous nous donner des détails sur les modalités de la contribution de solidarité sur les billets d'avion, selon qu'on voyagerait en classe Affaires ou en classe économique ?
R - L'idée est que cette contribution pourrait varier entre la classe économique et la classe affaires. J'ai indiqué que si on avait effectivement la possibilité de prélever 1 euro ou 1 dollar par billet d'avion émis en classe économique et 4 dollars en classe affaires, on arriverait à recueillir des sommes autour d'une dizaine de milliards de dollars. Ceci est purement indicatif, on peut penser à une contribution différente. L'idée c'est que cela ne pénaliserait en rien le voyage aérien. Ce sont des contributions très faibles, on jouerait sur l'effet de masse et le fait que de nombreux Etats pourraient se rallier à notre proposition : plus on sera nombreux à mettre en place ce système de contributions, plus on réunira de fonds. Avec aussi la possibilité pour les Etats qui ne souhaiteraient pas s'engager de façon obligatoire dans ce système de contributions, de laisser la possibilité à leur population de contribuer sur une base volontaire à cet effort de la communauté internationale.
Q - Quels sont les pays qui vous ont rejoints dans cette initiative ?
R - Le Brésil, le Chili, l'Allemagne, l'Espagne, l'Algérie. Et nous sentons un intérêt croissant dans les pays du Nord. Evidemment, les pays du Sud sont très intéressés. Nous venons de faire cette proposition et nous sommes en train de l'appliquer et de faire des efforts pour y rallier un maximum d'Etats.
Q - Vous aviez pris l'exemple de la République centrafricaine en matière d'effets du sida. Pouvez-vous nous le rappeler ?
R - Oui, j'ai cité la République centrafricaine qui illustre, malheureusement, toute cette situation dramatique provoquée par l'épidémie de sida, il manque actuellement un million d'habitants en Centrafrique en raison du sida. On a 30 % des enseignants qui meurent du sida et l'espérance de vie a chuté à 39 ans. Ces chiffres terribles montrent que le temps est à l'action et aux résultats rapides sur le terrain car je pense qu'on ne peut plus accepter cette situation.
Q - Lors de votre dernier voyage en Mauritanie, vous avez eu un exemple des évolutions de l'aide au développement ?
R - Nous sommes en France en train de réformer notre système de l'aide publique au Développement. J'ai pu tester en Mauritanie tout l'intérêt qu'il y avait à avoir un véritable accord de partenariat avec les autorités locales sur quelques projets phares ciblés qui correspondent à la stratégie de développement de l'Etat en question. Et ce que je souhaite faire en termes de réforme, c'est que nous puissions avoir avec nos partenaires, africains notamment, une visibilité à 5 ans. Que l'on sache ce qu'on va faire ensemble sur les 5 ans qui viennent, quelles sont les priorités, quels sont les axes stratégiques, qu'est-ce que la France peut faire seule ou en mutualisant son aide avec d'autres bailleurs de fonds pour répondre aux besoins des Etats africains. Mon objectif est d'avoir une sorte de contrat sur 5 ans avec des cibles fortes : qu'on sache exactement quels sont les trois ou quatre projets prioritaires que l'on veut défendre, que l'on veut voir réussir et je pense que c'est comme cela qu'on arrivera à être plus efficaces et qu'on obtiendra des résultats.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juillet 2005)