Texte intégral
Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'Enseignement professionnel, explique les mesures prises pour revaloriser la filière.
Comment expliquez-vous la pénurie de main-d'oeuvre dans le bâtiment ?
Jean-Luc Mélenchon. Deux raisons à cela. Il y a d'abord la baisse démographique des élèves du secondaire qui touche en priorité l'enseignement professionnel et la filière technologique : ils ont perdu 25 000 jeunes ces deux dernières années, sur un effectif de 700 000 élèves. Nous sommes aussi confrontés à un problème de lisibilité de ces filières. Beaucoup de familles les considèrent toujours comme des voies bouchées par opposition à la voie royale de l'enseignement général. Ma tâche est actuellement de vérifier que chaque CAP mène à un BEP et surtout à un bac professionnel.
Quelle réforme allez-vous mettre en place ?
Tous les établissements professionnels et technologiques vont être classés d'après la nomenclature des métiers. Par exemple, on va débaptiser le CAP matériaux souples car personne ne sait ce que c'est. Il deviendra CAP métiers de la mode. Cela permettra aux jeunes d'identifier plus facilement les formations porteuses. Ensuite, nous allons opérer des regroupements géographiques pour que l'élève puisse suivre l'ensemble de sa formation, du CAP au diplôme d'ingénieur, dans le même lycée. Les entreprises reprochent souvent à l'Education nationale de mal préparer les élèves à leur futur métier Qu'on arrête de nous dire que les diplômes ne sont pas adaptés : les contenus des enseignements qui mènent aux 650 diplômes professionnels ont été revus au cours des cinq dernières années. Or ils sont élaborés avec les représentants des métiers, patronaux et syndicaux. Le vrai problème, c'est surtout celui des patrons : ils sont incapables de nous dire un an avant chaque rentrée quelles formations et de combien de jeunes ils auront besoin.
Comment augmenter les effectifs de l'enseignement professionnel en période de reprise économique et d'offre forte sur le marché du travail ?
Il y a un problème d'" évaporation ". En période d'explosion de l'activité (+ 44 % dans l'automobile, + 25 % dans la production industrielle, + 21 % dans la construction navale), les jeunes qui pourraient continuer leurs études se laissent tenter par l'embauche immédiate. Alors que nous avons besoin de quatre fois plus de personnel hautement qualifié, il manque 130 000 jeunes dans le bâtiment, 40 000 dans la mécanique, 30 000 dans l'électronique, etc. Une mesure sera mise en route dès cette année dans les académies de Lille, de Toulouse, d'Orléans-Tours, et d'Aix-Marseille : les élèves de 15 ans auront un entretien d'orientation sur un plan de carrière. Tous, y compris les filles, pour lesquelles les portes de la plupart des métiers sont ouvertes.
Propos recueillis par Carole Guechi et Jean Darriulat.
(source http://www.education.gouv.fr, le 11 octobre 2000)
Comment expliquez-vous la pénurie de main-d'oeuvre dans le bâtiment ?
Jean-Luc Mélenchon. Deux raisons à cela. Il y a d'abord la baisse démographique des élèves du secondaire qui touche en priorité l'enseignement professionnel et la filière technologique : ils ont perdu 25 000 jeunes ces deux dernières années, sur un effectif de 700 000 élèves. Nous sommes aussi confrontés à un problème de lisibilité de ces filières. Beaucoup de familles les considèrent toujours comme des voies bouchées par opposition à la voie royale de l'enseignement général. Ma tâche est actuellement de vérifier que chaque CAP mène à un BEP et surtout à un bac professionnel.
Quelle réforme allez-vous mettre en place ?
Tous les établissements professionnels et technologiques vont être classés d'après la nomenclature des métiers. Par exemple, on va débaptiser le CAP matériaux souples car personne ne sait ce que c'est. Il deviendra CAP métiers de la mode. Cela permettra aux jeunes d'identifier plus facilement les formations porteuses. Ensuite, nous allons opérer des regroupements géographiques pour que l'élève puisse suivre l'ensemble de sa formation, du CAP au diplôme d'ingénieur, dans le même lycée. Les entreprises reprochent souvent à l'Education nationale de mal préparer les élèves à leur futur métier Qu'on arrête de nous dire que les diplômes ne sont pas adaptés : les contenus des enseignements qui mènent aux 650 diplômes professionnels ont été revus au cours des cinq dernières années. Or ils sont élaborés avec les représentants des métiers, patronaux et syndicaux. Le vrai problème, c'est surtout celui des patrons : ils sont incapables de nous dire un an avant chaque rentrée quelles formations et de combien de jeunes ils auront besoin.
Comment augmenter les effectifs de l'enseignement professionnel en période de reprise économique et d'offre forte sur le marché du travail ?
Il y a un problème d'" évaporation ". En période d'explosion de l'activité (+ 44 % dans l'automobile, + 25 % dans la production industrielle, + 21 % dans la construction navale), les jeunes qui pourraient continuer leurs études se laissent tenter par l'embauche immédiate. Alors que nous avons besoin de quatre fois plus de personnel hautement qualifié, il manque 130 000 jeunes dans le bâtiment, 40 000 dans la mécanique, 30 000 dans l'électronique, etc. Une mesure sera mise en route dès cette année dans les académies de Lille, de Toulouse, d'Orléans-Tours, et d'Aix-Marseille : les élèves de 15 ans auront un entretien d'orientation sur un plan de carrière. Tous, y compris les filles, pour lesquelles les portes de la plupart des métiers sont ouvertes.
Propos recueillis par Carole Guechi et Jean Darriulat.
(source http://www.education.gouv.fr, le 11 octobre 2000)