Point de presse de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, notamment sur le caractère européen de la Lorraine et la coopération transfrontalière entre la France et le Luxembourg, à Metz le 30 septembre 2005.

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Circonstance : Déplacement en Moselle, le 30 septembre 2005

Texte intégral

Je suis heureuse d'être en Lorraine, région européenne s'il en est, et je voudrais à nouveau remercier M. Bernard Hagelsteen, préfet de la région Lorraine, préfet de la Moselle pour son accueil et l'organisation de ma visite.
Ma visite a été placée sous le signe de l'Europe et de l'emploi. Pourquoi ? Parce que l'Europe contribue au développement économique et à l'emploi dans de nombreux secteurs.
Le projet Belval à propos duquel nous avons eu une réunion de travail est ainsi un exemple de coopération européenne réussie entre deux pays, la France et le Luxembourg.
L'Europe co-finance directement de nombreux projets en Lorraine c'est 482 millions d'euros entre 2000 et 2006, en Moselle c'est 170 millions d'euros, je suis donc venue pour voir concrètement comment les choses se passent mais aussi pour illustrer par l'exemple, comme il faut le faire : la dernière étape de ma visite sera celle de l'entreprise Magna de sous-traitance automobile qui bénéficie de 300 000 euros du FEDER avec à la clef le développement d'activités, le développement de l'emploi, puisque la création de 75 emplois est programmée d'ici 2006.Vous voyez comme ces fonds peuvent être utiles.
Ce matin, j'étais à la Foire internationale de Metz, qui est riche de projets, et où j'ai rencontré des artisans, des créateurs, des talents qui sont les acteurs du développement local et du rayonnement international de la région. Avec un invité d'honneur italien et une personnalité d'honneur qui n'était pas italienne mais corse donc française depuis 1768, Napoléon. Cette foire est une très forte illustration de ce que l'Europe peut apporter car on entre dans cette foire par la cabine du TGV. Le TGV est attendu depuis longtemps, mais, là aussi, nous avançons, l'UE s'est engagée à prendre en charge 10 % du coût soit près de 320 millions d'euros, ce qui fait une vraie différence quand on monte des projets.
Je voudrais aussi dire quelques mots sur la Maison Schuman car c'est, sans doute, une étape obligée pour tout ministre des Affaires européennes dans la région et pour d'autres ministres.Vraiment, c'est très beau, il y a une atmosphère très réussie d'intimité donc de proximité avec ce grand homme. Pour moi, ça a été un moment d'émotion. C'est normal, chargée des Affaires européennes comme je le suis, on pense à Robert Schuman et de plus dans le bureau du ou de la ministre des Affaires européennes à Paris, il y a le buste de Robert Schuman. Cette visite était aussi un moment d'inspiration car quand on pense à ce que les Pères fondateurs ont fait, c'était à la fois du courage, je crois qu'il fallait un courage exceptionnel pour concevoir et mettre en oeuvre la réconciliation des peuples européens, c'est une vision de l'Europe qu'ils ont eue : ambitieuse, forte et qui était la bonne, c'était aussi une méthode de faire l'Europe par des choses concrètes à partir de solidarité concrète comme il le disait, pour que naisse un projet qui est un projet politique. Si on a à la fois, le courage, la vision et la méthode, on peut espérer faire de grandes choses, j'essaierai à mon modeste niveau de m'en inspirer. Je tiens à vous dire que cette visite était un moment fort pour moi aujourd'hui.
Je m'efforce de parler de l'Europe positivement mais toujours en disant la vérité. Nous ne vivons pas dans un monde idéal. Cette région est en restructuration, c'est une région qui les subit très lourdement depuis une vingtaine d'années. Pourtant, je crois qu'on approche du moment où l'on peut voir l'avenir différemment grâce aux efforts qui ont été faits par le département, par la région, par les hommes et les femmes qui vivent ici mais aussi par le "plus" que nous donne l'Europe qui parfois fait la différence.
Je disais tout à l'heure aux étudiants que, par le hasard du calendrier, je me suis trouvée, ici, devant eux pour parler d'enseignement supérieur et de recherche au moment où le gouvernement vient d'annoncer une nouvelle étape de son action suivant un plan ambitieux doté de moyens.
Quelques bonnes nouvelles sur le front de l'emploi, une baisse du chômage, insuffisante encore mais, néanmoins, pour le 5ème mois consécutif, quelques signaux qui montrent que, peut-être, les choses commencent à aller mieux. Ce que je veux vous dire et on le sait bien : les choses doivent être consolidées, on sait qu'il y a encore des difficultés.
L'emploi des jeunes va un peu mieux, les chiffres du mois d'août le montrent comme ceux du mois de juillet le montraient. En revanche il y a encore des inégalités, le retour à l'emploi des chômeurs âgés de plus de 50 ans reste difficile. Croyez bien simplement que la priorité du gouvernement auquel j'ai l'honneur d'appartenir c'est la croissance et l'emploi. Le Premier ministre le baptise d'un nom qui est celui de la "croissance sociale". Il ne faut pas que vous pensiez que ce soit une appellation sous forme de slogans, ce sont des mots qui veulent dire quelque chose ; c'est davantage de croissance mais pour davantage de justice sociale. Les choses ont un peu changé depuis le mois de juin. Je mesure pleinement croyez-le bien l'ampleur de la tâche qui est la nôtre, les difficultés de celle-ci mais aussi l'honneur qui nous est fait de servir notre pays avec cette volonté très claire d'avancer sur ce qui est la principale préoccupation des Français.
Vous avez sûrement mille questions à me poser en complément de celles qui m'ont déjà été posées lors de cette visite par les étudiants notamment. Je serais heureuse de pouvoir y répondre.
Q - Quel était l'objet du déjeuner avec les Luxembourgeois ? des décisions ont été prises ?
R - L'objet de ce déjeuner était, Monsieur le Préfet vous compléterez, de mettre ensemble et de façon à la fois amicale et dans une atmosphère de travail toutes les parties prenantes. Deux pays qui sont concernés, la France et le Luxembourg, qui était là représenté par mon collègue Nicolas Schmidt, ministre des Affaires européennes et deux autres membres du gouvernement luxembourgeois mais aussi tous ceux qui suivent le cheminement de ce projet et ceci dans le but de voir quelles sont les prochaines étapes qui nous restent à franchir. Il y des questions foncières avec à la clef un échange de territoire entre le Luxembourg et la France qui doit se traduire par une convention internationale qu'il faudra faire ratifier par le Parlement ; il y a des travaux d'infrastructures qu'il convient de faire à la fois du côté luxembourgeois et du côté français et donc à la clef là aussi des budgets. Il y a un plan de développement à la fois économique, social. Tous les éléments du puzzle sont sur la table nous avons essayé de regarder dans quel ordre, si je peux parler de façon imagée on pouvait les emboîter. Moi je retiens, mais je ne veux pas être trop positive que l'on a une vision tout à fait claire de la séquence qu'il va falloir s'efforcer de suivre en bonne entente des deux côtés de la frontière. L'Etat jouera son rôle, à la fois pour la partie administrative, diplomatique et parlementaire qui lui revient et aussi en termes d'accompagnement financier de ce projet. A cet égard, vous voyez bien que le choix de Metz comme pôle de compétitivité peut aider puissamment à faire que des entreprises de bon niveau s'installent ; cela aidera le projet à avancer mais, Monsieur le Préfet, vous avez une appréciation dans la durée du projet donc je vous en prie
R - Le Préfet - Madame la Ministre, vous avez tout dit. Simplement, je pense qu'il faut rappeler que les deux présidents de Conseils généraux, le président de la région étaient présents avec les deux ministres luxembourgeois et un certain nombre de collaborateurs. Je dis, car on a l'habitude de ce langage, que nous sommes dans la logique de continuation de construction du projet lorrain qui se construit en complémentarité avec le projet du Luxembourg. L'acquis à mes yeux extrêmement important du déjeuner, c'est qu'il y a eu la confirmation par Mme la ministre et les ministres luxembourgeois et par les autorités des collectivités locales de la confirmation du calendrier de travail par les deux Etats notamment sur l'aspect le plus urgent qui est celui de la construction de la route de desserte de Belval. Vous savez que nous devons procéder à un échange de frontières, un échange de terrains et cela affecte les frontières, il faut donc une convention que le Parlement français devra approuver, et que Mme la Ministre, vraisemblablement, vous défendrez devant le parlement. Cette rencontre était très importante pour des partenaires qui sont devant un effort de longue haleine pour constater que les Luxembourgeois sont désormais complètement d'accord et accordent la même importance que nous, Lorrains, à ce sujet et annoncent qu'une prochaine réunion à l'échéance d'un mois suivrait cette fois ci, je pense à Luxembourg, de façon à ce qu'on procède à une relecture de la convention.
R - La ministre déléguée - Et du côté français, il est important aussi que les collectivités locales aient pu donner le calendrier de leurs travaux et aient confirmé que les budgets étaient là pour pouvoir, pas à pas, faire avancer les choses.
Q - Combien d'emplois représente ce projet ? Quel pays en a donné l'impulsion et peut on imaginer que ce genre de coopération transfrontalière se réalise avec d'autre pays européens ?
R - La ministre déléguée - Le projet Belval, dont le Luxembourg a eu l'initiative, est quand même très lié aux spécificités et à l'histoire industrielle de la région, puisque là il y avait vous l'avez entendu lors du déjeuner, du côté français, un certain nombre d'activités qui sont en déclin et même qui ne sont plus opérationnelles, qui sont fermées donc, en un sens, oui, c'est tout à fait symbolique et exemplaire de ce que l'Europe nous aide à faire.
R - Le Préfet - les Luxembourgeois parlent de 20 000 emplois mais à une échéance éloignée de dix ans quinze ans...
R - La ministre déléguée - l'Europe nous aide quand nous sommes confrontés d'un coté de la frontière comme de l'autre à la même situation c'est-à-dire à la nécessité de faire des reconversions réussies et d'utiliser pour cela des fonds européens. Mais les spécificités locales sur le terrain ne se reproduisent pas à l'identique à la frontière : par exemple, avec la frontière franco-italienne, nous aurons d'autres problèmes à traiter mais aussi d'autres réponses européennes à apporter. La spécificité de la frontière pour schématiser : ce sont les Alpes à franchir et, donc là, la réponse européenne est d'une autre nature mais elle existe quand même ; c'est le TGV Lyon-Turin avec son calendrier plus long que l'on ne pouvait l'imaginer au départ par pauvreté de la ressource nationale et non par manque de fonds européens, il faut le savoir. Il faut que l'Europe nous aide dans tous les cas et elle le fait dans tous les cas. Mais simplement, il faut bien sûr avoir des projets adaptés aux problèmes locaux sinon ça n'aurait pas de sens.
Mesdames, Messieurs, merci pour votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2005)