Déclaration de Mme Michéle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle de la Force de Gendarmerie européenne, à Saint-Astier le 17 juin 2005.

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Circonstance : Exercice de la Force de gendarmerie européenne (FGE), à Saint-Astier (Dordogne) le 17 juin 2005.

Texte intégral

C'est un plaisir de vous accueillir aujourd'hui au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie de Saint Astier pour ce premier exercice de déploiement de la Force de Gendarmerie européenne.
Cet exercice d'état-major intervient seulement neuf mois après la création de la FGE en septembre 2004.
Ce délai exceptionnellement court démontre bien qu'avec détermination et ambition on peut, dans le domaine de la construction européenne, aboutir à des résultats concrets très rapidement.
Les résultats récents des référendums sur le projet constitutionnel européen ne m'ont enlevés ni ma détermination, ni mon ambition pour l'Europe de la défense.
L'élan donné depuis trois ans à la défense européenne, en particulier par la France, nous permettra de continuer dans de bonnes conditions sur la lancée des initiatives, à commencer par celle de la FGE.
Aujourd'hui, face à la multiplication et à la complexification des crises, l'Europe doit et veut s'impliquer.
Dans ce contexte, la Force de gendarmerie européenne offrira davantage de visibilité et d'efficacité à l'Europe de la défense.
L'Union européenne doit être en mesure de faire face aux crises actuelles et à venir.
Elle a déjà démontré ses facultés en intervenant sur des théâtres d'opération, même éloignés de ses frontières.
Elle partage aussi la responsabilité de la sécurité internationale et du maintien de la paix.
Par ailleurs, ces crises sont de plus en plus complexes.
La frontière entre les éléments civils et militaires est floue.
La nécessité de régler ces crises dans leur globalité, en prenant en compte leurs volets sécuritaires, judiciaires, humanitaires, économiques, est avérée.
Mettant à profit le large éventail de ses compétences, l'Union peut intervenir sur l'ensemble du spectre d'une crise, de l'accompagnement de nos forces armées sur le terrain, jusqu'à la gestion de la sortie de crise.
Partant de ce constat, j'ai proposé l'an dernier à l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal de travailler avec la France à la création d'une Force de Gendarmerie européenne.
La gendarmerie exerce des responsabilités à la fois militaires, civiles et policières.
Elle est donc en mesure d'appréhender les situations dans leur globalité.
En opérations extérieures, les gendarmes sont particulièrement compétents dans des situations transitoires entre la guerre et la paix.
Au Kosovo, les forces de gendarmerie se sont résolument engagées dans le rétablissement de l'Etat de droit et dans la lutte contre la criminalité.
En Bosnie, elles ont contribué à l'encadrement et à la formation de la police locale.
La FGE viendra appuyer les ambitions de l'Union européenne en matière d'intervention sur des théâtres extérieurs.
Elle mènera, aux côtés d'autres acteurs civils et militaires, ainsi qu'aux côtés de la police locale, des missions de renseignement, de lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée.
Cette force contribuera également à exporter nos savoir-faire et les standards démocratiques que nous promouvons.
Nous sommes soucieux de partager cette initiative avec le plus grand nombre.
Elle est un très bon exemple des coopérations " à géométrie variable " qui peuvent être mises en oeuvre entre les États membres de l'Union européenne, même si nous ne pouvons appliquer celles prévues par la Constitution.
La FGE a vocation à s'agrandir et à s'ouvrir aux pays qui pourraient être intéressés par ce concept.
Désormais, la Force de gendarmerie européenne est une réalité ; elle vit, elle fonctionne.
Son état-major et son personnel, de grande qualité, ont démontré ici à Saint Astier leurs aptitudes à planifier et conduire de futures opérations.
Je tiens à saluer le Général DEANAZ et son état-major pour le travail accompli dans la montée en puissance de la Force de gendarmerie européenne et les résultats acquis lors de ce premier exercice multinational.
Je me félicite également de la venue ici d'experts internationaux qui montre le très grand intérêt porté à cette force.
La FGE est sans conteste une nouvelle preuve de la vitalité de la défense européenne.
A l'heure où l'on se pose des questions sur la construction européenne, elle sera demain le nouvel instrument de l'Europe que nous appelons de nos voeux, uvrant à la stabilité et la paix dans le monde.
Vous serez les principaux acteurs.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 juin 2005)