Texte intégral
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, François Hollande.
François Hollande : Bonjour.
Jean-Michel Aphatie : Finalement, le gouvernement a réussi dans son entreprise de privatisation de la S.N.C.M. Le travail a repris, ce week-end, à la compagnie maritime. Qu'avez-vous pensé de l'issue de ce conflit, François Hollande ?
François Hollande : J'ai pensé d'abord que c'était un conflit et qu'on aurait pu l'éviter et, qu'avant de se réjouir de la fin d'un conflit, mieux vaut prévenir l'entrée dans un conflit.
Jean-Michel Aphatie : Ça arrive à tous les gouvernements de rencontrer des conflits !
François Hollande : Oui, mais celui-là a été coûteux. Coûteux, financièrement. Quand on bloque, pendant trois semaines, un port. Quand il y a une grève qui aboutit à ce que le trafic ne soit pas réalisé. Quand il y a, pendant des semaines, des personnes dans la rue qui contestent, qui protestent, et on voit la difficulté de la reprise du travail. Quand on voit la résurgence parce que des nationalistes ont utilisé ce conflit pour refaire des actes terroristes, en Corse : oui, ça a été un conflit coûteux.
Est-ce qu'on aurait pu l'éviter ? D'abord, est-ce qu'il fallait qu'il y ait une réforme : je dis "oui". Est-ce qu'il aurait fallu prévenir, anticiper, associer ? Je dis "oui" aussi : ça n'a pas été fait. Est-ce qu'il fallait présenter un plan industriel ? A l'évidence, sauf que le gouvernement en a présenté trois, successivement, au risque, effectivement, d'aboutir à une surenchère des uns et des autres.
Alors, à partir de là, je crois qu'il y a des sujets qui, on le sait, sont difficiles. Celui de la S.N.C.F était parmi ceux-là.
Jean-Michel Aphatie : De la S.N.C.M !
François Hollande : De la S.N.C.M. Quand il y a des sujets difficiles, ont doit absolument éviter l'improvisation. Et dans toute cette semaine dernière, le gouvernement a été dans l'improvisation.
Jean-Michel Aphatie : Maintenant, Dominique de Villepin annonce, ce sera sans doute très rapide, l'ouverture du capital d'E.D.F. Jean-Louis Debré était l'invité du Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI, hier soir, et il disait : "c'est nécessaire pour faire des investissements parce que l'actionnaire public ne peut plus apporter d'argent frais à l'entreprise". Vous partagez cette analyse, François Hollande ?
François Hollande : Là, c'est un grand débat que les auditeurs doivent comprendre. E.D.F, c'est un service public et la première entreprise d'électricité du monde. Donc, il faut, à la fois, préserver le service public et permettre le développement. Qu'est-ce qu'on nous dit ? On nous dit : l'Etat n'a plus d'argent.
Jean-Michel Aphatie : Ce qui n'est pas faux.
François Hollande : Oui, mais enfin, c'est déjà un constat pénible. Notamment de la part d'un gouvernement.
Jean-Michel Aphatie : Vous ne le contestez pas, François Hollande ?
François Hollande : Depuis trois ans et demi, l'Etat n'a plus d'argent, je ne le conteste pas.
Jean-Michel Aphatie : La dette est un peu antérieure à ce gouvernement.
François Hollande : Elle a explosé, quand même, depuis trois ans et demi. Donc, l'Etat n'a plus d'argent. On nous dit, à partir de là, il faut privatiser, ouvrir le capital. Je propose une autre solution. Bien sûr qu'il faut que l'entreprise se développe.
Il y a aujourd'hui, au sein même de l'appareil public, une caisse, qui s'appelle la Caisse des Dépôts, qui permet de lever de l'épargne, l'épargne dans le public, et de l'investir. Cette Caisse des Dépôts investit dans de grandes entreprises privées. On a cité récemment Accor, grande entreprise d'hôtellerie. Et bien, pourquoi cette Caisse des Dépôts, qui est le bras armé de la puissance publique, ne pourrait pas lever, justement, des capitaux et les investir dans E.D.F.
Jean-Michel Aphatie : Parce que ça ferait de l'endettement, c'est peut-être une bonne raison !
François Hollande : Mais non. Mais parce que vous pensez que lorsque des capitaux privés viennent investir dans des entreprises publiques, ces capitaux privés ne viennent de nulle part : mais ils viennent aussi du marché financier.
Jean-Michel Aphatie : C'est l'affaire du privé, ce n'est pas l'affaire de l'impôt pour rembourser ensuite la Caisse des Dépôts et des Consignations.
François Hollande : Je ne vous parle pas d'impôts. La Caisse des Dépôts, elle, ne fait pas de déficit : elle fait même du profit. Comment tire-t-elle ses ressources ? De l'épargne. Donc, je suis pour un système où, en restant public, E.D.F permet son développement.
Jean-Michel Aphatie : Le gouvernement a l'air, cependant, décidé à ouvrir le capital. Vous allez chercher à vous y opposer, à accompagner la C.G.T, par exemple, dans son refus et toute une partie de la gauche ?
François Hollande : Mais je vais m'y opposer et avec tout le Parti Socialiste, parce que c'est un mauvais choix. Là encore, un mauvais choix industriel. Un mauvais choix financier, et qu'il va y avoir une perte de contrôle de la part de l'Etat, l'arrivée de capitaux privés avec des exigences de rendement parce que c'est bien normal que les capitaux qui veulent s'investir dans cette entreprise vont demander un retour sur leur investissement.
Je vais m'y opposer pas simplement avec telle ou telle organisation syndicale : avec l'ensemble des organisations syndicales d'E.D.F. Et puis, je vais m'y opposer parce que beaucoup de nos concitoyens ne veulent pas qu'il y ait une remise en cause du service public. Mais je ne vais pas simplement m'y opposer, parce que je ne suis pas simplement dans la protestation, je suis aussi dans la proposition.
Donc, nous ferons, dans le cadre de l'élection de 2007, celle qu'a évoquée Alain Duhamel, pas simplement des propositions de candidats mais, vous voyez, des propositions aussi de perspectives.
Jean-Michel Aphatie : Jusqu'où voulez-vous aller dans l'opposition ? Il s'agit simplement pour vous de vous opposer politiquement et de dire votre point de vue ou de participer à des manifestations, d'imaginer, pourquoi pas, une grève générale ? Jusqu'où êtes-vous prêt à aller, François Hollande ?
François Hollande : Je ne suis pas, moi, organisateur de conflits, décideur de grève. Je suis le responsable du premier parti d'opposition : donc j'ai un devoir, j'ai une responsabilité particulière. C'est dire comment on ferait devant ce problème-là.
D'ailleurs, on s'est posé cette question. Je dois le dire, dans mon propre parti, il n'y a pas si longtemps : il y a trois ans ou quatre ans. Quand nous étions nous-mêmes en responsabilités, certains étaient pour l'ouverture du capital : pas moi.
Jean-Michel Aphatie : Laurent Fabius était pour l'ouverture du capital et Dominique Strauss-Kahn qui est votre allié dans ce congrès.
François Hollande : Pas moi et pas Lionel Jospin. Il n'y a pas eu d'ouverture du capital. Mais il ne s'agit pas de dire : "on ne veut pas l'ouverture du capital". Il s'agit d'assurer le développement de l'entreprise, et c'est pourquoi je vous fais cette proposition qu'il faut utiliser les capitaux qui peuvent être levés par la puissance publique à travers la Caisse des Dépôts pour investir dans le développement de grandes entreprises comme E.D.F.
Jean-Michel Aphatie : La Parti Socialiste est donc lancé dans son congrès : ce sera dans un mois. Laurent Fabius, dans le texte qu'il présente aux militants, écrit ceci : "nous excluons que le Parti Socialiste gouverne avec des partis de droite ou du centre. Nous souhaitons que ceci soit un engagement explicite du congrès". Ça veut dire qu'au Parti Socialiste, vous, peut-être, vous pensez qu'une alliance avec le centre, la droite est possible, comme en Allemagne ?
François Hollande : Je ne connais personne au Parti Socialiste qui ait cette tentation. Pourquoi : parce que, tout simplement, nous sommes le premier parti de gauche. Nous avons vocation à rassembler la gauche mais sur notre identité, sur notre ligne politique, sur ce qui fait que nous sommes socialistes.
Jean-Michel Aphatie : C'est un procès d'intention, alors, ce que dit Laurent Fabius ?
François Hollande : Je n'ai jamais participé à un gouvernement avec qui que ce soit qui ne soit pas à gauche.
Jean-Michel Aphatie : Vous !
François Hollande : Puisque je n'ai jamais participé à un gouvernement, mais d'autres ont pu peut-être se retrouver dans des compagnonnages. Pas moi. Donc, sur ce point, je suis clair : l'alliance se fera avec les partis de gauche. Mais pour ça, il ne faut pas que l'on soit dans le procès d'intention, dans la suspicion. Moi, je ne connais que des socialistes, au sein du Parti Socialiste, que des socialistes de gauche.
Je ne suis pas comme d'autres en train de faire le tri entre les uns et les autres. Pour moi, il n'y a pas de socialistes du "oui", de socialistes du "non", de socialistes "tièdes", de socialistes "mous" ou de socialistes "volontaristes" : il n'y a que des socialistes que j'essaie de rassembler. Parce que, si les socialistes ne sont pas rassemblés, la gauche ne sera pas unie. Et si la gauche n'est pas unie, il n'y aura pas de victoire en 2007. Alors, je ne suis pas dans le débat des socialistes en train de jeter la suspicion sur tel ou tel. Je suis en train, au contraire, de rassembler.
Jean-Michel Aphatie : Beaucoup de candidats à l'élection présidentielle. Alain Duhamel le disait. Vous êtes sur la ligne de départ, vous aussi, François Hollande ?
François Hollande : De départ pour être premier secrétaire.
Jean-Michel Aphatie : Non, non, ça, je le sais !
François Hollande : Je suis presque sur la ligne d'arrivée, de ce point de vue.
Jean-Michel Aphatie : C'est de l'élection présidentielle que je vous parlais !
François Hollande : Ce n'est pas aujourd'hui.
Jean-Michel Aphatie : C'est la langue de bois !
François Hollande : Ce que je veux dire par rapport à ce que disait Alain Duhamel ou à ce que vous me dites c'est que, pour nous, il peut y avoir plusieurs candidats à la candidature. Mais, au bout du compte, il n'y en n'aura qu'un ou qu'une candidat(e) : celle, ou celui, qui aura été choisi par les militants. C'est très différent. Je préfère avoir trop de candidats qui acceptent une procédure qu'un seul qui ne l'accepterait pas.
Jean-Michel Aphatie : Dans la famille Hollande, c'est Ségolène qui s'y colle à la présidence !
François Hollande : Personne ne s'y colle, aujourd'hui, si ce n'est : on se colle tous au congrès des socialistes. C'est l'échéance qui vient, c'est la plus présente donc celle qui doit être la plus réussie.
Jean-Michel Aphatie : François Hollande était l'invité de RTL, ce matin. Bonne journée !
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2005)
François Hollande : Bonjour.
Jean-Michel Aphatie : Finalement, le gouvernement a réussi dans son entreprise de privatisation de la S.N.C.M. Le travail a repris, ce week-end, à la compagnie maritime. Qu'avez-vous pensé de l'issue de ce conflit, François Hollande ?
François Hollande : J'ai pensé d'abord que c'était un conflit et qu'on aurait pu l'éviter et, qu'avant de se réjouir de la fin d'un conflit, mieux vaut prévenir l'entrée dans un conflit.
Jean-Michel Aphatie : Ça arrive à tous les gouvernements de rencontrer des conflits !
François Hollande : Oui, mais celui-là a été coûteux. Coûteux, financièrement. Quand on bloque, pendant trois semaines, un port. Quand il y a une grève qui aboutit à ce que le trafic ne soit pas réalisé. Quand il y a, pendant des semaines, des personnes dans la rue qui contestent, qui protestent, et on voit la difficulté de la reprise du travail. Quand on voit la résurgence parce que des nationalistes ont utilisé ce conflit pour refaire des actes terroristes, en Corse : oui, ça a été un conflit coûteux.
Est-ce qu'on aurait pu l'éviter ? D'abord, est-ce qu'il fallait qu'il y ait une réforme : je dis "oui". Est-ce qu'il aurait fallu prévenir, anticiper, associer ? Je dis "oui" aussi : ça n'a pas été fait. Est-ce qu'il fallait présenter un plan industriel ? A l'évidence, sauf que le gouvernement en a présenté trois, successivement, au risque, effectivement, d'aboutir à une surenchère des uns et des autres.
Alors, à partir de là, je crois qu'il y a des sujets qui, on le sait, sont difficiles. Celui de la S.N.C.F était parmi ceux-là.
Jean-Michel Aphatie : De la S.N.C.M !
François Hollande : De la S.N.C.M. Quand il y a des sujets difficiles, ont doit absolument éviter l'improvisation. Et dans toute cette semaine dernière, le gouvernement a été dans l'improvisation.
Jean-Michel Aphatie : Maintenant, Dominique de Villepin annonce, ce sera sans doute très rapide, l'ouverture du capital d'E.D.F. Jean-Louis Debré était l'invité du Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI, hier soir, et il disait : "c'est nécessaire pour faire des investissements parce que l'actionnaire public ne peut plus apporter d'argent frais à l'entreprise". Vous partagez cette analyse, François Hollande ?
François Hollande : Là, c'est un grand débat que les auditeurs doivent comprendre. E.D.F, c'est un service public et la première entreprise d'électricité du monde. Donc, il faut, à la fois, préserver le service public et permettre le développement. Qu'est-ce qu'on nous dit ? On nous dit : l'Etat n'a plus d'argent.
Jean-Michel Aphatie : Ce qui n'est pas faux.
François Hollande : Oui, mais enfin, c'est déjà un constat pénible. Notamment de la part d'un gouvernement.
Jean-Michel Aphatie : Vous ne le contestez pas, François Hollande ?
François Hollande : Depuis trois ans et demi, l'Etat n'a plus d'argent, je ne le conteste pas.
Jean-Michel Aphatie : La dette est un peu antérieure à ce gouvernement.
François Hollande : Elle a explosé, quand même, depuis trois ans et demi. Donc, l'Etat n'a plus d'argent. On nous dit, à partir de là, il faut privatiser, ouvrir le capital. Je propose une autre solution. Bien sûr qu'il faut que l'entreprise se développe.
Il y a aujourd'hui, au sein même de l'appareil public, une caisse, qui s'appelle la Caisse des Dépôts, qui permet de lever de l'épargne, l'épargne dans le public, et de l'investir. Cette Caisse des Dépôts investit dans de grandes entreprises privées. On a cité récemment Accor, grande entreprise d'hôtellerie. Et bien, pourquoi cette Caisse des Dépôts, qui est le bras armé de la puissance publique, ne pourrait pas lever, justement, des capitaux et les investir dans E.D.F.
Jean-Michel Aphatie : Parce que ça ferait de l'endettement, c'est peut-être une bonne raison !
François Hollande : Mais non. Mais parce que vous pensez que lorsque des capitaux privés viennent investir dans des entreprises publiques, ces capitaux privés ne viennent de nulle part : mais ils viennent aussi du marché financier.
Jean-Michel Aphatie : C'est l'affaire du privé, ce n'est pas l'affaire de l'impôt pour rembourser ensuite la Caisse des Dépôts et des Consignations.
François Hollande : Je ne vous parle pas d'impôts. La Caisse des Dépôts, elle, ne fait pas de déficit : elle fait même du profit. Comment tire-t-elle ses ressources ? De l'épargne. Donc, je suis pour un système où, en restant public, E.D.F permet son développement.
Jean-Michel Aphatie : Le gouvernement a l'air, cependant, décidé à ouvrir le capital. Vous allez chercher à vous y opposer, à accompagner la C.G.T, par exemple, dans son refus et toute une partie de la gauche ?
François Hollande : Mais je vais m'y opposer et avec tout le Parti Socialiste, parce que c'est un mauvais choix. Là encore, un mauvais choix industriel. Un mauvais choix financier, et qu'il va y avoir une perte de contrôle de la part de l'Etat, l'arrivée de capitaux privés avec des exigences de rendement parce que c'est bien normal que les capitaux qui veulent s'investir dans cette entreprise vont demander un retour sur leur investissement.
Je vais m'y opposer pas simplement avec telle ou telle organisation syndicale : avec l'ensemble des organisations syndicales d'E.D.F. Et puis, je vais m'y opposer parce que beaucoup de nos concitoyens ne veulent pas qu'il y ait une remise en cause du service public. Mais je ne vais pas simplement m'y opposer, parce que je ne suis pas simplement dans la protestation, je suis aussi dans la proposition.
Donc, nous ferons, dans le cadre de l'élection de 2007, celle qu'a évoquée Alain Duhamel, pas simplement des propositions de candidats mais, vous voyez, des propositions aussi de perspectives.
Jean-Michel Aphatie : Jusqu'où voulez-vous aller dans l'opposition ? Il s'agit simplement pour vous de vous opposer politiquement et de dire votre point de vue ou de participer à des manifestations, d'imaginer, pourquoi pas, une grève générale ? Jusqu'où êtes-vous prêt à aller, François Hollande ?
François Hollande : Je ne suis pas, moi, organisateur de conflits, décideur de grève. Je suis le responsable du premier parti d'opposition : donc j'ai un devoir, j'ai une responsabilité particulière. C'est dire comment on ferait devant ce problème-là.
D'ailleurs, on s'est posé cette question. Je dois le dire, dans mon propre parti, il n'y a pas si longtemps : il y a trois ans ou quatre ans. Quand nous étions nous-mêmes en responsabilités, certains étaient pour l'ouverture du capital : pas moi.
Jean-Michel Aphatie : Laurent Fabius était pour l'ouverture du capital et Dominique Strauss-Kahn qui est votre allié dans ce congrès.
François Hollande : Pas moi et pas Lionel Jospin. Il n'y a pas eu d'ouverture du capital. Mais il ne s'agit pas de dire : "on ne veut pas l'ouverture du capital". Il s'agit d'assurer le développement de l'entreprise, et c'est pourquoi je vous fais cette proposition qu'il faut utiliser les capitaux qui peuvent être levés par la puissance publique à travers la Caisse des Dépôts pour investir dans le développement de grandes entreprises comme E.D.F.
Jean-Michel Aphatie : La Parti Socialiste est donc lancé dans son congrès : ce sera dans un mois. Laurent Fabius, dans le texte qu'il présente aux militants, écrit ceci : "nous excluons que le Parti Socialiste gouverne avec des partis de droite ou du centre. Nous souhaitons que ceci soit un engagement explicite du congrès". Ça veut dire qu'au Parti Socialiste, vous, peut-être, vous pensez qu'une alliance avec le centre, la droite est possible, comme en Allemagne ?
François Hollande : Je ne connais personne au Parti Socialiste qui ait cette tentation. Pourquoi : parce que, tout simplement, nous sommes le premier parti de gauche. Nous avons vocation à rassembler la gauche mais sur notre identité, sur notre ligne politique, sur ce qui fait que nous sommes socialistes.
Jean-Michel Aphatie : C'est un procès d'intention, alors, ce que dit Laurent Fabius ?
François Hollande : Je n'ai jamais participé à un gouvernement avec qui que ce soit qui ne soit pas à gauche.
Jean-Michel Aphatie : Vous !
François Hollande : Puisque je n'ai jamais participé à un gouvernement, mais d'autres ont pu peut-être se retrouver dans des compagnonnages. Pas moi. Donc, sur ce point, je suis clair : l'alliance se fera avec les partis de gauche. Mais pour ça, il ne faut pas que l'on soit dans le procès d'intention, dans la suspicion. Moi, je ne connais que des socialistes, au sein du Parti Socialiste, que des socialistes de gauche.
Je ne suis pas comme d'autres en train de faire le tri entre les uns et les autres. Pour moi, il n'y a pas de socialistes du "oui", de socialistes du "non", de socialistes "tièdes", de socialistes "mous" ou de socialistes "volontaristes" : il n'y a que des socialistes que j'essaie de rassembler. Parce que, si les socialistes ne sont pas rassemblés, la gauche ne sera pas unie. Et si la gauche n'est pas unie, il n'y aura pas de victoire en 2007. Alors, je ne suis pas dans le débat des socialistes en train de jeter la suspicion sur tel ou tel. Je suis en train, au contraire, de rassembler.
Jean-Michel Aphatie : Beaucoup de candidats à l'élection présidentielle. Alain Duhamel le disait. Vous êtes sur la ligne de départ, vous aussi, François Hollande ?
François Hollande : De départ pour être premier secrétaire.
Jean-Michel Aphatie : Non, non, ça, je le sais !
François Hollande : Je suis presque sur la ligne d'arrivée, de ce point de vue.
Jean-Michel Aphatie : C'est de l'élection présidentielle que je vous parlais !
François Hollande : Ce n'est pas aujourd'hui.
Jean-Michel Aphatie : C'est la langue de bois !
François Hollande : Ce que je veux dire par rapport à ce que disait Alain Duhamel ou à ce que vous me dites c'est que, pour nous, il peut y avoir plusieurs candidats à la candidature. Mais, au bout du compte, il n'y en n'aura qu'un ou qu'une candidat(e) : celle, ou celui, qui aura été choisi par les militants. C'est très différent. Je préfère avoir trop de candidats qui acceptent une procédure qu'un seul qui ne l'accepterait pas.
Jean-Michel Aphatie : Dans la famille Hollande, c'est Ségolène qui s'y colle à la présidence !
François Hollande : Personne ne s'y colle, aujourd'hui, si ce n'est : on se colle tous au congrès des socialistes. C'est l'échéance qui vient, c'est la plus présente donc celle qui doit être la plus réussie.
Jean-Michel Aphatie : François Hollande était l'invité de RTL, ce matin. Bonne journée !
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2005)