Texte intégral
Aujourd'hui, 17 octobre 2000, Journée Mondiale du Refus de la Misère, organisée à l'initiative d'ATD Quart-Monde.
Si, pour la première fois, je ne suis pas avec vous sur ce parvis des Droits de l'Homme à Paris, c'est parce qu'à l'heure où ce message vous est diffusé, je préside, à Luxembourg, le Conseil Européen des ministres de l'Emploi et des Affaires Sociales où nous abordons aujourd'hui la lutte contre les exclusions en Europe.
Je puis maintenant vous annoncer qu'ensemble, à l'unanimité, les ministres des quinze pays de l'Union européenne, ont décidé ce matin de faire de cette lutte contre les exclusions un objectif européen. Celle-ci devient une nouvelle dimension de la construction sociale européenne.
Je me réjouis qu'aujourd'hui, la Présidence française de l'Union européenne ait obtenu l'approbation, par le Conseil, d'objectifs communs de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, sur la base d'une démarche qui tient compte du caractère multidimensionnel de l'exclusion: accès à l'emploi, à la protection sociale, mais aussi accès de tous aux services sociaux fondamentaux, à l'éducation, à la formation, à la santé, au logement, à la justice et à la culture
L'accent est mis sur l'accès aux droits, la prévention des risques d'exclusion et la mobilisation de tous les acteurs. Chaque pays devra réaliser un plan national d'action partant d'un diagnostic affichant des objectifs et des moyens précis qui seront évalués au niveau européen.
En France, deux ans se sont écoulés depuis l'adoption de la loi de lutte contre les exclusions, cette loi que nous avons faite avec vous, les associations. C'est votre loi : sans vous elle n'aurait pas existé. Nous l'avons bâtie autour de trois principes et d'une méthode : garantir l'accès aux droits fondamentaux ; prévenir les exclusions et répondre efficacement aux situations d'urgence, mieux agir ensemble contre les exclusions.
Je voudrais dire simplement à tous ceux qui sont réunis autour de cette dalle du Trocadéro que si notre pays est aujourd'hui plus riche, nous sommes loin d'avoir éradiqué la misère. Nous savons qu'au moment où le chômage reflue comme jamais depuis trente ans, la situation est encore plus difficile pour ceux qui restent sur le bord de la route. Aussi nous devons garder la même énergie et la même détermination pour continuer à faire reculer l'exclusion.
Nous avons fait en sorte que cette loi de lutte contre les exclusions existe, puis nous l'avons mise en uvre, ce qui a mobilisé beaucoup d'entre nous.
Le premier bilan, établi après deux ans d'action, doit nous encourager à agir toujours plus étroitement.
L'Etat, pour sa part, a tenu ses engagements financiers et les a même dépassés.
Le programme a été complété par d'autres réformes importantes: le relèvement des minima sociaux ; la couverture maladie universelle.
La réduction du chômage y compris de longue durée et de très longue durée, la baisse du nombre d'allocataires du RMI sont des signes tangibles d'un recul de l'exclusion.
Avec cet engagement, nous avons permis que la lutte contre les exclusions devienne un objectif désormais intégré dans toutes les politiques et doté de budgets pérennes.
Nous avons essayé de progresser dans la prise en compte de la dignité des personnes. C'est par exemple l'objet au niveau départemental, la mise en place des commissions de l'action sociale d'urgence. La parole des personnes les plus exclues doit aussi être cet objectif majeur : elles ont des messages à faire passer, elles doivent être entendues.
La dignité, c'est aussi la possibilité d'obtenir un emploi.
Nous avons accompagné vers l'emploi, dans le cadre d'un parcours individualisé, des personnes cassées par la crise qui en étaient durablement éloignées, avec le programme "nouveau départ" et, pour les jeunes, le programme TRACE, mais aussi en créant des emplois de solidarité dans les associations, les collectivités locales et les établissements publics en élargissant le contrat de qualification aux adultes, et en développant l'insertion par l'activité économique. Pour favoriser le retour à l'emploi nous avons ouvert la possibilité de cumuler un minimum social avec un revenu d'activité.
L'ensemble de nos concitoyens bénéficie désormais d'un accès aux soins de santé. La mise en uvre de la couverture maladie universelle permet à tous de se faire soigner sans se heurter à une contrainte financière. J'ai déjà dit que c'est la réforme dont je suis la plus fière, parce qu'il était inacceptable que dans notre pays des gens souffrent ou meurent faute de soins. A ce jour 4,7 millions de personnes bénéficient de la CMU et l'objectif de 6 millions peut être atteint.
Nous avons cherché à permettre l'accès de tous à tous les droits : le droit à des moyens de vie décents, le droit à l'éducation, à la culture, aux loisirs et aux sports, le droit à une vie familiale, le droit à la citoyenneté, le droit aux vacances
Nous avons encore à faire avancer des droits : celui du logement, celui de l'accès au compte bancaire. L'Etat a mobilisé des moyens nouveaux pour les impayés d'eau, d'énergie et de téléphone, tout ce qui permet d'assurer à nos concitoyens des conditions de vie décentes.
Mais nous devons aussi mieux informer les personnes les plus démunies sur leurs droits et cela aussi nous concerne tous.
Si des progrès sont certains, des améliorations restent possibles. La mobilisation de tous est essentielle pour ceux qui, menacés par l'exclusion ou déjà en situation de profonde détresse, attendent des pouvoirs publics, des associations mais aussi de l'engagement de chacun d'entre nous que nous agissions ensemble quotidiennement pour faire reculer l'exclusion. C'est pourquoi j'ai signé, l'an passé déjà, ici même, " l'appel aux citoyens pour le respect de l'égale dignité de tous ", lancé par le mouvement ATD Quart Monde.
Chacun peut et se doit d'agir là où il est pour faire reculer l'exclusion.
Maintenant que beaucoup de Français vont mieux, qu'ils ont plus de temps pour vivre, ils doivent faire preuve de solidarité et de fraternité pour écouter et accompagner ceux qui sont les plus démunis.
Plus que jamais nous devons construire ensemble une place pour tous.
(source http://www.travail.gouv.fr, le 19 octobre 2000)
Si, pour la première fois, je ne suis pas avec vous sur ce parvis des Droits de l'Homme à Paris, c'est parce qu'à l'heure où ce message vous est diffusé, je préside, à Luxembourg, le Conseil Européen des ministres de l'Emploi et des Affaires Sociales où nous abordons aujourd'hui la lutte contre les exclusions en Europe.
Je puis maintenant vous annoncer qu'ensemble, à l'unanimité, les ministres des quinze pays de l'Union européenne, ont décidé ce matin de faire de cette lutte contre les exclusions un objectif européen. Celle-ci devient une nouvelle dimension de la construction sociale européenne.
Je me réjouis qu'aujourd'hui, la Présidence française de l'Union européenne ait obtenu l'approbation, par le Conseil, d'objectifs communs de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, sur la base d'une démarche qui tient compte du caractère multidimensionnel de l'exclusion: accès à l'emploi, à la protection sociale, mais aussi accès de tous aux services sociaux fondamentaux, à l'éducation, à la formation, à la santé, au logement, à la justice et à la culture
L'accent est mis sur l'accès aux droits, la prévention des risques d'exclusion et la mobilisation de tous les acteurs. Chaque pays devra réaliser un plan national d'action partant d'un diagnostic affichant des objectifs et des moyens précis qui seront évalués au niveau européen.
En France, deux ans se sont écoulés depuis l'adoption de la loi de lutte contre les exclusions, cette loi que nous avons faite avec vous, les associations. C'est votre loi : sans vous elle n'aurait pas existé. Nous l'avons bâtie autour de trois principes et d'une méthode : garantir l'accès aux droits fondamentaux ; prévenir les exclusions et répondre efficacement aux situations d'urgence, mieux agir ensemble contre les exclusions.
Je voudrais dire simplement à tous ceux qui sont réunis autour de cette dalle du Trocadéro que si notre pays est aujourd'hui plus riche, nous sommes loin d'avoir éradiqué la misère. Nous savons qu'au moment où le chômage reflue comme jamais depuis trente ans, la situation est encore plus difficile pour ceux qui restent sur le bord de la route. Aussi nous devons garder la même énergie et la même détermination pour continuer à faire reculer l'exclusion.
Nous avons fait en sorte que cette loi de lutte contre les exclusions existe, puis nous l'avons mise en uvre, ce qui a mobilisé beaucoup d'entre nous.
Le premier bilan, établi après deux ans d'action, doit nous encourager à agir toujours plus étroitement.
L'Etat, pour sa part, a tenu ses engagements financiers et les a même dépassés.
Le programme a été complété par d'autres réformes importantes: le relèvement des minima sociaux ; la couverture maladie universelle.
La réduction du chômage y compris de longue durée et de très longue durée, la baisse du nombre d'allocataires du RMI sont des signes tangibles d'un recul de l'exclusion.
Avec cet engagement, nous avons permis que la lutte contre les exclusions devienne un objectif désormais intégré dans toutes les politiques et doté de budgets pérennes.
Nous avons essayé de progresser dans la prise en compte de la dignité des personnes. C'est par exemple l'objet au niveau départemental, la mise en place des commissions de l'action sociale d'urgence. La parole des personnes les plus exclues doit aussi être cet objectif majeur : elles ont des messages à faire passer, elles doivent être entendues.
La dignité, c'est aussi la possibilité d'obtenir un emploi.
Nous avons accompagné vers l'emploi, dans le cadre d'un parcours individualisé, des personnes cassées par la crise qui en étaient durablement éloignées, avec le programme "nouveau départ" et, pour les jeunes, le programme TRACE, mais aussi en créant des emplois de solidarité dans les associations, les collectivités locales et les établissements publics en élargissant le contrat de qualification aux adultes, et en développant l'insertion par l'activité économique. Pour favoriser le retour à l'emploi nous avons ouvert la possibilité de cumuler un minimum social avec un revenu d'activité.
L'ensemble de nos concitoyens bénéficie désormais d'un accès aux soins de santé. La mise en uvre de la couverture maladie universelle permet à tous de se faire soigner sans se heurter à une contrainte financière. J'ai déjà dit que c'est la réforme dont je suis la plus fière, parce qu'il était inacceptable que dans notre pays des gens souffrent ou meurent faute de soins. A ce jour 4,7 millions de personnes bénéficient de la CMU et l'objectif de 6 millions peut être atteint.
Nous avons cherché à permettre l'accès de tous à tous les droits : le droit à des moyens de vie décents, le droit à l'éducation, à la culture, aux loisirs et aux sports, le droit à une vie familiale, le droit à la citoyenneté, le droit aux vacances
Nous avons encore à faire avancer des droits : celui du logement, celui de l'accès au compte bancaire. L'Etat a mobilisé des moyens nouveaux pour les impayés d'eau, d'énergie et de téléphone, tout ce qui permet d'assurer à nos concitoyens des conditions de vie décentes.
Mais nous devons aussi mieux informer les personnes les plus démunies sur leurs droits et cela aussi nous concerne tous.
Si des progrès sont certains, des améliorations restent possibles. La mobilisation de tous est essentielle pour ceux qui, menacés par l'exclusion ou déjà en situation de profonde détresse, attendent des pouvoirs publics, des associations mais aussi de l'engagement de chacun d'entre nous que nous agissions ensemble quotidiennement pour faire reculer l'exclusion. C'est pourquoi j'ai signé, l'an passé déjà, ici même, " l'appel aux citoyens pour le respect de l'égale dignité de tous ", lancé par le mouvement ATD Quart Monde.
Chacun peut et se doit d'agir là où il est pour faire reculer l'exclusion.
Maintenant que beaucoup de Français vont mieux, qu'ils ont plus de temps pour vivre, ils doivent faire preuve de solidarité et de fraternité pour écouter et accompagner ceux qui sont les plus démunis.
Plus que jamais nous devons construire ensemble une place pour tous.
(source http://www.travail.gouv.fr, le 19 octobre 2000)