Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi, Monsieur le Premier ministre, de saluer votre présence ces jours-ci à Paris. Répondant à mon invitation, pour cette Commission franco-russe des Premiers ministres, vous avez choisi de réserver à la France votre première visite officielle à l'étranger, marquant ainsi l'importance que vous accordez, comme je le fais moi-même, à notre relation bilatérale. Je vous en remercie, au nom du gouvernement, comme au nom des nombreux chefs d'entreprises présents, dont je sais qu'ils ont plaisir à engager le dialogue avec vous.
Nous partageons une conviction commune : de par leur histoire et leur vision des relations internationales, la Russie et la France ont beaucoup à apporter à la construction d'un monde multipolaire. Elles peuvent le faire ensemble : j'ai été frappé à nouveau par notre forte convergence de vues sur nombre de sujets internationaux.
De même, nous avons relevé, ce matin, les complémentarités de nos économies, notamment dans leurs secteurs d'excellence, comme l'application civile des technologies nucléaires, les projets aéronautiques et spatiaux, l'exploitation des hydrocarbures ou le développement des capacités agricoles et agro-alimentaires.
Nos méthodes de travail à l'échelon gouvernemental sont à présent établies et ont prouvé leur efficacité. Le gouvernement français souhaite bien entendu que les travaux des différents groupes s'intensifient dans l'intervalle des sessions de la Commission des Premiers ministres, comme vous l'avez d'ailleurs souhaité ce matin. En tant que chefs de gouvernement, il nous revient de donner l'impulsion en ce sens.
Nous avons aussi élargi le cadre de ce dialogue, en y associant les représentants des milieux d'affaires de nos deux pays, et commencé à examiner avec eux les moyens concrets d'approfondir ce partenariat économique et industriel et de surmonter les obstacles techniques ou administratifs qu'il peut rencontrer.
Les échanges commerciaux entre la Russie et la France se développent. Les exportations françaises vers la Russie ont crû de plus de 44 % l'année dernière. La part de marché des produits français en Russie s'améliore. De même, la Russie confirme de jour en jour sa place de fournisseur privilégié de la France, contribuant notamment à son approvisionnement en matières premières énergétiques. Je souhaite que les exportations russes vers la France continuent de se développer et de se diversifier, notamment vers davantage de produits manufacturés, accompagnant ainsi le redressement de votre industrie.
Au-delà des échanges de marchandises, les investissements directs traduisent l'engagement à long terme des entrepreneurs français dans l'économie russe. A ce titre, la France se situe en quatrième position en Russie. Mais les volumes concernés restent trop faibles au regard de notre capacité d'investissement dans le monde. Je ne doute pas que l'adoption par la Russie d'un code fiscal apportant plus de rationalité économique, de simplicité et de clarté conduise à un nouvel élan des investissements étrangers, et notamment français, en Russie.
Nos relations économiques seront d'ailleurs marquées, en octobre 1998, par une grande exposition française à Moscou dans le secteur des biens de consommation. Cette opération permettra à de nouvelles entreprises - je pense notamment aux petites et moyennes entreprises - de prendre conscience du potentiel fort que représente le marché russe.
Le nouvel élan que nous souhaitons donner à notre partenariat passe aussi par une association étroite des acteurs politiques et économiques des différentes régions et républiques de Russie. J'ai eu l'occasion, à Moscou, l'année dernière, mais aussi lors de ma récente rencontre à Paris avec M. Stroev, président du Conseil de la Fédération de Russie, qu'accompagnaient de nombreux responsables politiques régionaux, de prendre pleinement conscience de la nécessité pour nos entreprises d'être plus présentes dans les régions russes, notamment pour répondre directement à l'aspiration des entreprises locales à nouer des relations directes avec des partenaires étrangers.
Monsieur le Premier ministre,
La Russie, nous le savons, doit faire face aux conséquences de la crise asiatique et à la baisse des prix des hydrocarbures. Ce contexte international renforce encore la nécessité d'une gestion rigoureuse des réformes en Russie. Je sais votre résolution - et celle du président Eltsine - en ce sens.
Le gouvernement français partage le constat sans complaisance que vous avez dressé au moment ou vous preniez vos nouvelles fonctions. Il soutiendra votre détermination à mettre en oeuvre une politique économique orientée vers le retour à un équilibre permettant la croissance d'une économie qui devra concilier liberté des acteurs économiques et solidarité envers les plus démunis.
La France continuera d'accompagner la transition de la Russie vers l'économie de marché, en l'aidant à mobiliser le soutien des institutions financières multilatérales - FMI, Banque mondiale, BERD.
Le succès des réformes économiques en Russie dépend aussi de sa capacité à s'intégrer pleinement à son environnement européen et mondial, nous en avons parlé. Des progrès ont été accomplis, ils doivent être approfondis. L'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce constitue un premier objectif, pour lequel votre gouvernement, Monsieur le Premier ministre, sait pouvoir compter sur le soutien entier de la France. Les engagements qu'a souscrits votre pays dans la libéralisation de ses échanges extérieurs sont significatifs et je n'ignore pas les contraintes qu'il représentent pour la Russie. Il est pourtant essentiel de poursuivre dans cette voie : l'offre tarifaire que vient de remettre la Russie à Genève constitue un premier pas déterminant, qui doit être complété, notamment dans le domaine des services.
Au cours de sa dernière session à Moscou, notre Commission avait pris acte de la volonté de la Russie de se voir reconnaître le statut d'économie de marché. Depuis lors, la France, dans le cadre de l'Union européenne, s'est attachée à rechercher une solution concrète et positive, décidée fin avril dans le cadre de la modification du règlement anti-dumping communautaire. La France s'attachera à ce que ces règlements, notamment ceux qui concernent les pratiques commerciales déloyales, constituent un cadre juridique sûr et détaillé, reposant sur des critères objectifs et clairs, appliqués sans discrimination et selon des procédures transparentes. Je sais que vous le souhaitez.
Le rapprochement de la Russie et de l'Union européenne, de très loin son premier partenaire économique, reste notre objectif commun. Ratifié depuis la dernière session de notre Commission, l'accord de partenariat et de coopération est entré en vigueur le 1er décembre 1997. Il occupe une place toute particulière au sein de la politique commerciale européenne, en donnant immédiatement à la Russie des avantages commerciaux dans la plupart des secteurs. L'accès des entreprises russes au marché communautaire, déjà très largement ouvert, comme en témoigne votre excédent commercial important avec l'Union, en sera encore facilité. J'ajoute que la mise en oeuvre de notre monnaie unique, l'euro, contribuera efficacement à la stabilité et à la simplification du cadre monétaire des échanges entre la Russie et l'Union.
Enfin, il faut le noter, nos relations s'enrichissent d'un partenariat privilégié et prometteur entre la Russie, la France et l'Allemagne, qui ouvre des perspectives économiques trilatérales dans des secteurs tels que l'aéronautique, l'espace et l'énergie.
Monsieur le Premier ministre,
Vous portez la responsabilité considérable de conduire, dans une conjoncture financière tendue et un contexte international difficile, la politique économique d'une puissance dont la participation au G8 traduit l'influence dans le monde, et à laquelle la France est liée par une ancienne et profonde amitié.
Mon gouvernement et les milieux économiques et financiers de la France, dont les représentants vous entourent aujourd'hui, vous adressent leurs encouragements chaleureux. Nous tenons aussi à vous exprimer la confiance que nous inspirent vos ambitions et votre engagement au service du progrès de la Russie.
Je lève mon verre, Monsieur le Premier ministre, à votre bonheur personnel, au succès de votre action et à la prospérité du peuple russe, notre ami./.
(Source http://www.doc.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2001)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi, Monsieur le Premier ministre, de saluer votre présence ces jours-ci à Paris. Répondant à mon invitation, pour cette Commission franco-russe des Premiers ministres, vous avez choisi de réserver à la France votre première visite officielle à l'étranger, marquant ainsi l'importance que vous accordez, comme je le fais moi-même, à notre relation bilatérale. Je vous en remercie, au nom du gouvernement, comme au nom des nombreux chefs d'entreprises présents, dont je sais qu'ils ont plaisir à engager le dialogue avec vous.
Nous partageons une conviction commune : de par leur histoire et leur vision des relations internationales, la Russie et la France ont beaucoup à apporter à la construction d'un monde multipolaire. Elles peuvent le faire ensemble : j'ai été frappé à nouveau par notre forte convergence de vues sur nombre de sujets internationaux.
De même, nous avons relevé, ce matin, les complémentarités de nos économies, notamment dans leurs secteurs d'excellence, comme l'application civile des technologies nucléaires, les projets aéronautiques et spatiaux, l'exploitation des hydrocarbures ou le développement des capacités agricoles et agro-alimentaires.
Nos méthodes de travail à l'échelon gouvernemental sont à présent établies et ont prouvé leur efficacité. Le gouvernement français souhaite bien entendu que les travaux des différents groupes s'intensifient dans l'intervalle des sessions de la Commission des Premiers ministres, comme vous l'avez d'ailleurs souhaité ce matin. En tant que chefs de gouvernement, il nous revient de donner l'impulsion en ce sens.
Nous avons aussi élargi le cadre de ce dialogue, en y associant les représentants des milieux d'affaires de nos deux pays, et commencé à examiner avec eux les moyens concrets d'approfondir ce partenariat économique et industriel et de surmonter les obstacles techniques ou administratifs qu'il peut rencontrer.
Les échanges commerciaux entre la Russie et la France se développent. Les exportations françaises vers la Russie ont crû de plus de 44 % l'année dernière. La part de marché des produits français en Russie s'améliore. De même, la Russie confirme de jour en jour sa place de fournisseur privilégié de la France, contribuant notamment à son approvisionnement en matières premières énergétiques. Je souhaite que les exportations russes vers la France continuent de se développer et de se diversifier, notamment vers davantage de produits manufacturés, accompagnant ainsi le redressement de votre industrie.
Au-delà des échanges de marchandises, les investissements directs traduisent l'engagement à long terme des entrepreneurs français dans l'économie russe. A ce titre, la France se situe en quatrième position en Russie. Mais les volumes concernés restent trop faibles au regard de notre capacité d'investissement dans le monde. Je ne doute pas que l'adoption par la Russie d'un code fiscal apportant plus de rationalité économique, de simplicité et de clarté conduise à un nouvel élan des investissements étrangers, et notamment français, en Russie.
Nos relations économiques seront d'ailleurs marquées, en octobre 1998, par une grande exposition française à Moscou dans le secteur des biens de consommation. Cette opération permettra à de nouvelles entreprises - je pense notamment aux petites et moyennes entreprises - de prendre conscience du potentiel fort que représente le marché russe.
Le nouvel élan que nous souhaitons donner à notre partenariat passe aussi par une association étroite des acteurs politiques et économiques des différentes régions et républiques de Russie. J'ai eu l'occasion, à Moscou, l'année dernière, mais aussi lors de ma récente rencontre à Paris avec M. Stroev, président du Conseil de la Fédération de Russie, qu'accompagnaient de nombreux responsables politiques régionaux, de prendre pleinement conscience de la nécessité pour nos entreprises d'être plus présentes dans les régions russes, notamment pour répondre directement à l'aspiration des entreprises locales à nouer des relations directes avec des partenaires étrangers.
Monsieur le Premier ministre,
La Russie, nous le savons, doit faire face aux conséquences de la crise asiatique et à la baisse des prix des hydrocarbures. Ce contexte international renforce encore la nécessité d'une gestion rigoureuse des réformes en Russie. Je sais votre résolution - et celle du président Eltsine - en ce sens.
Le gouvernement français partage le constat sans complaisance que vous avez dressé au moment ou vous preniez vos nouvelles fonctions. Il soutiendra votre détermination à mettre en oeuvre une politique économique orientée vers le retour à un équilibre permettant la croissance d'une économie qui devra concilier liberté des acteurs économiques et solidarité envers les plus démunis.
La France continuera d'accompagner la transition de la Russie vers l'économie de marché, en l'aidant à mobiliser le soutien des institutions financières multilatérales - FMI, Banque mondiale, BERD.
Le succès des réformes économiques en Russie dépend aussi de sa capacité à s'intégrer pleinement à son environnement européen et mondial, nous en avons parlé. Des progrès ont été accomplis, ils doivent être approfondis. L'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce constitue un premier objectif, pour lequel votre gouvernement, Monsieur le Premier ministre, sait pouvoir compter sur le soutien entier de la France. Les engagements qu'a souscrits votre pays dans la libéralisation de ses échanges extérieurs sont significatifs et je n'ignore pas les contraintes qu'il représentent pour la Russie. Il est pourtant essentiel de poursuivre dans cette voie : l'offre tarifaire que vient de remettre la Russie à Genève constitue un premier pas déterminant, qui doit être complété, notamment dans le domaine des services.
Au cours de sa dernière session à Moscou, notre Commission avait pris acte de la volonté de la Russie de se voir reconnaître le statut d'économie de marché. Depuis lors, la France, dans le cadre de l'Union européenne, s'est attachée à rechercher une solution concrète et positive, décidée fin avril dans le cadre de la modification du règlement anti-dumping communautaire. La France s'attachera à ce que ces règlements, notamment ceux qui concernent les pratiques commerciales déloyales, constituent un cadre juridique sûr et détaillé, reposant sur des critères objectifs et clairs, appliqués sans discrimination et selon des procédures transparentes. Je sais que vous le souhaitez.
Le rapprochement de la Russie et de l'Union européenne, de très loin son premier partenaire économique, reste notre objectif commun. Ratifié depuis la dernière session de notre Commission, l'accord de partenariat et de coopération est entré en vigueur le 1er décembre 1997. Il occupe une place toute particulière au sein de la politique commerciale européenne, en donnant immédiatement à la Russie des avantages commerciaux dans la plupart des secteurs. L'accès des entreprises russes au marché communautaire, déjà très largement ouvert, comme en témoigne votre excédent commercial important avec l'Union, en sera encore facilité. J'ajoute que la mise en oeuvre de notre monnaie unique, l'euro, contribuera efficacement à la stabilité et à la simplification du cadre monétaire des échanges entre la Russie et l'Union.
Enfin, il faut le noter, nos relations s'enrichissent d'un partenariat privilégié et prometteur entre la Russie, la France et l'Allemagne, qui ouvre des perspectives économiques trilatérales dans des secteurs tels que l'aéronautique, l'espace et l'énergie.
Monsieur le Premier ministre,
Vous portez la responsabilité considérable de conduire, dans une conjoncture financière tendue et un contexte international difficile, la politique économique d'une puissance dont la participation au G8 traduit l'influence dans le monde, et à laquelle la France est liée par une ancienne et profonde amitié.
Mon gouvernement et les milieux économiques et financiers de la France, dont les représentants vous entourent aujourd'hui, vous adressent leurs encouragements chaleureux. Nous tenons aussi à vous exprimer la confiance que nous inspirent vos ambitions et votre engagement au service du progrès de la Russie.
Je lève mon verre, Monsieur le Premier ministre, à votre bonheur personnel, au succès de votre action et à la prospérité du peuple russe, notre ami./.
(Source http://www.doc.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2001)