Discours de Monsieur François Loos, ministre délégué à l'industrie, sur les relations franco - brésiliennes et notamment la coopération technologique et sur le rôle des deux pays dans les négociations de l'OMC et de l'UE-Mercosur, Paris le 18 octobre 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Séminaire : "Brésil un succès économique durable ?" au centre Kléber à Paris le 18 octobre 2005

Texte intégral

Je voudrais tout d'abord vous exprimer ma très grande satisfaction de pouvoir ouvrir ce séminaire et intervenir devant un auditoire constitué de représentants des administrations et des entreprises brésiliennes et françaises, réunis à l'initiative conjointe d'Arcelor et de Banco Itau. Cet événement, qui s'inscrit parfaitement dans le cadre de " l'Année du Brésil en France ", est la démonstration d'une réelle volonté de mieux faire connaître le Brésil aux entreprises françaises. C'est aussi une occasion pour moi de réaffirmer ma volonté de renforcer nos relations économiques tant sur le plan bilatéral que multilatéral, mais aussi nos coopérations technologiques notamment dans le secteur de l'énergie.
Les réformes structurelles engagées par le président Lula au début de son mandat, notamment l'action volontariste visant à réactiver l'économie par une action sur l'offre productive et sur les exportations, ont commencé à porter leurs fruits, puisque le taux de croissance du pays a été en 2004 de 4,6 % et que 2005 devrait se situer à un niveau équivalent. La détermination du Président Lula et de son Gouvernement à rétablir les grands équilibres macro-économiques et financiers, tout en réactivant l'économie et en suscitant une croissance soutenable et socialement équitable, mérite amplement d'être saluée.
Je voudrais rapidement parler de l'OMC.
En tant que membre important du G20, le Brésil a une responsabilité particulière dans la réussite des négociations du cycle de Doha et tout particulièrement dans celle de la conférence ministérielle de Hong-kong. La France considère que des progrès conjoints doivent être faits sur les trois volets de la négociation (agriculture, accès au marché non agricole et services). Il est important pour la France que le cycle de Doha pour le Développement conduise à une amélioration du traitement des pays les moins avancés (PMA).
En ce qui concerne les négociations UE-Mercosur
La France considère les négociations entre l'Union Européenne et le Mercosur comme fondamentales, compte tenu de l'intérêt commercial commun d'un accord et de l'enjeu politique des relations entre nos deux blocs. Il faut désormais que ces discussions se concrétisent. Le succès et la dynamique créée à l'occasion de cette année du Brésil en France devraient être l'occasion pour nos deux pays de reprendre l'initiative dans la négociation et d'arriver à la signature rapide d'un accord.
Vous pouvez constater que la France et le Brésil partagent très largement une vision commune d'un ordre économique international fondé sur le multilatéralisme et sur des solidarités renforcées, au profit des pays en développement.

Les relations commerciales franco-brésiliennes s'approfondissent
La part de marché de la France au Brésil progresse sensiblement à 4,5 % contre 3,6 % un an auparavant et dans le même temps les exportations brésiliennes vers la France se diversifient. Elles progressent de 7 % au total mais de plus de 29 % hors agroalimentaire. De plus, la France est le 4e investisseur étranger au Brésil, avec une présence ancienne et diversifiée. Tout le CAC40 est au Brésil. Cette présence se fait dans pratiquement la totalité des secteurs industriels, notamment l'automobile, le secteur énergétique, l'environnement, mais également l'aéronautique, la pharmacie et l'agro-alimentaire.
L'année 2005 a vu l'annonce de très nombreux projets français, notamment l'investissement emblématique de Dagris dans les biocarburants et la création d'Arcelor do Brasil, holding regroupant tous les actifs d'Arcelor au Brésil. Ce projet démontre l'importance du Brésil pour ce groupe qui y investit très fortement. La vigueur de la présence de nos entreprises au Brésil constitue des signes indéniables de la confiance que celles-ci témoignent envers ce pays.
Je voudrais aborder maintenant un deuxième volet : notre coopération technologique.
La politique volontariste menée dans le domaine des biocarburants a permis au Brésil d'être le pays certainement le plus avancé au monde en matière d'utilisation de biocarburants. Cette caractéristique confère un avantage compétitif certain à son économie. Mais le domaine des biocarburants n'est pas le seul domaine dans lequel le Brésil a su développer des technologies compétitives et des secteurs industriels importants.
Le secteur de la santé et des biotechnologies est un secteur en croissance forte, qui s'appuie sur des centres de recherche performants dans de nombreux Etats. Si le secteur brésilien des biotechnologies et de la santé se donne les moyens de gérer de façon responsable et durable la biodiversité de ce pays, il ne fait aucun doute que ce secteur industriel est promis à un brillant avenir.
Dans ce contexte, la France a engagé depuis de nombreuses années des actions de coopération industrielle et technologique avec le Brésil. Ainsi, dés la fin des années 90, une coopération technologique dans le secteur des équipements automobiles a été mise en place en appui des investissements des constructeurs automobiles. Une action similaire menée dans le secteur de la plasturgie, a conduit notamment à la mise en réseau d'acteurs industriels et à l'ouverture du premier centre technique brésilien dans ce domaine. Il est certainement nécessaire de promouvoir, dans le cadre d'une relation équilibrée, ce type d'action qui génère une synergie entre partenariat industriel et coopération institutionnelle.
La France met en uvre actuellement une politique d'innovation qui s'appuie sur les pôles de compétitivité. Cette politique vise à accélérer le processus d'innovation et à donner une visibilité internationale à nos pôles d'excellence industriels et scientifiques, en mettant l'accent sur la concentration des moyens et la notion de partenariat au service de la compétitivité. Il est bien évident que cette synergie peut, et doit, dans de nombreux cas, être atteinte en associant des partenaires étrangers, et notamment des pôles étrangers, pour le bénéfice mutuel de l'ensemble des partenaires. A plus ou moins brève échéance, des partenariats nouveaux seront amenés à se créer, par exemple entre pôles français et " aranjos productivos " brésiliens.
Je voudrais maintenant parler du secteur énergétique qui a été une préoccupation importante en 2005 pour bon nombre de pays et qui occupe une place importante dans le programme d'actions du Gouvernement français.
Dans le domaine de l'énergie, le Brésil et la France ont beaucoup de points communs dans leur politique énergétique respective : tous deux ont un bouquet énergétique diversifié, tous deux attachent une grande importance à la réduction de la dépendance ainsi qu'à la nécessaire maîtrise de l'énergie.
Le Brésil fait preuve d'un dynamisme, qui lui a permis d'être quasiment autosuffisant en pétrole, notamment grâce à l'exploitation de ses gisements en haute mer. L'ouverture de l'amont pétrolier dans les années 1995 a permis aux entreprises françaises de participer au développement de l'exploration-production au Brésil. C'est donc par cette impulsion du Gouvernement brésilien qu'une coopération fructueuse a ainsi pu se développer entre Petrobras et des entreprises françaises. Pour illustrer mon propos, je ne manquerai pas de citer naturellement Total, présent au Brésil depuis les années 70, ainsi que Technip mais également l'IFP. Tous ces opérateurs énergétiques ont contribué à la diffusion de nouvelles technologies et permis ainsi une mutualisation des compétences entre nos deux pays.
L'augmentation de nos besoins en électricité est liée au développement économique. L'assurance d'une fourniture régulière et abondante est donc devenue une priorité pour toutes les économies à forte intensité énergétique comme les nôtres.
Pour répondre à ce défi, la France a développé sa filière nucléaire, qui lui permet entre autres de limiter l'impact des soubresauts des marchés pétroliers en garantissant des prix stables à l'électricité. Avec la récente loi d'orientation sur l'énergie du 13 juillet 2005, la France a consolidé la place du nucléaire dans son bouquet énergétique.
Le Brésil, de son côté, a fait le même choix que la France en faveur du nucléaire, sans toutefois en porter la part à la même hauteur. Ce choix identique nous a conduits à signer à Paris le 25 octobre 2002 un accord de coopération pour le développement des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire. Il s'agit là d'un thème de partenariat entre les deux pays, qui a permis de rapprocher le CEA français et la Commission nationale de l'énergie nucléaire brésilienne.
Pour conclure, je voudrais saluer la qualité des manifestations qui ont eu lieu dans le cadre de l'année du Brésil en France et notamment pour leur volet économique particulièrement intéressant. La conférence économique du 14 avril, le déjeuner des entreprises autour du Président Lula du 13 juillet ainsi qu'aujourd'hui cette conférence permettent à tous de mieux prendre conscience du potentiel important du Brésil. De plus, la visite cette année en France de nombreux Etats brésiliens fédérés accompagnés d'importantes délégations d'entreprises témoignent du potentiel d'approfondissement de nos relations économiques, notamment dans le cadre de la coopération régionale.
Il ne me reste plus qu'à féliciter Arcelor et Banco Itau pour l'organisation et le succès annoncé de ce séminaire et à les remercier de m'avoir convié à intervenir en introduction.
Je vous souhaite de fructueux échanges et je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 25 octobre 2005)