Texte intégral
Q- F. Bayrou, bonjour.
R- Bonjour.
Q- Vous vous êtes réjoui du consensus politique pendant tout le temps de la détention des deux otages français. Maintenant qu'ils sont libérés, est-ce que vous souhaitez qu'il y ait, sinon une commission d'enquête, parce que je crois que c'est difficile, puisqu'il y a une procédure judiciaire, du moins une mission d'information du Parlement français sur l'affaire Julia ?
R- L'information, c'est bien, mais s'agissant des otages, on parlera après de l'affaire Julia. Moi, je ne suis pas de ceux qui croient que l'on peut tout dire ou que l'on doit tout dire ou que l'on peut tout savoir ou que l'on va... c'est des affaires extrêmement difficiles. Il me semble que le mieux, lorsque les otages sont libres, c'est de ne pas trop gloser ou révéler les ressorts qui ont permis de les libérer, parce que d'autres affaires comme celle-là peuvent se reproduire. En tout cas, moi, je ne crois pas que tout ce qui touche aux Services secrets, doit être rendu public.
Q- En revanche, sur le comportement d'un élu, en l'occurrence D. Julia, et de ses réseaux, est-ce que vous souhaitez qu'il y ait une information du Parlement ?
R- Je ne sais pas ce qui s'est passé. Il est très difficile au Parlement de faire une mission d'information sur un de ses membres. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Que le Gouvernement fasse son travail, qu'il dise ce qu'il doit dire, que le Parlement lui-même soit attentif à la manière dont se comportent ses membres. Mais, pour le reste, il y a tellement de zones d'ombres dans cette affaire Julia, que pour moi, je m'en tiens éloigné le plus possible, parce que je ne sais pas ce qui s'est passé exactement et je ne sais pas quels sont ces mystérieux réseaux dont on parle, d'où ils viennent et quelles sont leurs implications.
Q- Alors, parlons de la situation politique française. Question brutale, au fond, est-ce que vous croyez - c'est la question que tout le monde se pose aujourd'hui - que ça peut tenir 22 mois, d'ici aux présidentielles ?
R- Il y a deux questions. La première : est-ce qu'en 100 jours, les choses peuvent changer ? Et j'ai dit à la tribune de l'Assemblée nationale...
Q- Que vous n'y croyiez pas.
R- ... que, franchement, je n'y croyais pas. Est-ce que ça peut tenir 22 mois ? Je vois les déclarations, moi je ne suis pas là pour spéculer sur des échecs. Il s'est passé, vous l'avez dit tout à l'heure dans votre éditorial, un événement d'une très grande importance, très grande importance nationale et très grande importance européenne. Cet événement, dont on avait promis que l'on tiendrait le plus grand compte pour la suite, a en réalité entraîné des décisions de continuité, avec des petits changements de personnes, mais des décisions de continuité. Est-ce que c'est cela que la situation du pays exigeait ? Cela non plus je ne l'ai pas cru et nous avons fait le choix que vous savez lors du vote de confiance.
Q- Un choix qui n'a pas été partagé par tous les élus de l'UDF.
R- Il y a à peu près un quart des élus qui sont restés aux attitudes anciennes.
Q- Très exactement, si on compte l'Assemblée et le Sénat, 17, si je ne me trompe.
R- Oui, voilà, 17 sur 60 et quelques. Donc un quart des élus qui se trouve dans cette situation, qui se sont trouvés dans cette situation. Vous savez, je sais que ce n'est pas facile, je sais depuis longtemps que la volonté de proposer une solution politique différente, quand on a pendant longtemps été tenu comme, comment dirais-je, la partie accessoire de la majorité, ça n'est pas facile, ça oblige à un effort d'autonomie intellectuelle, d'indépendance et de courage politique. Donc, en tout cas, pour ma part, c'est ce que j'assumerai, parce que le pays a besoin d'autres réponses. Au fond, c'est ça la seule question : est-ce que, devant l'avenir, le pays n'aura devant lui que deux propositions, la droite en crise et la gauche en crise, ou bien est-ce qu'il y aura une troisième proposition capable de fédérer des volontés de reconstruction.
Q- Mais, vous savez bien que ce genre de chose, en profondeur, ne peut se faire qu'à l'occasion d'une nouvelle présidentielle.
R- C'est vrai.
Q- En attendant, deux choses : si N. Sarkozy avait été Premier ministre, est-ce que les choses auraient été facilitées pour vous, et deuxième question, si on vous avait dit d'accord pour une dose de proportionnelle pour les prochaines législatives, est-ce que vous y alliez ?
R- A la deuxième question, ma réponse est non. Ça n'a pas à voir avec le sujet. Il se trouve que je pense que la France a un grand problème d'institution et de loi électorale. On a une démocratie qui ne marche pas. Regardez, les partis qui votaient oui, ont 90 % des sièges à l'Assemblée, et cependant ils n'ont fait que 45 % dans le pays. Vous voyez bien qu'il y a une rupture, quelque chose qui ne va pas. Donc, il faudra revoir la loi électorale, mais je ne marchande rien et ne marchanderai rien. Je ne suis pas là pour vendre une participation contre une loi électorale. Ça, c'est des Républiques anciennes et des attitudes qui ne seraient pas des attitudes franches et claires en face des Français.
Q- Une précision : quel est le statut aujourd'hui de G. de Robien, ministre de l'Education nationale, membre, si je ne me trompe, de l'UDF ?
R- G. de Robien est membre du Gouvernement à titre personnel. L'UDF avait choisi, dans son ensemble, de ne pas participer au Gouvernement, G. de Robien, qui était déjà membre du Gouvernement, a fait un autre choix, c'est à tire personnel qu'il a fait ce choix.
Q- Mais vous attendiez qu'il le quitte après avoir participé pendant la première moitié du quinquennat, au Gouvernement ? Sans que vous ne le critiquiez outre mesure.
R- Oui, mais je ne suis pas, je n'aime pas être inamical, mais vous voyez bien que, entre une participation à titre personnel et une participation de représentation d'un mouvement, il y a une très grande différence et c'est la situation de G. de Robien aujourd'hui. Mais, l'Education nationale a besoin d'un changement de politique, profond, j'espère qu'il pourra le conduire. Il y a un grand nombre d'établissements français qui ont vu ces derniers mois et ces dernières années, disparaître, presque complètement, les options qui étaient offertes, ça n'est pas juste. L'égalité des chances, ici, n'est pas respectée.
Q- Alors, deux choses sur la politique actuelle du Gouvernement. Vous avez dit que vous n'étiez pas d'accord avec les mesures qui étaient proposées, ou du moins qu'elles étaient insuffisantes. Deux sujets : sur l'immigration, est-ce que vous êtes, vous, partisans, on va dire, des "catégories", pour être urbain...
R- Les quotas.
Q- Les quotas, pour être franc.
R- Politique de quotas. Deux questions. Premièrement, est-ce que ça marche, ailleurs, là où c'est pratiqué, est-ce que ça marche ? Les experts disent que ça ne marche pas. Il y a des articles très intéressants, par exemple, de monsieur Weil qui dit " ça ne marche pas ". Bien. Deuxième question. On dit : on va faire des quotas professionnels. Dans un pays où il y a quatre millions de chômeurs, est-ce qu'il est vraiment besoin de résoudre ces problèmes par l'immigration et est ce que ça change quelque chose, sachant que les entreprises, aujourd'hui, ont parfaitement la liberté d'aller embaucher un professionnel à l'étranger si elles le souhaitent. Donc, il me semble qu'il faut un débat approfondi sur ce sujet et ne pas trancher trop à l'avance, il y a beaucoup de faux-semblants dans cette proposition.
Q- Ça relève d'avantage de la gesticulation politique ?
R- Non, je ne veux pas dire les choses comme ça. Je n'aime pas être en situation d'employer des mots blessants. La question, me semble-t-il, c'est qu'il faut des propositions politiques étayées et vérifiées par un débat profond, notamment parlementaire. Mais je suis un peu sceptique, comme vous l'avez senti.
Q- Le président J. Chirac reçoit cet après midi T. Blair. Ils vont essayer de s'entendre, difficilement, probablement, sur le budget européen qui va être discuté à la fin de la semaine, au sommet européen. Qu'est-ce qu'à votre avis, le président de la République doit faire ou devrait faire, ou peut faire, par rapport aux exigences de T. Blair qui refuse de revenir sur la fameuse ristourne ?
R- On ne sortira pas de la crise européenne qui commence, qui sera selon moi de longue durée, qui a été initiée par le non de la France, mais qui va toucher tous les secteurs européens, pas seulement la Constitution, mais le budget, vous venez de le dire, on n'en sortira pas sans des efforts réciproques très importants. On ne peut pas entrer dans une négociation comme celle-là en demandant uniquement des efforts aux autres. Je sais bien que c'est plus facile et plus agréable à vendre à l'opinion publique...
Q- Mais est-ce que ça veut dire que sur le plan budgétaire, il faudrait accepter de remettre sur la table la Politique Agricole Commune ?
R- Sur le plan budgétaire, il faut accepter que le budget de l'Union dépasse les 1 % du Produit Intérieur Brut européen. Si l'on maintient le budget de l'union, dans la limite étroite des 1 %, ça signifie que l'on ne pourra pas financer la Politique Agricole Commune, les politiques régionales et la politique de recherche. Or, ces trois politiques sont le cur de ce que l'Europe peut faire pour nous, et donc je suis sceptique à l'idée que l'on demanderait uniquement des efforts aux autres, et que nous ne consentirions pas à faire des efforts nous-mêmes.
Q- Alors, effort d'accroissement du budget et effort de remise en cause de la PAC ?
R- Non, je ne suis pas, évidemment pas, pour une remise en cause de la PAC, mais avouons que nous avons beaucoup fragilisé notre position depuis quelques semaines sur ce sujet. Il faut se battre pour une raison essentielle, c'est que la présence d'un tissu agricole, nombreux, en France, est une partie essentielle de la société française, et donc moi je suis pour défendre la Politique Agricole et l'aide aux agriculteurs, en sachant qu'un jour il faudra en reprendre complètement la philosophie et passer par de vraies prises agricoles, au lieu d'avoir des subventions.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 juin 2005)
R- Bonjour.
Q- Vous vous êtes réjoui du consensus politique pendant tout le temps de la détention des deux otages français. Maintenant qu'ils sont libérés, est-ce que vous souhaitez qu'il y ait, sinon une commission d'enquête, parce que je crois que c'est difficile, puisqu'il y a une procédure judiciaire, du moins une mission d'information du Parlement français sur l'affaire Julia ?
R- L'information, c'est bien, mais s'agissant des otages, on parlera après de l'affaire Julia. Moi, je ne suis pas de ceux qui croient que l'on peut tout dire ou que l'on doit tout dire ou que l'on peut tout savoir ou que l'on va... c'est des affaires extrêmement difficiles. Il me semble que le mieux, lorsque les otages sont libres, c'est de ne pas trop gloser ou révéler les ressorts qui ont permis de les libérer, parce que d'autres affaires comme celle-là peuvent se reproduire. En tout cas, moi, je ne crois pas que tout ce qui touche aux Services secrets, doit être rendu public.
Q- En revanche, sur le comportement d'un élu, en l'occurrence D. Julia, et de ses réseaux, est-ce que vous souhaitez qu'il y ait une information du Parlement ?
R- Je ne sais pas ce qui s'est passé. Il est très difficile au Parlement de faire une mission d'information sur un de ses membres. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Que le Gouvernement fasse son travail, qu'il dise ce qu'il doit dire, que le Parlement lui-même soit attentif à la manière dont se comportent ses membres. Mais, pour le reste, il y a tellement de zones d'ombres dans cette affaire Julia, que pour moi, je m'en tiens éloigné le plus possible, parce que je ne sais pas ce qui s'est passé exactement et je ne sais pas quels sont ces mystérieux réseaux dont on parle, d'où ils viennent et quelles sont leurs implications.
Q- Alors, parlons de la situation politique française. Question brutale, au fond, est-ce que vous croyez - c'est la question que tout le monde se pose aujourd'hui - que ça peut tenir 22 mois, d'ici aux présidentielles ?
R- Il y a deux questions. La première : est-ce qu'en 100 jours, les choses peuvent changer ? Et j'ai dit à la tribune de l'Assemblée nationale...
Q- Que vous n'y croyiez pas.
R- ... que, franchement, je n'y croyais pas. Est-ce que ça peut tenir 22 mois ? Je vois les déclarations, moi je ne suis pas là pour spéculer sur des échecs. Il s'est passé, vous l'avez dit tout à l'heure dans votre éditorial, un événement d'une très grande importance, très grande importance nationale et très grande importance européenne. Cet événement, dont on avait promis que l'on tiendrait le plus grand compte pour la suite, a en réalité entraîné des décisions de continuité, avec des petits changements de personnes, mais des décisions de continuité. Est-ce que c'est cela que la situation du pays exigeait ? Cela non plus je ne l'ai pas cru et nous avons fait le choix que vous savez lors du vote de confiance.
Q- Un choix qui n'a pas été partagé par tous les élus de l'UDF.
R- Il y a à peu près un quart des élus qui sont restés aux attitudes anciennes.
Q- Très exactement, si on compte l'Assemblée et le Sénat, 17, si je ne me trompe.
R- Oui, voilà, 17 sur 60 et quelques. Donc un quart des élus qui se trouve dans cette situation, qui se sont trouvés dans cette situation. Vous savez, je sais que ce n'est pas facile, je sais depuis longtemps que la volonté de proposer une solution politique différente, quand on a pendant longtemps été tenu comme, comment dirais-je, la partie accessoire de la majorité, ça n'est pas facile, ça oblige à un effort d'autonomie intellectuelle, d'indépendance et de courage politique. Donc, en tout cas, pour ma part, c'est ce que j'assumerai, parce que le pays a besoin d'autres réponses. Au fond, c'est ça la seule question : est-ce que, devant l'avenir, le pays n'aura devant lui que deux propositions, la droite en crise et la gauche en crise, ou bien est-ce qu'il y aura une troisième proposition capable de fédérer des volontés de reconstruction.
Q- Mais, vous savez bien que ce genre de chose, en profondeur, ne peut se faire qu'à l'occasion d'une nouvelle présidentielle.
R- C'est vrai.
Q- En attendant, deux choses : si N. Sarkozy avait été Premier ministre, est-ce que les choses auraient été facilitées pour vous, et deuxième question, si on vous avait dit d'accord pour une dose de proportionnelle pour les prochaines législatives, est-ce que vous y alliez ?
R- A la deuxième question, ma réponse est non. Ça n'a pas à voir avec le sujet. Il se trouve que je pense que la France a un grand problème d'institution et de loi électorale. On a une démocratie qui ne marche pas. Regardez, les partis qui votaient oui, ont 90 % des sièges à l'Assemblée, et cependant ils n'ont fait que 45 % dans le pays. Vous voyez bien qu'il y a une rupture, quelque chose qui ne va pas. Donc, il faudra revoir la loi électorale, mais je ne marchande rien et ne marchanderai rien. Je ne suis pas là pour vendre une participation contre une loi électorale. Ça, c'est des Républiques anciennes et des attitudes qui ne seraient pas des attitudes franches et claires en face des Français.
Q- Une précision : quel est le statut aujourd'hui de G. de Robien, ministre de l'Education nationale, membre, si je ne me trompe, de l'UDF ?
R- G. de Robien est membre du Gouvernement à titre personnel. L'UDF avait choisi, dans son ensemble, de ne pas participer au Gouvernement, G. de Robien, qui était déjà membre du Gouvernement, a fait un autre choix, c'est à tire personnel qu'il a fait ce choix.
Q- Mais vous attendiez qu'il le quitte après avoir participé pendant la première moitié du quinquennat, au Gouvernement ? Sans que vous ne le critiquiez outre mesure.
R- Oui, mais je ne suis pas, je n'aime pas être inamical, mais vous voyez bien que, entre une participation à titre personnel et une participation de représentation d'un mouvement, il y a une très grande différence et c'est la situation de G. de Robien aujourd'hui. Mais, l'Education nationale a besoin d'un changement de politique, profond, j'espère qu'il pourra le conduire. Il y a un grand nombre d'établissements français qui ont vu ces derniers mois et ces dernières années, disparaître, presque complètement, les options qui étaient offertes, ça n'est pas juste. L'égalité des chances, ici, n'est pas respectée.
Q- Alors, deux choses sur la politique actuelle du Gouvernement. Vous avez dit que vous n'étiez pas d'accord avec les mesures qui étaient proposées, ou du moins qu'elles étaient insuffisantes. Deux sujets : sur l'immigration, est-ce que vous êtes, vous, partisans, on va dire, des "catégories", pour être urbain...
R- Les quotas.
Q- Les quotas, pour être franc.
R- Politique de quotas. Deux questions. Premièrement, est-ce que ça marche, ailleurs, là où c'est pratiqué, est-ce que ça marche ? Les experts disent que ça ne marche pas. Il y a des articles très intéressants, par exemple, de monsieur Weil qui dit " ça ne marche pas ". Bien. Deuxième question. On dit : on va faire des quotas professionnels. Dans un pays où il y a quatre millions de chômeurs, est-ce qu'il est vraiment besoin de résoudre ces problèmes par l'immigration et est ce que ça change quelque chose, sachant que les entreprises, aujourd'hui, ont parfaitement la liberté d'aller embaucher un professionnel à l'étranger si elles le souhaitent. Donc, il me semble qu'il faut un débat approfondi sur ce sujet et ne pas trancher trop à l'avance, il y a beaucoup de faux-semblants dans cette proposition.
Q- Ça relève d'avantage de la gesticulation politique ?
R- Non, je ne veux pas dire les choses comme ça. Je n'aime pas être en situation d'employer des mots blessants. La question, me semble-t-il, c'est qu'il faut des propositions politiques étayées et vérifiées par un débat profond, notamment parlementaire. Mais je suis un peu sceptique, comme vous l'avez senti.
Q- Le président J. Chirac reçoit cet après midi T. Blair. Ils vont essayer de s'entendre, difficilement, probablement, sur le budget européen qui va être discuté à la fin de la semaine, au sommet européen. Qu'est-ce qu'à votre avis, le président de la République doit faire ou devrait faire, ou peut faire, par rapport aux exigences de T. Blair qui refuse de revenir sur la fameuse ristourne ?
R- On ne sortira pas de la crise européenne qui commence, qui sera selon moi de longue durée, qui a été initiée par le non de la France, mais qui va toucher tous les secteurs européens, pas seulement la Constitution, mais le budget, vous venez de le dire, on n'en sortira pas sans des efforts réciproques très importants. On ne peut pas entrer dans une négociation comme celle-là en demandant uniquement des efforts aux autres. Je sais bien que c'est plus facile et plus agréable à vendre à l'opinion publique...
Q- Mais est-ce que ça veut dire que sur le plan budgétaire, il faudrait accepter de remettre sur la table la Politique Agricole Commune ?
R- Sur le plan budgétaire, il faut accepter que le budget de l'Union dépasse les 1 % du Produit Intérieur Brut européen. Si l'on maintient le budget de l'union, dans la limite étroite des 1 %, ça signifie que l'on ne pourra pas financer la Politique Agricole Commune, les politiques régionales et la politique de recherche. Or, ces trois politiques sont le cur de ce que l'Europe peut faire pour nous, et donc je suis sceptique à l'idée que l'on demanderait uniquement des efforts aux autres, et que nous ne consentirions pas à faire des efforts nous-mêmes.
Q- Alors, effort d'accroissement du budget et effort de remise en cause de la PAC ?
R- Non, je ne suis pas, évidemment pas, pour une remise en cause de la PAC, mais avouons que nous avons beaucoup fragilisé notre position depuis quelques semaines sur ce sujet. Il faut se battre pour une raison essentielle, c'est que la présence d'un tissu agricole, nombreux, en France, est une partie essentielle de la société française, et donc moi je suis pour défendre la Politique Agricole et l'aide aux agriculteurs, en sachant qu'un jour il faudra en reprendre complètement la philosophie et passer par de vraies prises agricoles, au lieu d'avoir des subventions.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 juin 2005)