Texte intégral
Bonjour Charles Pasqua.
Bonjour.
Le RPF se déclare contre le quinquennat, vous ne croyez pas comme Valéry Giscard d'Estaing que de nos jours, cinq ans au lieu de sept, c'est la modernité?
Mais je suis persuadé que la modernité inspire beaucoup de gens, il suffit de voir leur comportement à la réalité d'une toute autre nature, moi je n'ai jamais varié sur ce point, je ne pense pas que le quinquennat résolve quoi que ce soit sauf à aller jusqu'au bout de la démarche. Et à dire nous changeons de système et nous voulons un véritable régime présidentiel. Alors on supprime le poste de Premier ministre, on enlève au président de la République le droit de dissolution et dans le même temps l'Assemblée nationale se voit privée également d'un certain nombre de responsabilités ou de pouvoirs. Pour le reste, le principal argument qui est avancé en faveur du quinquennat qui consiste à dire sept ans, c'est trop, on peut faire deux fois cinq ans, ce qui fait dix ans, cela ne me paraît pas très sérieux d'une part et deuxièmement le quinquennat ne résout absolument pas le problème créé par la cohabitation, et, par conséquent, une certaine confusion des pouvoirs ou la tendance inévitable au compromis entre les deux pôles de l'exécutif. En réalité il y a une façon très simple de résoudre le problème de la cohabitation et chacun le connaît, il suffit que le président de la République lorsqu'il a une majorité hostile remette son mandat en jeu devant les Français, ce n'est pas plus compliqué que cela.
Oui et d'ailleurs vous regrettez qu'il ne l'ait pas fait la dernière fois.
Non, je ne regrette rien du tout, je dis simplement que lorsqu'on est fidèle non seulement à la lettre mais à l'esprit des institutions, surtout lorsqu'on est hostile en retour, il est bien évident qu'il faut en tirer les leçons. A ce moment là; cela ne veut pas dire du tout que le président de la République doit se retirer définitivement, çà veut dire qu'il remet son mandat en jeu devant les Français, il dit est ce bien ce que vous voulez? Voilà.
Vous vous sentez concerné par les réunions d'investiture du RPR à la mairie de Paris?
Pas vraiment, je constate que les élections municipales rendent fou, partout ailleurs et je sui bien heureux de ne pas me mêler de ce tohu-bohu, ce n'est pas faute de la part de mes amis anciens du RPR d'avoir tenté de m'y entraîner.
Oui, alors vous considérez comme Jean Tibéri que les dés sont pipés?
Non, moi je ne considère pas que les dés sont pipés, je ne me mêle pas de ce qui se passe
Alors, vous ne vous en mêlez pas et pourtant vous avez déjeuné avec Philippe Séguin juste avant la réunion de la commission d'investiture.
Oui, j'ai déjeuné avec Philippe Séguin, j'ai déjeuné avec Edouard Balladur, j'ai pris le thé avec Françoise de Panafieu et j'ai dîné avec Jean Tibéri.
Attendez, avec Philippe Séguin c'est quand même plus avancé parce que
J'ai déjeuné ou dîné avec tout le monde.
Avec Philippe Séguin, c'est plus avancé parce que je crois qu'une délégation du RPF, une délégation parisienne le rencontre aujourd'hui.
Non.
Ce n'est pas vrai?
Non.
Donc, vous ne roulez pas pour Philippe Séguin?
Je ne roule pour personne, y compris pas pour moi puisque je ne suis pas candidat. Je le dis en toute sincérité parce qu'à la fin de la semaine on va voir des affiches avec ma photo sur les murs alors qu'il ne faudrait pas qu'on en déduise que je suis candidat.
Alors, qui sera la tête de liste du RPF à Paris?
Attendons d'abord de voir qui le RPR, l'UDF et DL vont désigner. S'ils désignent une femme, nous mettrons naturellement un homme comme tête de liste. Si au contraire, ils désignent un homme
Peut être Philippe Séguin qui viendrait vous rejoindre.
Non, s'ils désignent un homme alors nous choisirons une femme.
Et il y aura des candidats du RPF dans tous les arrondissements?
C'est la parité çà, vous voyez. Il ne faut pas qu'il y ait une seule tête de liste, qu'il n'y ait qu'un seul homme.
Il y aura des candidats du RPF dans tous les arrondissements?
Oui.
Vous êtes formel, donc vous avez les mêmes objectifs que Philippe de Villiers, il n'y a pas d'eau dans le gaz?
Non.
C'est formel?
C'est formel.
Et pourtant, vous le savez bien. Beaucoup de gens se disent Charles Pasqua, le moment venu, il va se tourner vers ses anciens copains du RPR et vers le président de la République et il va leur dire coucou me voilà et je vous ramène des voix qui s'étaient égarées ailleurs.
Ce serait beau çà, en tout cas ce serait leur intérêt. Seulement alors il faudrait m'expliquer pour quelle raison j'aurais quitté le RPR. Il faudrait vraiment que je sois débile, j'aurais quitté le RPR, j'aurais fait un clash, j'aurais créé ma propre formation politique avec de l'idée pour revenir ensuite au bercail. Non, nous avons des désaccords de fond, et si ce désaccord persiste, nous verrons bien. Le président de la République a une session de rattrapage , nous verrons bien ce qui va se passer à l'occasion de la conférence intergouvernementale.
Juste un mot quand même, pourquoi avez vous déjeuné avec lui?
Avec qui?
Le président de la République.
Parce qu'il m'a invité.
Oui, mais enfin, vous voyez bien que vos partisans eux mêmes sont troublés par ce déjeuner.
Tant pis pour eux parce que je crois qu'il faut se mettre une chose dans la tête, quand on est sûr de soi, il n'y a aucun inconvénient à rencontre des dirigeants d'autres formations politiques à plus forte raison le président de la République. Ce n'est pas un déjeuner qui va me faire changer d'opinion.
Mais vous iriez déjeuné avec Lionel Jospin?
Pourquoi pas. Cela m'étonnerait qu'il m'invite d'ailleurs mais
Justement la présidence Française à la tête de l'Europe à partir du 1er juillet prochain, vous vous voulez lancer une grande campagne pour l'abrogation de Maastricht, vous croyez vraiment que l'euro n'entrera pas en vigueur?
Ce que je crois, c'est que le traité de Maastricht a été négocié, conclu et mis sur les rails à une mauvaise époque, qu'il ne correspondait en rien à la réalité et aux objectifs que l'Europe aurait dû poursuivre. D'ailleurs, à l'époque, nous avons été nombreux à dire que l'idée de commencer, non pas l'idée de considérer que la création d'une monnaie européenne pousserait forcément à davantage d'union de l'Europe était une vue de l'esprit. Et le fait pour la France d'abandonner sa souveraineté monétaire au profit d'une institution bancaire alors qu'il n'y a pas de pouvoir politique était une erreur monumentale.
On ne va pas revenir en arrière, vous le croyez vraiment?
Je ne demande pas qu'on abandonne l'euro, je dis simplement que le traité de Maastricht était inadapté et il faut donc revenir sur l'essentiel. L'essentiel, c'est quoi, c'est qu'il ne peut pas y avoir de monnaie sans pouvoir politique, voilà ce qui devrait réjouir tous les partisans de l'Europe.
On va vous entendre pendant la présidence française?
C'est possible, c'est même certain.
Et donc l'Europe ce sera le grand thème de votre campagne présidentielle en 2002 parce que vous serez candidat en 2002, c'est sûr?
Oui, certain. Le problème, ce n'est pas seulement l'Europe , c'est la place de la France en Europe et la vision que l'on a. Moi, ce qui me frappe beaucoup, c'est que j'ai beau tendre l'oreille, à l'heure actuelle aucun des dirigeants de l'Europe n'a un projet pour l'Europe, je n'entends rien. Il n'y a aucun projet d'envergure, il n'y a aucun élan, il n'y a aucune vision, aucun chef d'Etat n'est capable de dire aux Européens, voilà ce que nous entendons faire à l'aube du troisième millénaire.
Merci, Charles Pasqua.
Je vous en prie.
(source http://www.rpfie.org, le 14 mai 2000)
Bonjour.
Le RPF se déclare contre le quinquennat, vous ne croyez pas comme Valéry Giscard d'Estaing que de nos jours, cinq ans au lieu de sept, c'est la modernité?
Mais je suis persuadé que la modernité inspire beaucoup de gens, il suffit de voir leur comportement à la réalité d'une toute autre nature, moi je n'ai jamais varié sur ce point, je ne pense pas que le quinquennat résolve quoi que ce soit sauf à aller jusqu'au bout de la démarche. Et à dire nous changeons de système et nous voulons un véritable régime présidentiel. Alors on supprime le poste de Premier ministre, on enlève au président de la République le droit de dissolution et dans le même temps l'Assemblée nationale se voit privée également d'un certain nombre de responsabilités ou de pouvoirs. Pour le reste, le principal argument qui est avancé en faveur du quinquennat qui consiste à dire sept ans, c'est trop, on peut faire deux fois cinq ans, ce qui fait dix ans, cela ne me paraît pas très sérieux d'une part et deuxièmement le quinquennat ne résout absolument pas le problème créé par la cohabitation, et, par conséquent, une certaine confusion des pouvoirs ou la tendance inévitable au compromis entre les deux pôles de l'exécutif. En réalité il y a une façon très simple de résoudre le problème de la cohabitation et chacun le connaît, il suffit que le président de la République lorsqu'il a une majorité hostile remette son mandat en jeu devant les Français, ce n'est pas plus compliqué que cela.
Oui et d'ailleurs vous regrettez qu'il ne l'ait pas fait la dernière fois.
Non, je ne regrette rien du tout, je dis simplement que lorsqu'on est fidèle non seulement à la lettre mais à l'esprit des institutions, surtout lorsqu'on est hostile en retour, il est bien évident qu'il faut en tirer les leçons. A ce moment là; cela ne veut pas dire du tout que le président de la République doit se retirer définitivement, çà veut dire qu'il remet son mandat en jeu devant les Français, il dit est ce bien ce que vous voulez? Voilà.
Vous vous sentez concerné par les réunions d'investiture du RPR à la mairie de Paris?
Pas vraiment, je constate que les élections municipales rendent fou, partout ailleurs et je sui bien heureux de ne pas me mêler de ce tohu-bohu, ce n'est pas faute de la part de mes amis anciens du RPR d'avoir tenté de m'y entraîner.
Oui, alors vous considérez comme Jean Tibéri que les dés sont pipés?
Non, moi je ne considère pas que les dés sont pipés, je ne me mêle pas de ce qui se passe
Alors, vous ne vous en mêlez pas et pourtant vous avez déjeuné avec Philippe Séguin juste avant la réunion de la commission d'investiture.
Oui, j'ai déjeuné avec Philippe Séguin, j'ai déjeuné avec Edouard Balladur, j'ai pris le thé avec Françoise de Panafieu et j'ai dîné avec Jean Tibéri.
Attendez, avec Philippe Séguin c'est quand même plus avancé parce que
J'ai déjeuné ou dîné avec tout le monde.
Avec Philippe Séguin, c'est plus avancé parce que je crois qu'une délégation du RPF, une délégation parisienne le rencontre aujourd'hui.
Non.
Ce n'est pas vrai?
Non.
Donc, vous ne roulez pas pour Philippe Séguin?
Je ne roule pour personne, y compris pas pour moi puisque je ne suis pas candidat. Je le dis en toute sincérité parce qu'à la fin de la semaine on va voir des affiches avec ma photo sur les murs alors qu'il ne faudrait pas qu'on en déduise que je suis candidat.
Alors, qui sera la tête de liste du RPF à Paris?
Attendons d'abord de voir qui le RPR, l'UDF et DL vont désigner. S'ils désignent une femme, nous mettrons naturellement un homme comme tête de liste. Si au contraire, ils désignent un homme
Peut être Philippe Séguin qui viendrait vous rejoindre.
Non, s'ils désignent un homme alors nous choisirons une femme.
Et il y aura des candidats du RPF dans tous les arrondissements?
C'est la parité çà, vous voyez. Il ne faut pas qu'il y ait une seule tête de liste, qu'il n'y ait qu'un seul homme.
Il y aura des candidats du RPF dans tous les arrondissements?
Oui.
Vous êtes formel, donc vous avez les mêmes objectifs que Philippe de Villiers, il n'y a pas d'eau dans le gaz?
Non.
C'est formel?
C'est formel.
Et pourtant, vous le savez bien. Beaucoup de gens se disent Charles Pasqua, le moment venu, il va se tourner vers ses anciens copains du RPR et vers le président de la République et il va leur dire coucou me voilà et je vous ramène des voix qui s'étaient égarées ailleurs.
Ce serait beau çà, en tout cas ce serait leur intérêt. Seulement alors il faudrait m'expliquer pour quelle raison j'aurais quitté le RPR. Il faudrait vraiment que je sois débile, j'aurais quitté le RPR, j'aurais fait un clash, j'aurais créé ma propre formation politique avec de l'idée pour revenir ensuite au bercail. Non, nous avons des désaccords de fond, et si ce désaccord persiste, nous verrons bien. Le président de la République a une session de rattrapage , nous verrons bien ce qui va se passer à l'occasion de la conférence intergouvernementale.
Juste un mot quand même, pourquoi avez vous déjeuné avec lui?
Avec qui?
Le président de la République.
Parce qu'il m'a invité.
Oui, mais enfin, vous voyez bien que vos partisans eux mêmes sont troublés par ce déjeuner.
Tant pis pour eux parce que je crois qu'il faut se mettre une chose dans la tête, quand on est sûr de soi, il n'y a aucun inconvénient à rencontre des dirigeants d'autres formations politiques à plus forte raison le président de la République. Ce n'est pas un déjeuner qui va me faire changer d'opinion.
Mais vous iriez déjeuné avec Lionel Jospin?
Pourquoi pas. Cela m'étonnerait qu'il m'invite d'ailleurs mais
Justement la présidence Française à la tête de l'Europe à partir du 1er juillet prochain, vous vous voulez lancer une grande campagne pour l'abrogation de Maastricht, vous croyez vraiment que l'euro n'entrera pas en vigueur?
Ce que je crois, c'est que le traité de Maastricht a été négocié, conclu et mis sur les rails à une mauvaise époque, qu'il ne correspondait en rien à la réalité et aux objectifs que l'Europe aurait dû poursuivre. D'ailleurs, à l'époque, nous avons été nombreux à dire que l'idée de commencer, non pas l'idée de considérer que la création d'une monnaie européenne pousserait forcément à davantage d'union de l'Europe était une vue de l'esprit. Et le fait pour la France d'abandonner sa souveraineté monétaire au profit d'une institution bancaire alors qu'il n'y a pas de pouvoir politique était une erreur monumentale.
On ne va pas revenir en arrière, vous le croyez vraiment?
Je ne demande pas qu'on abandonne l'euro, je dis simplement que le traité de Maastricht était inadapté et il faut donc revenir sur l'essentiel. L'essentiel, c'est quoi, c'est qu'il ne peut pas y avoir de monnaie sans pouvoir politique, voilà ce qui devrait réjouir tous les partisans de l'Europe.
On va vous entendre pendant la présidence française?
C'est possible, c'est même certain.
Et donc l'Europe ce sera le grand thème de votre campagne présidentielle en 2002 parce que vous serez candidat en 2002, c'est sûr?
Oui, certain. Le problème, ce n'est pas seulement l'Europe , c'est la place de la France en Europe et la vision que l'on a. Moi, ce qui me frappe beaucoup, c'est que j'ai beau tendre l'oreille, à l'heure actuelle aucun des dirigeants de l'Europe n'a un projet pour l'Europe, je n'entends rien. Il n'y a aucun projet d'envergure, il n'y a aucun élan, il n'y a aucune vision, aucun chef d'Etat n'est capable de dire aux Européens, voilà ce que nous entendons faire à l'aube du troisième millénaire.
Merci, Charles Pasqua.
Je vous en prie.
(source http://www.rpfie.org, le 14 mai 2000)