Texte intégral
Pörstchach à mon avis marque un tournant et peut-être un élan nouveau car il y a plusieurs déblocages.
C'est le déblocage allemand sur les questions de politique économique, croissance, emploi, monnaie - sujets que les responsables allemands antérieurs ne voulaient pas aborder alors que nous le souhaitions. C'est un premier déblocage qui ouvre évidemment la voie. On en reparlera.
Le deuxième déblocage, c'est le déblocage britannique à propos de la réflexion sur la défense européenne. Je ne veux pas trop m'engager. Je ne sais pas exactement la forme que cela peut prendre. Nous réagissons à partir de l'intéressant exposé qui a été fait par Tony Blair. En soi c'est un déblocage parce que le simple fait que les Britanniques pensent qu'il est important de discuter de ces questions au sein de l'Union européenne, est un tournant. Vous savez à quel point la France a tenté de faire évoluer les choses à travers les textes à modifier, et puis en pratique, autour de l'UEO, à travers des gestions de crises. Cela doit faire bientôt une vingtaine d'années que la France n'a cessé de suggérer d'avancer dans ce sens. Le deuxième déblocage, celui de la Grande-Bretagne sur ce point, est également prometteur.
La troisième chose c'est que, en matière d'élargissement, l'approche française qui consiste à traiter ce sujet, non pas par l'incantation mais de façon sérieuse, est maintenant majoritaire. Pas plus qu'avant il ne s'agit d'être pour ou contre les élargissements, c'est une évidence, il s'agit de les réussir et donc de les traiter sérieusement.
Le dernier point, mais cela tout le monde l'a vu, tout le monde l'a relevé, c'est le consensus sur un certain nombre d'orientations générales des politiques. Même quand cela ne porte pas exactement sur les domaines que nous avons à traiter au sein de l'Union européenne, les domaines de négociations, il est évident que cela crée un environnement nouveau donc on peut espérer que Pörtschach a été un nouveau départ aussi bien en ce qui concerne ce que l'Union européenne entend faire par rapport à ses membres et ses citoyens que par rapport à ses partenaires extérieurs et au reste du monde.
Pour concrétiser cet élan, il faut transformer cette ambiance sympathique et consensuelle née à Pörtschach en une organisation pratique et un calendrier précis : comprenez bien que la France ne peut que s'y reconnaître et en être heureuse. Voilà le climat dans lequel nous travaillons. Sur un certain nombre de points, on embraye tout de suite sur l'amélioration des modes de fonctionnement, - vous vous rappelez le travail qui avait été fait par le CAG à Salzbourg, qui a été appliqué depuis. Il y a là une série de mesures pratiques concrètes comme une meilleure organisation des travaux. Il faut maintenant que nous fassions des propositions pour le regroupement de certains conseils. Vous connaissez bien ces aspects. Nous allons poursuivre le travail sous cette présidence puis évidemment sous la suivante, très renforcé et fortifié par les échanges de ce week end. Il faut réinscrire chacune de ces démarches de ce dynamisme nouveau, il faut le réinscrire dans chacune des procédures existantes pour avoir de bons résultats.
Q - Est-ce que vous avez l'impression que le souffle de Pörtschach a déjà effleuré les discussions sur l'Agenda 2000 ?
R - Sur l'Agenda 2000, il n'y a pas eu d'éléments très nouveaux à Pörtschach. Q - Il y a la détermination affichée par Schroeder d'arriver en mars ...
R - Mars est une date qui a été fixée avant Pörtschach. Donc ce n'est pas le point le plus nouveau, disons. Le fait est que tout le monde veut aboutir, - heureusement que l'on veut aboutir, il faudra bien aboutir là-dessus, mais sur ce point là il n'y a pas de changement de la donne. Tout le monde sait que nous avons ce problème devant nous : sur l'agenda de l'Union européenne, il n'y a pas le choix de s'en occuper ou de ne pas s'en occuper. Là dessus il n'y a pas à être déçu du fait que ce matin il y ait simplement eu un point et un tour de table sur les ressources propres. C'est normal, il ne pouvait pas en être autrement. Il ne s'est rien dit hier qui révolutionne la manière dont le sujet se présente, sauf qu'il y a une confirmation politique utile d'obtenir un résultat aussi tôt que possible.
Q - Mais on disait que c'était le résultat le plus important de Pörtschach, cette volonté allemande de conclure ?
R - On a toujours dit Pierre Moscovici et moi que c'est extraordinairement compliqué. Vous savez comme tous les spécialistes à quel point le sujet de l'Agenda 2000 est compliqué. Durant la longue période où les choses étaient incertaines en Allemagne, il est clair que l'on ne pouvait pas parler à leur place. On ne pouvait pas exprimer d'intentions à leur place. On a toujours pensé qu'il fallait régler cela dès que possible, parce que c'est empoisonnant, cela pèse un peu sur tout le travail au sein de l'Union européenne. On a mis en garde ceux qui croyaient que c'était facile, sur la difficulté objective de l'exercice. En même temps on a toujours dit qu'il fallait le prendre à bras le corps.
Le président de la République et moi-même avons parlé pendant l'été de la relance nécessaire de la relation franco-allemande. Qu'avons-nous dit ? On a dit que la relance se marquerait par le fait de prendre à bras le corps les problèmes qui sont devant nous sans aller chercher des relances sur des sujets périphériques ou plus marginaux. C'est clair : on a ce problème devant nous, on veut trouver une solution le plus tôt possible, personne ne peut décréter à l'avance à quel moment on aura trouvé une solution, ce qu'il faut c'est avoir la volonté de l'aborder de front. Nous le demandions avant même les élections allemandes. Reportez-vous à ce que le président de la République a dit et à ce que j'ai dit moi-même à la Conférence des ambassadeurs, c'était la priorité numéro 1 si on voulait montrer que la volonté franco-allemande de traiter ensemble et efficacement était là. Ce sujet était le noeud des choses. C'est donc une excellente chose que l'Allemagne aborde ainsi sa présidence.
Mais aujourd'hui, vingt-quatre heures après, si on prend les conclusions d'hier, où sont les éléments qui changent le travail qui doit être fait dans le CAG sur l'Agenda 2000 ? Vous n'avez pas de raisons d'en tirer je ne sais quelles conclusions déçues. Je ne vois pas sur quoi elles seraient fondées. La discussion est toujours là ; le sujet financier est toujours là ; le sujet PAC est toujours là ; la question des réformes structurelles est toujours là. Il y a simplement une confirmation politique qui tombe bien du fait que nous voulons régler ces problèmes, les problèmes institutionnels avant le prochain élargissement ; de même que sur l'élargissement tout le monde veut traiter sérieusement le sujet maintenant. C'est un bon contexte.
Q - Est-ce que cela veut dire que commencer par les chapitres les moins complexes maintenant n'est pas sérieux ?
R - Non pas du tout. La vraie décision là-dessus a été prise en mars : c'est celle d'ouvrir les négociations. Après ce sont des étapes intermédiaires. Quand je dis qu'il faut traiter la question de l'élargissement sérieusement, on voit bien ce que je veux dire : il y a eu une période rhétorique sur le sujet, parfois un peu démagogique, et maintenant nous sommes dans une période de négociations sérieuses. Traiter l'élargissement sérieusement, cela veut dire qu'il faut traiter à l'avance tous les problèmes qui pourraient en découler, pour les pays candidats et pour l'Union européenne. On ne peut faire l'impasse sur rien. C'est ainsi que cela marchera. Qu'il y ait une bonne démarche pour les pays candidats et l'Union européenne en sortira fortifiée, au lieu d'en être affaiblie. C'est notre raisonnement de toujours. Il se crée un contexte qui est très prometteur de notre point de vue, en raison des déblocages dont j'ai parlé, de nos deux principaux partenaires sur deux sujets différents.
Q - Je n'ai pas très bien compris votre quatrième point, vous avez dit il y a un consensus sur des orientations générales. Pouvez-vous développer ?
R - Je faisais allusion au fait qu'il y a, - beaucoup d'articles l'ont relevé, en matière de politique économique, maintenant une grande majorité de gouvernements qui avaient une même approche en Europe. C'est plus politique qu'autre chose.
Q - Peut-on entamer une négociation avec Chypre sur la PESC ? Cela pose-t-il un problème pour la France ?
R - J'ai un point de vue général sur Chypre, mais pas de vues spécifiquement sur ce point.
Q - Connaissez-vous votre collègue allemand ? R - Non je le vois mercredi.
Q - Une réaction à l'annonce par M. Eltsine qu'il ne viendra pas demain à la réunion avec l'Union européenne ?
R - Il devait venir à Vienne ... Je n'ai pas de réaction.
Q - Et sur la réunion des ministres européens de la Défense à Vienne, cela peut-il s'articuler avec la relance du débat sur la défense européenne et les propositions Blair ?
R - L'avenir nous l'apprendra. Ceci dit il y a deux choses différentes. Il y a cette initiative autrichienne qui a été lancée et puis l'expression par Tony Blair d'une disponibilité nouvelle. Encore une fois je ne parle pas de relance, je ne sais pas encore. Je voudrais que ce soit une relance, je l'espère beaucoup, nous y travaillons bien sûr, mais je parle de déblocage. Il s'agit d'un domaine de discussions ou d'actions qui était verrouillé par le comportement antérieur de certains gouvernements. Dans la mesure où ils arrêtent de verrouiller, cela crée un espace, une possibilité. C'est quelque chose qui potentiellement peut être profitable pour ceux qui travaillent depuis longtemps - comme c'est notre cas -, pour une Europe de la défense, une Europe sociale, une politique économique différente. C'est une opportunité. Mais la relance elle reste à construire. Pour le moment, encore une fois on en est au déblocage.
Alors cette idée de ministres de la Défense, c'est une réunion d'abord informelle - vous le savez. C'est une idée de la présidence autrichienne, elle a été lancée avant que Tony Blair fasse sa déclaration. C'est vrai que dans ce nouveau contexte, cela peut nous donner un sens nouveau, ne serait-ce que l'idée simple que dans l'Union européenne aucun sujet n'est interdit. Ce qui a été dit à Pörtschach peut s'appliquer à des réunions de ministres. On voit bien en pratique que quand on parle de politique étrangère, quand on parle PESC, on passe insensiblement de la politique étrangère à la sécurité et de la sécurité à la défense. On voit bien que cela forme un tout, que chaque fois que nous avons malheureusement une crise à traiter, on a besoin de rassembler entre les mains l'ensemble des fils. Donc le contexte nouveau donne un sens plus clair à cette réunion.
Q - Est-ce que ce contexte nouveau peut relancer notre propre débat par rapport à l'OTAN, à la réintégration de la France, au rééquilibrage de la relation France-OTAN ?
R - Je ne ferai pas de lien direct parce que là c'est ce qui avait été dit avant le changement de gouvernement. Le président Chirac avait exprimé une certaine disponibilité pour que la France vienne prendre sa place, toute sa place, dans une OTAN réformée et transformée, et ce n'est pas ce qu'il a constaté. Il a bien été obligé de constater que la rénovation de l'OTAN n'en était pas une. Il a constaté qu'il ne pouvait pas aller plus loin. Ce n'est pas le gouvernement britannique qui a bloqué cela.
Maintenant que le gouvernement britannique exprime une disponibilité qui n'existait pas auparavant à parler défense et sécurité avec ses partenaires de l'Union européenne, c'est une ouverture prometteuse du côté européen mais cela ne change pas la donne en ce qui concerne l'OTAN. Cela changerait s'il y avait des éléments nouveaux sur la réforme de l'OTAN. Cela se discute ailleurs, entre alliés au sein de l'OTAN, dans la perspective de la préparation du Sommet de Washington. Ce qui est important c'est de savoir si l'évolution de l'OTAN permettra de donner une place réelle à l'identité européenne en matière de sécurité et de défense.
Q - Mais spécifiquement à l'Alliance atlantique, est-ce que les déclarations de Blair peuvent faire évoluer les choses ?
R - Oui elles peuvent faire évoluer les choses, mais pas du jour au lendemain, et de façon indirecte. Si cela augmente le nombre des pays qui ont un rôle significatif en matière de défense en Europe et qui considèrent qu'il est logique que les pays d'Europe en parlent entre eux et puissent prendre s'il le faut des dispositions entre eux dans le cadre général de l'Alliance atlantique et en ayant mis en évidence une cohérence européenne, y compris dans des cas où les Etats-Unis n'auraient pas l'intention ou la possibilité de s'occuper de telle ou telle chose ; si cela augmente le nombre de pays qui raisonnent comme cela, et bien de fil en aiguille, cela va réveiller l'ensemble du débat. Mais cela ne change pas la donne du jour au lendemain.
Q - Sur le Kossovo quel est le sentiment à la veille de l'ultimatum ?
R - Le ton dominant c'est d'abord que nous sommes en train de travailler intensément sur la mise en place de la mission de vérification de l'OSCE. Il y a un travail interne dont je vous passe les détails parce que l'on est nombreux à s'en occuper. Nous avons travaillé en particulier avec nos partenaires britanniques, avec les Américains, avec M. Geremek, le président de l'OSCE, pour s'assurer de la mise à disposition d'un contingent significatif et pour travailler sur la sécurité de cette mission de vérification qui est un point important et prend du temps à régler. Le volet otanien de contrôle aérien avance et se met en place dans de bonnes conditions.
Ensuite il y a le volet exigences de retrait sur lequel nous aurons à délibérer demain. Nous sommes en train d'évaluer la situation exacte. Il est clair qu'il y a eu beaucoup de changements, beaucoup de retraits. Il est clair aussi que l'on ne peut pas considérer que la résolution précédente (1199) est entièrement appliquée. C'est tout l'objet de la discussion qui aura lieu demain après midi au sein du Conseil atlantique. On décidera ce que nous faisons avec les dispositions qui ont été prises par l'OTAN il y a douze jours. On décidera demain soir ce que l'on fait avec l'accord.
Ce qui est clair, c'est que nous maintiendrons la pression. Sous quelle forme exacte, nous le déciderons demain soir. Nous maintiendrons la pression parce que nous sommes encore loin du compte.
Q - Sur l'UCK aussi bien que M. Milosevic ?
R - Sur l'UCK cela a été rappelé par plusieurs déclarations récentes, par le Groupe de contact. C'est dans les termes de la résolution 1203, votée cette nuit. Nous rappelons à chaque occasion que les autorités de Belgrade, comme les autorités de Pristina, comme les autres responsables à un titre ou à un autre des Albanais du Kossovo, doivent se conformer aux dispositions de cette résolution. Tout cela, la vérification, le contrôle aérien, les retraits, ce que nous sommes en train de bâtir pour sécuriser la mission de vérification, - tout cela sont des moyens d'aboutir au résultat. Le résultat c'est une solution politique, par la négociation. Cela nous ramène à la négociation qui doit être entamée entre les Serbes et les Albanais du Kossovo pour trouver une solution politique négociée.
On doit toujours rappeler cela : ce ne sont que des instruments, une combinaison d'instruments de différentes sortes allant jusqu'à la menace, - ce qui n'est pas évident notamment avec la Russie pour obtenir une solution. Il faut rester, - on donne l'impression de se répéter, mais il faut que l'on se répète -, il faut rester unis, il faut rester mobilisés, déterminés, exigeants, vigilants. Il faut maintenir la pression sur tous les protagonistes, car on n'est pas au bout de nos peines.
Q - Sur la Birmanie, vous allez soutenir éventuellement les sanctions ?
R - On va en discuter maintenant ... Cela dépend de beaucoup d'éléments, il faut tenir compte des analyses politiques, et il y a beaucoup d'éléments. On mène aussi un dialogue politique avec les pays de l'ASEAN sur la façon la plus intelligente d'aborder le sujet.
Q - Après l'Accord de Wye Plantation, quel rôle voyez-vous pour l'Union européenne au Proche-Orient ?
R - Le rôle de l'Union européenne je dirai d'abord que ce n'est pas le sujet numéro 1. Le sujet numéro 1 c'était que le processus de paix soit relancé. Nous l'avons dit sur tous les tons. Je rappelle que, chronologiquement, nous avons déploré le blocage, et nous avons appelé les Etats-Unis à se réimpliquer dans le processus - il fallait rappeler à un moment aux Etats-Unis qui semblaient avoir oublié qu'ils étaient co-parrains du processus de paix. Ensuite lorsqu'ils se sont investis de nouveau dans cette affaire, nous avons salué le travail opiniâtre qui a été fait par Mme Albright. Nous avons félicité Mme Albright encore une fois ainsi que le président Clinton et le Roi Hussein pour leurs implications personnelles. Nous avons trouvé que Yasser Arafat et Benjamin Netanyahou avaient été courageux de signer parce que de part et d'autre ce n'était pas évident pour des raisons diverses. Cela dit, il faut avoir à l'esprit que l'application de l'accord va être compliquée. C'est un accord qui porte sur 13%, ce n'est pas une solution complète. Elle doit être suivie d'un début de discussion sur ce que l'on appelle le statut final, c'est-à-dire l'ensemble des sujets les plus difficiles restant à régler.
Nous pensons que le processus de paix aura besoin de l'Europe. D'abord, sur le plan financier, l'Union européenne apporte 60% de l'aide aux Palestiniens. C'est très important pour les Palestiniens naturellement mais aussi pour les Israéliens - c'est important pour eux et pour les Américains que les Palestiniens soient aidés à ce point - quand on voit que le contact entre les uns et les autres a été quasiment brisé, pour faire avancer les dossiers comme le port ou l'aéroport de Gaza. Il y a eu un travail européen obstiné depuis des mois et des mois pour ne pas dire des années que ce soit, au niveau des ministres, de la Commission ou par l'action de M. Moratinos. Je crois qu'alors que l'action européenne n'est pas sous le feu des projecteurs aujourd'hui, parce qu'elle n'est pas personnalisée de la même façon, ce serait équitable de ne pas l'oublier. Elle va continuer parce que les uns et les autres en ont besoin. Ce n'est pas tout à fait par hasard que M. Arafat a fait le crochet par Pörtschach. Je crois que même les deux autres partenaires, qui font moins spontanément une place à l'Europe, s'apercevront qu'elle doit être là en accompagnement du processus. En ce qui concerne la France en tout cas, il est clair que nous maintiendrons un contact bilatéral actif avec chacun des partenaires, chacun des pays de la région, intéressés à ce que la paix se consolide.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas un recul de l'Union européenne puisqu'elle n'est plus garante cette fois ci des accords ?
R - Je crois qu'il faut être réaliste. Il faut voir que sur ce sujet, l'Union européenne n'a jamais jusqu'ici joué un rôle majeur. On ne peut donc pas parler de recul. L'Union européenne ne joue pas le rôle que nous voudrions lui voir jouer. Mais nous pensons que c'est un rôle utile, c'est un rôle stabilisant, c'est un rôle équitable même si nous souhaiterions évidemment que ce rôle soit plus grand, mais on ne peut pas parler de recul. Si on regarde la situation au Proche-Orient depuis 20, 30, 40 ans, il est clair que nous n'avons pas de retard en terme de rôle. Je ne dis pas cela par esprit de paradoxe, nous avons là comme dans d'autres domaines un rôle à consolider.
Cela ne doit pas passer au premier plan, la première des choses c'est que le processus de paix devait être relancé. Cela montre aussi que quand les Etats-Unis décident de mettre le paquet, ils peuvent obtenir quand même certains résultats, parce qu'après tout, l'accord a été fait sur la base de propositions qui avaient été présentées par les Etats-Unis en février dernier. C'est un fait. Il faut souligner ce que cela a de positif, la pire des choses, dans cette situation du Proche-Orient actuel, aurait été la persistance d'un blocage et une absence d'espérance.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)
C'est le déblocage allemand sur les questions de politique économique, croissance, emploi, monnaie - sujets que les responsables allemands antérieurs ne voulaient pas aborder alors que nous le souhaitions. C'est un premier déblocage qui ouvre évidemment la voie. On en reparlera.
Le deuxième déblocage, c'est le déblocage britannique à propos de la réflexion sur la défense européenne. Je ne veux pas trop m'engager. Je ne sais pas exactement la forme que cela peut prendre. Nous réagissons à partir de l'intéressant exposé qui a été fait par Tony Blair. En soi c'est un déblocage parce que le simple fait que les Britanniques pensent qu'il est important de discuter de ces questions au sein de l'Union européenne, est un tournant. Vous savez à quel point la France a tenté de faire évoluer les choses à travers les textes à modifier, et puis en pratique, autour de l'UEO, à travers des gestions de crises. Cela doit faire bientôt une vingtaine d'années que la France n'a cessé de suggérer d'avancer dans ce sens. Le deuxième déblocage, celui de la Grande-Bretagne sur ce point, est également prometteur.
La troisième chose c'est que, en matière d'élargissement, l'approche française qui consiste à traiter ce sujet, non pas par l'incantation mais de façon sérieuse, est maintenant majoritaire. Pas plus qu'avant il ne s'agit d'être pour ou contre les élargissements, c'est une évidence, il s'agit de les réussir et donc de les traiter sérieusement.
Le dernier point, mais cela tout le monde l'a vu, tout le monde l'a relevé, c'est le consensus sur un certain nombre d'orientations générales des politiques. Même quand cela ne porte pas exactement sur les domaines que nous avons à traiter au sein de l'Union européenne, les domaines de négociations, il est évident que cela crée un environnement nouveau donc on peut espérer que Pörtschach a été un nouveau départ aussi bien en ce qui concerne ce que l'Union européenne entend faire par rapport à ses membres et ses citoyens que par rapport à ses partenaires extérieurs et au reste du monde.
Pour concrétiser cet élan, il faut transformer cette ambiance sympathique et consensuelle née à Pörtschach en une organisation pratique et un calendrier précis : comprenez bien que la France ne peut que s'y reconnaître et en être heureuse. Voilà le climat dans lequel nous travaillons. Sur un certain nombre de points, on embraye tout de suite sur l'amélioration des modes de fonctionnement, - vous vous rappelez le travail qui avait été fait par le CAG à Salzbourg, qui a été appliqué depuis. Il y a là une série de mesures pratiques concrètes comme une meilleure organisation des travaux. Il faut maintenant que nous fassions des propositions pour le regroupement de certains conseils. Vous connaissez bien ces aspects. Nous allons poursuivre le travail sous cette présidence puis évidemment sous la suivante, très renforcé et fortifié par les échanges de ce week end. Il faut réinscrire chacune de ces démarches de ce dynamisme nouveau, il faut le réinscrire dans chacune des procédures existantes pour avoir de bons résultats.
Q - Est-ce que vous avez l'impression que le souffle de Pörtschach a déjà effleuré les discussions sur l'Agenda 2000 ?
R - Sur l'Agenda 2000, il n'y a pas eu d'éléments très nouveaux à Pörtschach. Q - Il y a la détermination affichée par Schroeder d'arriver en mars ...
R - Mars est une date qui a été fixée avant Pörtschach. Donc ce n'est pas le point le plus nouveau, disons. Le fait est que tout le monde veut aboutir, - heureusement que l'on veut aboutir, il faudra bien aboutir là-dessus, mais sur ce point là il n'y a pas de changement de la donne. Tout le monde sait que nous avons ce problème devant nous : sur l'agenda de l'Union européenne, il n'y a pas le choix de s'en occuper ou de ne pas s'en occuper. Là dessus il n'y a pas à être déçu du fait que ce matin il y ait simplement eu un point et un tour de table sur les ressources propres. C'est normal, il ne pouvait pas en être autrement. Il ne s'est rien dit hier qui révolutionne la manière dont le sujet se présente, sauf qu'il y a une confirmation politique utile d'obtenir un résultat aussi tôt que possible.
Q - Mais on disait que c'était le résultat le plus important de Pörtschach, cette volonté allemande de conclure ?
R - On a toujours dit Pierre Moscovici et moi que c'est extraordinairement compliqué. Vous savez comme tous les spécialistes à quel point le sujet de l'Agenda 2000 est compliqué. Durant la longue période où les choses étaient incertaines en Allemagne, il est clair que l'on ne pouvait pas parler à leur place. On ne pouvait pas exprimer d'intentions à leur place. On a toujours pensé qu'il fallait régler cela dès que possible, parce que c'est empoisonnant, cela pèse un peu sur tout le travail au sein de l'Union européenne. On a mis en garde ceux qui croyaient que c'était facile, sur la difficulté objective de l'exercice. En même temps on a toujours dit qu'il fallait le prendre à bras le corps.
Le président de la République et moi-même avons parlé pendant l'été de la relance nécessaire de la relation franco-allemande. Qu'avons-nous dit ? On a dit que la relance se marquerait par le fait de prendre à bras le corps les problèmes qui sont devant nous sans aller chercher des relances sur des sujets périphériques ou plus marginaux. C'est clair : on a ce problème devant nous, on veut trouver une solution le plus tôt possible, personne ne peut décréter à l'avance à quel moment on aura trouvé une solution, ce qu'il faut c'est avoir la volonté de l'aborder de front. Nous le demandions avant même les élections allemandes. Reportez-vous à ce que le président de la République a dit et à ce que j'ai dit moi-même à la Conférence des ambassadeurs, c'était la priorité numéro 1 si on voulait montrer que la volonté franco-allemande de traiter ensemble et efficacement était là. Ce sujet était le noeud des choses. C'est donc une excellente chose que l'Allemagne aborde ainsi sa présidence.
Mais aujourd'hui, vingt-quatre heures après, si on prend les conclusions d'hier, où sont les éléments qui changent le travail qui doit être fait dans le CAG sur l'Agenda 2000 ? Vous n'avez pas de raisons d'en tirer je ne sais quelles conclusions déçues. Je ne vois pas sur quoi elles seraient fondées. La discussion est toujours là ; le sujet financier est toujours là ; le sujet PAC est toujours là ; la question des réformes structurelles est toujours là. Il y a simplement une confirmation politique qui tombe bien du fait que nous voulons régler ces problèmes, les problèmes institutionnels avant le prochain élargissement ; de même que sur l'élargissement tout le monde veut traiter sérieusement le sujet maintenant. C'est un bon contexte.
Q - Est-ce que cela veut dire que commencer par les chapitres les moins complexes maintenant n'est pas sérieux ?
R - Non pas du tout. La vraie décision là-dessus a été prise en mars : c'est celle d'ouvrir les négociations. Après ce sont des étapes intermédiaires. Quand je dis qu'il faut traiter la question de l'élargissement sérieusement, on voit bien ce que je veux dire : il y a eu une période rhétorique sur le sujet, parfois un peu démagogique, et maintenant nous sommes dans une période de négociations sérieuses. Traiter l'élargissement sérieusement, cela veut dire qu'il faut traiter à l'avance tous les problèmes qui pourraient en découler, pour les pays candidats et pour l'Union européenne. On ne peut faire l'impasse sur rien. C'est ainsi que cela marchera. Qu'il y ait une bonne démarche pour les pays candidats et l'Union européenne en sortira fortifiée, au lieu d'en être affaiblie. C'est notre raisonnement de toujours. Il se crée un contexte qui est très prometteur de notre point de vue, en raison des déblocages dont j'ai parlé, de nos deux principaux partenaires sur deux sujets différents.
Q - Je n'ai pas très bien compris votre quatrième point, vous avez dit il y a un consensus sur des orientations générales. Pouvez-vous développer ?
R - Je faisais allusion au fait qu'il y a, - beaucoup d'articles l'ont relevé, en matière de politique économique, maintenant une grande majorité de gouvernements qui avaient une même approche en Europe. C'est plus politique qu'autre chose.
Q - Peut-on entamer une négociation avec Chypre sur la PESC ? Cela pose-t-il un problème pour la France ?
R - J'ai un point de vue général sur Chypre, mais pas de vues spécifiquement sur ce point.
Q - Connaissez-vous votre collègue allemand ? R - Non je le vois mercredi.
Q - Une réaction à l'annonce par M. Eltsine qu'il ne viendra pas demain à la réunion avec l'Union européenne ?
R - Il devait venir à Vienne ... Je n'ai pas de réaction.
Q - Et sur la réunion des ministres européens de la Défense à Vienne, cela peut-il s'articuler avec la relance du débat sur la défense européenne et les propositions Blair ?
R - L'avenir nous l'apprendra. Ceci dit il y a deux choses différentes. Il y a cette initiative autrichienne qui a été lancée et puis l'expression par Tony Blair d'une disponibilité nouvelle. Encore une fois je ne parle pas de relance, je ne sais pas encore. Je voudrais que ce soit une relance, je l'espère beaucoup, nous y travaillons bien sûr, mais je parle de déblocage. Il s'agit d'un domaine de discussions ou d'actions qui était verrouillé par le comportement antérieur de certains gouvernements. Dans la mesure où ils arrêtent de verrouiller, cela crée un espace, une possibilité. C'est quelque chose qui potentiellement peut être profitable pour ceux qui travaillent depuis longtemps - comme c'est notre cas -, pour une Europe de la défense, une Europe sociale, une politique économique différente. C'est une opportunité. Mais la relance elle reste à construire. Pour le moment, encore une fois on en est au déblocage.
Alors cette idée de ministres de la Défense, c'est une réunion d'abord informelle - vous le savez. C'est une idée de la présidence autrichienne, elle a été lancée avant que Tony Blair fasse sa déclaration. C'est vrai que dans ce nouveau contexte, cela peut nous donner un sens nouveau, ne serait-ce que l'idée simple que dans l'Union européenne aucun sujet n'est interdit. Ce qui a été dit à Pörtschach peut s'appliquer à des réunions de ministres. On voit bien en pratique que quand on parle de politique étrangère, quand on parle PESC, on passe insensiblement de la politique étrangère à la sécurité et de la sécurité à la défense. On voit bien que cela forme un tout, que chaque fois que nous avons malheureusement une crise à traiter, on a besoin de rassembler entre les mains l'ensemble des fils. Donc le contexte nouveau donne un sens plus clair à cette réunion.
Q - Est-ce que ce contexte nouveau peut relancer notre propre débat par rapport à l'OTAN, à la réintégration de la France, au rééquilibrage de la relation France-OTAN ?
R - Je ne ferai pas de lien direct parce que là c'est ce qui avait été dit avant le changement de gouvernement. Le président Chirac avait exprimé une certaine disponibilité pour que la France vienne prendre sa place, toute sa place, dans une OTAN réformée et transformée, et ce n'est pas ce qu'il a constaté. Il a bien été obligé de constater que la rénovation de l'OTAN n'en était pas une. Il a constaté qu'il ne pouvait pas aller plus loin. Ce n'est pas le gouvernement britannique qui a bloqué cela.
Maintenant que le gouvernement britannique exprime une disponibilité qui n'existait pas auparavant à parler défense et sécurité avec ses partenaires de l'Union européenne, c'est une ouverture prometteuse du côté européen mais cela ne change pas la donne en ce qui concerne l'OTAN. Cela changerait s'il y avait des éléments nouveaux sur la réforme de l'OTAN. Cela se discute ailleurs, entre alliés au sein de l'OTAN, dans la perspective de la préparation du Sommet de Washington. Ce qui est important c'est de savoir si l'évolution de l'OTAN permettra de donner une place réelle à l'identité européenne en matière de sécurité et de défense.
Q - Mais spécifiquement à l'Alliance atlantique, est-ce que les déclarations de Blair peuvent faire évoluer les choses ?
R - Oui elles peuvent faire évoluer les choses, mais pas du jour au lendemain, et de façon indirecte. Si cela augmente le nombre des pays qui ont un rôle significatif en matière de défense en Europe et qui considèrent qu'il est logique que les pays d'Europe en parlent entre eux et puissent prendre s'il le faut des dispositions entre eux dans le cadre général de l'Alliance atlantique et en ayant mis en évidence une cohérence européenne, y compris dans des cas où les Etats-Unis n'auraient pas l'intention ou la possibilité de s'occuper de telle ou telle chose ; si cela augmente le nombre de pays qui raisonnent comme cela, et bien de fil en aiguille, cela va réveiller l'ensemble du débat. Mais cela ne change pas la donne du jour au lendemain.
Q - Sur le Kossovo quel est le sentiment à la veille de l'ultimatum ?
R - Le ton dominant c'est d'abord que nous sommes en train de travailler intensément sur la mise en place de la mission de vérification de l'OSCE. Il y a un travail interne dont je vous passe les détails parce que l'on est nombreux à s'en occuper. Nous avons travaillé en particulier avec nos partenaires britanniques, avec les Américains, avec M. Geremek, le président de l'OSCE, pour s'assurer de la mise à disposition d'un contingent significatif et pour travailler sur la sécurité de cette mission de vérification qui est un point important et prend du temps à régler. Le volet otanien de contrôle aérien avance et se met en place dans de bonnes conditions.
Ensuite il y a le volet exigences de retrait sur lequel nous aurons à délibérer demain. Nous sommes en train d'évaluer la situation exacte. Il est clair qu'il y a eu beaucoup de changements, beaucoup de retraits. Il est clair aussi que l'on ne peut pas considérer que la résolution précédente (1199) est entièrement appliquée. C'est tout l'objet de la discussion qui aura lieu demain après midi au sein du Conseil atlantique. On décidera ce que nous faisons avec les dispositions qui ont été prises par l'OTAN il y a douze jours. On décidera demain soir ce que l'on fait avec l'accord.
Ce qui est clair, c'est que nous maintiendrons la pression. Sous quelle forme exacte, nous le déciderons demain soir. Nous maintiendrons la pression parce que nous sommes encore loin du compte.
Q - Sur l'UCK aussi bien que M. Milosevic ?
R - Sur l'UCK cela a été rappelé par plusieurs déclarations récentes, par le Groupe de contact. C'est dans les termes de la résolution 1203, votée cette nuit. Nous rappelons à chaque occasion que les autorités de Belgrade, comme les autorités de Pristina, comme les autres responsables à un titre ou à un autre des Albanais du Kossovo, doivent se conformer aux dispositions de cette résolution. Tout cela, la vérification, le contrôle aérien, les retraits, ce que nous sommes en train de bâtir pour sécuriser la mission de vérification, - tout cela sont des moyens d'aboutir au résultat. Le résultat c'est une solution politique, par la négociation. Cela nous ramène à la négociation qui doit être entamée entre les Serbes et les Albanais du Kossovo pour trouver une solution politique négociée.
On doit toujours rappeler cela : ce ne sont que des instruments, une combinaison d'instruments de différentes sortes allant jusqu'à la menace, - ce qui n'est pas évident notamment avec la Russie pour obtenir une solution. Il faut rester, - on donne l'impression de se répéter, mais il faut que l'on se répète -, il faut rester unis, il faut rester mobilisés, déterminés, exigeants, vigilants. Il faut maintenir la pression sur tous les protagonistes, car on n'est pas au bout de nos peines.
Q - Sur la Birmanie, vous allez soutenir éventuellement les sanctions ?
R - On va en discuter maintenant ... Cela dépend de beaucoup d'éléments, il faut tenir compte des analyses politiques, et il y a beaucoup d'éléments. On mène aussi un dialogue politique avec les pays de l'ASEAN sur la façon la plus intelligente d'aborder le sujet.
Q - Après l'Accord de Wye Plantation, quel rôle voyez-vous pour l'Union européenne au Proche-Orient ?
R - Le rôle de l'Union européenne je dirai d'abord que ce n'est pas le sujet numéro 1. Le sujet numéro 1 c'était que le processus de paix soit relancé. Nous l'avons dit sur tous les tons. Je rappelle que, chronologiquement, nous avons déploré le blocage, et nous avons appelé les Etats-Unis à se réimpliquer dans le processus - il fallait rappeler à un moment aux Etats-Unis qui semblaient avoir oublié qu'ils étaient co-parrains du processus de paix. Ensuite lorsqu'ils se sont investis de nouveau dans cette affaire, nous avons salué le travail opiniâtre qui a été fait par Mme Albright. Nous avons félicité Mme Albright encore une fois ainsi que le président Clinton et le Roi Hussein pour leurs implications personnelles. Nous avons trouvé que Yasser Arafat et Benjamin Netanyahou avaient été courageux de signer parce que de part et d'autre ce n'était pas évident pour des raisons diverses. Cela dit, il faut avoir à l'esprit que l'application de l'accord va être compliquée. C'est un accord qui porte sur 13%, ce n'est pas une solution complète. Elle doit être suivie d'un début de discussion sur ce que l'on appelle le statut final, c'est-à-dire l'ensemble des sujets les plus difficiles restant à régler.
Nous pensons que le processus de paix aura besoin de l'Europe. D'abord, sur le plan financier, l'Union européenne apporte 60% de l'aide aux Palestiniens. C'est très important pour les Palestiniens naturellement mais aussi pour les Israéliens - c'est important pour eux et pour les Américains que les Palestiniens soient aidés à ce point - quand on voit que le contact entre les uns et les autres a été quasiment brisé, pour faire avancer les dossiers comme le port ou l'aéroport de Gaza. Il y a eu un travail européen obstiné depuis des mois et des mois pour ne pas dire des années que ce soit, au niveau des ministres, de la Commission ou par l'action de M. Moratinos. Je crois qu'alors que l'action européenne n'est pas sous le feu des projecteurs aujourd'hui, parce qu'elle n'est pas personnalisée de la même façon, ce serait équitable de ne pas l'oublier. Elle va continuer parce que les uns et les autres en ont besoin. Ce n'est pas tout à fait par hasard que M. Arafat a fait le crochet par Pörtschach. Je crois que même les deux autres partenaires, qui font moins spontanément une place à l'Europe, s'apercevront qu'elle doit être là en accompagnement du processus. En ce qui concerne la France en tout cas, il est clair que nous maintiendrons un contact bilatéral actif avec chacun des partenaires, chacun des pays de la région, intéressés à ce que la paix se consolide.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas un recul de l'Union européenne puisqu'elle n'est plus garante cette fois ci des accords ?
R - Je crois qu'il faut être réaliste. Il faut voir que sur ce sujet, l'Union européenne n'a jamais jusqu'ici joué un rôle majeur. On ne peut donc pas parler de recul. L'Union européenne ne joue pas le rôle que nous voudrions lui voir jouer. Mais nous pensons que c'est un rôle utile, c'est un rôle stabilisant, c'est un rôle équitable même si nous souhaiterions évidemment que ce rôle soit plus grand, mais on ne peut pas parler de recul. Si on regarde la situation au Proche-Orient depuis 20, 30, 40 ans, il est clair que nous n'avons pas de retard en terme de rôle. Je ne dis pas cela par esprit de paradoxe, nous avons là comme dans d'autres domaines un rôle à consolider.
Cela ne doit pas passer au premier plan, la première des choses c'est que le processus de paix devait être relancé. Cela montre aussi que quand les Etats-Unis décident de mettre le paquet, ils peuvent obtenir quand même certains résultats, parce qu'après tout, l'accord a été fait sur la base de propositions qui avaient été présentées par les Etats-Unis en février dernier. C'est un fait. Il faut souligner ce que cela a de positif, la pire des choses, dans cette situation du Proche-Orient actuel, aurait été la persistance d'un blocage et une absence d'espérance.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)