Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Commissaires européens,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un plaisir de vous accueillir aujourd'hui à Sochaux. Je tiens tout d'abord à remercier les autorités locales, et en particulier M. Cencig, le maire de Sochaux, sans lequel cette réunion n'aurait pas pu être organisée dans d'aussi bonnes conditions. Et puis, je suis très heureux que vous soyez ici nombreux, présents. Le débat porte sur l'avenir de l'Europe, "Quel avenir pour notre Europe ?".
J'insiste sur cette dimension parce que cet avenir c'est le nôtre, à quinze pays membres de l'Union européenne, et c'est le vôtre, dans une Europe qui sera plus large. Ce que nous sommes en train de faire, c'est de bâtir un projet historique. Les Européens ont été divisés par des guerres sur leur continent, qui ont été des guerres mondiales, mais avant tout des guerres européennes. Ils ont été divisés par la guerre froide, qui a installé au cur de l'Europe un rideau de fer. Ce rideau est tombé, le mur de Berlin est tombé, et notre perspective maintenant, qui est vraiment une perspective historique, c'est celle de la réunification de l'Europe. Nous sommes quinze aujourd'hui, pays qui appartenaient à ce que l'on appelait l'Ouest. Demain nous serons 27, 28 avec la Turquie. Plus, sans doute, quand les pays des Balkans auront définitivement retrouvé la démocratie et consolidé leur reconstruction. Donc, c'est une Europe à trente ou trente-cinq membres que nous bâtissons.
Aujourd'hui, dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, j'ai invité à quelques pas d'ici, au musée Peugeot, à Sochaux, mes homologues, avec les commissaires européens concernés, avec la Présidente du Parlement européen. Nous avons travaillé toute la matinée sur cet avenir de l'Europe : comment réformer nos institutions européennes pour préparer l'élargissement, mais aussi l'élargissement pour quoi faire, pour quel projet politique. Donc nous avons consacré toute cette matinée à un travail extrêmement sérieux. Mais j'ai souhaité aussi que cette réunion de travail soit prolongée par un dialogue public sur l'Europe future, sur son projet politique, sur son mode de fonctionnement.
Je remercie non seulement les ministres qui vont intervenir devant vous d'avoir accepté d'y participer, mais aussi des grandes figures européennes qui sont aussi des amis, Jacques Delors, Bronislaw Geremek, Rudolf von Thadden, qui pourront nous donner, en tant que grands, très grands témoins, leur point de vue sur cette Europe qui vient. Je remercie aussi Christine Ockrent d'avoir bien voulu animer ce débat, elle qui se bat pour que l'Europe soit présente sur la télévision française, ce qui, on le sait, ne va pas de soi.
Je vais maintenant laisser la parole à Mme Nicole Fontaine, la présidente du Parlement européen, en vous disant, mais je reviendrai devant vous tout à l'heure pour conclure, que mon souhait pour cette journée de Sochaux est très simple : c'est qu'après ce jour, l'Europe élargie soit plus qu'avant notre Europe.
()
Je voulais juste dire un mot que j'ai déjà dit à Bronislaw quand je suis allé à Varsovie. Je pense que ce n'est pas parce que la Pologne est un pays agricole qu'elle ne doit pas rentrer dans l'Union européenne. C'est parce qu'elle est un pays agricole qu'elle doit entrer. C'est peut-être, d'ailleurs pour nous qui sommes un peu isolés sur ce front, une chance, dès lors que, bien sûr, les conditions sont prises. Je voulais signaler qu'au déjeuner, nous avons quand même eu, pas des fromages polonais, mais du comté et de la cancoillotte et qu'il y avait du buf, évidemment, que chacun a mangé bien volontiers.
()
Très brièvement, ce que je voudrais vous dire et vous faire partager, à l'issue de cette journée assez exceptionnelle, c'est d'abord un sentiment de bonheur. Il faut que vous le sachiez, vous ne savez peut-être pas que derrière une réunion comme celle-ci, - qu'il s'agisse de notre dialogue public d'aujourd'hui ou de la réunion de travail de ce matin, il y a des dizaines et des centaines de personnes qui travaillent depuis des mois pour l'organisation, la sécurité, la nourriture, et c'est vrai qu'à la fin d'une telle journée, on se dit que nous avons passé une belle journée, car nous avons pu à la fois travailler sur le fond et échanger dans la fraternité. Merci aussi à vous d'avoir été là, merci aussi aux personnalités qui ont participé à ce débat, de s'être libérées, car elles ont toutes des agendas extraordinairement chargés. Ceci est mon premier sentiment : un certain bonheur. Je ressens aussi une forme d'enthousiasme, parce que nous avons, au fond, réalisé aujourd'hui, notamment lors de la séance de travail, le premier Conseil des ministres de l'Europe élargie.
Nous étions 28, nous ne nous sommes pas contentés d'évoquer vaguement quelques sujets, mais nous avons parlé des problèmes de fond. J'ai la conviction, cette fois-ci, tangible, physique, à l'issue de cette journée que cette Europe à 28 est possible, elle n'est pas seulement souhaitable, elle est possible. Je crois également que nous avons parlé de l'essentiel, c'est à dire du pourquoi nous voulons faire cette Europe élargie. Nous ne le voulons pas pour le marché, nous ne voulons pas faire une zone de libre-échange, nous voulons définitivement installer sur tout le continent la paix, la sécurité, la démocratie, brefs, les valeurs que nous partageons.
Bien sur, quand on est dans les négociations, on sait qu'il y a des chances uniques à l'élargissement : c'est plus de diversité culturelle, de diversité politique, c'est aussi plus de diversité économique, avec sans doute, sinon des risques, du moins des problèmes qu'il faut résoudre - et c'est comme cela que l'on avance. Mais c'est une perspective, encore une fois, historique sans précédent qui est la nôtre.
Pour terminer, je voudrais dire que cette Europe élargie a besoin de militants, de gens qui s'engagent, avec des convictions, et j'ajoute plus que cela, avec une certaine affectivité, car nous avons besoin de nouer entre nous des liens d'amitié particuliers, et vous avez senti qu'entre tous les gens qui sont ici, ces liens existent, et ils peuvent être confortés. Nous avons besoin d'initiatives, d'imagination, de rêves. Je voudrais finir en répondant à Bronislaw sur deux points.
D'abord sur la date. Je veux te rassurer, elle n'a pas été choisie par hasard. Si nous voulons être prêts le 1er janvier 2003, ce n'est pas juste pour le plaisir, si les pays candidats sont prêts à ce moment là, et j'espère qu'ils seront nombreux à l'être, alors, ils entreront dans l'Union européenne. Cette date n'est donc pas une date virtuelle, comme un horizon qui se recule, elle est réelle. Une date à laquelle j'espère que nous aurons rendez-vous pour faire cette Europe élargie. Enfin, mon dernier mot sera pour te répondre sur "Tarzan et Jane". Si j'ai bien compris, Tarzan est à l'Ouest, Jane à l'Est, dans ce cas Tarzan a rencontré Jane.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2000)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Commissaires européens,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un plaisir de vous accueillir aujourd'hui à Sochaux. Je tiens tout d'abord à remercier les autorités locales, et en particulier M. Cencig, le maire de Sochaux, sans lequel cette réunion n'aurait pas pu être organisée dans d'aussi bonnes conditions. Et puis, je suis très heureux que vous soyez ici nombreux, présents. Le débat porte sur l'avenir de l'Europe, "Quel avenir pour notre Europe ?".
J'insiste sur cette dimension parce que cet avenir c'est le nôtre, à quinze pays membres de l'Union européenne, et c'est le vôtre, dans une Europe qui sera plus large. Ce que nous sommes en train de faire, c'est de bâtir un projet historique. Les Européens ont été divisés par des guerres sur leur continent, qui ont été des guerres mondiales, mais avant tout des guerres européennes. Ils ont été divisés par la guerre froide, qui a installé au cur de l'Europe un rideau de fer. Ce rideau est tombé, le mur de Berlin est tombé, et notre perspective maintenant, qui est vraiment une perspective historique, c'est celle de la réunification de l'Europe. Nous sommes quinze aujourd'hui, pays qui appartenaient à ce que l'on appelait l'Ouest. Demain nous serons 27, 28 avec la Turquie. Plus, sans doute, quand les pays des Balkans auront définitivement retrouvé la démocratie et consolidé leur reconstruction. Donc, c'est une Europe à trente ou trente-cinq membres que nous bâtissons.
Aujourd'hui, dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, j'ai invité à quelques pas d'ici, au musée Peugeot, à Sochaux, mes homologues, avec les commissaires européens concernés, avec la Présidente du Parlement européen. Nous avons travaillé toute la matinée sur cet avenir de l'Europe : comment réformer nos institutions européennes pour préparer l'élargissement, mais aussi l'élargissement pour quoi faire, pour quel projet politique. Donc nous avons consacré toute cette matinée à un travail extrêmement sérieux. Mais j'ai souhaité aussi que cette réunion de travail soit prolongée par un dialogue public sur l'Europe future, sur son projet politique, sur son mode de fonctionnement.
Je remercie non seulement les ministres qui vont intervenir devant vous d'avoir accepté d'y participer, mais aussi des grandes figures européennes qui sont aussi des amis, Jacques Delors, Bronislaw Geremek, Rudolf von Thadden, qui pourront nous donner, en tant que grands, très grands témoins, leur point de vue sur cette Europe qui vient. Je remercie aussi Christine Ockrent d'avoir bien voulu animer ce débat, elle qui se bat pour que l'Europe soit présente sur la télévision française, ce qui, on le sait, ne va pas de soi.
Je vais maintenant laisser la parole à Mme Nicole Fontaine, la présidente du Parlement européen, en vous disant, mais je reviendrai devant vous tout à l'heure pour conclure, que mon souhait pour cette journée de Sochaux est très simple : c'est qu'après ce jour, l'Europe élargie soit plus qu'avant notre Europe.
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Je voulais juste dire un mot que j'ai déjà dit à Bronislaw quand je suis allé à Varsovie. Je pense que ce n'est pas parce que la Pologne est un pays agricole qu'elle ne doit pas rentrer dans l'Union européenne. C'est parce qu'elle est un pays agricole qu'elle doit entrer. C'est peut-être, d'ailleurs pour nous qui sommes un peu isolés sur ce front, une chance, dès lors que, bien sûr, les conditions sont prises. Je voulais signaler qu'au déjeuner, nous avons quand même eu, pas des fromages polonais, mais du comté et de la cancoillotte et qu'il y avait du buf, évidemment, que chacun a mangé bien volontiers.
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Très brièvement, ce que je voudrais vous dire et vous faire partager, à l'issue de cette journée assez exceptionnelle, c'est d'abord un sentiment de bonheur. Il faut que vous le sachiez, vous ne savez peut-être pas que derrière une réunion comme celle-ci, - qu'il s'agisse de notre dialogue public d'aujourd'hui ou de la réunion de travail de ce matin, il y a des dizaines et des centaines de personnes qui travaillent depuis des mois pour l'organisation, la sécurité, la nourriture, et c'est vrai qu'à la fin d'une telle journée, on se dit que nous avons passé une belle journée, car nous avons pu à la fois travailler sur le fond et échanger dans la fraternité. Merci aussi à vous d'avoir été là, merci aussi aux personnalités qui ont participé à ce débat, de s'être libérées, car elles ont toutes des agendas extraordinairement chargés. Ceci est mon premier sentiment : un certain bonheur. Je ressens aussi une forme d'enthousiasme, parce que nous avons, au fond, réalisé aujourd'hui, notamment lors de la séance de travail, le premier Conseil des ministres de l'Europe élargie.
Nous étions 28, nous ne nous sommes pas contentés d'évoquer vaguement quelques sujets, mais nous avons parlé des problèmes de fond. J'ai la conviction, cette fois-ci, tangible, physique, à l'issue de cette journée que cette Europe à 28 est possible, elle n'est pas seulement souhaitable, elle est possible. Je crois également que nous avons parlé de l'essentiel, c'est à dire du pourquoi nous voulons faire cette Europe élargie. Nous ne le voulons pas pour le marché, nous ne voulons pas faire une zone de libre-échange, nous voulons définitivement installer sur tout le continent la paix, la sécurité, la démocratie, brefs, les valeurs que nous partageons.
Bien sur, quand on est dans les négociations, on sait qu'il y a des chances uniques à l'élargissement : c'est plus de diversité culturelle, de diversité politique, c'est aussi plus de diversité économique, avec sans doute, sinon des risques, du moins des problèmes qu'il faut résoudre - et c'est comme cela que l'on avance. Mais c'est une perspective, encore une fois, historique sans précédent qui est la nôtre.
Pour terminer, je voudrais dire que cette Europe élargie a besoin de militants, de gens qui s'engagent, avec des convictions, et j'ajoute plus que cela, avec une certaine affectivité, car nous avons besoin de nouer entre nous des liens d'amitié particuliers, et vous avez senti qu'entre tous les gens qui sont ici, ces liens existent, et ils peuvent être confortés. Nous avons besoin d'initiatives, d'imagination, de rêves. Je voudrais finir en répondant à Bronislaw sur deux points.
D'abord sur la date. Je veux te rassurer, elle n'a pas été choisie par hasard. Si nous voulons être prêts le 1er janvier 2003, ce n'est pas juste pour le plaisir, si les pays candidats sont prêts à ce moment là, et j'espère qu'ils seront nombreux à l'être, alors, ils entreront dans l'Union européenne. Cette date n'est donc pas une date virtuelle, comme un horizon qui se recule, elle est réelle. Une date à laquelle j'espère que nous aurons rendez-vous pour faire cette Europe élargie. Enfin, mon dernier mot sera pour te répondre sur "Tarzan et Jane". Si j'ai bien compris, Tarzan est à l'Ouest, Jane à l'Est, dans ce cas Tarzan a rencontré Jane.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2000)