Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR, sur la préparation des élections municipales et sur la position du RPR concernant le projet de budget pour 2001, Paris le 4 octobre 2000.

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Circonstance : Réunion du Comité politique du RPR, à Paris le 4 octobre 2000

Texte intégral

Chers Compagnons, Chers Amis,
Je suis comme vous, je suis comme les Français, je lis les journaux, je regarde la télévision. Une certain ambiance délétère, rimbaldienne, ne m'a pas échappé.
Il y a là tous les éléments d'une opération de déstabilisation qui ne touche pas seulement des personnes, des responsables politiques de tous bords mais aussi la politique et par voie de conséquence, qu'on le veuille ou non, la démocratie.
Alors, je vous le demande. Au-delà de vous et au-delà de cette assemblée, je le demande à l'ensemble de notre famille politique et à nos alliés : ne tombons pas dans des pièges grossiers. Travaillons, travaillons sereinement et sérieusement. Préparons les échéances, écoutons les Français, parlons-leur. Voici 2 mois, nous nous trouvions pour la première fois dans cette salle. C'était pour lancer la campagne du Quinquennat.
La Campagne du Référendum était un défi. Nous l'avons relevé! Grâce à vous, à nos Fédérations, à nos militants. Merci.
Aujourd'hui, faire le bilan de cette Campagne, c'est aussi reconnaître que le OUI a beaucoup reposé sur nous !
A vous tous, je dis Bravo pour l'organisation de nos 128 forums départementaux, pour les milliers de distributions, de collages et de tenues de bureaux de vote.
Merci à nos orateurs qui ont parcouru le pays, à nos parlementaires, à nos cadres, à nos élus qui ont été les vrais artisans de cette campagne difficile car personne ne voulait en parler.
Les résultats ce sont les participants à l'action qui peuvent s'en prévaloir. Le 73% nous pouvons en revendiquer une large part.
Qu'il me soit permis de remercier Eric Raoult, Directeur de cette campagne, qui l'a menée avec enthousiasme et efficacité, avec l'équipe du Centre National.
L'abstention, c'est aux absents du terrain qu'il convient de la reprocher, entre ceux qui en voulaient plus et ceux qui en ont fait le moins possible.
Maintenant, une page est tournée, le prochain Président sera élu pour cinq ans. C'est ce qui restera dans l'histoire. Si certains y avaient peut-être pensé c'est Jacques CHIRAC qui l'aura réalisé.
2 - Aujourd'hui le cap est clair : objectif Municipales. Car c'est dans 180 jours !
Dans nos villes et nos villages, c'est à nous, commune par commune, de reconquérir le terrain !
Dans l'Union de l'opposition, dans la concorde retrouvée dans nos rangs, dans une campagne politique et non polémique, les succès de 2002 se préparent dès aujourd'hui.
Notre crédibilité, la preuve de notre capacité à gérer le pays, c'est d'abord notre efficacité locale, municipale et cantonale.
Les Municipales ne sont pas seulement une étape, ce sont aussi des témoignages, des preuves, des exemples.
Une Mairie RPR, ça marche ! ça tourne, ça bouge ! Partout en France, nous devons le prouver. En mars prochain, nous allons le démontrer une nouvelle fois, avec nos candidats, ceux qui repartent, ceux qui arrivent, ces nouveaux talents qui rejoignent le combat électoral.
A six mois de ce scrutin, notre Mouvement doit se mettre en ordre de marche. Notre succès ne peut être désordonné ou isolé. A cet effet, le mouvement publie aujourd'hui deux guides et un kit-campagne pour aider nos candidats : - d'abord le guide du candidat aux municipales et aux cantonales ; - ensuite le guide du financement des campagnes.
Tout cela grâce au travail des services de Christian Estrosi, de Marie-Hélène Des Egaulx et de Bernard Accoyer. Je pense que Christian Estrosi qui doit prendre la parole tout à l'heure nous en dira un mot. Les guides et le kit sont à votre disposition.
D'ici un mois nous proposerons notre plate-forme pour les élections municipales. Une équipe travaille actuellement à préciser nos propositions concrètes dans plusieurs domaines particuliers comme la sécurité, l'environnement, la proximité à titre d'exemple.
Au-delà de la préparation des municipales, notre crédibilité ce sont aussi nos réactions en accord avec le sentiment des Français et nos propositions.
La priorité est fixée : face au Gouvernement, opposons-nous et face aux Français, proposons !
Le gouvernement masque de plus en plus mal ses contradictions. Les haussements de ton du Premier ministre ne suffisent plus à redonner de la cohérence à des projets davantage liés à un saupoudrage politicien qu'à l'intérêt général du pays:
On a renoncé à une réelle épargne retraite privant ainsi les Français d'un garantie et l'industrie française d'un instrument de financement de l'économie ; On nous sert un projet sur l'épargne salariale imprécis, loin de rallier l'ambition de la participation, cette ambition généreuse, pierre angulaire du corps de pensée gaulliste.
Le projet de budget pour 2001 se caractérise par des baisses d'impôts illusoires, une maîtrise fictive de la dépense, un déficit public maintenu.
Et toujours rien pour la revalorisation du pouvoir d'achat des Français. Aucun signe permettant aux Français d'espérer le juste partage des fruits de la croissance internationale revenue.
Toute logique économique, tout justice à l'égard des Français est sacrifiée à la nécessité de ressouder la majorité décidément très plurielle.
Au Croisic, j'ai mis en évidence certaines de ces réalités. Aujourd'hui, je voudrais en faire la démonstration sur le projet de budget qui nous est présenté.
Le projet de budget pour 2001 et les perspectives tracées par le Gouvernement jusqu'à 2003 sont un trompe-l'oeil.
Apparemment, ils conduisent à ralentir la croissance des dépenses publiques. Mais la France détient toujours les records des grands pays industrialisés pour les dépenses publiques, celui des prélèvements obligatoires celui des emplois publics - sans que le service public y soit plus performant qu'ailleurs. Cette exception européenne pèse sur la compétitivité de notre pays.
Or, pour 2001, le gouvernement, non seulement ne remet pas en cause ces handicaps, mais les conforte.
Apparemment, le budget 2001 prévoit des réductions d'impôts ponctuelles. Cette réduction est bien insuffisante et elle ne peut qu'être insuffisante puisque la lourdeur des dépenses publiques et la pression fiscale ne sont pas fondamentalement remises en cause.
En fait, malgré la baisse annoncée, l'Etat va ponctionner 80 Mds de Francs supplémentaires l'année prochaine. De qui se moque-t-on? A l'heure où notre pays connaît une croissance économique exceptionnelle, où l'Etat bénéficie de rentrées fiscales et financières considérables, les Français voient leur pouvoir d'achat stagner, voire baisser du fait d'une pression fiscale confiscatoire et de la hausse du prix de l'essence. Est-ce juste ? Est-ce efficace ?
Dans le projet de budget 2001, le déficit reste élevé et alourdit ainsi la charge de la dette.
La France est, parmi les grands pays industrialisés, celui qui a le plus grand nombre d'agents publics, entre un quart et un tiers de la population active selon les calculs. Or, au lieu de chercher à maîtriser le recrutement des agents publics en supprimant les organismes, procédures ou formulaires inutiles et en rationalisant le fonctionnement des services, le gouvernement les augmente !
Le projet de budget prévoit, on le sait, la création de pas moins de 11 000 agents publics supplémentaires.
Si le déficit public peut être un outil de relance conjoncturel dans une période de crise, aucun économiste sérieux n'a jamais proposé de l'utiliser comme un moyen permanent en période de croissance ! C'est pourtant ce que fait le Gouvernement, plaçant encore une fois la France parmi les lanternes rouges des grands pays industrialisés. Rappelons que ce déficit devrait être de l'ordre de 2% en 2001, contre 0,25 % au Royaume-Uni et un excédent atteignant 2,1% aux Etats-Unis.
Aveu de faiblesse, la pratique gouvernementale du déficit public est aussi une marque d'irresponsabilité, car elle alourdit sans cesse la charge de la dette - qui se situe à plus de 58 % du PIB - au mépris des générations futures qui auront à la rembourser.
Les redéploiements eux-mêmes sont limités et ne règlent en rien les problèmes des Français.
La grande masse des crédits - ceux correspondant aux services votés, soit environ 95 % du budget - sera purement et simplement reconduite. Le budget de la culture augmente de 2 Mds alors que ceux de la Justice et de l'Intérieur sont en progression de 1 Md chacun seulement.
Est-ce une façon de répondre à l'attente des Français en matière de sécurité ou d'accès à la justice ? Quand à l'aménagement du territoire, il voit ses crédits amputés de 10 %. Décidément, la Réforme de l'Etat est en panne.
Il revient à l'opposition de dénoncer vigoureusement ces errements.
Et croyez que je saurai être ferme en la matière. Mais il lui revient aussi de proposer un véritable projet d'alternance économique et budgétaire. Un projet qui
rompe nettement et radicalement avec l'étatisme socialiste.
J'insiste sur ce point car nous n'avons pas toujours su dans le passé avoir la créativité, l'habileté ou tout simplement le courage de le faire. Et ce faisant, nous avons déçu une grande partie de notre électorat et de l'opinion publique qui a eu parfois du mal à distinguer la droite de la gauche.
La politique économique que je propose, pour m'en tenir aux aspects budgétaires, repose sur les quatre orientations suivantes.
Premièrement : stabiliser les dépenses publiques en volume Je suggère que nous proposions aux Français un programme de stabilisation des dépenses publiques en volume pendant cinq ans, soit la durée d'une législature. Cela ne signifierait pas un gel de ces dépenses, qui serait sans doute très dur à assumer, mais leur augmentation au même rythme que l'inflation.
Ce programme, non seulement n'empêcherait pas, mais appellerait au contraire un redéploiement des crédits entre les ministères et au sein de chacun d'eux pour concentrer les deniers publics sur les priorités quotidiennes des Français et les actions les plus efficaces pour y répondre.
Deuxièmement : baisser massivement les prélèvements obligatoires Ces économies permettraient d'engager une vaste simplification de notre système fiscal et une réduction massive et sans précédent des prélèvements.
Nous pourrions proposer : - d'abord une refonte de l'impôt sur le revenu, reposant sur trois idées : l'allègement, la simplification et la réduction de la progressivité, qui décourage le travail et incite à la fraude. Je propose de substituer au régime actuel trois taux qui pourraient être respectivement de 20, 30 et 40%. Tous les revenus verraient leur contribution diminuer substantiellement. Aucun citoyen ne devrait voir son salaire amputé de plus de 50 % par les impôts et les taxes.
- ensuite, nous pensons nécessaire pour les entreprises la réduction du taux de l'impôt sur les sociétés et notamment pour les PME , ainsi qu'une baisse significative des cotisations sociales, dont le niveau élevé est l'un des principaux freins à l'embauche. Cette mesure permettrait de réduire d'environ 8 à 10 points les cotisations en cinq ans.
- enfin, d'autres mesures d'allègement et de simplification pourraient être envisagées (dans la limite d'une quarantaine de Mds de F) : un déductibilité plus importante de la CSG, la suppression de la CRDS, une diminution des droits de mutation, une diminution des droits de succession et une adaptation de l'ISF.
Nous y travaillons.
Stabiliser les dépenses publiques, baisser les prélèvements obligatoires, notre troisième orientation consiste à désendetter l'Etat Nous pourrions le faire notamment grâce à la poursuite des privatisations du secteur concurrentiel.
Enfin, quatrième orientation : repenser la répartition des crédits afin de mieux lutter contre les gaspillages et mieux répondre aux préoccupations des Français.
Chaque année, la cour des comptes, de multiples rapports administratifs et des journalistes d'investigation égrènent leur chapelet de gaspillages par Mds, de l'argent public. Il est temps que nous mettions un terme à ces gaspillages.
Dans le même temps, les Français attendent que l'Etat remplisse mieux ses missions essentielles, principalement en matière d'ordre public, de sécurité, de justice ou de fonctionnement quotidien de ses services. Les économies que l'on propose devraient permettre de renforcer les moyens de l'Etat dans ces domaines pour mieux répondre à ces attentes. C'est-à-dire, par exemple, enrayer la délinquance, raccourcir substantiellement les délais de jugement, faciliter l'accès à la justice, préserver la sécurité sanitaire ou assurer la continuité des services publics.
Je vous rappelle qu'à plusieurs reprises ces derniers mois, le Président de la République a réclamé pour les Français une amélioration du pouvoir d'achat. Ce gouvernement a les moyens de le faire, il ne le fait pas ! Il
nous reviendra donc de mettre en uvre la bonne stratégie pour que les Français puissent alors constater par la progression de leur pouvoir d'achat, les résultats de
leurs efforts et de leurs sacrifices.
Voilà, mes chers Compagnons, les quelques mots que j'avais à cur de vous dire, de vous redire, à l'heure de la rentrée parlementaire, à l'heure où nous allons débattre du budget de notre pays, budget qui est l'expression de la politique suivie par le gouvernement de la gauche plurielle, à l'heure où les Français attendent qu'on leur fasse des propositions sérieuses en rupture avec une politique qui n'est pas bonne pour eux.
Oui, chers compagnons, c'est à vous qu'il revient par nos propositions, par notre action sur le terrain de préparer l'opposition aux futures échéances. A nous de nous mettre en ordre de bataille.
Arrêtons le stupides affrontements personnels ou de chapelle qui cachent la réalité de notre travail, la pertinence de nos critiques contre le gouvernement, la consistance de notre projet.
Rassemblons nous pour défendre les mêmes idées derrière le même candidat.
Nous sommes tous membres d'une seule et même équipe. Celle de Jacques Chirac pour la France.
(Source http://www.rpr.fr, le 04 octobre 2000).