Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Rapporteur,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
J'ai eu l'honneur de signer le 12 juillet dernier à Cardiff, avec mes collègues néerlandais, britannique et allemand, un accord qui vise à encadrer la coopération industrielle dans le domaine stratégique de l'enrichissement de l'uranium. Cet accord quadripartite, communément désigné "Areva-Urenco", mettra en oeuvre les accords industriels conclus le 24 novembre 2003 entre l'industriel français Areva et le consortium nucléaire germano-néerlando-britannique Urenco.
L'enrichissement de l'uranium, étape nécessaire pour la fabrication des combustibles destinés aux réacteurs nucléaires, est actuellement effectué à l'usine du groupe Areva, établie sur le site du Tricastin, selon le procédé de la diffusion gazeuse. Cette usine, entrée en service en 1978, devrait fermer vers 2012 et une nouvelle usine utilisant le procédé de la centrifugation devrait être mise en service progressivement entre 2007 et 2012. La France, qui disposait à la fin des années 60 d'une certaine avance en matière d'enrichissement par diffusion gazeuse, n'a donc pas participé à la coopération internationale sur les techniques de la centrifugation. Aujourd'hui, le consortium germano-néerlando-britannique Urenco dispose d'un savoir-faire en la matière, résultant de cette collaboration engagée il y a plus de trente ans. Désireuse de répondre aux défis technique et économique et de moderniser sa technologie, Areva s'est donc naturellement tournée vers Urenco pour négocier l'acquisition de ce procédé de la centrifugation.
La constitution du consortium Urenco est basée sur le Traité d'Almélo, signé à Almélo aux Pays-Bas le 4 mars 1970, liant l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Ce traité interdit tout transfert de technologie afférent à la centrifugation vers des Etats-tiers, sans la conclusion d'accords de coopération particuliers. L'accès par Areva à la technologie de l'enrichissement de l'uranium par centrifugation ne pouvait donc se faire que par la négociation d'un accord intergouvernemental avec les trois Etats parties au traité d'Almelo.
L'accord quadripartite qui vous est aujourd'hui soumis permettra donc d'assurer le maintien et la modernisation de nos capacités d'enrichissement, segment important du cycle du combustible nucléaire. Il assurera à Areva la possibilité de pérenniser ses positions sur le marché de l'enrichissement (16 % du marché mondial) grâce à l'acquisition de la technologie de l'enrichissement par centrifugation, offrant les meilleures garanties en termes de compétitivité économique, de fiabilité technique, de faible impact environnemental et rendant possible une mise en service industrielle rapide.
Aux termes des accords industriels du 24 novembre 2003 que j'ai mentionnés plus haut, Areva et Urenco deviennent actionnaires en parts égales (50/50) d'une société commune nouvelle, dénommée Enrichment Technology Company (ETC). Celle-ci assurera, d'une part, la recherche-développement et la gestion de la technologie de la centrifugation et, d'autre part, la fabrication et la vente des centrifugeuses.
Il est prévu que les quatre gouvernements supervisent la coopération entre Areva et Urenco dans le cadre d'ETC, concernant l'utilisation et la protection de la technologie de la centrifugation. Un comité de représentants sera formé, qui prendra ses décisions à l'unanimité. L'accord oblige les Etats à prendre toutes les mesures appropriées pour en faciliter l'exécution, et à veiller à ce qu'ETC n'effectue aucune discrimination entre les clients sur le territoire des quatre Etats pour la fourniture de la technologie de la centrifugation.
Disposition centrale de cet accord, une clause d'utilisation pacifique énonce l'engagement des quatre gouvernements, conformément au Traité de non-prolifération nucléaire, à ne pas utiliser la technologie de la centrifugation acquise dans le cadre de cette coopération pour aider un Etat non doté d'armes nucléaires à fabriquer ou à acquérir des armes nucléaires. Par ailleurs, la France s'engage à veiller à ce que cette technologie ne soit pas utilisée pour la production d'uranium permettant la fabrication ou l'acquisition d'armes ou de dispositifs explosifs. Le respect de ces engagements est suivi par la mise en place de garanties internationales et de contrôles par l'Agence internationale de l'Energie atomique.
La protection physique des matières nucléaires utilisées ou produites dans le cadre de cette coopération sera assurée sur la base de normes agréées; de même pour la protection des informations relevant du droit de propriété, qui seront soumises à des procédures définies en commun, la protection des informations classifiées relevant des droits nationaux. Un dispositif de règlement des différends par une commission d'arbitrage est prévu dans l'accord, ainsi que des mécanismes de modification et d'amendement.
La coopération technologique entre les quatre Etats européens qui débouchera de l'accord Areva-Urenco constitue également une avancée significative et souhaitable dans la perspective du grand marché européen de l'énergie. Il consolidera par ailleurs la capacité industrielle et l'indépendance énergétique de l'Europe, et prévoit la possibilité de conclure des accords de coopération avec d'autres Etats ou avec des organisations internationales.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, je conclurai en appelant votre attention sur le fait que l'accord qui vous est soumis aujourd'hui comporte des enjeux majeurs pour le maintien de la filière nucléaire française, et permettra la construction par Areva de sa nouvelle usine d'enrichissement.
La mise en oeuvre des accords industriels a été soumise à une clause de caducité: l'entrée en vigueur, au plus tard le 31 décembre 2005, d'un accord de coopération liant les quatre Etats concernés et fournissant l'encadrement étatique nécessaire au bon déroulement de cette collaboration.
Cet accord comporte des dispositions qui relèvent du domaine de la loi. Il doit de ce fait, faire l'objet d'une loi d'approbation en vertu de l'article 53 de la Constitution. C'est pourquoi, je vous demande de bien vouloir approuver cet accord.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2005)
Monsieur le Rapporteur,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
J'ai eu l'honneur de signer le 12 juillet dernier à Cardiff, avec mes collègues néerlandais, britannique et allemand, un accord qui vise à encadrer la coopération industrielle dans le domaine stratégique de l'enrichissement de l'uranium. Cet accord quadripartite, communément désigné "Areva-Urenco", mettra en oeuvre les accords industriels conclus le 24 novembre 2003 entre l'industriel français Areva et le consortium nucléaire germano-néerlando-britannique Urenco.
L'enrichissement de l'uranium, étape nécessaire pour la fabrication des combustibles destinés aux réacteurs nucléaires, est actuellement effectué à l'usine du groupe Areva, établie sur le site du Tricastin, selon le procédé de la diffusion gazeuse. Cette usine, entrée en service en 1978, devrait fermer vers 2012 et une nouvelle usine utilisant le procédé de la centrifugation devrait être mise en service progressivement entre 2007 et 2012. La France, qui disposait à la fin des années 60 d'une certaine avance en matière d'enrichissement par diffusion gazeuse, n'a donc pas participé à la coopération internationale sur les techniques de la centrifugation. Aujourd'hui, le consortium germano-néerlando-britannique Urenco dispose d'un savoir-faire en la matière, résultant de cette collaboration engagée il y a plus de trente ans. Désireuse de répondre aux défis technique et économique et de moderniser sa technologie, Areva s'est donc naturellement tournée vers Urenco pour négocier l'acquisition de ce procédé de la centrifugation.
La constitution du consortium Urenco est basée sur le Traité d'Almélo, signé à Almélo aux Pays-Bas le 4 mars 1970, liant l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Ce traité interdit tout transfert de technologie afférent à la centrifugation vers des Etats-tiers, sans la conclusion d'accords de coopération particuliers. L'accès par Areva à la technologie de l'enrichissement de l'uranium par centrifugation ne pouvait donc se faire que par la négociation d'un accord intergouvernemental avec les trois Etats parties au traité d'Almelo.
L'accord quadripartite qui vous est aujourd'hui soumis permettra donc d'assurer le maintien et la modernisation de nos capacités d'enrichissement, segment important du cycle du combustible nucléaire. Il assurera à Areva la possibilité de pérenniser ses positions sur le marché de l'enrichissement (16 % du marché mondial) grâce à l'acquisition de la technologie de l'enrichissement par centrifugation, offrant les meilleures garanties en termes de compétitivité économique, de fiabilité technique, de faible impact environnemental et rendant possible une mise en service industrielle rapide.
Aux termes des accords industriels du 24 novembre 2003 que j'ai mentionnés plus haut, Areva et Urenco deviennent actionnaires en parts égales (50/50) d'une société commune nouvelle, dénommée Enrichment Technology Company (ETC). Celle-ci assurera, d'une part, la recherche-développement et la gestion de la technologie de la centrifugation et, d'autre part, la fabrication et la vente des centrifugeuses.
Il est prévu que les quatre gouvernements supervisent la coopération entre Areva et Urenco dans le cadre d'ETC, concernant l'utilisation et la protection de la technologie de la centrifugation. Un comité de représentants sera formé, qui prendra ses décisions à l'unanimité. L'accord oblige les Etats à prendre toutes les mesures appropriées pour en faciliter l'exécution, et à veiller à ce qu'ETC n'effectue aucune discrimination entre les clients sur le territoire des quatre Etats pour la fourniture de la technologie de la centrifugation.
Disposition centrale de cet accord, une clause d'utilisation pacifique énonce l'engagement des quatre gouvernements, conformément au Traité de non-prolifération nucléaire, à ne pas utiliser la technologie de la centrifugation acquise dans le cadre de cette coopération pour aider un Etat non doté d'armes nucléaires à fabriquer ou à acquérir des armes nucléaires. Par ailleurs, la France s'engage à veiller à ce que cette technologie ne soit pas utilisée pour la production d'uranium permettant la fabrication ou l'acquisition d'armes ou de dispositifs explosifs. Le respect de ces engagements est suivi par la mise en place de garanties internationales et de contrôles par l'Agence internationale de l'Energie atomique.
La protection physique des matières nucléaires utilisées ou produites dans le cadre de cette coopération sera assurée sur la base de normes agréées; de même pour la protection des informations relevant du droit de propriété, qui seront soumises à des procédures définies en commun, la protection des informations classifiées relevant des droits nationaux. Un dispositif de règlement des différends par une commission d'arbitrage est prévu dans l'accord, ainsi que des mécanismes de modification et d'amendement.
La coopération technologique entre les quatre Etats européens qui débouchera de l'accord Areva-Urenco constitue également une avancée significative et souhaitable dans la perspective du grand marché européen de l'énergie. Il consolidera par ailleurs la capacité industrielle et l'indépendance énergétique de l'Europe, et prévoit la possibilité de conclure des accords de coopération avec d'autres Etats ou avec des organisations internationales.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, je conclurai en appelant votre attention sur le fait que l'accord qui vous est soumis aujourd'hui comporte des enjeux majeurs pour le maintien de la filière nucléaire française, et permettra la construction par Areva de sa nouvelle usine d'enrichissement.
La mise en oeuvre des accords industriels a été soumise à une clause de caducité: l'entrée en vigueur, au plus tard le 31 décembre 2005, d'un accord de coopération liant les quatre Etats concernés et fournissant l'encadrement étatique nécessaire au bon déroulement de cette collaboration.
Cet accord comporte des dispositions qui relèvent du domaine de la loi. Il doit de ce fait, faire l'objet d'une loi d'approbation en vertu de l'article 53 de la Constitution. C'est pourquoi, je vous demande de bien vouloir approuver cet accord.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2005)