Déclarations de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à des questions sur l'appui de l'Union européenne à l'opposition démocratique en Yougoslavie à l'occasion de l'élection présidentielle yougoslave, à l'Assemblée nationale le 3 octobre 2000.

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Dès que le président Milosevic a annoncé la tenue d'élections pour la fin septembre, nous avons demandé à l'opposition démocratique yougoslave comment elle envisageait ce qui pouvait a priori passer pour une nouvelle tentative de manipulation. Devant sa détermination à affronter cette échéance électorale, nous avons décidé de la soutenir. Dès le début de septembre, nous avons donc, au nom de l'Union européenne, adressé un message au peuple serbe - dont nous n'avions jamais oublié qu'il faisait partie de l'Europe -, lui indiquant que la victoire de la démocratie à Belgrade entraînerait un changement radical de la politique de l'Union européenne vis-à-vis de la République fédérale de Yougoslavie. M. Kostunica nous a fait savoir que ce message, traduit en serbo-croate et très largement diffusé, avait eu un réel impact sur l'opinion. Les Etats-Unis avaient d'ailleurs quelques jours plus tard suivi notre initiative. Le peuple serbe a eu le courage d'aller voter en masse pour M. Kostunica dont il ne fait nul doute aujourd'hui qu'il a bien été élu dès le premier tour.
Depuis lors, l'opposition démocratique tente d'éviter les pièges que lui tend le président Milosevic, qui n'a même pas osé se déclarer en tête du scrutin à l'issue du premier tour. Nous soutenons la demande légitime de vérification des résultats de l'élection, à laquelle s'est finalement associée la Russie, aux côtés de l'Union européenne et des Etats-Unis. Je ne doute pas que la volonté démocratique l'emporte et, je l'espère, très bientôt./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2000)
Notre action n'a qu'un but, restaurer la démocratie en République fédérale de Yougoslavie et permettre à ce pays de retrouver le chemin de l'Europe, puisqu'il s'agit bien d'un pays d'Europe. Nous avons recherché le consensus des Quinze sur la politique de la main tendue au peuple serbe et la promesse, formulée dès le début septembre, de lever les sanctions dès que la démocratie l'aurait emporté à Belgrade. Les Etats-Unis ont soutenu cette ligne. Pour ce qui est de la Russie, son attitude générale converge avec la nôtre : les Russes n'ont en effet aucune complaisance à l'égard du régime de M. Milosevic, et souhaitent eux aussi que cette page soit tournée. Comme j'ai encore pu le constater à Moscou jeudi et vendredi derniers, ils considèrent la situation actuelle comme un handicap pour la Russie elle-même. Toutefois, ils s'expriment autrement que nous pour des raisons historiques et culturelles.
Dans l'immédiat, nous allons réaffirmer le message déjà adressé au peuple serbe, dont M. Kostunica nous a dit l'impact. M. Kostunica représente déjà aux yeux du monde la nouvelle République de Yougoslavie. Une grande politique européenne vis-à-vis de ce pays est désormais définie : nous allons la mettre en uvre et d'ici le sommet du 24 novembre prochain, nous devrions avoir beaucoup avancé. Mais les prochains jours s'annoncent périlleux. Soyez en tout cas assuré que nous ferons tout pour que la volonté démocratique du peuple serbe aboutisse./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2000)