Texte intégral
CFDT Magazine - Le fort mécontentement des salariés semble aller de pair avec un certain fatalisme. Comment apprécies-tu cette rentrée sociale ?
François Chérèque - Nous constatons en effet un fort scepticisme chez les salariés dû à l'augmentation des craintes vis-à-vis de l'emploi et de la précarisation. De plus, les salariés sont mécontents de la baisse du pouvoir d'achat, situation symbolisée par la hausse du prix des carburants et du logement.
Comment la CFDT, et plus largement le syndicalisme, va-t-il réussir à aider les salariés à exprimer ce mécontentement pour obtenir des résultats? Nous saurons le 4 octobre, jour de la manifestation unitaire, si les salariés dépassent ce sentiment de fatalisme.
Qu'attends-tu de la manifestation unitaire du 4 octobre ?
Je pense que la majorité politique et le patronat n'ont pas pris la mesure du désarroi de la société française. Le premier objectif du 4 octobre est de mobiliser pour faire passer ce message avec les salariés du privé et des fonctions publiques. Il faudra ensuite démontrer que nous sommes capables d'apporter des réponses et des résultats sur le pouvoir d'achat et l'emploi, sur les seniors, sur la pénibilité et sur l'Unedic. La CFDT ne se contente pas d'une posture de mécontentement, mais est aussi animée par une volonté d'aboutir à des résultats concrets.
En annonçant sa volonté d'aboutir dans les négociations en cours sur la pénibilité, les seniors et l'Unedic, la nouvelle direction du Medef semble pratiquer une ouverture. Peut-on espérer une relance du dialogue social avec le patronat ?
À ce jour, ce qui change, c'est le discours de la présidente du Medef qui est en rupture avec celui de son prédécesseur. Elle ne pratique pas la provocation verbale et annonce qu'elle veut aller au bout des négociations. Ce discours semble positif.
Cela étant, il reste des points durs par exemple l'Unedic où nous refusons le retour à la dégressivité. Il y a dans la société française des courants convergents qui poussent à l'échec de cette négociation. Une partie de la majorité politique aimerait fusionner l'Unedic avec l'Anpe au détriment des chômeurs. Une partie du patronat estime que ce problème relève de la seule responsabilité de l'État et, enfin l'attitude de la CGT, qui refuse de prendre ses responsabilités et n'a jamais signé aucun accord Unedic.
Après les débats que nous avons connus, aborderons-nous cette négociation sur la défensive ?
Non, il ne le faut pas. La question posée est récurrente. Il reste 13 milliards de déficit avec les mêmes paramètres : cotisations, durée d'indemnisation, et accompagnement des chômeurs. La CFDT n'est pas prête à négocier n'importe quoi uniquement pour maintenir le système paritaire.
Côté gouvernemental, tu as reproché au plan du Premier ministre un manque de cohérence. Que préconise la CFDT sur le pouvoir d'achat ?
Le pouvoir d'achat est l'un des éléments essentiels de la revendication aujourd'hui. La CFDT veut distinguer ce qui relève des négociations salariales dans le privé et les fonctions publiques de ce qui relève du rôle de l'État (fiscalité, logement, énergie). À ce propos, la CFDT demande une grande conférence pour mettre à plat toutes les sources de revenus.
Sur la politique salariale des entreprises, nous pensons qu'il faut revenir à un réel déroulement de carrière. Par le biais des allègements de charges sur le Smic, on incite les employeurs à maintenir les salariés au salaire minimum. Il n'est pas normal qu'un travailleur de 45 ans soit encore au Smic après plus de vingt ans de vie active. Nous souhaitons que les allègements de charges qui s'élèvent à 20 milliards d'euros soient conditionnés à la création d'emplois et à l'amélioration du pouvoir d'achat.
Enfin à propos de l'énergie, il faut, à court terme, aider ceux qui doivent se chauffer au fuel et ceux qui sont contraints de prendre leur véhicule pour aller travailler. A long terme, il faut investir dans les énergies renouvelables.
Dans un article paru dans Le Monde, tu as souligné que l'évolution du contrat de travail n'était pas une question taboue pour la CFDT. Peux-tu préciser ?
En France, nous avons 2,5 millions de chômeurs, 1,5 million de Rmistes, 70 % des embauches sont des CDD et nous constatons une augmentation de l'exclusion et de la flexibilité. Dans ce contexte, des garanties collectives nouvelles doivent être dégagées pour permettre un parcours professionnel mieux sécurisé. Dans ce cadre, il faut évoluer, mais il ne s'agit, en aucun cas, d'accepter une flexibilité accrue comme le gouvernement l'a fait avec le contrat nouvelles embauches.
(Source http://www.cfdt.fr, le 13 septembre 2005)
François Chérèque - Nous constatons en effet un fort scepticisme chez les salariés dû à l'augmentation des craintes vis-à-vis de l'emploi et de la précarisation. De plus, les salariés sont mécontents de la baisse du pouvoir d'achat, situation symbolisée par la hausse du prix des carburants et du logement.
Comment la CFDT, et plus largement le syndicalisme, va-t-il réussir à aider les salariés à exprimer ce mécontentement pour obtenir des résultats? Nous saurons le 4 octobre, jour de la manifestation unitaire, si les salariés dépassent ce sentiment de fatalisme.
Qu'attends-tu de la manifestation unitaire du 4 octobre ?
Je pense que la majorité politique et le patronat n'ont pas pris la mesure du désarroi de la société française. Le premier objectif du 4 octobre est de mobiliser pour faire passer ce message avec les salariés du privé et des fonctions publiques. Il faudra ensuite démontrer que nous sommes capables d'apporter des réponses et des résultats sur le pouvoir d'achat et l'emploi, sur les seniors, sur la pénibilité et sur l'Unedic. La CFDT ne se contente pas d'une posture de mécontentement, mais est aussi animée par une volonté d'aboutir à des résultats concrets.
En annonçant sa volonté d'aboutir dans les négociations en cours sur la pénibilité, les seniors et l'Unedic, la nouvelle direction du Medef semble pratiquer une ouverture. Peut-on espérer une relance du dialogue social avec le patronat ?
À ce jour, ce qui change, c'est le discours de la présidente du Medef qui est en rupture avec celui de son prédécesseur. Elle ne pratique pas la provocation verbale et annonce qu'elle veut aller au bout des négociations. Ce discours semble positif.
Cela étant, il reste des points durs par exemple l'Unedic où nous refusons le retour à la dégressivité. Il y a dans la société française des courants convergents qui poussent à l'échec de cette négociation. Une partie de la majorité politique aimerait fusionner l'Unedic avec l'Anpe au détriment des chômeurs. Une partie du patronat estime que ce problème relève de la seule responsabilité de l'État et, enfin l'attitude de la CGT, qui refuse de prendre ses responsabilités et n'a jamais signé aucun accord Unedic.
Après les débats que nous avons connus, aborderons-nous cette négociation sur la défensive ?
Non, il ne le faut pas. La question posée est récurrente. Il reste 13 milliards de déficit avec les mêmes paramètres : cotisations, durée d'indemnisation, et accompagnement des chômeurs. La CFDT n'est pas prête à négocier n'importe quoi uniquement pour maintenir le système paritaire.
Côté gouvernemental, tu as reproché au plan du Premier ministre un manque de cohérence. Que préconise la CFDT sur le pouvoir d'achat ?
Le pouvoir d'achat est l'un des éléments essentiels de la revendication aujourd'hui. La CFDT veut distinguer ce qui relève des négociations salariales dans le privé et les fonctions publiques de ce qui relève du rôle de l'État (fiscalité, logement, énergie). À ce propos, la CFDT demande une grande conférence pour mettre à plat toutes les sources de revenus.
Sur la politique salariale des entreprises, nous pensons qu'il faut revenir à un réel déroulement de carrière. Par le biais des allègements de charges sur le Smic, on incite les employeurs à maintenir les salariés au salaire minimum. Il n'est pas normal qu'un travailleur de 45 ans soit encore au Smic après plus de vingt ans de vie active. Nous souhaitons que les allègements de charges qui s'élèvent à 20 milliards d'euros soient conditionnés à la création d'emplois et à l'amélioration du pouvoir d'achat.
Enfin à propos de l'énergie, il faut, à court terme, aider ceux qui doivent se chauffer au fuel et ceux qui sont contraints de prendre leur véhicule pour aller travailler. A long terme, il faut investir dans les énergies renouvelables.
Dans un article paru dans Le Monde, tu as souligné que l'évolution du contrat de travail n'était pas une question taboue pour la CFDT. Peux-tu préciser ?
En France, nous avons 2,5 millions de chômeurs, 1,5 million de Rmistes, 70 % des embauches sont des CDD et nous constatons une augmentation de l'exclusion et de la flexibilité. Dans ce contexte, des garanties collectives nouvelles doivent être dégagées pour permettre un parcours professionnel mieux sécurisé. Dans ce cadre, il faut évoluer, mais il ne s'agit, en aucun cas, d'accepter une flexibilité accrue comme le gouvernement l'a fait avec le contrat nouvelles embauches.
(Source http://www.cfdt.fr, le 13 septembre 2005)