Déclaration de M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, sur la politique gouvernementale de promotion des métiers de l'industrie, à Paris le 15 novembre 2005.

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Circonstance : Conférence de presse de présentation de la campagne pour renforcer l'attractivité des métiers de l'industrie, à Paris le 15 novembre 2005

Texte intégral

Messieurs les Présidents
Mesdames et messieurs,
Je vous remercie d'être parmi nous pour le lancement de cette campagne pour attirer des jeunes vers les métiers de l'Industrie. Je voudrais saluer particulièrement les jeunes qui ont pris la peine de venir jusqu'ici pour témoigner de leur expérience. Virginie, régleuse sur presse dans une PME du secteur de la plasturgie, Christophe, qui assemble des moteurs d'avion et Cédric qui est ingénieur en recherche développement en informatique. J'accueille aussi les élèves de 3eme du collège Marcel Roby de Saint Germain en Laye et leur professeur de technologie Monsieur Bilcke, l'année dernière cette classe a joué et gagné au jeu en ligne que propose la campagne. Ils se présenteront tout à l'heure et nous donnerons leur sentiment sur leur métier, et pour les plus jeunes, sur ce qu'ils ont envie de faire plus tard... pourquoi et justement sur ce qui pourrait leur donner envie... ou pas... de rejoindre l'industrie.
Vous le savez, le Gouvernement s'est résolument engagé dans la bataille pour l'emploi, et comme le montrent les mesures annoncées la semaine dernière par le Premier Ministre, donner toutes leurs chances aux jeunes qui veulent s'en sortir est notre priorité. L'industrie peut participer à cette démarche, car elle a besoin des jeunes, à tous les niveaux de compétences, depuis les opérateurs qualifiés jusqu'aux ingénieurs et cadres, et ce dans toutes les branches d'activité. Messieurs Jacob et Pasquier nous donneront sans doute des exemples concrets tout à l'heure.
I- Je voudrais d'abord attirer votre attention sur un constat que nous faisons tous, et que les industriels relaient souvent :
Si l'industrie française offre de très nombreuses perspectives de carrière, les entreprises industrielles et de services à l'industrie rencontrent des difficultés de recrutement.
L'industrie française, au sixième rang dans le monde, représente 21,4 % des emplois de l'économie française. Au 30 juin 2005, hors intérim, elle totalise 3.8 millions d'emplois directs (y compris l'énergie et l'agro-alimentaire) et génère deux autres millions d'emplois dans les services.
L'émergence de nouveaux métiers, le renouvellement des qualifications et les nécessaires remplacements issus des départs à la retraite annoncent que l'industrie continuera à recruter : les perspectives d'embauches dans l'industrie sont estimées à 1,4 million à horizon 2015. C'est une bonne nouvelle, mais parallèlement, les entreprises industrielles rencontrent de réelles difficultés de recrutement, avec une concurrence vive entre les secteurs sur le recrutement de certains professionnels. Pour une dizaine de métiers (ouvriers qualifiés dans les métaux, techniciens et agents de maîtrise dans la mécanique, l'électricité-électronique, agent de maintenance...), plus de 20 % des offres d'emploi ne sont pas satisfaites alors qu'elles concernent des compétences clé de l'entreprise.
Les causes de cette mauvaise adéquation entre l'offre et la demande sont multiples et pèsent sur les choix d'orientation scolaire : les Français ont une image déformée de l'industrie, la réalité de l'activité industrielle, la diversité des métiers, l'existence des formations à proximité des besoins avérés des entreprises, les conditions de travail et les perspectives de carrière dans l'industrie sont méconnues.
Les filières technologiques de formation manquent également de candidats.
Selon l'ONISEP, parmi les métiers dont les jeunes rêvent, aucun métier de l'industrie ne fait rêver les filles et chez les garçons, si ingénieur arrive en tête du classement, c'est avec mécanicien, en 8e position, les deux seuls dans les dix premiers. Plus généralement, dans l'enseignement supérieur, le nombre de diplômés des filières industrielles et scientifiques est orienté à la baisse depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Si le nombre d'ingénieurs diplômés continue à progresser- on est passé d'un peu plus de 37 000 ingénieurs diplômés en 1980 à près de 101 000 en 2004, avec une progression de près de 10 % entre 2001 et 2004 -, on peut déplorer que ces jeunes ne s'orientent plus prioritairement vers l'industrie.
II - Pour répondre à ce défi, nous engageons une opération concrète: la campagne " Avec l'industrie mon aventure commence " qui vise à attirer les jeunes vers l'industrie.
Les métiers de l'industrie ont un problème d'attractivité, et cela constitue une menace pour le développement et la compétitivité de nos entreprises : attirer davantage de jeunes vers l'industrie est donc indispensable. Cela impliquera, sauf recours accru à l'immigration, de donner envie aux jeunes de rejoindre l'industrie, et donc d'abord d'améliorer l'image des métiers de l'industrie auprès des jeunes.
C'est à cet objectif que correspond la campagne de communication que nous avons décidé de mettre en uvre avec le Groupement des fédérations industrielles et le Comité de liaison des industries de main d'oeuvre, et plus généralement avec les fédérations industrielles : " Avec l'Industrie mon aventure commence ". Cette campagne, qui va vous être présentée de manière détaillée, s'adresse aux jeunes de 15 à 25 ans, en formation initiale ou en recherche d'emploi. En partenariat entre acteurs publics et privés, elle fédère tous les prescripteurs en matière d'orientation - les enseignants, le service public de l'emploi et les entreprises. Elle valorise la palette complète de métiers proposés par l'industrie.
La série télévisée diffusée sur M6, la chaîne des jeunes, comporte 37 témoignages de jeunes professionnels qui ont choisi un métier de l'industrie. Comme vous allez le constater, les films mettent en valeur l'innovation, l'intérêt du travail, le travail en équipe, la responsabilité, la reconnaissance des performances et les opportunités d'évolution de carrière. Je remercie également M 6, car la formule du parrainage dans laquelle la chaîne a bien voulu s'engager pour les clips est tout à fait citoyenne et nous aide à toucher les jeunes.
Les secteurs qui connaissent des difficultés de recrutement sont mis en avant : notamment la métallurgie, la fonderie, l'électronique et les industries de process (transformation des métaux, plasturgie). La moitié des portraits sont des témoignages de jeunes filles, car l'accroissement de la part des femmes dans l'industrie est aussi une priorité.
Rapprocher l'école de l'entreprise.
La nouveauté cette année, et j'allais dire l'information de cette matinée, est que cette campagne devient interministérielle et va rapprocher l'école de l'entreprise, et c'est sans doute en allant dans cette voie que nous emmènerons les jeunes sur le chemin de l'emploi: Gilles de Robien, le ministre de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche l'a labellisée officiellement et l'a présentée aux Recteurs d'Académie qui vont la promouvoir. Un appareil pédagogique complet qui comprend notamment des fiches et une brochure conçue avec l'ONISEP est à la disposition des professeurs, notamment pour animer la nouvelle option " découverte professionnelle " en classe de troisième.
III - Cette campagne s'insère dans le cadre plus large de l'action du Gouvernement en faveur de l'emploi et de la promotion de l'égalité des chances.
La campagne est cohérente avec les programmes du plan de cohésion sociale notamment sur le développement de l'apprentissage et les contrats de professionnalisation et les objectifs de la loi d'orientation pour l'avenir de l'école, qui accorde une place centrale à l'orientation et à l'insertion professionnelle et sociale des jeunes. L'apprentissage est une filière d'excellence pour l'industrie, en 2003, 50 000 contrats d'apprentissage y ont été signés- il y a actuellement 100 000 apprentis dans l'industrie. Permettre aux jeunes d'entrer en apprentissage dès 14 ans va leur donner une chance supplémentaire de faire un choix structurant et prometteur d'évolution de carrière et donc de promotion sociale.
En montrant la réussite et l'épanouissement des jeunes dans le travail, ces témoignages sont porteurs d'un message d'espoir pour tous ceux qui peuvent avoir un sentiment de découragement ou d'échec.
Cette campagne participe pleinement de la bataille pour l'emploi et du plan d'urgence avec en particulier le crédit d'impôt de 1000 euros, instauré en faveur des jeunes qui intègrent un métier rencontrant des difficultés de recrutement. Plusieurs les métiers de l'industrie sont en effet concernés par cette mesure : ouvriers qualifiés travaillant les métaux, techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques.
Sensibiliser les jeunes est également un élément de la politique d'anticipation des mutations économiques, sous l'angle de l'anticipation des besoins de compétences.
Le 24 octobre dernier, lors de la réunion plénière de la Commission permanente de concertation dans l'industrie, j'ai demandé aux industriels de travailler à un tableau de bord de l'emploi industriel, branche par branche, métier par métier, pour évaluer les besoins de compétences à horizon 2010.
L'observatoire national des métiers que propose le MEDEF, qui permettrait d'identifier les besoins en temps réel pourra utilement y contribuer.
Ce travail a déjà commencé dans plusieurs secteurs et sera poursuivi grâce à la création du Pôle interministériel de Prospective et d'Anticipation des Mutations Economiques décidé par le Premier ministre lors du CIACT du 14 octobre dernier, qui engagera des travaux notamment pour les secteurs automobile, textile, chimie, agro-industrie et santé.
Cette préoccupation est partagée par la Commission Européenne, le Commissaire Verheugen m'a confirmé qu'il a également lancé un exercice en ce sens au niveau Européen.
Je vous remercie.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 16 novembre 2005)