Texte intégral
M. Tronchot - Ex Premier ministre, ex premier secrétaire du PS, aspirant à la fonction présidentielle, bonjour L. Fabius.
Bonjour.
Comment mesure-t-on, quand on a votre expérience et vos ambitions, l'engrenage de Clichy-sous-Bois où cette nuit encore ont eu lieu des incidents ?
J'ai à la fois l'expérience gouvernementale et l'expérience d'être élu local depuis maintenant plus de 20 ans, donc je connais de l'intérieur ces problèmes très difficiles. D'abord, je veux avoir une pensée, c'est tout à fait normal, pour les familles des jeunes qui sont morts, et aussi pour toute la population de Clichy-sous-Bois. C'est une ville que je connais bien, je connais bien son maire, C. Dilain, qui est un homme tout à fait remarquable, et c'est une ville difficile, bien sûr, mais où un travail extraordinaire a été fait, et là tout d'un coup, en quelques jours, tout est remis en cause.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a, dans des circonstances qu'on ne connaît pas, qu'il va falloir élucider rapidement, la mort de ces deux jeunes. J'ai entendu des versions différentes, le ministre de l'Intérieur dit une chose, après il dit autre chose etc, donc il faut faire la lumière là dessus, ça c'est clair. Et puis il y a, ce qui est évidemment tout à fait inacceptable, inadmissible, insupportable, les violences qui sont insupportables là, comme elles le sont partout, mais en même temps ça veut dire que c'est un échec, je crois qu'on est obligé de le dire, de la politique menée par le ministre de l'Intérieur depuis maintenant 3 ans, 3,5 ans.
Mais ça fait 20 ans que ce problème existe. Vous portez tous, à gauche ou à droite, une part de responsabilité, dans la montée de cette violence, dans ce problème de zones de non droit qui existe dans les cités.
D'une certaine manière oui, mais d'une façon inégale. Je crois que ce gouvernement-ci a commis une ou deux erreurs très très fortes, et je vais les pointer, là encore en tant qu'homme de terrain. D'abord je crois que c'était une grande erreur de supprimer ce qu'on a appelé la police de proximité, vous vous rappelez, ça a été fait au début du gouvernement Raffarin. La police de proximité, c'est quelque chose que nous avions établi, c'est-à-dire que les policiers soient au plus près des citoyens, et ça a été supprimé pour des raisons idéologiques, alors je crois qu'on a besoin de ça. Et puis, ce gouvernement et son prédécesseur, de droite, ont donné le sentiment de s'occuper beaucoup moins de la prévention que de la répression, or il faut les deux. Il faut de la répression, parce qu'il ne faut pas être angélique avec l'insécurité, avec la violence, il faut absolument réprimer ce qui doit être réprimé, mais en même temps on a besoin d'accompagner, de prévenir, on a besoin de développer les associations, alors que là on leur a supprimé les crédits, on a besoin de développer l'éducation, alors qu'elle est en recul, on a besoin de développer le logement. Moi je prends ma propre ville, qui est une ville ouvrière de 27.000 habitants, où, je touche du bois, je n'ai pas eu des problèmes aussi graves, mais si on veut maîtriser ces questions d'insécurité, il faut faire travailler tous les jours, je dis bien tous les jours, ensemble, à la fois la société HLM, à la fois les éducateurs, à la fois la justice, à la fois les professeurs, c'est un travail de maillage, et quand on voit un ministre de l'Intérieur qui arrive en disant, en traitant les uns les autres, un jour au "Karcher", le jour suivant de "racaille", comprenez bien que tout ça crée un climat terrible. lors, ça n'excuse rien, ça n'excuse rien, mais ce n'est pas comme ça qu'on va résoudre les problèmes.
Et quand il parle de "tolérance zéro", quand il dit qu'il y aura un indicateur mensuel des violences urbaines, c'est du blabla ?
Oui, écoutez les indicateurs, ce n'est pas avec les indicateurs qu'on va résoudre les problèmes. De même quand il nous annonce, je crois que c'était hier ou avant hier, qu'il va toutes les semaines, ou je ne sais pas combien, deux fois par semaine, se déplacer dans telle ou telle commune, de telle ou telle banlieue. Ce n'est pas comme ça qu'on résout les problèmes. Moi je discutais, enfin je voyais la réaction du maire de La Courneuve, vous vous rappelez, chez lequel monsieur Sarkozy était allé, il avait dit " je vais traiter cette commune, cette cité, au Karcher ". J'avais été extrêmement frappé, choqué, mais en même temps c'était fort, lorsque le maire avait dit : " Si on dit, je vais traiter cette cité au Karcher, cela veut dire qu'on considère que les habitants sont des saletés ", parce que le Karcher, c'est pour se débarrasser des saletés. On ne peut pas agir comme ça. Il faut, je le répète, ne pas être angélique, la violence est inadmissible, et peut-être qu'à un certain moment la gauche a donné le sentiment d'être trop naïve, alors qu'il ne faut absolument pas être naïf.
Il y a des choses dans votre motion pour le Congrès du Mans, sur cette question, l'insécurité ?
Bien évidemment. La sécurité c'est un droit premier, la sécurité c'est un droit fondamental, ce qu'on a appelé la sûreté, c'est un droit fondamental, et donc agir à la fois, prévention, répression, éducation, logement, emploi, savoirs, associations, c'est tout ça qu'il faut faire en même temps, et non pas faire le cow-boy. Il ne s'agit pas de susciter les problèmes ou de développer les problèmes, il s'agit de les régler.
Qu'on s'interroge, qu'on enquête, comme l'a dit monsieur Sarkozy, sur le patrimoine de certaines personnes qui roulent en voitures de luxe...
Mais très bien, mais ça fait longtemps qu'on le fait, c'est très bien. Quand vous voyez dans certaines cités, effectivement passer des voitures de luxe, avec des gens qui n'ont aucune ressource...
Qui pointent parfois à l'ANPE.
Le cas échéant, il faut enquêter, mais ça fait déjà longtemps qu'on le fait.
Vous avez dit un jour que Le Pen apportait les bonnes questions, apportait les mauvaises réponses. Vous diriez que Sarkozy pose les bonnes questions ?
Mais non, les questions elles sont posées à l'évidence. Quand vous voyez une ville qui brûle, quand vous voyez de pauvres jeunes gens qui sont brûlés dans un transformateur, comme je l'entendais dire, ils ne sont pas montés tout seul comme ça, en disant " qu'est-ce qu'on a à faire cet après-midi, ce soir, on va aller monter un mur de 4 mètres ". Donc, évidemment qu'il faut réagir durement. Mais, je crois qu'il faut prendre ces problèmes sérieusement à fond et non pas en se disant : "quelle émission de télévision ça va donner pour moi ?".
On a eu l'impression qu'entre responsables socialistes vous rivalisiez d'attaques contre le Gouvernement. Aujourd'hui, N. Sarkozy c'est une cible privilégiée ou est-ce que c'est le ministre du Gouvernement, si c'en était un autre ce serait pareil ?
Ce n'est pas le problème. Moi je n'ai jamais établi de distinction entre tel ou tel et j'évite d'attaquer les personnes. Il y a un ensemble : monsieur Chirac, monsieur Sarkozy, monsieur Villepin, monsieur Raffarin, ils font équipe. C'est un ensemble, ce sont des gouvernements de droite qui mènent une politique, non seulement conservatrice, mais réactionnaire, avec des résultats extrêmement faibles. Donc, il n'y a pas lieu de distinguer l'un ou l'autre.
Il n'y a rien qui trouve grâce à vos yeux dans ce que fait le gouvernement aujourd'hui ? Rien du tout. C'est zéro pointé.
Non, il peut y avoir des choses. Par exemple ce qui a été fait en matière de sécurité routière est quelque chose de positif, qui aurait pu être fait avant. C'est un exemple. Par exemple, dans un autre domaine, d'actualité, de triste actualité, j'ai l'impression que ce qui est fait pour prévenir la grippe aviaire est un bon dispositif. Mais, là vous m'interrogez sur les questions de sécurité, sur l'économique et le social. C'est effectivement précarité, inégalité et zéro pointé. Écoutez, c'est la réalité. Quand vous voyez qu'en matière de pouvoir d'achat, il y a un recul massif, qu'en matière de...
L'emploi semble aller mieux.
Non, je crois seulement que les élections approchent, ce n'est pas tout à fait la même chose.
T. Breton a été piqué au vif par vos accusations de copinage sur la réforme fiscale. Que l'ISF soit...
Non mais, je suis tout à fait prêt à retirer l'expression "copinage fiscal" dès que monsieur Breton aura retiré son texte.
Que l'ISF soit réformé, monsieur Fabius, vous le contestez totalement ? C'est un impôt qui pèche par des tas de défauts.
Le principal défaut aux yeux de monsieur BRETON, c'est qu'il touche les personnes les plus fortunées de France. Regardons les choses concrètement. Dans ce budget, il y a pour les 8,5 millions de foyers, qui touchent la prime pour l'emploi, c'est-à-dire les foyers les plus modestes, pour ces 8,5 millions de foyers, il y a un avantage de 4,73 euros par mois, et pour les 10 000 personnes qui sont les plus fortunées de France, il y a un avantage de 24 000 euros en moins d'impôts par an. Quand on voit ces deux chiffres, si ça ne s'appelle pas de l'injustice fiscale, eh bien je vois que vous avez un Larousse là devant vous, ouvrez le Larousse.
Monsieur Fabius, L. Jospin a écrit un livre, c'est un événement de quelle portée ?
Il me l'a envoyé, L. Jospin, ce livre, avec une dédicace gentille, j'ai commencé de le lire. C'est un livre intéressant, il y a des points avec lesquels je suis tout à fait d'accord, il y a des points avec lesquels on peut avoir des désaccords, mais il est tout à fait légitime que L. Jospin puisse écrire un livre. Il a dit, pour aller dans le sens de votre question, je comprends bien ce qu'il y a derrière, " je me retire de la vie politique active ", très bien. Mais ça ne l'empêche pas d'écrire un livre quand même !
Il appartient au passé, L. JOSPIN ?
Écoutez, en tout cas il écrit un livre, voilà ce que je peux dire.
Vous réclamez tous du changement, à quelques jours du Congrès du Mans.
Oui. Enfin, ceux qui considèrent que... quel est le principal problème là, vous m'interrogiez sur le Congrès du Mans.
Pour faire la différence entre les différentes motions qui s'y présentent.
Voilà, je vais vous dire deux différences. Toute une série de responsables du PS considère que la défaite de 2002, présidentielles, et puis le score de 2005 avec le référendum, toute une série de responsables considère que ce sont des accidents. Moi je ne considère pas que ce sont des accidents. Quand notre candidat, malgré ses grands mérites, aux élections présidentielles, recueille 13 % des voix des ouvriers, 14 % des voix des employés, ça veut dire qu'il y a un vrai problème. Et quand de nouveau, en 2005, le Parti socialiste, dans les conditions que l'on sait, donne une certaine consigne de vote et que les électeurs de gauche majoritairement vont en sens inverse, il y a un problème. Donc, la première différence c'est que, moi je suis de ceux qui considèrent qu'il faut regarder, écouter le peuple, et non pas dire le peuple a tort, premièrement. Deuxièmement, il y a des différences dans les propositions, pas sur tous les points, heureusement, mais c'est vrai que moi j'essaye de faire, instruit par l'expérience, parce que je balaye devant ma porte, la responsabilité est collectivité, des propositions qui soient authentiquement de gauche et où il n'y ait pas ce que j'appelle d'approche un peu mi-chèvre mi-chou.
Dernière question. D. Strauss-Kahn hier soir sur Europe 1 a dit qu'il ne croyait pas une seconde que vous pourriez vous présenter contre le Parti socialiste si vous n'étiez pas choisi par celui-ci. Est-ce qu'il a raison ?
Il a raison, et réciproquement.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 9 novembre 2005)
Bonjour.
Comment mesure-t-on, quand on a votre expérience et vos ambitions, l'engrenage de Clichy-sous-Bois où cette nuit encore ont eu lieu des incidents ?
J'ai à la fois l'expérience gouvernementale et l'expérience d'être élu local depuis maintenant plus de 20 ans, donc je connais de l'intérieur ces problèmes très difficiles. D'abord, je veux avoir une pensée, c'est tout à fait normal, pour les familles des jeunes qui sont morts, et aussi pour toute la population de Clichy-sous-Bois. C'est une ville que je connais bien, je connais bien son maire, C. Dilain, qui est un homme tout à fait remarquable, et c'est une ville difficile, bien sûr, mais où un travail extraordinaire a été fait, et là tout d'un coup, en quelques jours, tout est remis en cause.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a, dans des circonstances qu'on ne connaît pas, qu'il va falloir élucider rapidement, la mort de ces deux jeunes. J'ai entendu des versions différentes, le ministre de l'Intérieur dit une chose, après il dit autre chose etc, donc il faut faire la lumière là dessus, ça c'est clair. Et puis il y a, ce qui est évidemment tout à fait inacceptable, inadmissible, insupportable, les violences qui sont insupportables là, comme elles le sont partout, mais en même temps ça veut dire que c'est un échec, je crois qu'on est obligé de le dire, de la politique menée par le ministre de l'Intérieur depuis maintenant 3 ans, 3,5 ans.
Mais ça fait 20 ans que ce problème existe. Vous portez tous, à gauche ou à droite, une part de responsabilité, dans la montée de cette violence, dans ce problème de zones de non droit qui existe dans les cités.
D'une certaine manière oui, mais d'une façon inégale. Je crois que ce gouvernement-ci a commis une ou deux erreurs très très fortes, et je vais les pointer, là encore en tant qu'homme de terrain. D'abord je crois que c'était une grande erreur de supprimer ce qu'on a appelé la police de proximité, vous vous rappelez, ça a été fait au début du gouvernement Raffarin. La police de proximité, c'est quelque chose que nous avions établi, c'est-à-dire que les policiers soient au plus près des citoyens, et ça a été supprimé pour des raisons idéologiques, alors je crois qu'on a besoin de ça. Et puis, ce gouvernement et son prédécesseur, de droite, ont donné le sentiment de s'occuper beaucoup moins de la prévention que de la répression, or il faut les deux. Il faut de la répression, parce qu'il ne faut pas être angélique avec l'insécurité, avec la violence, il faut absolument réprimer ce qui doit être réprimé, mais en même temps on a besoin d'accompagner, de prévenir, on a besoin de développer les associations, alors que là on leur a supprimé les crédits, on a besoin de développer l'éducation, alors qu'elle est en recul, on a besoin de développer le logement. Moi je prends ma propre ville, qui est une ville ouvrière de 27.000 habitants, où, je touche du bois, je n'ai pas eu des problèmes aussi graves, mais si on veut maîtriser ces questions d'insécurité, il faut faire travailler tous les jours, je dis bien tous les jours, ensemble, à la fois la société HLM, à la fois les éducateurs, à la fois la justice, à la fois les professeurs, c'est un travail de maillage, et quand on voit un ministre de l'Intérieur qui arrive en disant, en traitant les uns les autres, un jour au "Karcher", le jour suivant de "racaille", comprenez bien que tout ça crée un climat terrible. lors, ça n'excuse rien, ça n'excuse rien, mais ce n'est pas comme ça qu'on va résoudre les problèmes.
Et quand il parle de "tolérance zéro", quand il dit qu'il y aura un indicateur mensuel des violences urbaines, c'est du blabla ?
Oui, écoutez les indicateurs, ce n'est pas avec les indicateurs qu'on va résoudre les problèmes. De même quand il nous annonce, je crois que c'était hier ou avant hier, qu'il va toutes les semaines, ou je ne sais pas combien, deux fois par semaine, se déplacer dans telle ou telle commune, de telle ou telle banlieue. Ce n'est pas comme ça qu'on résout les problèmes. Moi je discutais, enfin je voyais la réaction du maire de La Courneuve, vous vous rappelez, chez lequel monsieur Sarkozy était allé, il avait dit " je vais traiter cette commune, cette cité, au Karcher ". J'avais été extrêmement frappé, choqué, mais en même temps c'était fort, lorsque le maire avait dit : " Si on dit, je vais traiter cette cité au Karcher, cela veut dire qu'on considère que les habitants sont des saletés ", parce que le Karcher, c'est pour se débarrasser des saletés. On ne peut pas agir comme ça. Il faut, je le répète, ne pas être angélique, la violence est inadmissible, et peut-être qu'à un certain moment la gauche a donné le sentiment d'être trop naïve, alors qu'il ne faut absolument pas être naïf.
Il y a des choses dans votre motion pour le Congrès du Mans, sur cette question, l'insécurité ?
Bien évidemment. La sécurité c'est un droit premier, la sécurité c'est un droit fondamental, ce qu'on a appelé la sûreté, c'est un droit fondamental, et donc agir à la fois, prévention, répression, éducation, logement, emploi, savoirs, associations, c'est tout ça qu'il faut faire en même temps, et non pas faire le cow-boy. Il ne s'agit pas de susciter les problèmes ou de développer les problèmes, il s'agit de les régler.
Qu'on s'interroge, qu'on enquête, comme l'a dit monsieur Sarkozy, sur le patrimoine de certaines personnes qui roulent en voitures de luxe...
Mais très bien, mais ça fait longtemps qu'on le fait, c'est très bien. Quand vous voyez dans certaines cités, effectivement passer des voitures de luxe, avec des gens qui n'ont aucune ressource...
Qui pointent parfois à l'ANPE.
Le cas échéant, il faut enquêter, mais ça fait déjà longtemps qu'on le fait.
Vous avez dit un jour que Le Pen apportait les bonnes questions, apportait les mauvaises réponses. Vous diriez que Sarkozy pose les bonnes questions ?
Mais non, les questions elles sont posées à l'évidence. Quand vous voyez une ville qui brûle, quand vous voyez de pauvres jeunes gens qui sont brûlés dans un transformateur, comme je l'entendais dire, ils ne sont pas montés tout seul comme ça, en disant " qu'est-ce qu'on a à faire cet après-midi, ce soir, on va aller monter un mur de 4 mètres ". Donc, évidemment qu'il faut réagir durement. Mais, je crois qu'il faut prendre ces problèmes sérieusement à fond et non pas en se disant : "quelle émission de télévision ça va donner pour moi ?".
On a eu l'impression qu'entre responsables socialistes vous rivalisiez d'attaques contre le Gouvernement. Aujourd'hui, N. Sarkozy c'est une cible privilégiée ou est-ce que c'est le ministre du Gouvernement, si c'en était un autre ce serait pareil ?
Ce n'est pas le problème. Moi je n'ai jamais établi de distinction entre tel ou tel et j'évite d'attaquer les personnes. Il y a un ensemble : monsieur Chirac, monsieur Sarkozy, monsieur Villepin, monsieur Raffarin, ils font équipe. C'est un ensemble, ce sont des gouvernements de droite qui mènent une politique, non seulement conservatrice, mais réactionnaire, avec des résultats extrêmement faibles. Donc, il n'y a pas lieu de distinguer l'un ou l'autre.
Il n'y a rien qui trouve grâce à vos yeux dans ce que fait le gouvernement aujourd'hui ? Rien du tout. C'est zéro pointé.
Non, il peut y avoir des choses. Par exemple ce qui a été fait en matière de sécurité routière est quelque chose de positif, qui aurait pu être fait avant. C'est un exemple. Par exemple, dans un autre domaine, d'actualité, de triste actualité, j'ai l'impression que ce qui est fait pour prévenir la grippe aviaire est un bon dispositif. Mais, là vous m'interrogez sur les questions de sécurité, sur l'économique et le social. C'est effectivement précarité, inégalité et zéro pointé. Écoutez, c'est la réalité. Quand vous voyez qu'en matière de pouvoir d'achat, il y a un recul massif, qu'en matière de...
L'emploi semble aller mieux.
Non, je crois seulement que les élections approchent, ce n'est pas tout à fait la même chose.
T. Breton a été piqué au vif par vos accusations de copinage sur la réforme fiscale. Que l'ISF soit...
Non mais, je suis tout à fait prêt à retirer l'expression "copinage fiscal" dès que monsieur Breton aura retiré son texte.
Que l'ISF soit réformé, monsieur Fabius, vous le contestez totalement ? C'est un impôt qui pèche par des tas de défauts.
Le principal défaut aux yeux de monsieur BRETON, c'est qu'il touche les personnes les plus fortunées de France. Regardons les choses concrètement. Dans ce budget, il y a pour les 8,5 millions de foyers, qui touchent la prime pour l'emploi, c'est-à-dire les foyers les plus modestes, pour ces 8,5 millions de foyers, il y a un avantage de 4,73 euros par mois, et pour les 10 000 personnes qui sont les plus fortunées de France, il y a un avantage de 24 000 euros en moins d'impôts par an. Quand on voit ces deux chiffres, si ça ne s'appelle pas de l'injustice fiscale, eh bien je vois que vous avez un Larousse là devant vous, ouvrez le Larousse.
Monsieur Fabius, L. Jospin a écrit un livre, c'est un événement de quelle portée ?
Il me l'a envoyé, L. Jospin, ce livre, avec une dédicace gentille, j'ai commencé de le lire. C'est un livre intéressant, il y a des points avec lesquels je suis tout à fait d'accord, il y a des points avec lesquels on peut avoir des désaccords, mais il est tout à fait légitime que L. Jospin puisse écrire un livre. Il a dit, pour aller dans le sens de votre question, je comprends bien ce qu'il y a derrière, " je me retire de la vie politique active ", très bien. Mais ça ne l'empêche pas d'écrire un livre quand même !
Il appartient au passé, L. JOSPIN ?
Écoutez, en tout cas il écrit un livre, voilà ce que je peux dire.
Vous réclamez tous du changement, à quelques jours du Congrès du Mans.
Oui. Enfin, ceux qui considèrent que... quel est le principal problème là, vous m'interrogiez sur le Congrès du Mans.
Pour faire la différence entre les différentes motions qui s'y présentent.
Voilà, je vais vous dire deux différences. Toute une série de responsables du PS considère que la défaite de 2002, présidentielles, et puis le score de 2005 avec le référendum, toute une série de responsables considère que ce sont des accidents. Moi je ne considère pas que ce sont des accidents. Quand notre candidat, malgré ses grands mérites, aux élections présidentielles, recueille 13 % des voix des ouvriers, 14 % des voix des employés, ça veut dire qu'il y a un vrai problème. Et quand de nouveau, en 2005, le Parti socialiste, dans les conditions que l'on sait, donne une certaine consigne de vote et que les électeurs de gauche majoritairement vont en sens inverse, il y a un problème. Donc, la première différence c'est que, moi je suis de ceux qui considèrent qu'il faut regarder, écouter le peuple, et non pas dire le peuple a tort, premièrement. Deuxièmement, il y a des différences dans les propositions, pas sur tous les points, heureusement, mais c'est vrai que moi j'essaye de faire, instruit par l'expérience, parce que je balaye devant ma porte, la responsabilité est collectivité, des propositions qui soient authentiquement de gauche et où il n'y ait pas ce que j'appelle d'approche un peu mi-chèvre mi-chou.
Dernière question. D. Strauss-Kahn hier soir sur Europe 1 a dit qu'il ne croyait pas une seconde que vous pourriez vous présenter contre le Parti socialiste si vous n'étiez pas choisi par celui-ci. Est-ce qu'il a raison ?
Il a raison, et réciproquement.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 9 novembre 2005)