Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
M. Taoufik Ben Brick, journaliste tunisien, correspondant de plusieurs journaux étrangers, dont La Croix, est en grève de la faim depuis le 3 avril dernier. Il est inculpé, suite à la rédaction de deux articles parus dans la presse étrangère.
Il demandait le renouvellement de son passeport et la liberté de circulation. Il a obtenu, le 29 avril, le renouvellement de son passeport, mais il sollicite maintenant la libération d'un de ses frères arrêté après une échauffourée avec les forces de sécurité et le remboursement des frais médicaux versés, par les personnes molestées, devant son domicile, lors de cette même altercation.
Plusieurs membres de sa famille le rejoignent dans cette grève de la faim.
Je peux vous dire que nous suivons cette affaire depuis le début, compte tenu de notre attachement à la liberté de la presse et de l'inquiétude que nous inspire l'état de santé de M. Ben Brick. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères l'a exprimé à plusieurs reprises. J'ai envoyé un diplomate de notre ambassade à Tunis, auprès de lui. Nous sommes intervenus, à plusieurs reprises et de différentes façons, auprès des autorités tunisiennes pour qu'elles trouvent une fin humaine et rapide à cette situation qui est déplorable et nous espérons que la raison finira par s'imposer dans cette affaire. Mais votre question est plus large.
Je voudrais dire ici, que le gouvernement, et moi-même, n'avons jamais caché que la France souhaitait qu'une évolution politique accompagne maintenant les succès du développement économique et social que la Tunisie a su réaliser au cours des dix dernières années. Cette ouverture, c'est aux Tunisiens eux-mêmes d'en fixer le rythme, le contenu et les modalités, mais elle est aujourd'hui à la fois indispensable et possible. Ce pays a fait des progrès économiques spectaculaires, le peuple tunisien a montré sa maturité, la qualité de sa société est frappante, les femmes y jouent un rôle que l'on ne trouve presque nulle part ailleurs, à un ou deux exemples près, dans le monde arabe. Nous pensons que tous ces éléments font que la Tunisie est parfaitement capable, aujourd'hui, d'accomplir de nouvelles étapes vers la libéralisation et vers la démocratisation. C'est ce que nous disons au président Ben Ali, sans esprit d'ingérence, avec toute l'amitié que nous autorise la proximité de nos sociétés et la densité de nos relations. Accomplissez les gestes ! Décidez les ouvertures qui auront un impact déterminant pour l'avenir de la Tunisie ! C'est d'autant plus nécessaire que ce serait ainsi concrétiser les engagements de respect des libertés fondamentales souscrits par la Tunisie elle-même, dans son accord d'association avec l'Union européenne que nous avons soutenu et nous allons continuer à soutenir ce pays ami.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 mai 2000)