Compte rendu de la vingtième conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France, sur la situation en Afrique, Paris le 28 novembre 1998.

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Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Présidence de la République

Circonstance : 20ème conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France à Paris les 26, 27 et 28 novembre 1998

Texte intégral

1/ La XXème Conférence des Chefs d'Etat d'Afrique et de France s'est tenue au Carrousel du Louvre, à Paris, les 26, 27 et 28 novembre 1998, à l'invitation de M. Jacques Chirac, président de la République française.
2/ Quarante-neuf Etats d'Afrique ont participé avec la France, à la Conférence. Trente-quatre étaient représentés par leur chef d'Etat. Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, M. Kofi Annan, et le Secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine, M. Salim Ahmed Salim, ont également pris part aux travaux.
3/ Préparée par les réunions ministérielles de Ouagadougou (23 - 24 mars 1998) et de Paris
(26 novembre 1998), la Conférence a été l'occasion pour les chefs d'Etat et de délégation de procéder à un échange de vues approfondi sur les questions liées à la sécurité en Afrique, qui constituait le thème central du Sommet.
Lors de la séance d'ouverture, le président de la République française, M. Jacques Chirac, le président en exercice de l'OUA, Son Excellence M. Blaise Compaoré, président de la République du Burkina Faso, et le Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, ont mis l'accent sur la préoccupation que suscitaient la montée des tensions et la multiplication des crises sur le continent africain. Ils ont invité les participants à une réflexion commune pour la recherche de solutions globales.
Les travaux, qui se sont déroulés dans un climat de solidarité, d'écoute mutuelle et de volonté de compréhension, ont plus particulièrement porté sur le maintien de la paix, sur le rôle de l'OUA et des organisations sous-régionales (dont les dirigeants se sont particulièrement investis dans ce domaine au cours des derniers mois), sur la lutte contre les trafics d'armes de petit calibre et sur l'élimination des mines antipersonnel dans la continuité des efforts initiés par la Conférence d'Ottawa. Les enjeux de la reconstruction après un conflit, ainsi que les liens entre questions de sécurité et développement ont également fait l'objet d'un examen particulier.
4/ Les chefs d'Etat ont naturellement saisi l'occasion de cette conférence pour aborder les questions d'actualité les plus préoccupantes.
La situation dans la région des Grands lacs a retenu longuement l'attention de la Conférence, qui a entendu chacun des chefs d'Etat et de délégation des pays impliqués exposer avec franchise et souci d'ouverture leur position respective.
La Conférence a observé que de part et d'autre les intervenants se disaient disposés à accomplir à bref délai des gestes susceptibles de faire progresser de façon significative la recherche d'une solution négociée.
Les présidents de la République de l'Ouganda et du Rwanda ont réaffirmé leur disponibilité à un cessez-le-feu que les présidents et chefs de délégation de la Namibie, du Zimbabwe, de l'Angola et du Tchad ont également dit souhaiter dès que les conditions le permettront. Le président de la République démocratique du Congo a aussi confirmé sa décision de poursuivre le processus de démocratisation de son pays.
Un cadre approprié pour concrétiser ces dispositions se met en place. En outre, les chefs d'Etat et de délégation ont également convenu de la nécessaire tenue, le moment venu, d'une Conférence pour la paix dans la région des Grands lacs, sous l'égide des Nations unies et de l'OUA.
Ils ont salué par ailleurs les progrès réalisés en Afrique de l'Ouest par la CEDEAO sur voie de la constitution d'un organe sous-régional compétent pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. A cet égard, les chefs d'Etat et de délégation ont noté avec satisfaction que les parties impliquées dans la crise intérieure en Guinée Bissao s'étaient engagées, sous l'égide de la CEDEAO, sur la voie de la négociation. Ils ont exprimé leur appui au déploiement prochain par cette organisation d'une force d'interposition.
Ils ont également salué les résultats de la Mission de surveillance des Accords de Bangui, dont le principe avait été arrêté à Ouagadougou en marge de la XlXème Conférence Afrique-France, et de la MINURCA, qui en a pris le relais.
Ils se sont aussi félicités de la volonté qu'ont affirmée les gouvernements éthiopien et érythréen de rechercher une solution pacifique au différend qui les oppose.
La Conférence a manifesté son soutien au président par intérim de la République fédérale islamique des Comores, Son Excellence M. Tadjidine Ben Saïd Massonde, qui, dans un contexte difficile, a d'ores et déjà pris les initiatives, dans les domaines institutionnels et économiques, permettant d'engager pleinement son pays sur la voie du dialogue et de la réconciliation. Les chefs d'Etat ont marqué leur appréciation de l'action de l'Organisation de l'unité africaine et de la tenue, sous son autorité, d'une prochaine Conférence comorienne inter-îles.
Les participants ont manifesté leur soutien aux initiatives prises par Son Excellence M. Abdul Salami Abubakar, président de la République du Nigeria, pour engager son pays sur la voie de la démocratie et de la réconciliation. Ils ont adopté à l'unanimité un communiqué à cet effet joint en annexe.
Ayant à l'esprit les exigences de la jeunesse africaine, leurs responsabilités et leurs devoirs à son égard, les chefs d'Etat et de délégation ont réaffirmé leur engagement en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité du continent africain qui seules, leur permettront de se consacrer totalement au développement de leurs pays avec le soutien de la communauté internationale.
5/ Face au constat alarmant d'une progression de l'épidémie du Sida en Afrique, les chefs d'Etat et de délégation ont exprimé leur soutien plein et entier aux propositions faites à l'initiative du président de la République française en vue de créer un Fonds de solidarité thérapeutique contre le Sida.