Texte intégral
Intervention devant les étudiants de l'Université Charles à Prague.
Chers Amis.
Je me trouve ici parmi vous, jeunes étudiants de l'Université Charles, partagé entre une vraie émotion et un très grand plaisir :
Vraie émotion d'être, à l'occasion de ma visite à votre Président et à votre Premier ministre, à Prague, au coeur de l'Europe, dans la faculté de philosophie de l'une des plus anciennes universités de notre continent. Au coeur de ce continent, notre institution a traversé les vicissitudes et les grands élans de cinq siècles et demi d'une histoire commune. Nous célébrons à Paris en ce moment les 350 ans de la Paix de Westphalie (1648) : comment ne pas se souvenir que la Bohème, après avoir hébergé la Cour flamboyante de Rodolphe II, fut en 1618 la pomme de discorde de la guerre de Trente ans ? Dans cette université se sont formés ou ont exercés à travers les âges les talents de personnalités européennes aussi éminentes que Jan Hus, Johannes Kepler, Tomas Masaryk, Albert Einstein ou Jan Patocka. Ici continuent de résonner le cri de Jan Palach et, comme en écho, les vibrations finalement victorieuses de la révolution de velours, qui vous a libérés.
Cette émotion le dispute en moi au très grand plaisir de vous rencontrer aujourd'hui, vous qui avez la chance d'avoir vingt ans dans une Europe réconciliée et d'en être l'avenir, vous qui aurez bientôt la responsabilité de faire participer votre pays à l'Union européenne.
Dans ces propos d'introduction à notre dialogue, je voudrais vous convaincre de trois choses.
(I) L'élargissement de l'Union européenne à votre pays, et plus généralement à l'Europe centrale, est pour nous une chance historique. (II) L'Europe que la France veut construire correspond à vos aspirations. (III) Cette Europe a besoin de votre enthousiasme et de votre flamme, afin que vous nous rejoigniez dans les meilleures conditions.
Vous le savez, les négociations d'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne sont entrées, la semaine dernière, dans la phase concrète. La France souhaite ardemment que ces négociations permettent à votre pays de retrouver enfin toute sa place au sein de la famille européenne.
I. L'élargissement de l'Union européenne à votre pays, et plus généralement à l'Europe centrale est pour nous une chance historique.
A l'évidence, cet élargissement répond à un pressant besoin: nous avons besoin de vous et vous avez également besoin de nous. C'est aussi un défi formidable pour vous et pour votre pays, compte tenu de l'ampleur des adaptations à réaliser.
Espace de liberté, espace de solidarité, espace de paix et de sécurité, l'Union a vocation à s'étendre au centre de l'Europe.
L'Union européenne est souvent perçue comme étant d'abord un espace de liberté. Et cela est vrai : c'est le plus grand espace de démocratie du monde industrialisé. Mais cela signifie aussi que si cet espace est plus étendu, si plus de personnes, plus de marchandises et plus de services peuvent y circuler plus facilement, nous aurons, vous et nous, encore gagné en liberté d'aller et venir, en liberté de choix, en liberté de trouver des opportunités d'emploi, en liberté d'imaginer de nouvelles formes d'activité. C'est notre intérêt c'est mon ambition. Je souhaite que vous la fassiez vôtre.
Mais l'Union européenne n'est pas seulement un espace de liberté. C'est aussi un espace de solidarité dans lequel nous définissons et nous menons en oeuvre des politiques communes. Elles se traduisent par des règles, des législations et des réglementations communes. En adhérant à l'Union européenne, les pays candidats vont reprendre à leur compte cet ensemble de règles, que l'on appelle l'acquis communautaire. Dans un espace élargi, ces politiques communes prennent d'autant plus d'importance qu'elles constituent des éléments forts d'intégration : elles permettent de corriger des disparités de situation et de renforcer l'adhésion au projet européen commun. Le dernier développement de cette intégration réside dans l'établissement d'une monnaie unique, symbole de la convergence des économies des pays qui ont décidé de la partager.
Ainsi adhérer à l'Union, ce n'est pas seulement adhérer à une économie de marché. C'est adhérer à un espace politique dans lequel on déploie des politiques communes, susceptibles de concerner aussi bien l'agriculture que l'emploi.
Au delà de la liberté, au delà de la solidarité, la construction européenne vise aussi la sécurité en Europe. Souvent, on croit que la sécurité de l'Europe relève de l'Alliance atlantique tandis que l'Union européenne s'occuperait de sa prospérité. En réalité, depuis l'origine de notre projet commun, l'objectif ultime, la raison d'être de la construction européenne est bien la stabilité et la paix du continent. Si, à l'origine, les pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman, ont proposé que les six pays de l'époque, gèrent en commun le charbon et l'acier - les bases économiques des années 50 -, c'était pour assurer aussi concrètement que possible, la réconciliation entre Français et Allemands. Ils sortaient de trois guerres menées en moins d'un siècle. Nous sortions, vous comme nous, de ce que les historiens de l'avenir appelleront peut-être avec ce recul du temps qui passe la "deuxième guerre de Trente Ans", de 1914 à 1945.
L'expérience fut ensuite étendue à d'autres domaines : union douanière, agriculture, industrie, environnement, politique sociale, union monétaire... Ainsi l'Union européenne a réalisé, en profondeur, l'interpénétration des sociétés civiles. Et, depuis bientôt cinquante ans maintenant, elle a si bien entremêlé une multitude d'intérêt généraux et particuliers qu'entre les Etats de notre continent, jusqu'alors régulièrement déchirés par les guerres, la perspective d'un conflit a perdu tout sens. Cette réconciliation que nous avons réalisé en profondeur à l'ouest du continent, il faut la parachever en son centre.
II. L'Europe que la France veut construire répond, je crois, à vos aspirations Aujourd'hui, ce que nous voulons pour vous et pour nous, c'est une Europe prospère et plus proche des gens, une Europe forte vis-à-vis des autres comme vis-à-vis d'elle-même. Permettez-moi de reprendre chacun de ces termes.
Une Europe prospère, c'est un objectif qu'il n'est jamais donné d'atteindre une fois pour toutes mais qui exige des efforts d'adaptation toujours renouvelés. Nous avons fait ces dernières années beaucoup d'efforts dans ce sens. Nous sommes à la veille de réaliser l'Union économique et monétaire. Nous allons mettre en circulation une monnaie unique, l'euro, d'abord entre les entreprises des pays participants, puis, directement entre les particuliers. On voit déjà, avant même d'y être parvenu, que les pays de l'Union bénéficient dès maintenant d'une remarquable stabilité, alors que les turbulences financières affectent une grande partie du reste du monde. La simple perspective d'un renforcement de l'intégration européenne par la monnaie unique a permis de préserver l'ensemble européen de la crise financière internationale.
Il faut aussi que l'Europe soit plus proche des gens. La construction européenne ne doit pas seulement être celle des grands intérêts économiques mais de plus en plus celle des personnes, des travailleurs, des étudiants et celle des citoyens. En un mot, elle doit mieux prendre en compte la dimension sociale de son action.
L'évolution récente montre que nous progressons à grands pas dans cette direction. Le nouveau traité, signé l'an dernier à Amsterdam, a permis que, d'ores et déjà des initiatives communes soient prises à quinze pour lutter contre le chômage. L'emploi est désormais une priorité de l'Union. De même, grâce à ce nouveau texte, les partenaires sociaux pourront s'impliquer en tant que tels au niveau européen dans les affaires de santé, de sécurité des travailleurs, de conditions de travail, d'information et de consultation des salariés.
Je crois enfin que nous devons nous fixer l'ambition d'une Europe plus forte. Notre Europe regorge de richesses matérielles, culturelles, spirituelles. En contrepartie, cette situation nous crée des devoirs vis-à-vis du reste de la planète. Jusqu'à présent, l'Union européenne s'en est surtout acquittée en mobilisant de vastes ressources financières au bénéfice de différentes régions du monde avec lesquelles elle entretient des relations privilégiées. Cet effort - de loin le plus important du monde industrialisé - mérite d'être poursuivi. Il n'est pas pour autant suffisant.
A l'avenir, il nous faudra être capables de mieux faire face, en tant qu'Européens, nos obligations internationales. La France, vous le savez, s'attache activement à faire progresser les choses dans ce domaine. Elle appelle à mieux affirmer l'identité européenne de sécurité et de défense, et à donner plus de consistance et d'efficacité à la politique étrangère et de sécurité commune aux pays européens. aujourd'hui, ces idées rallient de plus en plus de gouvernements en Europe. Leur donner corps sera l'une des tâches prioritaires des prochaines années.
Mais je crois que l'Europe n'est forte, en définitive, que de ses propres valeurs. Elle est une oeuvre de l'esprit avant d'être une communauté marchande. En me rendant à Prague, je savais que je retrouverais ce que Emmanuel Kant appelait une nation européenne, c'est-à-dire une nation qui "admet une contrainte conforme à la loi par conséquent une restriction de la liberté au moyen de règles universellement valables". Je ne vous apprends rien : dès 1983, Milan Kundera le résumait lumineusement : "le mot Europe ne représente pas pour nous un phénomène géographique mais une notion spirituelle". Cette notion spirituelle habite de nouveau les murs de l'Université Charles. Elle a retrouvé le lieu où furent formés quelques uns de vos plus grands intellectuels, Jan Patocka, parlant de votre président-philosophe Masaryk, et de la fondation de la République tchécoslovaque, soulignait que "jamais auparavant, ni dans l'antiquité, ni au moyen-âge, ni aux temps modernes, il n'était arrivé qu'un penseur eut fondé un Etat". Patocka lui-même s'inscrivait dans la grande tradition européenne. Comme vous étudiant, mais à Paris en 1928-1929, il obtint une bourse d'études à la Sorbonne. C'est là qu'il découvrit la phénoménologie allemande, en suivant les conférences de Husserl sur Descartes. Il racontait qu'en 1935, passant ses vacances de Noël à Fribourg, chez son maître Husserl, il reçut de ce dernier un lutrin, que lui-même avait reçu à Leipzig, en 1878, de son maître et ami Thomas Masaryk. Cette continuité dans la diversité des échanges culturels et intellectuels : c'est la source toujours renouvelée de notre identité commune.
Or si l'invention de cette identité européenne est en marche, nous ne sommes qu'au début d'un processus : il doit être poursuivi sans relâche et toujours conforté. Si je suis parmi vous aujourd'hui, c'est parce que je crois par le dialogue, pouvoir y contribuer modestement je ne suis pas, hélas, un philosophe. "L'entretien avec les autres, écrit Patocka dans Platon et l'Europe est toujours un entretien de l'âme avec elle-même". Dans le pays d'Anton Dvorak et d'Alfons Mucha, de Vaclav Havel et de Milos Forman, dans cette ville magique de Prague et dans l'enceinte de cette prestigieuse Université Charles, qui célèbre cette année le 650ème anniversaire de sa fondation, je sens une fois de plus le prix de tous les trésors que vous nous offrez. Je sens combien votre contribution sera précieuse à l'affirmation de nos valeurs communes. Et je compte bien sur vous pour construire avec nous, le moment venu, cette Europe forte, une Europe qui sache tirer parti des chances que nous offre la mondialisation, mais une Europe qui sache aussi bien faire entendre sa voix.
III. Cette Europe qui vous attend a besoin de votre enthousiasme et de votre flamme, afin que vous nous rejoigniez dans les meilleures conditions.
Il faut en effet maintenant bien vous préparer à nous rejoindre.
L'Union européenne, de son côté, s'y attache très activement et c'est même désormais - depuis que la monnaie unique est sur les rails - son principal chantier.
La première priorité des Quinze est aujourd'hui d'adapter nos politiques communes, surtout la politique agricole et la politique régionale, et de les adapter précisément dans la perspective d'une plus grande Europe. C'est déjà en soi une opération difficile. En outre, une adaptation de cette importance va inévitablement modifier la répartition des charges financières entre les différents Etats membres. Nous devrons donc en même temps nous assurer que les réformes en cours conduisent à un équilibre de droits et d'obligations entre partenaires qui demeure parfaitement équitable. Le débat sur tous ces sujets sera sûrement très complexe et très intense. Mais la construction européenne est coutumière de ce genre de marathon. L'objectif, auquel je suis personnellement très attaché, est que nous puissions nous entendre à Quinze sur les éléments d'un compromis dès le printemps prochain, sous présidence allemande,
Il faudra ensuite que nous menions à bien rapidement la réforme de nos institutions. Nous ne pouvons progresser en Europe que si nous nous donnons les moyens d'agir collectivement de manière plus efficace. C'est pourquoi la France considère l'amélioration du fonctionnement des institutions communautaires comme une des priorités majeures. Il nous faut notamment une Commission européenne homogène et forte. Il nous faut un Conseil des ministres européen capable de prendre rapidement ses décisions, y compris dans les domaines jusqu'à maintenant considérés comme les plus délicats : la politique sociale, la fiscalité ou la politique étrangère. Il faut qu'en passant de 15 Etats membres actuellement à 20, 25, ou davantage, l'Union européenne conserve toute sa capacité d'agir. Il y va de l'intérêt de tous ses membres : les membres actuels comme les membres futurs.
De leur côté, les six pays candidats à l'adhésion et notamment la République tchèque, vont devoir mener rapidement à son terme l'adaptation de leurs systèmes juridiques et de leurs institutions. Nous savons d'expérience l'ampleur considérable qu'a prise la construction européenne depuis bientôt cinquante ans. L'effort d'adaptation demandé aux pays candidats constitue une tâche immense et multiforme. Elle exige une mobilisation de tous les instants et de toutes les forces vives de la société. L'Union européenne et ses Etats membres sont à votre disposition pour vous aider à la mener à bien. Ils y consacrent d'ores et déjà des moyens considérables aussi bien financiers qu'humains.
Mais rien ne se fera sans votre enthousiasme. Les sondages d'opinion suggérant qu'en République tchèque, la perspective de l'adhésion à l'Union européenne suscite encore beaucoup de doutes, d'interrogations, voire d'inquiétude. C'est pour cela que votre enthousiasme, celui des jeunes, est si précieux. Les changement d'habitude et les remises en cause qu'implique l'adhésion demandent souvent des sacrifices. Les peuples n'y consentent vraiment que s'ils comprennent bien et partagent pleinement l'objectif supérieur au nom duquel ces sacrifices sont demandés.
A cet égard, prenons bien la mesure de l'entreprise historique qui est devant nous. Lorsque le mur de Berlin est tombé, lorsque, quelques semaines plus tard la Révolution de velours s'est accomplie à Prague, une grande vague d'enthousiasme a soulevé l'Europe : l'Europe qui se libérait bien sûr, mais aussi l'Europe qui, ayant eu le bonheur d'échapper à l'asservissement, espérait elle aussi ces moments depuis si longtemps. Quelques années auparavant, la dissidence de vos intellectuels incita certains, chez nous, à célébrer le libéralisme, à en faire l'horizon indépassable, l'unique et ultime projet de l'Europe. Le président Havel, d'ailleurs élève de Patocka dans la clandestinité, l'écrivait dès 1984 : la plus grande faute que l'Europe occidentale pourrait commettre serait de ne pas voir que les régimes totalitaires sont le "miroir grossissant de la civilisation moderne dans son entier" et qu'ils l'invitent à une révision générale de la façon dont cette civilisation se conçoit". Cette révision générale de notre héritage commun, nous l'avons entreprise, en cherchant pour nos sociétés une voie qui ne soit pas celle de la société de marché. Et si, comme l'écrivait Jan Patocka, l'Europe est "ce qu'il y a de plus grand et profond au monde si nous avons la force nécessaire pour la renouveler", nous avons aussi besoin de votre force, à vous, jeunesse d'Europe, pour la renouveler.
La méthode pour y parvenir, nous la connaissons bien : c'est de traduire dans les faits, dans la vie quotidienne, cette unité retrouvée de notre continent. Cette tâche minutieuse est faite d'une multitude de décisions qui peuvent paraître relever du détail et qui prennent parfois une allure ingrate. Ne vous y trompez pas : la succession des décisions particulières n'est rien d'autre que le dessin pointilliste de l'immense mutation qui est entrain de prendre forme sur notre continent. Il n'est pas facile d'entretenir à longueur de temps la flamme de l'enthousiasme. Vous saurez le faire, comme tous ceux qui vous ont précédé l'ont su dans les heures sombres de votre Histoire. Participer à la vaste fresque européenne le mérite pleinement : venez vite nous aider à la compléter.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Toast lors du diner offert en son honneur par le Premier ministre Tchèque, M, Eduard Zeman le 18 novembre 1998.
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite tout d'abord vous remercier de votre accueil si amical et chaleureux, et vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous ce soir, dans cette magnifique ville de Prague, et dans votre pays, la République tchèque, qui nous rejoindra bientôt au sein de l'Alliance atlantique et, un peu plus tard, au sein de l'Union européenne.
Je suis également heureux de l'occasion que nous offre cette visite de donner un nouvel élan au dialogue franco-tchèque, dans le prolongement de la visite effectuée l'année dernière par le président de la République française. Pourquoi le cacher ? Nous ne nous sommes pas assez parlé pendant ces dernières années. Je crois qu'aujourd'hui nous ressentons, à Paris comme à Prague, la nécessité de changer cet état de chose et de mieux nous expliquer sur les questions essentielles qui touchent à nos relations bilatérales et à notre avenir commun de pays européens.
Ce dialogue plus étroit, plus nourri, que j'appelle de mes voeux est au demeurant pleinement justifié par la richesse des relations franco-tchèques. Ces relations sont, vous 1e savez, anciennes et profondes. Sans remonter jusqu'à Jean de Luxembourg et à Charles IV, notre pays a joué un rôle décisif dans la fondation de la République tchécoslovaque, dont nous avons récemment fêté le 80ème anniversaire. Nos relations sont aujourd'hui, - et je m'en félicite - en plein essor, que ce soit dans le domaine économique, dans celui de la coopération technique et scientifique, ou encore dans les domaines culturel et artistique.
Je prendrai pour exemple de ce dynamisme de nos relations le développement très encourageant des activités de nos entreprises en République tchèque. Les société françaises, dont je rencontrerai demain les responsables ainsi que leurs partenaires tchèques, ont pleinement confiance en votre pays. Elles se félicitent d'y travailler, elles savent qu'elles peuvent compter sur le haut niveau de qualification de la main d'oeuvre tchèque. La qualité de la base industrielle de votre pays est aussi la meilleure des pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne.
C'est pourquoi nos entreprises envisagent dans leur très grande majorité, une implantation durable et profonde en République tchèque, à l'image de leurs activités dans les pays déjà membres de l'Union européenne. Elles développent de façon soutenue leurs investissements dans votre pays. Elles y créent des emplois - déjà plus de trente mille - et contribuent de façon importante à vos exportations. Nous pourrions certes être encore plus présents, mais j'ai bon espoir que le dynamisme des entreprises françaises, ainsi que l'ouverture croissante de l'économie tchèque à la diversité de ses partenaires européens, nous permettront d'atteindre cet objectif rapidement.
Les échanges entre nos scientifiques, nos créateurs, nos étudiants, eux aussi sont toujours plus denses et diversifiés. Nos deux cultures, qui se sont déjà tant donné mutuellement au cours de l'histoire, poursuivent un dialogue précieux. De plus en plus de Tchèques apprennent le français et visitent notre pays. Ils y viennent parfois poursuivre des études ou un projet de recherche. De plus en plus de Français redécouvrent votre pays, sa richesse culturelle et son savoir faire scientifique et technique. Nos compatriotes viennent d'ailleurs de plus en plus nombreux s'installer en République tchèque. Ma rencontre avec la communauté française de Prague m'a permis de le constater tout à l'heure, au tout nouveau lycée français de cette ville.
Mais au-delà de ces retrouvailles entre deux peuples européens séparés malgré eux pendant quelques décennies, au-delà de la vigueur retrouvée de nos relations et de nos échanges, nous avons aujourd'hui un motif plus ambitieux encore pour nous rejoindre. C'est un véritable projet commun pour notre avenir : celui de la construction européenne, à laquelle la République tchèque sera bientôt pleinement associée.
Qu'il n'y ait, à cet égard, aucun doute, aucune ambiguïté sur l'engagement de la France en faveur de l'élargissement de l'Union européenne, et en particulier de l'adhésion de la République tchèque. La France souhaite que vous nous rejoigniez aussi rapidement que possible. Elle vous soutient pleinement dans les efforts que vous déployez en vue d'atteindre cet objectif. Elle est disponible pour coopérer davantage avec vous dans cette perspective. Votre pays a d'ailleurs déjà fait beaucoup pour reprendre ce que l'on appelle "l'acquis communautaire", et je tiens à saluer ce qu'il a accompli en peu d'années.
Certes, il y a encore du chemin à faire, encore du travail à accomplir. Vous le savez, l'adhésion à l'Union européenne implique de nombreuses réformes. Il faudra changer de nombreuses habitudes dans la plupart des domaines de la vie économique, administrative et sociale. Le travail de préparation à l'adhésion, que vous avez engagé, exige une forte mobilisation tant de la part des responsables politiques et des administrations que de la société et de la population dans leur ensemble. Mais j'ai la conviction que la République tchèque, avec la détermination de votre gouvernement, franchira cette étape, tout comme avant vous d'autres pays devenus membres de l'Union l'ont franchi.
C'est d'ailleurs en tant que futurs partenaires dans l'Union européenne que je souhaiterais, Monsieur le Premier ministre, que nous évoquions ensemble, à l'occasion de nos entretiens, notre avenir commun dans l'Europe unie. Nos deux gouvernements sont inspirés, comme le sont aujourd'hui la très grande majorité des gouvernements européens, par les mêmes idéaux. J'ai la conviction que nous avons, dans cette large convergence d'approche à l'échelle européenne, une occasion privilégiée de faire progresser ensemble l'Europe vers davantage de justice, davantage de tolérance, davantage d'humanité, tout en renforçant encore le dynamisme de son économie. J'ai également la conviction que nous pouvons, ensemble, construire une Europe qui sera mieux comprise qu'elle ne l'est aujourd'hui par ses citoyens et mieux soutenue par ceux-ci.
Enfin, il est de notre intérêt commun d'édifier une Europe qui soit mieux en mesure de défendre ses intérêts et de faire entendre sa voix dans le monde. Je vous propose également, Monsieur le Premier ministre, de débattre de ces questions, en particulier dans la perspective des décisions importantes que nous aurons à prendre l'année prochaine quant à l'évolution de l'Alliance atlantique. Les drames que connaît encore l'Europe, hier la Bosnie, aujourd'hui le Kossovo, exigent, au-delà de l'action politique immédiate, que nous examinions ensemble les moyens de renforcer la capacité des Européens à préserver la paix et la stabilité dans leur continent.
Je souhaite que la République tchèque prenne toute sa place dans la réflexion sur ces questions. Elle engage son avenir comme elle engage le nôtre. Je souhaite aussi que cette réflexion ne soit pas seulement l'affaire des experts et des responsables politiques : c'est l'affaire de toute la société, et le débat le plus large possible sur notre avenir commun dans l'Europe doit s'engager. C'est dans cet esprit que je compte m'adresser demain aux étudiants de votre prestigieuse université Charles, qui a bien voulu m'ouvrir ses portes.
C'est donc avec une grande ambition pour les relations franco-tchèques, une grande ambition, aussi, pour l'avenir de votre pays dans l'Europe, que j'aborde cette visite, ma première en tant que Premier ministre dans un pays candidat à l'Union européenne. Je me réjouis, Monsieur le Premier ministre, de pouvoir m'entretenir avec vous, ce soir et demain, et je lève mon verre à votre personne, à vous, Mesdames et Messieurs, à votre succès personnel et à celui de votre pays.
Vive l'amitié franco-tchèque !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Inauguration du lycée français le 18 novembre 1998.
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Proviseur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi un grand honneur et un privilège, alors que s'ouvre ma visite officielle en République tchèque, d'inaugurer les locaux et bâtiments du nouveau Lycée français de Prague.
Je vous félicite très vivement d'avoir oeuvré, tous ensemble, à la réalisation de ce beau projet. Il a fallu, je le sais, beaucoup de force de conviction et un sens aigu du travail en équipe, pour le mener à bonne fin.
La petite école de Prague a été ouverte dès 1959, dans des temps difficiles. Elle a grandi et est devenue un véritable lycée qui a besoin de nouvelles installations modernes et fonctionnelles. Grâce au talent des architectes, c'est chose faite !
Je souhaite remercier tout particulièrement le président et le bureau de l'Association des parents d'élèves qui ont participé très largement au financement du projet immobilier et qui n'ont ménagé, ni leur temps, ni leurs efforts, pour suivre ce projet jusqu'à son terme.
Je saisis également cette occasion pour remercier à travers vous, M. le Proviseur, les enseignants de cet établissement qui ont accompli un travail considérable, depuis tant d'années. En tant qu'ancien ministre de l'Education, je sais combien la tâche de service public qui leur incombe est lourde, et combien ils méritent notre respect.
Cet établissement est non seulement une réussite sur le plan de l'esthétique, de l'architecture, mais c'est d'abord et surtout, la réussite de la coopération franco-tchèque.
J'ai plaisir à remercier à ce propos M. Eduard Zéman, ministre de l'Education, d'honorer de sa présence cette inauguration, ainsi que son prédécesseur, M. Jan Sokol, qui a soutenu avec beaucoup de sympathie, le dossier du Lycée français.
Le Lycée de Prague est un magnifique instrument, non seulement pour la coopération bilatérale, mais aussi pour la France et son rayonnement dans ce pays, à travers une étroite collaboration entre l'ambassade et les autorités locales.
Permettez moi, enfin, de dire toute l'importance que j'attache à l'action de l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger, qui gère l'ensemble de nos établissements sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Elle permet à la jeune élite intellectuelle de par le monde, de recevoir un enseignement français, ainsi qu'une formation générale précieuse dans un esprit de tolérance et de liberté qui appartient lui aussi à notre patrimoine commun.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Allocution devant la communauté française le 18 novembre 1998.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Compatriotes,
Je souhaite tout d'abord vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous ce soir et de commencer ma visite en République tchèque par cette rencontre avec les Français établis dans ce pays. C'est aussi pour moi une satisfaction toute particulière - c'est un peu l'ancien ministre de l'Education nationale qui vous parle - que d'avoir inauguré il y a quelques instants ce magnifique nouveau Lycée français de Prague, qui fait honneur à notre pays et au rayonnement de sa culture. Je tiens à exprimer mes vives félicitations à tous ceux d'entre vous qui, par leur dévouement et leur action inlassable, ont rendu possible cette réalisation et je me réjouis que l'Etat vous ait apporté son concours.
Ce lycée est à bien des égards, je crois, le symbole du dynamisme de votre communauté, de sa jeunesse, de son esprit d'entreprise, et aussi de son sens de la solidarité. Vous n'êtes installés en République tchèque, dans votre très grande majorité, que depuis quelques années, et vous avez pourtant réussi en peu de temps à construire une communauté unie dans sa diversité, active et capable de se mobiliser pour mener à bien des projets ambitieux comme ce lycée. Vos associations - comme par exemple l'accueil francophone de Prague sont également vivantes et efficaces Elles témoignent d'un souci d'entraide qui vous fait honneur.
Mais votre succès ne se limite pas au dynamisme de votre communauté. Il peut également s'observer ailleurs, dans la renaissance de la présence de la France en République tchèque, renaissance qui est manifeste. Nos deux pays, qui avaient dû pendant plusieurs décennies, s'en tenir, par la force des choses, à des relations atrophiées, sont en train de renouer entre eux des liens étroits, vivants et diversifiés, tant dans les domaines économique et commercial que dans ceux de la science ou de la culture. Ce renouveau de nos relations ne pourrait se produire si vous n'étiez pas ici, à Prague et dans le reste de ce pays, pour implanter nos entreprises, promouvoir notre culture ou notre art de vivre, ou encore pour enseigner notre langue et transmettre notre savoir faire technique et scientifique. Je tiens à vous rendre hommage pour cette contribution si essentielle que vous apportez à la réussite de la France en République tchèque. Cette réussite est largement la vôtre. (On me dit que le nombre des naissances dans votre communauté est particulièrement élevé. L'avenir de la présence française dans ce pays est donc assuré !)
Pour ma part, je vous le confirme : vous pourrez compter sur le soutien et l'aide du gouvernement français. Vous, comme vos compatriotes expatriés dans d'autres pays, faites beaucoup pour la collectivité nationale. Celle-ci doit à son tour veiller à répondre du mieux qu'elle le peut à vos préoccupations. J'y attache une grande importance. C'est pourquoi l'Etat a consenti, j'y ai fait allusion tout à l'heure, un effort financier considérable pour la réalisation de ce lycée. I1 a pris en compte la moitié du coût de ce projet, soit environ 20 millions de francs. C'est également pourquoi, en outre, les ressources financières consacrées aux bourses d'études ont été, à ma demande, fortement augmentées pour cette année. Chaque enfant de Français expatrié doit être en mesure, en République tchèque comme dans les autres pays, de poursuivre une scolarité en français dans les meilleures conditions possibles. Et c'est pourquoi aussi, nous continuons d'étudier activement la meilleure manière de donner à ce lycée et à ses personnels, un statut juridique stable et satisfaisant pour tous.
Chers compatriotes, vous le savez, la France et la République tchèque sont appelées, dans un futur proche, à être non plus seulement deux pays européens amis, mais aussi, deux partenaires qui auront réuni leur destin avec d'autres nations dans une entreprise commune, celle de la construction européenne. En tant que Français, vous savez bien comment l'appartenance à l'Union européenne a profondément transformé notre économie, notre société. Vous savez combien elle a apporté à notre pays, qui est aujourd'hui plus fort, plus stable et plus prospère grâce à l'Europe. Vous pouvez donc imaginer quels changements représentera, pour la République tchèque, sa prochaine adhésion à notre Union, et aussi quels atouts celle-ci représentera pour le renforcement des liens entre les deux pays. Demain, nous partagerons les mêmes législations, les hommes et les richesses pourront librement circuler entre la France, la République tchèque et le reste de l'Union.
Demain. aussi, nous prendrons ensemble, avec les autres membres de l'Union européenne, les décisions majeures qui définiront la société dans laquelle nous vivrons. Il nous appartiendra de faire de l'Europe, un espace encore plus démocratique, une économie encore plus stable et robuste, une force encore plus capable de préserver la paix et la stabilité et d'aider les autres peuples à accéder à la prospérité. Il nous appartiendra aussi de répondre aux principales menaces auxquelles nous sommes confrontés, comme les dégradations de l'environnement ou la criminalité organisée. L'Europe de demain sera faite de tous ces défis et de tous ces espoirs, et du travail que nous, Français et Tchèques, mènerons en commun avec les autres peuples européens.
Je forme le voeu que nous puissions le plus rapidement possible accueillir la République tchèque dans notre Union, afin qu'elle prenne toute sa part dans la construction de notre avenir commun. Ce pays a au renouer en un temps très bref avec la démocratie tout en délivrant son économie des entraves imposées par le régime précédent. Il saura rapidement, j'en ai la conviction, mener à bien les adaptions nécessaires à son adhésion, malgré l'ampleur du travail qui reste à accomplir.
Comme vous, qui avez en quelque sorte misé sur ce pays, le gouvernement français croit en l'avenir de la République tchèque, et a de grandes ambitions pour l'avenir des relations franco-tchèques. J'ai la certitude que ces ambitions pourront être réalisées, avec notre détermination commune, et votre concours.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Petit déjeuner avec les hommes d'affaires le 19 novembre 1998.
Je suis heureux de m'exprimer devant les représentants du monde économique tchèque et français. Les entreprises de nos deux pays se connaissent déjà bien Elles n'ont pas attendu les prochaines échéances européennes pour tisser des relations économiques et commerciales, d'ores et déjà de qualité, mais qui, j'en suis convaincu, connaîtront un nouvel élan avec l'élargissement de l'Union européenne aux pays de l'Europe centrale.
Permettez-moi de dresser tout d'abord l'état des lieux de nos relations économiques bilatérales : cet état des lieux est encourageant.
Les échanges commerciaux franco-tchèques sont en plein essor, ils ont triplé en valeur depuis 1993 et représentent 11 MdsF. J'observe qu'un rééquilibrage en faveur de la République tchèque est en cours. Les statistiques françaises indiquent une progression quatre fois plus élevée des exportations tchèques vers la France en 1997 (+ 36 %) que celle des ventes françaises vers la République tchèque. Cet essor des exportations tchèques témoigne de l'effort de modernisation de l'industrie accompli depuis la Révolution de velours.
En termes d'investissement, environ 250 filiales d'entreprises françaises sont implantées dans le pays, représentant 7 % des investissements étrangers. Davantage que ce chiffre, voisin de celui observé dans les autres pays de la région, c'est la dynamique renouvelée des investissements français qui me parait devoir être soulignée.
Depuis un an en effet, les investissements français se succèdent dans votre pays à un rythme soutenu. Je citerai pour mémoire les investissements en cours de Carrefour, Schneider, du groupe textile Chargeurs ou les prises de participation récente de Générale de chauffe, Pernod-Ricard ou Saint-Gobain.
Ces nouveaux investissements interviennent à un moment où la République tchèque est confrontée à un ralentissement économique, après plusieurs années de forte croissance. Cela prouve que la stratégie d'implantation des chefs d'entreprises français s'inscrit dans la durée et le partenariat à long terme. Au-delà du ralentissement conjoncturel, la France fait le pari du retour à la croissance en République tchèque. Elle fonde sa coopération industrielle et commerciale sur les nombreux atouts de votre pays ; une position stratégique, à mi-chemin entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, une main d'oeuvre talentueuse et qualifiée, le deuxième pouvoir d'achat par habitant en Europe centrale et orientale (après la Slovénie). La France a pleinement confiance en la République tchèque.
Ces atouts sont renforcés par la décision récente des autorités tchèques de proposer aux investisseurs étrangers un ensemble d'incitations économiques et financières pour s'implanter, ainsi que le Premier ministre, M. Zeman, l'a rappelé récemment.
Malgré cette présence robuste de nos entreprises en République tchèque, beaucoup reste à faire.
D'une part, les investissements français restent trop souvent le fait des groupes français de taille mondiale. Les PME françaises sont encore trop peu présentes dans ce pays alors que nos deux capitales sont à peine distantes de 1090 km. A n'en pas douter, un effort d'information doit être accompli dans ce sens, les entreprises moyennes des deux pays doivent apprendre à mieux se connaître et à coopérer davantage. La présence, à mes cotés, de Mme Lebranchu, Secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat traduit la priorité qu'y accorde mon gouvernement.
D'autre part, si la présence française est forte dans certains secteurs comme l'agro-alimentaire, la construction travaux publics et les services aux collectivités, elle demeure faible ou pourrait être. renforcée dans de nombreux autres secteurs porteurs dans ce pays comme l'équipement automobile, l'environnement, la rénovation des logements, la grande distribution, l'assurance. Toutefois, les projets de privatisations de services publics comme la distribution de l'électricité et du gaz sont de nature à renforcer la présence économique française.
Aujourd'hui, le processus d'adhésion à l'Union européenne constitue une opportunité à saisir par nos deux pays.
Comme vous le savez, la Conférence interministérielle de Bruxelles du 31 mars 1998 a marqué le lancement officiel des négociations d'adhésion de cinq pays d'Europe centrale et orientale, dont la République tchèque, à l'Union européenne. Il y a une semaine, le 10 novembre, les négociations d'adhésion ont commencé.
Cette année est donc essentielle pour la République tchèque. Après la transition de ce pays vers l'économie de marché accomplie au cours de la première moitié de la décennie, c'est aujourd'hui le début d'une seconde étape, tout aussi importante, celle de la future intégration à l'Union européenne.
Ce processus d'adhésion, pleinement soutenu par la France, comme l'a rappelé le président de la République à Prague l'an dernier, crée une double opportunités pour les entreprises de nos deux pays :
- Pour les entreprises françaises, la reprise de l'acquis communautaire par votre pays signifie que le droit applicable aux affaires va se rapprocher de plus en plus de celui que nous connaissons et pratiquons déjà. Par ailleurs, l'intégration communautaire va entraîner une mise à niveau accélérée des infrastructures, en partie financée par des programmes structurels de préadhésion de l'Union européenne. Des opportunités de nouveaux marchés en naîtront.
- Pour les entreprises tchèques, travailler avec un partenaire français, c'est la certitude de coopérer avec des entreprises innovantes et qui ont accompli depuis quinze ans un effort intense de compétitivité et de productivité, C'est aussi accéder à des réseaux mondiaux de distribution, et donc accroître vos exportations.
A, mon sens, l'intensification des relations politiques de la France avec un futur pays membre de l'Union européenne comme la République tchèque doit s'accompagner d'un renforcement de nos relations économiques bilatérales. Je souhaite aussi qu'en tant que futurs partenaires communautaires, nous puissions défendre des positions communes allant dans le sens d'une Europe plus forte sur le plan économique et monétaire mais aussi social.
Je suis optimiste sur ce plan. Le renouveau actuel de l'investissement français en République tchèque montre que, lorsqu'elles s'en donnent les moyens, les entreprises de nos deux pays peuvent produire, innover, exporter, en un mot prospérer ensemble. C'est sur cette note que je souhaiterais engager cette discussion avec vous.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Chers Amis.
Je me trouve ici parmi vous, jeunes étudiants de l'Université Charles, partagé entre une vraie émotion et un très grand plaisir :
Vraie émotion d'être, à l'occasion de ma visite à votre Président et à votre Premier ministre, à Prague, au coeur de l'Europe, dans la faculté de philosophie de l'une des plus anciennes universités de notre continent. Au coeur de ce continent, notre institution a traversé les vicissitudes et les grands élans de cinq siècles et demi d'une histoire commune. Nous célébrons à Paris en ce moment les 350 ans de la Paix de Westphalie (1648) : comment ne pas se souvenir que la Bohème, après avoir hébergé la Cour flamboyante de Rodolphe II, fut en 1618 la pomme de discorde de la guerre de Trente ans ? Dans cette université se sont formés ou ont exercés à travers les âges les talents de personnalités européennes aussi éminentes que Jan Hus, Johannes Kepler, Tomas Masaryk, Albert Einstein ou Jan Patocka. Ici continuent de résonner le cri de Jan Palach et, comme en écho, les vibrations finalement victorieuses de la révolution de velours, qui vous a libérés.
Cette émotion le dispute en moi au très grand plaisir de vous rencontrer aujourd'hui, vous qui avez la chance d'avoir vingt ans dans une Europe réconciliée et d'en être l'avenir, vous qui aurez bientôt la responsabilité de faire participer votre pays à l'Union européenne.
Dans ces propos d'introduction à notre dialogue, je voudrais vous convaincre de trois choses.
(I) L'élargissement de l'Union européenne à votre pays, et plus généralement à l'Europe centrale, est pour nous une chance historique. (II) L'Europe que la France veut construire correspond à vos aspirations. (III) Cette Europe a besoin de votre enthousiasme et de votre flamme, afin que vous nous rejoigniez dans les meilleures conditions.
Vous le savez, les négociations d'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne sont entrées, la semaine dernière, dans la phase concrète. La France souhaite ardemment que ces négociations permettent à votre pays de retrouver enfin toute sa place au sein de la famille européenne.
I. L'élargissement de l'Union européenne à votre pays, et plus généralement à l'Europe centrale est pour nous une chance historique.
A l'évidence, cet élargissement répond à un pressant besoin: nous avons besoin de vous et vous avez également besoin de nous. C'est aussi un défi formidable pour vous et pour votre pays, compte tenu de l'ampleur des adaptations à réaliser.
Espace de liberté, espace de solidarité, espace de paix et de sécurité, l'Union a vocation à s'étendre au centre de l'Europe.
L'Union européenne est souvent perçue comme étant d'abord un espace de liberté. Et cela est vrai : c'est le plus grand espace de démocratie du monde industrialisé. Mais cela signifie aussi que si cet espace est plus étendu, si plus de personnes, plus de marchandises et plus de services peuvent y circuler plus facilement, nous aurons, vous et nous, encore gagné en liberté d'aller et venir, en liberté de choix, en liberté de trouver des opportunités d'emploi, en liberté d'imaginer de nouvelles formes d'activité. C'est notre intérêt c'est mon ambition. Je souhaite que vous la fassiez vôtre.
Mais l'Union européenne n'est pas seulement un espace de liberté. C'est aussi un espace de solidarité dans lequel nous définissons et nous menons en oeuvre des politiques communes. Elles se traduisent par des règles, des législations et des réglementations communes. En adhérant à l'Union européenne, les pays candidats vont reprendre à leur compte cet ensemble de règles, que l'on appelle l'acquis communautaire. Dans un espace élargi, ces politiques communes prennent d'autant plus d'importance qu'elles constituent des éléments forts d'intégration : elles permettent de corriger des disparités de situation et de renforcer l'adhésion au projet européen commun. Le dernier développement de cette intégration réside dans l'établissement d'une monnaie unique, symbole de la convergence des économies des pays qui ont décidé de la partager.
Ainsi adhérer à l'Union, ce n'est pas seulement adhérer à une économie de marché. C'est adhérer à un espace politique dans lequel on déploie des politiques communes, susceptibles de concerner aussi bien l'agriculture que l'emploi.
Au delà de la liberté, au delà de la solidarité, la construction européenne vise aussi la sécurité en Europe. Souvent, on croit que la sécurité de l'Europe relève de l'Alliance atlantique tandis que l'Union européenne s'occuperait de sa prospérité. En réalité, depuis l'origine de notre projet commun, l'objectif ultime, la raison d'être de la construction européenne est bien la stabilité et la paix du continent. Si, à l'origine, les pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman, ont proposé que les six pays de l'époque, gèrent en commun le charbon et l'acier - les bases économiques des années 50 -, c'était pour assurer aussi concrètement que possible, la réconciliation entre Français et Allemands. Ils sortaient de trois guerres menées en moins d'un siècle. Nous sortions, vous comme nous, de ce que les historiens de l'avenir appelleront peut-être avec ce recul du temps qui passe la "deuxième guerre de Trente Ans", de 1914 à 1945.
L'expérience fut ensuite étendue à d'autres domaines : union douanière, agriculture, industrie, environnement, politique sociale, union monétaire... Ainsi l'Union européenne a réalisé, en profondeur, l'interpénétration des sociétés civiles. Et, depuis bientôt cinquante ans maintenant, elle a si bien entremêlé une multitude d'intérêt généraux et particuliers qu'entre les Etats de notre continent, jusqu'alors régulièrement déchirés par les guerres, la perspective d'un conflit a perdu tout sens. Cette réconciliation que nous avons réalisé en profondeur à l'ouest du continent, il faut la parachever en son centre.
II. L'Europe que la France veut construire répond, je crois, à vos aspirations Aujourd'hui, ce que nous voulons pour vous et pour nous, c'est une Europe prospère et plus proche des gens, une Europe forte vis-à-vis des autres comme vis-à-vis d'elle-même. Permettez-moi de reprendre chacun de ces termes.
Une Europe prospère, c'est un objectif qu'il n'est jamais donné d'atteindre une fois pour toutes mais qui exige des efforts d'adaptation toujours renouvelés. Nous avons fait ces dernières années beaucoup d'efforts dans ce sens. Nous sommes à la veille de réaliser l'Union économique et monétaire. Nous allons mettre en circulation une monnaie unique, l'euro, d'abord entre les entreprises des pays participants, puis, directement entre les particuliers. On voit déjà, avant même d'y être parvenu, que les pays de l'Union bénéficient dès maintenant d'une remarquable stabilité, alors que les turbulences financières affectent une grande partie du reste du monde. La simple perspective d'un renforcement de l'intégration européenne par la monnaie unique a permis de préserver l'ensemble européen de la crise financière internationale.
Il faut aussi que l'Europe soit plus proche des gens. La construction européenne ne doit pas seulement être celle des grands intérêts économiques mais de plus en plus celle des personnes, des travailleurs, des étudiants et celle des citoyens. En un mot, elle doit mieux prendre en compte la dimension sociale de son action.
L'évolution récente montre que nous progressons à grands pas dans cette direction. Le nouveau traité, signé l'an dernier à Amsterdam, a permis que, d'ores et déjà des initiatives communes soient prises à quinze pour lutter contre le chômage. L'emploi est désormais une priorité de l'Union. De même, grâce à ce nouveau texte, les partenaires sociaux pourront s'impliquer en tant que tels au niveau européen dans les affaires de santé, de sécurité des travailleurs, de conditions de travail, d'information et de consultation des salariés.
Je crois enfin que nous devons nous fixer l'ambition d'une Europe plus forte. Notre Europe regorge de richesses matérielles, culturelles, spirituelles. En contrepartie, cette situation nous crée des devoirs vis-à-vis du reste de la planète. Jusqu'à présent, l'Union européenne s'en est surtout acquittée en mobilisant de vastes ressources financières au bénéfice de différentes régions du monde avec lesquelles elle entretient des relations privilégiées. Cet effort - de loin le plus important du monde industrialisé - mérite d'être poursuivi. Il n'est pas pour autant suffisant.
A l'avenir, il nous faudra être capables de mieux faire face, en tant qu'Européens, nos obligations internationales. La France, vous le savez, s'attache activement à faire progresser les choses dans ce domaine. Elle appelle à mieux affirmer l'identité européenne de sécurité et de défense, et à donner plus de consistance et d'efficacité à la politique étrangère et de sécurité commune aux pays européens. aujourd'hui, ces idées rallient de plus en plus de gouvernements en Europe. Leur donner corps sera l'une des tâches prioritaires des prochaines années.
Mais je crois que l'Europe n'est forte, en définitive, que de ses propres valeurs. Elle est une oeuvre de l'esprit avant d'être une communauté marchande. En me rendant à Prague, je savais que je retrouverais ce que Emmanuel Kant appelait une nation européenne, c'est-à-dire une nation qui "admet une contrainte conforme à la loi par conséquent une restriction de la liberté au moyen de règles universellement valables". Je ne vous apprends rien : dès 1983, Milan Kundera le résumait lumineusement : "le mot Europe ne représente pas pour nous un phénomène géographique mais une notion spirituelle". Cette notion spirituelle habite de nouveau les murs de l'Université Charles. Elle a retrouvé le lieu où furent formés quelques uns de vos plus grands intellectuels, Jan Patocka, parlant de votre président-philosophe Masaryk, et de la fondation de la République tchécoslovaque, soulignait que "jamais auparavant, ni dans l'antiquité, ni au moyen-âge, ni aux temps modernes, il n'était arrivé qu'un penseur eut fondé un Etat". Patocka lui-même s'inscrivait dans la grande tradition européenne. Comme vous étudiant, mais à Paris en 1928-1929, il obtint une bourse d'études à la Sorbonne. C'est là qu'il découvrit la phénoménologie allemande, en suivant les conférences de Husserl sur Descartes. Il racontait qu'en 1935, passant ses vacances de Noël à Fribourg, chez son maître Husserl, il reçut de ce dernier un lutrin, que lui-même avait reçu à Leipzig, en 1878, de son maître et ami Thomas Masaryk. Cette continuité dans la diversité des échanges culturels et intellectuels : c'est la source toujours renouvelée de notre identité commune.
Or si l'invention de cette identité européenne est en marche, nous ne sommes qu'au début d'un processus : il doit être poursuivi sans relâche et toujours conforté. Si je suis parmi vous aujourd'hui, c'est parce que je crois par le dialogue, pouvoir y contribuer modestement je ne suis pas, hélas, un philosophe. "L'entretien avec les autres, écrit Patocka dans Platon et l'Europe est toujours un entretien de l'âme avec elle-même". Dans le pays d'Anton Dvorak et d'Alfons Mucha, de Vaclav Havel et de Milos Forman, dans cette ville magique de Prague et dans l'enceinte de cette prestigieuse Université Charles, qui célèbre cette année le 650ème anniversaire de sa fondation, je sens une fois de plus le prix de tous les trésors que vous nous offrez. Je sens combien votre contribution sera précieuse à l'affirmation de nos valeurs communes. Et je compte bien sur vous pour construire avec nous, le moment venu, cette Europe forte, une Europe qui sache tirer parti des chances que nous offre la mondialisation, mais une Europe qui sache aussi bien faire entendre sa voix.
III. Cette Europe qui vous attend a besoin de votre enthousiasme et de votre flamme, afin que vous nous rejoigniez dans les meilleures conditions.
Il faut en effet maintenant bien vous préparer à nous rejoindre.
L'Union européenne, de son côté, s'y attache très activement et c'est même désormais - depuis que la monnaie unique est sur les rails - son principal chantier.
La première priorité des Quinze est aujourd'hui d'adapter nos politiques communes, surtout la politique agricole et la politique régionale, et de les adapter précisément dans la perspective d'une plus grande Europe. C'est déjà en soi une opération difficile. En outre, une adaptation de cette importance va inévitablement modifier la répartition des charges financières entre les différents Etats membres. Nous devrons donc en même temps nous assurer que les réformes en cours conduisent à un équilibre de droits et d'obligations entre partenaires qui demeure parfaitement équitable. Le débat sur tous ces sujets sera sûrement très complexe et très intense. Mais la construction européenne est coutumière de ce genre de marathon. L'objectif, auquel je suis personnellement très attaché, est que nous puissions nous entendre à Quinze sur les éléments d'un compromis dès le printemps prochain, sous présidence allemande,
Il faudra ensuite que nous menions à bien rapidement la réforme de nos institutions. Nous ne pouvons progresser en Europe que si nous nous donnons les moyens d'agir collectivement de manière plus efficace. C'est pourquoi la France considère l'amélioration du fonctionnement des institutions communautaires comme une des priorités majeures. Il nous faut notamment une Commission européenne homogène et forte. Il nous faut un Conseil des ministres européen capable de prendre rapidement ses décisions, y compris dans les domaines jusqu'à maintenant considérés comme les plus délicats : la politique sociale, la fiscalité ou la politique étrangère. Il faut qu'en passant de 15 Etats membres actuellement à 20, 25, ou davantage, l'Union européenne conserve toute sa capacité d'agir. Il y va de l'intérêt de tous ses membres : les membres actuels comme les membres futurs.
De leur côté, les six pays candidats à l'adhésion et notamment la République tchèque, vont devoir mener rapidement à son terme l'adaptation de leurs systèmes juridiques et de leurs institutions. Nous savons d'expérience l'ampleur considérable qu'a prise la construction européenne depuis bientôt cinquante ans. L'effort d'adaptation demandé aux pays candidats constitue une tâche immense et multiforme. Elle exige une mobilisation de tous les instants et de toutes les forces vives de la société. L'Union européenne et ses Etats membres sont à votre disposition pour vous aider à la mener à bien. Ils y consacrent d'ores et déjà des moyens considérables aussi bien financiers qu'humains.
Mais rien ne se fera sans votre enthousiasme. Les sondages d'opinion suggérant qu'en République tchèque, la perspective de l'adhésion à l'Union européenne suscite encore beaucoup de doutes, d'interrogations, voire d'inquiétude. C'est pour cela que votre enthousiasme, celui des jeunes, est si précieux. Les changement d'habitude et les remises en cause qu'implique l'adhésion demandent souvent des sacrifices. Les peuples n'y consentent vraiment que s'ils comprennent bien et partagent pleinement l'objectif supérieur au nom duquel ces sacrifices sont demandés.
A cet égard, prenons bien la mesure de l'entreprise historique qui est devant nous. Lorsque le mur de Berlin est tombé, lorsque, quelques semaines plus tard la Révolution de velours s'est accomplie à Prague, une grande vague d'enthousiasme a soulevé l'Europe : l'Europe qui se libérait bien sûr, mais aussi l'Europe qui, ayant eu le bonheur d'échapper à l'asservissement, espérait elle aussi ces moments depuis si longtemps. Quelques années auparavant, la dissidence de vos intellectuels incita certains, chez nous, à célébrer le libéralisme, à en faire l'horizon indépassable, l'unique et ultime projet de l'Europe. Le président Havel, d'ailleurs élève de Patocka dans la clandestinité, l'écrivait dès 1984 : la plus grande faute que l'Europe occidentale pourrait commettre serait de ne pas voir que les régimes totalitaires sont le "miroir grossissant de la civilisation moderne dans son entier" et qu'ils l'invitent à une révision générale de la façon dont cette civilisation se conçoit". Cette révision générale de notre héritage commun, nous l'avons entreprise, en cherchant pour nos sociétés une voie qui ne soit pas celle de la société de marché. Et si, comme l'écrivait Jan Patocka, l'Europe est "ce qu'il y a de plus grand et profond au monde si nous avons la force nécessaire pour la renouveler", nous avons aussi besoin de votre force, à vous, jeunesse d'Europe, pour la renouveler.
La méthode pour y parvenir, nous la connaissons bien : c'est de traduire dans les faits, dans la vie quotidienne, cette unité retrouvée de notre continent. Cette tâche minutieuse est faite d'une multitude de décisions qui peuvent paraître relever du détail et qui prennent parfois une allure ingrate. Ne vous y trompez pas : la succession des décisions particulières n'est rien d'autre que le dessin pointilliste de l'immense mutation qui est entrain de prendre forme sur notre continent. Il n'est pas facile d'entretenir à longueur de temps la flamme de l'enthousiasme. Vous saurez le faire, comme tous ceux qui vous ont précédé l'ont su dans les heures sombres de votre Histoire. Participer à la vaste fresque européenne le mérite pleinement : venez vite nous aider à la compléter.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Toast lors du diner offert en son honneur par le Premier ministre Tchèque, M, Eduard Zeman le 18 novembre 1998.
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite tout d'abord vous remercier de votre accueil si amical et chaleureux, et vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous ce soir, dans cette magnifique ville de Prague, et dans votre pays, la République tchèque, qui nous rejoindra bientôt au sein de l'Alliance atlantique et, un peu plus tard, au sein de l'Union européenne.
Je suis également heureux de l'occasion que nous offre cette visite de donner un nouvel élan au dialogue franco-tchèque, dans le prolongement de la visite effectuée l'année dernière par le président de la République française. Pourquoi le cacher ? Nous ne nous sommes pas assez parlé pendant ces dernières années. Je crois qu'aujourd'hui nous ressentons, à Paris comme à Prague, la nécessité de changer cet état de chose et de mieux nous expliquer sur les questions essentielles qui touchent à nos relations bilatérales et à notre avenir commun de pays européens.
Ce dialogue plus étroit, plus nourri, que j'appelle de mes voeux est au demeurant pleinement justifié par la richesse des relations franco-tchèques. Ces relations sont, vous 1e savez, anciennes et profondes. Sans remonter jusqu'à Jean de Luxembourg et à Charles IV, notre pays a joué un rôle décisif dans la fondation de la République tchécoslovaque, dont nous avons récemment fêté le 80ème anniversaire. Nos relations sont aujourd'hui, - et je m'en félicite - en plein essor, que ce soit dans le domaine économique, dans celui de la coopération technique et scientifique, ou encore dans les domaines culturel et artistique.
Je prendrai pour exemple de ce dynamisme de nos relations le développement très encourageant des activités de nos entreprises en République tchèque. Les société françaises, dont je rencontrerai demain les responsables ainsi que leurs partenaires tchèques, ont pleinement confiance en votre pays. Elles se félicitent d'y travailler, elles savent qu'elles peuvent compter sur le haut niveau de qualification de la main d'oeuvre tchèque. La qualité de la base industrielle de votre pays est aussi la meilleure des pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne.
C'est pourquoi nos entreprises envisagent dans leur très grande majorité, une implantation durable et profonde en République tchèque, à l'image de leurs activités dans les pays déjà membres de l'Union européenne. Elles développent de façon soutenue leurs investissements dans votre pays. Elles y créent des emplois - déjà plus de trente mille - et contribuent de façon importante à vos exportations. Nous pourrions certes être encore plus présents, mais j'ai bon espoir que le dynamisme des entreprises françaises, ainsi que l'ouverture croissante de l'économie tchèque à la diversité de ses partenaires européens, nous permettront d'atteindre cet objectif rapidement.
Les échanges entre nos scientifiques, nos créateurs, nos étudiants, eux aussi sont toujours plus denses et diversifiés. Nos deux cultures, qui se sont déjà tant donné mutuellement au cours de l'histoire, poursuivent un dialogue précieux. De plus en plus de Tchèques apprennent le français et visitent notre pays. Ils y viennent parfois poursuivre des études ou un projet de recherche. De plus en plus de Français redécouvrent votre pays, sa richesse culturelle et son savoir faire scientifique et technique. Nos compatriotes viennent d'ailleurs de plus en plus nombreux s'installer en République tchèque. Ma rencontre avec la communauté française de Prague m'a permis de le constater tout à l'heure, au tout nouveau lycée français de cette ville.
Mais au-delà de ces retrouvailles entre deux peuples européens séparés malgré eux pendant quelques décennies, au-delà de la vigueur retrouvée de nos relations et de nos échanges, nous avons aujourd'hui un motif plus ambitieux encore pour nous rejoindre. C'est un véritable projet commun pour notre avenir : celui de la construction européenne, à laquelle la République tchèque sera bientôt pleinement associée.
Qu'il n'y ait, à cet égard, aucun doute, aucune ambiguïté sur l'engagement de la France en faveur de l'élargissement de l'Union européenne, et en particulier de l'adhésion de la République tchèque. La France souhaite que vous nous rejoigniez aussi rapidement que possible. Elle vous soutient pleinement dans les efforts que vous déployez en vue d'atteindre cet objectif. Elle est disponible pour coopérer davantage avec vous dans cette perspective. Votre pays a d'ailleurs déjà fait beaucoup pour reprendre ce que l'on appelle "l'acquis communautaire", et je tiens à saluer ce qu'il a accompli en peu d'années.
Certes, il y a encore du chemin à faire, encore du travail à accomplir. Vous le savez, l'adhésion à l'Union européenne implique de nombreuses réformes. Il faudra changer de nombreuses habitudes dans la plupart des domaines de la vie économique, administrative et sociale. Le travail de préparation à l'adhésion, que vous avez engagé, exige une forte mobilisation tant de la part des responsables politiques et des administrations que de la société et de la population dans leur ensemble. Mais j'ai la conviction que la République tchèque, avec la détermination de votre gouvernement, franchira cette étape, tout comme avant vous d'autres pays devenus membres de l'Union l'ont franchi.
C'est d'ailleurs en tant que futurs partenaires dans l'Union européenne que je souhaiterais, Monsieur le Premier ministre, que nous évoquions ensemble, à l'occasion de nos entretiens, notre avenir commun dans l'Europe unie. Nos deux gouvernements sont inspirés, comme le sont aujourd'hui la très grande majorité des gouvernements européens, par les mêmes idéaux. J'ai la conviction que nous avons, dans cette large convergence d'approche à l'échelle européenne, une occasion privilégiée de faire progresser ensemble l'Europe vers davantage de justice, davantage de tolérance, davantage d'humanité, tout en renforçant encore le dynamisme de son économie. J'ai également la conviction que nous pouvons, ensemble, construire une Europe qui sera mieux comprise qu'elle ne l'est aujourd'hui par ses citoyens et mieux soutenue par ceux-ci.
Enfin, il est de notre intérêt commun d'édifier une Europe qui soit mieux en mesure de défendre ses intérêts et de faire entendre sa voix dans le monde. Je vous propose également, Monsieur le Premier ministre, de débattre de ces questions, en particulier dans la perspective des décisions importantes que nous aurons à prendre l'année prochaine quant à l'évolution de l'Alliance atlantique. Les drames que connaît encore l'Europe, hier la Bosnie, aujourd'hui le Kossovo, exigent, au-delà de l'action politique immédiate, que nous examinions ensemble les moyens de renforcer la capacité des Européens à préserver la paix et la stabilité dans leur continent.
Je souhaite que la République tchèque prenne toute sa place dans la réflexion sur ces questions. Elle engage son avenir comme elle engage le nôtre. Je souhaite aussi que cette réflexion ne soit pas seulement l'affaire des experts et des responsables politiques : c'est l'affaire de toute la société, et le débat le plus large possible sur notre avenir commun dans l'Europe doit s'engager. C'est dans cet esprit que je compte m'adresser demain aux étudiants de votre prestigieuse université Charles, qui a bien voulu m'ouvrir ses portes.
C'est donc avec une grande ambition pour les relations franco-tchèques, une grande ambition, aussi, pour l'avenir de votre pays dans l'Europe, que j'aborde cette visite, ma première en tant que Premier ministre dans un pays candidat à l'Union européenne. Je me réjouis, Monsieur le Premier ministre, de pouvoir m'entretenir avec vous, ce soir et demain, et je lève mon verre à votre personne, à vous, Mesdames et Messieurs, à votre succès personnel et à celui de votre pays.
Vive l'amitié franco-tchèque !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Inauguration du lycée français le 18 novembre 1998.
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Proviseur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi un grand honneur et un privilège, alors que s'ouvre ma visite officielle en République tchèque, d'inaugurer les locaux et bâtiments du nouveau Lycée français de Prague.
Je vous félicite très vivement d'avoir oeuvré, tous ensemble, à la réalisation de ce beau projet. Il a fallu, je le sais, beaucoup de force de conviction et un sens aigu du travail en équipe, pour le mener à bonne fin.
La petite école de Prague a été ouverte dès 1959, dans des temps difficiles. Elle a grandi et est devenue un véritable lycée qui a besoin de nouvelles installations modernes et fonctionnelles. Grâce au talent des architectes, c'est chose faite !
Je souhaite remercier tout particulièrement le président et le bureau de l'Association des parents d'élèves qui ont participé très largement au financement du projet immobilier et qui n'ont ménagé, ni leur temps, ni leurs efforts, pour suivre ce projet jusqu'à son terme.
Je saisis également cette occasion pour remercier à travers vous, M. le Proviseur, les enseignants de cet établissement qui ont accompli un travail considérable, depuis tant d'années. En tant qu'ancien ministre de l'Education, je sais combien la tâche de service public qui leur incombe est lourde, et combien ils méritent notre respect.
Cet établissement est non seulement une réussite sur le plan de l'esthétique, de l'architecture, mais c'est d'abord et surtout, la réussite de la coopération franco-tchèque.
J'ai plaisir à remercier à ce propos M. Eduard Zéman, ministre de l'Education, d'honorer de sa présence cette inauguration, ainsi que son prédécesseur, M. Jan Sokol, qui a soutenu avec beaucoup de sympathie, le dossier du Lycée français.
Le Lycée de Prague est un magnifique instrument, non seulement pour la coopération bilatérale, mais aussi pour la France et son rayonnement dans ce pays, à travers une étroite collaboration entre l'ambassade et les autorités locales.
Permettez moi, enfin, de dire toute l'importance que j'attache à l'action de l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger, qui gère l'ensemble de nos établissements sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Elle permet à la jeune élite intellectuelle de par le monde, de recevoir un enseignement français, ainsi qu'une formation générale précieuse dans un esprit de tolérance et de liberté qui appartient lui aussi à notre patrimoine commun.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Allocution devant la communauté française le 18 novembre 1998.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Compatriotes,
Je souhaite tout d'abord vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous ce soir et de commencer ma visite en République tchèque par cette rencontre avec les Français établis dans ce pays. C'est aussi pour moi une satisfaction toute particulière - c'est un peu l'ancien ministre de l'Education nationale qui vous parle - que d'avoir inauguré il y a quelques instants ce magnifique nouveau Lycée français de Prague, qui fait honneur à notre pays et au rayonnement de sa culture. Je tiens à exprimer mes vives félicitations à tous ceux d'entre vous qui, par leur dévouement et leur action inlassable, ont rendu possible cette réalisation et je me réjouis que l'Etat vous ait apporté son concours.
Ce lycée est à bien des égards, je crois, le symbole du dynamisme de votre communauté, de sa jeunesse, de son esprit d'entreprise, et aussi de son sens de la solidarité. Vous n'êtes installés en République tchèque, dans votre très grande majorité, que depuis quelques années, et vous avez pourtant réussi en peu de temps à construire une communauté unie dans sa diversité, active et capable de se mobiliser pour mener à bien des projets ambitieux comme ce lycée. Vos associations - comme par exemple l'accueil francophone de Prague sont également vivantes et efficaces Elles témoignent d'un souci d'entraide qui vous fait honneur.
Mais votre succès ne se limite pas au dynamisme de votre communauté. Il peut également s'observer ailleurs, dans la renaissance de la présence de la France en République tchèque, renaissance qui est manifeste. Nos deux pays, qui avaient dû pendant plusieurs décennies, s'en tenir, par la force des choses, à des relations atrophiées, sont en train de renouer entre eux des liens étroits, vivants et diversifiés, tant dans les domaines économique et commercial que dans ceux de la science ou de la culture. Ce renouveau de nos relations ne pourrait se produire si vous n'étiez pas ici, à Prague et dans le reste de ce pays, pour implanter nos entreprises, promouvoir notre culture ou notre art de vivre, ou encore pour enseigner notre langue et transmettre notre savoir faire technique et scientifique. Je tiens à vous rendre hommage pour cette contribution si essentielle que vous apportez à la réussite de la France en République tchèque. Cette réussite est largement la vôtre. (On me dit que le nombre des naissances dans votre communauté est particulièrement élevé. L'avenir de la présence française dans ce pays est donc assuré !)
Pour ma part, je vous le confirme : vous pourrez compter sur le soutien et l'aide du gouvernement français. Vous, comme vos compatriotes expatriés dans d'autres pays, faites beaucoup pour la collectivité nationale. Celle-ci doit à son tour veiller à répondre du mieux qu'elle le peut à vos préoccupations. J'y attache une grande importance. C'est pourquoi l'Etat a consenti, j'y ai fait allusion tout à l'heure, un effort financier considérable pour la réalisation de ce lycée. I1 a pris en compte la moitié du coût de ce projet, soit environ 20 millions de francs. C'est également pourquoi, en outre, les ressources financières consacrées aux bourses d'études ont été, à ma demande, fortement augmentées pour cette année. Chaque enfant de Français expatrié doit être en mesure, en République tchèque comme dans les autres pays, de poursuivre une scolarité en français dans les meilleures conditions possibles. Et c'est pourquoi aussi, nous continuons d'étudier activement la meilleure manière de donner à ce lycée et à ses personnels, un statut juridique stable et satisfaisant pour tous.
Chers compatriotes, vous le savez, la France et la République tchèque sont appelées, dans un futur proche, à être non plus seulement deux pays européens amis, mais aussi, deux partenaires qui auront réuni leur destin avec d'autres nations dans une entreprise commune, celle de la construction européenne. En tant que Français, vous savez bien comment l'appartenance à l'Union européenne a profondément transformé notre économie, notre société. Vous savez combien elle a apporté à notre pays, qui est aujourd'hui plus fort, plus stable et plus prospère grâce à l'Europe. Vous pouvez donc imaginer quels changements représentera, pour la République tchèque, sa prochaine adhésion à notre Union, et aussi quels atouts celle-ci représentera pour le renforcement des liens entre les deux pays. Demain, nous partagerons les mêmes législations, les hommes et les richesses pourront librement circuler entre la France, la République tchèque et le reste de l'Union.
Demain. aussi, nous prendrons ensemble, avec les autres membres de l'Union européenne, les décisions majeures qui définiront la société dans laquelle nous vivrons. Il nous appartiendra de faire de l'Europe, un espace encore plus démocratique, une économie encore plus stable et robuste, une force encore plus capable de préserver la paix et la stabilité et d'aider les autres peuples à accéder à la prospérité. Il nous appartiendra aussi de répondre aux principales menaces auxquelles nous sommes confrontés, comme les dégradations de l'environnement ou la criminalité organisée. L'Europe de demain sera faite de tous ces défis et de tous ces espoirs, et du travail que nous, Français et Tchèques, mènerons en commun avec les autres peuples européens.
Je forme le voeu que nous puissions le plus rapidement possible accueillir la République tchèque dans notre Union, afin qu'elle prenne toute sa part dans la construction de notre avenir commun. Ce pays a au renouer en un temps très bref avec la démocratie tout en délivrant son économie des entraves imposées par le régime précédent. Il saura rapidement, j'en ai la conviction, mener à bien les adaptions nécessaires à son adhésion, malgré l'ampleur du travail qui reste à accomplir.
Comme vous, qui avez en quelque sorte misé sur ce pays, le gouvernement français croit en l'avenir de la République tchèque, et a de grandes ambitions pour l'avenir des relations franco-tchèques. J'ai la certitude que ces ambitions pourront être réalisées, avec notre détermination commune, et votre concours.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)
Petit déjeuner avec les hommes d'affaires le 19 novembre 1998.
Je suis heureux de m'exprimer devant les représentants du monde économique tchèque et français. Les entreprises de nos deux pays se connaissent déjà bien Elles n'ont pas attendu les prochaines échéances européennes pour tisser des relations économiques et commerciales, d'ores et déjà de qualité, mais qui, j'en suis convaincu, connaîtront un nouvel élan avec l'élargissement de l'Union européenne aux pays de l'Europe centrale.
Permettez-moi de dresser tout d'abord l'état des lieux de nos relations économiques bilatérales : cet état des lieux est encourageant.
Les échanges commerciaux franco-tchèques sont en plein essor, ils ont triplé en valeur depuis 1993 et représentent 11 MdsF. J'observe qu'un rééquilibrage en faveur de la République tchèque est en cours. Les statistiques françaises indiquent une progression quatre fois plus élevée des exportations tchèques vers la France en 1997 (+ 36 %) que celle des ventes françaises vers la République tchèque. Cet essor des exportations tchèques témoigne de l'effort de modernisation de l'industrie accompli depuis la Révolution de velours.
En termes d'investissement, environ 250 filiales d'entreprises françaises sont implantées dans le pays, représentant 7 % des investissements étrangers. Davantage que ce chiffre, voisin de celui observé dans les autres pays de la région, c'est la dynamique renouvelée des investissements français qui me parait devoir être soulignée.
Depuis un an en effet, les investissements français se succèdent dans votre pays à un rythme soutenu. Je citerai pour mémoire les investissements en cours de Carrefour, Schneider, du groupe textile Chargeurs ou les prises de participation récente de Générale de chauffe, Pernod-Ricard ou Saint-Gobain.
Ces nouveaux investissements interviennent à un moment où la République tchèque est confrontée à un ralentissement économique, après plusieurs années de forte croissance. Cela prouve que la stratégie d'implantation des chefs d'entreprises français s'inscrit dans la durée et le partenariat à long terme. Au-delà du ralentissement conjoncturel, la France fait le pari du retour à la croissance en République tchèque. Elle fonde sa coopération industrielle et commerciale sur les nombreux atouts de votre pays ; une position stratégique, à mi-chemin entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, une main d'oeuvre talentueuse et qualifiée, le deuxième pouvoir d'achat par habitant en Europe centrale et orientale (après la Slovénie). La France a pleinement confiance en la République tchèque.
Ces atouts sont renforcés par la décision récente des autorités tchèques de proposer aux investisseurs étrangers un ensemble d'incitations économiques et financières pour s'implanter, ainsi que le Premier ministre, M. Zeman, l'a rappelé récemment.
Malgré cette présence robuste de nos entreprises en République tchèque, beaucoup reste à faire.
D'une part, les investissements français restent trop souvent le fait des groupes français de taille mondiale. Les PME françaises sont encore trop peu présentes dans ce pays alors que nos deux capitales sont à peine distantes de 1090 km. A n'en pas douter, un effort d'information doit être accompli dans ce sens, les entreprises moyennes des deux pays doivent apprendre à mieux se connaître et à coopérer davantage. La présence, à mes cotés, de Mme Lebranchu, Secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat traduit la priorité qu'y accorde mon gouvernement.
D'autre part, si la présence française est forte dans certains secteurs comme l'agro-alimentaire, la construction travaux publics et les services aux collectivités, elle demeure faible ou pourrait être. renforcée dans de nombreux autres secteurs porteurs dans ce pays comme l'équipement automobile, l'environnement, la rénovation des logements, la grande distribution, l'assurance. Toutefois, les projets de privatisations de services publics comme la distribution de l'électricité et du gaz sont de nature à renforcer la présence économique française.
Aujourd'hui, le processus d'adhésion à l'Union européenne constitue une opportunité à saisir par nos deux pays.
Comme vous le savez, la Conférence interministérielle de Bruxelles du 31 mars 1998 a marqué le lancement officiel des négociations d'adhésion de cinq pays d'Europe centrale et orientale, dont la République tchèque, à l'Union européenne. Il y a une semaine, le 10 novembre, les négociations d'adhésion ont commencé.
Cette année est donc essentielle pour la République tchèque. Après la transition de ce pays vers l'économie de marché accomplie au cours de la première moitié de la décennie, c'est aujourd'hui le début d'une seconde étape, tout aussi importante, celle de la future intégration à l'Union européenne.
Ce processus d'adhésion, pleinement soutenu par la France, comme l'a rappelé le président de la République à Prague l'an dernier, crée une double opportunités pour les entreprises de nos deux pays :
- Pour les entreprises françaises, la reprise de l'acquis communautaire par votre pays signifie que le droit applicable aux affaires va se rapprocher de plus en plus de celui que nous connaissons et pratiquons déjà. Par ailleurs, l'intégration communautaire va entraîner une mise à niveau accélérée des infrastructures, en partie financée par des programmes structurels de préadhésion de l'Union européenne. Des opportunités de nouveaux marchés en naîtront.
- Pour les entreprises tchèques, travailler avec un partenaire français, c'est la certitude de coopérer avec des entreprises innovantes et qui ont accompli depuis quinze ans un effort intense de compétitivité et de productivité, C'est aussi accéder à des réseaux mondiaux de distribution, et donc accroître vos exportations.
A, mon sens, l'intensification des relations politiques de la France avec un futur pays membre de l'Union européenne comme la République tchèque doit s'accompagner d'un renforcement de nos relations économiques bilatérales. Je souhaite aussi qu'en tant que futurs partenaires communautaires, nous puissions défendre des positions communes allant dans le sens d'une Europe plus forte sur le plan économique et monétaire mais aussi social.
Je suis optimiste sur ce plan. Le renouveau actuel de l'investissement français en République tchèque montre que, lorsqu'elles s'en donnent les moyens, les entreprises de nos deux pays peuvent produire, innover, exporter, en un mot prospérer ensemble. C'est sur cette note que je souhaiterais engager cette discussion avec vous.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2001)