Texte intégral
Interview à RMC-Moyen-Orient le 13 novembre :
Je suis venu vous expliquer, en tant que Présidence, qu'il faut tenir la réunion Euroméditerranéenne de Marseille, mercredi et jeudi, bien que la tenue de cette réunion pose un problème à certains pays du Sud, à certains pays arabes. Il est clair que cette réunion a lieu dans un contexte défavorable, mais en tant que Présidence nous pensons que la réunion euro-méditérranéenne est suffisamment importante en elle-même pour qu'elle puisse se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix.
D'ailleurs, lorsqu'elle a été lancée à l'époque, à Barcelone, les problèmes n'étaient pas réglés.
Il y avait un optimisme, alors que là nous sommes, au contraire, dans une situation de pessimisme. Mais les deux choses n'étaient pas liées.
Voilà l'essentiel de ce que je voulais vous dire, en tant que présidence, nous pensons que cette coopération euro-méditerranéenne a son importance et son utilité en soi, indépendamment du processus de paix.
Nous avons préparé pour Marseille un programme de travail important qui devrait nous permettre de faire le bilan du programme MEDA 1 et de réfléchir à ce que nous allons faire dans le cadre du programme MEDA 2. Nous avons non seulement fait un bilan, mais nous avons tiré des leçons avec le commissaire Patten. Des réformes sont en cours, donc il y a de quoi travailler utilement.
Voilà les raisons pour lesquelles nous souhaitons que cette réunion ministérielle puisse se tenir.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview à RFI le 14 novembre :
Q - La conférence euro-méditerranéenne qui devait avoir lieu au niveau des chefs d'Etat se tiendra au niveau des ministres des Affaires étrangères. Est-ce que tout va se passer normalement ? Est-ce que les délégations seront là et est-ce que la conférence se tiendra comme convenu ?
R - Il faut reconnaître que cette réunion ministérielle se tient dans un contexte très difficile. A l'origine, quand le processus de Barcelone, qui est fondamentalement une bonne idée, a été lancé en 1995, c'était dans une ambiance d'optimisme. A propos du processus de paix qui commençait, le dialogue israélo-palestinien semblait devoir se développer, et du coup toutes les perspectives de coopération entre l'Europe et la rive sud de la Méditerranée paraissaient s'ouvrir. D'où cette grande ambition de Barcelone qui reste un grand et ultime projet. Les choses n'ont jamais été totalement liées avec le processus de paix. On n'a jamais dit dans la Déclaration de Barcelone que la coopération ne pouvait se développer que si le processus de paix aboutissait à atteindre son objectif. Mais il y a quand même un lien en ce qui concerne le climat général. Il se trouve qu'aujourd'hui nous sommes, chacun le sait, dans un moment particulièrement difficile et tendu, avec plus de 200 morts maintenant, une atmosphère qui est terriblement lourde, un pessimisme profond, un antagonisme radical qui s'est réveillé, donc c'est un mauvais contexte.
Mais cette coopération euro-méditerranéenne a, nous semble-t-il, une utilité en elle-même. On ne peut pas la faire dépendre complètement du processus de paix, de ses vicissitudes, sinon on n'arrivera jamais à bâtir une vraie coopération. En tant que Présidence en exercice de l'UE, après de nombreuses consultations avec les uns et les autres, même si nous savons que cela peut poser des problèmes à certains des pays arabes, nous avons estimé que nous ne pouvions pas prendre la responsabilité de reporter cette conférence. Le processus doit avancer, surtout qu'il y a beaucoup à dire, il y a beaucoup à faire, il y a beaucoup à réformer, il y a beaucoup à relancer en ce qui concerne son contenu, dans l'intérêt des uns et des autres.
Q - En ce qui concerne les participants, la Syrie, le Liban voulaient reporter la réunion, voire ne pas participer. Quelles sont les dernières informations quant à la participation de la Syrie, du Liban, voire de la Libye qui était un invité, qui avait un statut d'invité spécial ?
R - La Libye avait été invitée dans les mêmes conditions qu'elle l'avait été à Stuttgart, comme invitée spéciale. Elle a déclaré qu'elle ne participerait pas à cause du contexte. Nous en avons pris acte et il y a encore une incertitude en ce qui concerne la Syrie et le Liban et, à ma connaissance, il n'y a pas d'incertitudes sur les autres.
Donc, nous avons conclu qu'il fallait tenir cette réunion ministérielle et nous allons faire en sorte qu'elle soit la plus utile possible pour le bilan de ce qui a été fait à Barcelone en 1995, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du programme MEDA qui a rencontré énormément de difficultés. A partir de ce bilan, nous devons tirer des leçons ensemble, prendre connaissance des réformes qui sont en cours sous l'impulsion du commissaire Patten avec la Présidence française et voir comment nous allons travailler dans le cadre de MEDA II. C'est cela le coeur de nos travaux.
Mais compte tenu du contexte, naturellement, nous parlerons aussi de la situation politique. Il y aura des séances de travail sur les mécanismes de la coopération que nous relançons et d'autre part, un dîner de travail, peut-être une partie du déjeuner de travail le lendemain, tout à fait importants qui seront consacrés à la situation politique au Proche-Orient et à la situation politique générale en Méditerranée.
Q - Est ce que vous confirmez la présence d'une délégation palestinienne ?
R - Je crois qu'ils sont déjà arrivés.
Q - Est ce qu'il y a un problème de protocole ou un problème de pays ? Comment faire asseoir à la même table la délégation israélienne et palestinienne ? Est-ce qu'il y a eu des discussions à propos de cela ?
R - Il n'y a pas un problème de protocole particulier. Le fait de participer à une réunion euro-méditerranéenne en ce moment pose un problème de principe à certains pays arabes qui considéraient que le Sommet du Caire, sommet arabe, il y a quelque temps, avait décidé de suspendre toutes les coopérations régionales. Mais la grande majorité des pays arabes considèrent que les coopérations régionales qui ont été suspendues sont celles qui relèvent des décisions de Madrid et du processus multilatéral de concertation, mais ne s'appliquent pas à la relation euro-méditerranéenne. C'est pour cela que la réunion peut se tenir. Il faut maintenant qu'elle se tienne utilement, ce n'est pas une réunion israélo-arabe sur le processus de paix, c'est une réunion euro-méditerranéenne, dont le moteur principal est l'Union européenne. Et c'est un des éléments importants de la politique de l'Union européenne : de même que l'Union européenne a une politique importante par rapport aux Balkans, par rapport à l'Afrique et aux Accords de Lomé, elle a une politique méditerranéenne.
En tant que Présidence, c'est une politique que nous voulons voir continuer à avancer en dépit d'un contexte très difficile dont je vous ai parlé. Nous voulons non seulement avancer, mais nous voulons améliorer les choses, il y a beaucoup à faire pour que cela marche mieux.
Q - Alors, le premier dîner d'ouverture va être consacré justement au processus de paix, vous l'avez dit, volet politique de la conférence. Est-ce qu'il y aura une déclaration, une position commune après ce dîner ?
R - Cela fait un certain temps maintenant que dans les réunions euro-méditerranéennes, c'est la Présidence qui présente les conclusions, qui résument les travaux, donc il n'y a pas de déclaration, de communiqué négociés avec l'ensemble des participants, c'est la règle dans ce type de réunion.
D'autre part, nous parlerons de la situation au Proche-Orient et du processus du paix qu'il faudrait relancer. Mais cela n'éclipse pas les questions politiques, parce qu'un travail a été entamé depuis des années pour élaborer une charte de sécurité, de stabilité, travail qui n'est pas à son terme encore. Nous devons le continuer, mais il y avait une information de la conférence.
Q - Justement, il devait y avoir l'adoption de cette charte de sécurité, de stabilité ? Est-ce qu'elle va être adoptée à Marseille ?
R - Je n'ai jamais personnellement annoncé qu'il y aurait l'adoption de la charte qui n'est pas encore en état d'être adoptée. Les discussions doivent continuer. De même, sur la tenue d'un sommet, nous n'avions jamais annoncé qu'il y aurait un sommet, c'était une éventualité que cette réunion soit transformée en un sommet, ce qui n'a pas été le cas.
Donc, je souligne qu'en ce qui concerne les questions politiques, il n'y a pas que le processus de paix, il y a l'information sur la poursuite des travaux sur la future charte de sécurité. D'autre part, l'information des pays du sud sur les projets de défense européenne est un sujet qui nous intéresse énormément. L'Egypte notamment mais aussi les pays du Maghreb demandent à en savoir plus sur la conception, les mécanismes, les objectifs. Il y a d'autres questions politiques d'ordre général dans la zone de la Méditerranée ; il n'y a pas que le processus de paix, même si naturellement, il sera traité aussi.
Q - Non, mais justement, il y aura un volet économique. Il y a le programme MEDA I et vous allez faire le bilan de ce programme d'aide financière. Deux Accords d'association seulement ont été signés, ratifiés avec la Tunisie et le Maroc ; un est en cours, je pense avec l'Algérie, si je ne m'abuse. Et pourquoi si peu d'Accords ont-ils été ratifiés - c'est ce que l'on reproche à MEDA I - ? Est-ce le fait des procédures qui sont très lourdes pour pouvoir aboutir ?
R - L'objectif de Barcelone, qui sera réitéré, c'est de parvenir à une zone de libre échange euro-méditerranéenne vers 2010. C'est un objectif qui a été accepté par l'ensemble des parties prenantes, il faut ensuite avancer par étapes. Notamment, par des Accords d'association, mais naturellement les négociations de chaque Accord d'association prennent du temps puisque chaque pays qui veut souscrire un Accord d'association doit adapter son économie, sa législation, son commerce. Cela suppose des réformes importantes, donc on avance au rythme qui est celui qui est décidé par les pays candidats. Après il y a la négociation avec la Commission. Nous allons essayer de donner une impulsion lors de cette réunion de Marseille à la négociation de ces Accords avec les pays qui n'en ont pas encore.
D'autre part, nous allons tirer le bilan du programme MEDA I, qui a eu beaucoup de mal à se mettre en place au début, à la fois parce que les pays du sud ne voyaient pas, à l'origine, quel type de projets pouvaient bénéficier de l'aide du MEDA. D'autre part, la Commission de Bruxelles n'était pas à l'aise pour faire fonctionner ce nouveau programme. Cela a donc été très lent, extraordinairement difficile. D'ailleurs je crois que sur les crédits prévus, seulement 26 à 27 % des fonds ont été décaissés à ce stade. Nous allons en faire le bilan, pour comprendre pourquoi. Il faut voir ce qui relève des pays du sud, des pays membres de l'Union européenne, de la Commission elle-même pour que les choses aillent mieux.
Nous allons ensuite voir ce que nous pourrons faire dans le cadre de MEDA II, dans l'intention de profiter de cet enseignement. C'est un élément très important sur le plan de l'Union européenne : tirer le bilan des premières années, améliorer l'ensemble des mécanismes, donner un nouvel élan et fixer un cadre pour cette coopération euro-méditerranéenne, quelles que soient les vicissitudes du processus de paix, même si j'espère ardemment par ailleurs, que, sur le processus de paix, la négociation sur le fond pourra reprendre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview dans "La Provence" le 15 novembre :
Q - Que peut-on espérer du Processus de Barcelone dans le contexte actuel ?
R - Cette réunion intervient dans un contexte particulièrement difficile en raison de la situation au Proche-Orient. 218 personnes ont été tuées depuis le 28 septembre. Plusieurs pays arabes se sont interrogés sur leur participation et il n'est pas exclu que certains d'entre eux estiment ne pas pouvoir venir à Marseille dans ces conditions. Mais nous pensons que la coopération euro-méditerranéenne est suffisamment importante en elle-même pour qu'elle puisse et même qu'elle doive se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix. Il faut le reconcentrer sur des objectifs ambitieux mais atteignables.
Nous avons fait pour Marseille un travail important qui va nous permettre de faire le bilan du programme d'aide financière MEDA 1 (1995-1999) et de réfléchir à la mise en oeuvre du prochain programme MEDA 2.
Q - Quel bilan tirez-vous de ce partenariat cinq ans après son lancement ?
R - A l'actif : la réalité et le développement du dialogue, entre les Etats mais aussi au niveau des sociétés civiles. Les 27 partenaires n'ont cessé de se rencontrer, y compris au niveau ministériel et aux heures parfois les plus difficiles du processus de paix au Proche-Orient.
Au passif, le faible nombre d'accords d'association déjà signés ; les difficultés des réformes nécessaires à l'ouverture et à la transition vers l'objectif de zone de libre-échange euro-méditerranéenne fixé à Barcelone ; les résultats insuffisants en matière de coopération sociale et culturelle ; les lenteurs sur le volet politique et, plus encore sur le programme MEDA. Tout cela s'explique par des difficultés objectives nombreuses, certainement sous-estimées à l'origine.
Cette quatrième Conférence euro-méditerranéenne va permettre de faire ce bilan. J'ai déjà demandé, notamment lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères qui s'est tenue à Lisbonne en mai que ce bilan soit établi de sorte à pouvoir ensuite, à Marseille, relancer le processus sur des bases saines. J'ai fait en sorte que chacun des 27 pays partenaires soit consulté.
Q - La France peut-elle se faire entendre par l'Union européenne pour que cette démarche soit accélérée au moment où les conditions d'adhésion des pays de l'Est dominent les esprits ?
R - La France est l'avocate de cette coopération et de sa relance au sein de l'Union. La Présidence lui permet d'exercer son influence dans le sens de la réforme et de la relance. En plus, à la veille du grand élargissement, n'oublions pas que Barcelone, comme l'ensemble des relations extérieures de l'Union, fait partie intégrante de l'acquis communautaire.
La France n'est pas seule à raisonner ainsi, beaucoup d'Etats membres - je pense en particulier à l'Espagne, à l'Italie - se sentent aussi investis d'une responsabilité particulière dans ce partenariat.
Q - Sur le plan économique les déséquilibres commerciaux entre le Nord et le Sud se sont encore accentués. La zone de libre-échange proposée comme objectif n'est-elle qu'un jeu de dupes ?
R - Que les déséquilibres commerciaux se soient accentués sous l'effet des forces et des mouvements économiques est une chose. On ne peut en déduire que l'objectif de libre-échange soit un jeu de dupes. Il est clair que la mondialisation des échanges peut être durement ressentie par les pays méditerranéens du Sud puisqu'elle leur impose des réformes structurelles importantes, une ouverture rapide des économies qui conduit, au moins pendant les premières années, des déséquilibres et des ajustements économiques et sociaux parfois douloureux.
C'est justement en ayant à l'esprit cette mondialisation des échanges, en accélération constante, que l'Union a conçu le projet euro-méditerranéen. La création de l'OMC et la nécessité pour nos partenaires de s'intégrer dans l'économie mondiale ont formé la toile de fond du projet de libre-échange sur 12 ans, le délai maximum autorisé par l'OMC. J'ajoute que l'ouverture commerciale ne couvre pas seulement les produits industriels, mais aussi, et comme le souhaitaient nos partenaires, l'agriculture. Nous disposons, avec Barcelone, d'un instrument pertinent. Il reste, et c'est ce dont nous allons discuter demain, à définir comment améliorer ce partenariat.
Q - N'est-il pas nécessaire de simplifier les procédures pour que les aides soient plus efficaces ?
R - Oui. La simplification et l'accélération des procédures est au centre de la réforme de l'aide extérieure engagée depuis plusieurs mois. Nous en parlerons à Marseille. Cela concerne au premier chef le nouveau programme MEDA mis au point sous notre présidence. Je puis vous dire, par exemple, que des dispositions ont été introduites pour permettre d'engager et, surtout, de décaisser les crédits plus rapidement..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Entretien avec les médias le 15 novembre :
Q - Le récent sommet de Charm el-Cheikh a été dominé pour le moins par le partenaire américain. Quel rôle peut encore jouer l'Union européenne au Proche-Orient dans ce contexte, et, deuxième question liée à la première, qu'attendez-vous très concrètement de ce sommet euro-méditerranéen de Marseille ?
R - Historiquement, l'Europe n'a joué de rôle au Proche-Orient que depuis plusieurs dizaines d'années. Quand on connaît l'histoire du Proche-Orient on sait que la suprématie américaine est établie depuis au moins 1956. Tout ce que l'Union européenne peut faire, c'est en plus, c'est du terrain conquis, c'est une novation. Elle réussit aussi par ses idées, ses propositions, ses déclarations comme la déclaration de Berlin de l'Union européenne, qui a eu un grand retentissement. Quand la Présidence française a réussi à faire en sorte que Javier Solana, le Haut Représentant pour la PESC, participe au sommet de Charm el-Cheikh, ce fut une progression. Naturellement, ce n'est pas suffisant pour régler ce problème de fond, qui est parmi les plus compliqués, puisque l'on voit que les efforts conjugués des Américains et de Kofi Annan ne réussissent pas jusqu'à maintenant à le régler. Il faut donc continuer et ne pas baisser les bras. Les enjeux sont trop grands et il faut tout faire pour faire retomber la tension et recréer une situation, je ne dis pas de confiance parce que ça ne sera pas possible tout de suite, mais une situation permettant de recommencer un jour la négociation, parce que les peuples palestinien et israélien sont là, côte à côte, et il leur faudra bien un jour renégocier.
La réunion de Marseille est cette grande et belle idée d'une coopération euro-méditerranéenne qui a été lancée en 1995 dans un climat d'optimisme sur le processus de paix mais qui ne doit pas dépendre uniquement de ce processus, sinon tout va s'arrêter ; alors bien sûr, si le processus de paix était remis en marche cela irait mieux, cela serait plus facile pour la coopération, mais nous les Européens et nous la France en tant que Président en exercice en ce moment, nous pensons que la coopération euro-méditerranéenne est suffisamment importante pour ne pas être complètement tributaire de ce contexte et nous souhaitons avancer malgré tout et travailler à Marseille sur un ensemble d'aspects très concrets, notamment le programme MEDA II - dont le montant vient d'être fixé par les Quinze - et sur toute une série d'aspects concrets économiques, culturels ou politiques. Nous allons essayer de travailler le mieux possible malgré tout.
Q - Que s'est-il passé depuis 5 ans, depuis Barcelone ?
R - Depuis 5 ans, il s'est créé au sein des 27 partenaires du processus euro-méditerranéen une habitude de consultation politique. C'est très important parce que cet ensemble de la Méditerranée - dont le président de la région, M. Michel Vauzelle, dit que c'est la plus belle mosaïque du monde - est composé de pays qui ont en effet beaucoup de liens et beaucoup de positions. Le Processus de Barcelone a créé des liens, des consultations ; l'Union européenne a créé un instrument de coopération qui est le programme MEDA, mais il y a eu en même temps énormément de difficultés, de mises en oeuvre, de lenteurs, par exemple ce fameux programme MEDA n° 1 dont il n'a été utilisé jusqu'ici que 27 % des budgets prévus.
Cette rencontre à Marseille a été maintenue en dépit de ce contexte tragique au Proche-Orient parce que la coopération euro-méditerranéenne est une grande idée d'avenir. On ne peut pas l'arrêter à cause de cette tragédie, il faut au contraire penser à l'avenir plus que jamais. Et bien nous allons travailler sur le programme MEDA II et nous allons essayer de comprendre pourquoi les projets ont mis tant de temps à se monter, pourquoi il n'y a que trois accords d'associations signés et ratifiés, pourquoi beaucoup de choses qui avaient été dites sur le plan de la coopération culturelle ou humaine ou sociale, ont du mal à se construire. Nous tirons les leçons des cinq premières années, et nous allons essayer de relancer toute la mécanique. Si tous nos partenaires sont là aujourd'hui à Marseille à l'exception de deux pays arabes qui ont pensé ne pas pouvoir venir dans ce contexte, c'est parce qu'ils croient à ce Processus de Barcelone, et nous aussi.
Q - Le président Yasser Arafat a annoncé qu'il n'y aurait plus de tirs à partir des territoires sous son contrôle contre des cibles israéliennes. C'est une position de la part des palestiniens, mais par ailleurs nous avons vu aujourd'hui encore huit Palestiniens tués par des balles israéliennes : quelle est votre appréciation ?
R - Je salue cette déclaration positive du président Arafat. Je voudrais dire que tout ce qui va dans le sens de l'application complète des engagements pris par les Israéliens et par les Palestiniens à Charm el-Cheikh, et qui ont été réitérés et précisés dans la rencontre de Gaza entre le président Arafat et Simon Pères, est bon et est encouragé par l'Union européenne.
Q - Quel a été le climat de la première session de travail qui se rapportait au Proche-Orient ? Que s'est-il passé ?
R - Il y a une première session de travail qui a commencé avant le dîner, et qui se va se poursuivre pendant le dîner de travail. Elle est consacrée à la situation politique au Proche-Orient et au processus de paix. J'ai fait un exposé introductif expliquant à quel point nous avions besoin de parler de cela. J'ai expliqué à tous nos partenaires pourquoi on ne peut pas faire une réunion du processus européen sans parler de la situation au Proche-Orient. J'ai demandé à chacun de s'exprimer avec sincérité et conviction, mais d'une façon qui permette à un dialogue utile de se nouer. Je pense que si les uns et les autres sont venus à Marseille, c'est malgré tout parce que, quelle que soit la douleur ou la colère, ou la tristesse, quels que soient les ressentiments ou les frustrations, l'idée de dialogue est quand même plus forte que tout.
M. Nabil Chaath qui a été désigné comme coordonnateur par les pays arabes a exprimé le point de vue palestinien avec beaucoup de force et de conviction ; M. Ben Ami a exprimé le point de vue israélien de la même façon et nous avons commencé la discussion à ce sujet. Il y a eu d'autres interventions, celle du ministre jordanien, ensuite celle du ministre égyptien et nous allons continuer pendant le dîner, plusieurs pays ayant demandé la parole. Nous allons passer le dîner sur cette question pour avoir une expression directe de la sensibilité des principaux protagonistes, mais un peu plus tard dans la soirée je reposerai la question qui est centrale à nos yeux : les uns et les autres peuvent-ils vraiment faire plus pour appliquer les engagements pris ? Peuvent-ils de façon très urgente faire en sorte que la tension retombe, que les actes de provocation et tout ce qui est dangereux soit arrêté ? Et après, peuvent-ils aller plus loin ? On essayera d'en savoir plus sur les intentions israéliennes et palestiniennes après leur rencontre avec le président Clinton. Nous allons faire preuve d'écoute, de compassion. Je rappellerai les positions européennes qui sont fondées sur la déclaration de Berlin que chacun connaît, et nous essayerons d'être utiles. Voilà le sens de ce dîner.
Q - Une déclaration va être adoptée ? Quel va être son contenu ?
R - Dans les réunions ministérielles de Barcelone, la présidence doit résumer et présenter des conclusions. On a estimé que le Processus de Barcelone est quelque chose de suffisamment important pour le poursuivre malgré les vicissitudes du processus de paix, même quand la situation est tragique. Elle est tragique, c'est vrai. Bien sûr, ce serait beaucoup plus facile si le processus de paix était en marche et s'il y avait une ambiance d'optimisme, mais on ne peut pas subordonner cette grande idée d'avenir à la situation du processus de paix. D'ailleurs quand Barcelone a été lancée, c'était dans une ambiance d'optimisme, mais on n'a pas dit qu'un processus devait dépendre complètement de l'autre. Je suis donc heureux de constater qu'à l'exception de deux pays arabes qui ont estimé ne pas pouvoir venir, tous les autres sont là. Et s'ils sont là c'est qu'ils croient en ce processus, et je crois que c'est une bonne chose en soi. Cela dit, la mécanique de Barcelone doit être réformée et améliorée.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview dans "La Marseillaise" du 16 novembre :
Q - N'avez-vous pas le sentiment que la tenue même de la conférence à Marseille est déjà un succès et montre que le processus d'Euromed est irréversible ?
R - En tant que président, cela a été ma ligne. J'ai estimé, et tous mes partenaires européens en ont été d'accord, que la coopération euro-méditerranéenne, et donc le Processus de Barcelone, est quelque chose de suffisamment important pour le poursuivre malgré les vicissitudes du Processus de paix. Même quand la situation est tragique et elle l'est. Certes, cela serait beaucoup plus facile si ce processus était en marche et si régnait une ambiance d'optimisme. Mais on ne peut pas subordonner cette grande idée d'avenir uniquement à la situation de la paix. D'ailleurs quand Barcelone a été lancé, c'était dans une ambiance d'optimisme, mais on n'a pas dit qu'un processus devait dépendre complètement de l'autre.
Je suis donc heureux de constater qu'à l'exception de deux pays arabes, qui ont estimé ne pas pouvoir venir, tous les autres sont là. S'ils sont là, c'est qu'ils croient à ce processus. Je crois donc, qu'en effet, la tenue de cette conférence est une bonne chose en soi.
Cela dit, la mécanique de Barcelone doit être beaucoup réformée et améliorée.
Q - De nombreuses forces à gauche, - nous l'avons vu à Marseille lors du "contre-sommet" -, reproche à cette mécanique son trop grand libre-échangisme. Que leurs répondez-vous ?
R - Je leur réponds que l'ensemble des pays participants - à commencer par les pays du Sud - est désireux de s'intégrer dans les échanges mondiaux. Le phénomène de globalisation est à l'oeuvre aussi bien en Méditerranée qu'ailleurs. Ces pays savent qu'ils doivent moderniser et ouvrir leur économie. Ils espèrent trouver dans la coopération avec l'Europe et notamment dans le programme MEDA (mais pas uniquement, existent également les prêts de la Banque européenne d'investissements, les politiques de coopération nationale...), un appui dans ce processus d'ouverture. Donc, ils ne le contestent pas. On ne peut pas parler à leur place. C'est à ces pays de déterminer ce qui est bon pour eux. Ils ont souscrit à la déclaration de Barcelone qui fixe l'établissement d'une grande zone de libre-échange comme objectif pour 2010. Simplement, ils ne veulent pas y aller sans aide, dans cette transition. Et nous sommes ce partenaire. C'est pour cela qu'ils attachent tellement d'importance à cette relation et qu'ils sont présents. C'est aussi pour cela qu'ils nous demandent d'améliorer le processus de Barcelone et le programme MEDA.
Q - N'avez-vous pas le sentiment qu'à travers Euromed se joue aussi l'avenir de la construction européenne elle-même ?
R - Je n'irai pas jusque-là car la construction européenne touche à tellement d'autres choses. Elle dépend essentiellement aujourd'hui de la capacité de l'Europe à réformer et améliorer ses mécanismes de décisions pour qu'elle puisse fonctionner après l'élargissement. C'est le coeur de la question.
En revanche, je dirai que s'il n'y avait pas cette dimension méditerranéenne, la construction européenne serait gravement déséquilibrée. Elle serait presque mutilée. Il nous manquerait quelque chose qui, à nos yeux de Français, est vraiment essentielle.
Q - Marseille n'a pas été choisie par hasard pour accueillir la conférence. Quel rôle, selon vous, peut-elle jouer dans ce processus ?
R - Marseille accueille une réunion. Ce n'est pas celui qui lui donne un rôle. Si elle en a un, c'est qu'elle l'avait déjà avant. Dans cette ville, depuis 2500 ans, les populations venues de toutes les régions de la Méditerranée se rencontrent, cohabitent donnent naissance à quelque chose de particulier.
La Ville elle-même est engagée dans une politique active de relations au Sud. La région PACA, elle-aussi, conduit cette politique. Si nous raisonnons en terme de coopérations décentralisées, Marseille est, en France, le pôle principal de nos relations avec la dimension méditerranéenne.
Cette conférence à Marseille est un hommage à ce rôle..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Je suis venu vous expliquer, en tant que Présidence, qu'il faut tenir la réunion Euroméditerranéenne de Marseille, mercredi et jeudi, bien que la tenue de cette réunion pose un problème à certains pays du Sud, à certains pays arabes. Il est clair que cette réunion a lieu dans un contexte défavorable, mais en tant que Présidence nous pensons que la réunion euro-méditérranéenne est suffisamment importante en elle-même pour qu'elle puisse se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix.
D'ailleurs, lorsqu'elle a été lancée à l'époque, à Barcelone, les problèmes n'étaient pas réglés.
Il y avait un optimisme, alors que là nous sommes, au contraire, dans une situation de pessimisme. Mais les deux choses n'étaient pas liées.
Voilà l'essentiel de ce que je voulais vous dire, en tant que présidence, nous pensons que cette coopération euro-méditerranéenne a son importance et son utilité en soi, indépendamment du processus de paix.
Nous avons préparé pour Marseille un programme de travail important qui devrait nous permettre de faire le bilan du programme MEDA 1 et de réfléchir à ce que nous allons faire dans le cadre du programme MEDA 2. Nous avons non seulement fait un bilan, mais nous avons tiré des leçons avec le commissaire Patten. Des réformes sont en cours, donc il y a de quoi travailler utilement.
Voilà les raisons pour lesquelles nous souhaitons que cette réunion ministérielle puisse se tenir.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview à RFI le 14 novembre :
Q - La conférence euro-méditerranéenne qui devait avoir lieu au niveau des chefs d'Etat se tiendra au niveau des ministres des Affaires étrangères. Est-ce que tout va se passer normalement ? Est-ce que les délégations seront là et est-ce que la conférence se tiendra comme convenu ?
R - Il faut reconnaître que cette réunion ministérielle se tient dans un contexte très difficile. A l'origine, quand le processus de Barcelone, qui est fondamentalement une bonne idée, a été lancé en 1995, c'était dans une ambiance d'optimisme. A propos du processus de paix qui commençait, le dialogue israélo-palestinien semblait devoir se développer, et du coup toutes les perspectives de coopération entre l'Europe et la rive sud de la Méditerranée paraissaient s'ouvrir. D'où cette grande ambition de Barcelone qui reste un grand et ultime projet. Les choses n'ont jamais été totalement liées avec le processus de paix. On n'a jamais dit dans la Déclaration de Barcelone que la coopération ne pouvait se développer que si le processus de paix aboutissait à atteindre son objectif. Mais il y a quand même un lien en ce qui concerne le climat général. Il se trouve qu'aujourd'hui nous sommes, chacun le sait, dans un moment particulièrement difficile et tendu, avec plus de 200 morts maintenant, une atmosphère qui est terriblement lourde, un pessimisme profond, un antagonisme radical qui s'est réveillé, donc c'est un mauvais contexte.
Mais cette coopération euro-méditerranéenne a, nous semble-t-il, une utilité en elle-même. On ne peut pas la faire dépendre complètement du processus de paix, de ses vicissitudes, sinon on n'arrivera jamais à bâtir une vraie coopération. En tant que Présidence en exercice de l'UE, après de nombreuses consultations avec les uns et les autres, même si nous savons que cela peut poser des problèmes à certains des pays arabes, nous avons estimé que nous ne pouvions pas prendre la responsabilité de reporter cette conférence. Le processus doit avancer, surtout qu'il y a beaucoup à dire, il y a beaucoup à faire, il y a beaucoup à réformer, il y a beaucoup à relancer en ce qui concerne son contenu, dans l'intérêt des uns et des autres.
Q - En ce qui concerne les participants, la Syrie, le Liban voulaient reporter la réunion, voire ne pas participer. Quelles sont les dernières informations quant à la participation de la Syrie, du Liban, voire de la Libye qui était un invité, qui avait un statut d'invité spécial ?
R - La Libye avait été invitée dans les mêmes conditions qu'elle l'avait été à Stuttgart, comme invitée spéciale. Elle a déclaré qu'elle ne participerait pas à cause du contexte. Nous en avons pris acte et il y a encore une incertitude en ce qui concerne la Syrie et le Liban et, à ma connaissance, il n'y a pas d'incertitudes sur les autres.
Donc, nous avons conclu qu'il fallait tenir cette réunion ministérielle et nous allons faire en sorte qu'elle soit la plus utile possible pour le bilan de ce qui a été fait à Barcelone en 1995, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du programme MEDA qui a rencontré énormément de difficultés. A partir de ce bilan, nous devons tirer des leçons ensemble, prendre connaissance des réformes qui sont en cours sous l'impulsion du commissaire Patten avec la Présidence française et voir comment nous allons travailler dans le cadre de MEDA II. C'est cela le coeur de nos travaux.
Mais compte tenu du contexte, naturellement, nous parlerons aussi de la situation politique. Il y aura des séances de travail sur les mécanismes de la coopération que nous relançons et d'autre part, un dîner de travail, peut-être une partie du déjeuner de travail le lendemain, tout à fait importants qui seront consacrés à la situation politique au Proche-Orient et à la situation politique générale en Méditerranée.
Q - Est ce que vous confirmez la présence d'une délégation palestinienne ?
R - Je crois qu'ils sont déjà arrivés.
Q - Est ce qu'il y a un problème de protocole ou un problème de pays ? Comment faire asseoir à la même table la délégation israélienne et palestinienne ? Est-ce qu'il y a eu des discussions à propos de cela ?
R - Il n'y a pas un problème de protocole particulier. Le fait de participer à une réunion euro-méditerranéenne en ce moment pose un problème de principe à certains pays arabes qui considéraient que le Sommet du Caire, sommet arabe, il y a quelque temps, avait décidé de suspendre toutes les coopérations régionales. Mais la grande majorité des pays arabes considèrent que les coopérations régionales qui ont été suspendues sont celles qui relèvent des décisions de Madrid et du processus multilatéral de concertation, mais ne s'appliquent pas à la relation euro-méditerranéenne. C'est pour cela que la réunion peut se tenir. Il faut maintenant qu'elle se tienne utilement, ce n'est pas une réunion israélo-arabe sur le processus de paix, c'est une réunion euro-méditerranéenne, dont le moteur principal est l'Union européenne. Et c'est un des éléments importants de la politique de l'Union européenne : de même que l'Union européenne a une politique importante par rapport aux Balkans, par rapport à l'Afrique et aux Accords de Lomé, elle a une politique méditerranéenne.
En tant que Présidence, c'est une politique que nous voulons voir continuer à avancer en dépit d'un contexte très difficile dont je vous ai parlé. Nous voulons non seulement avancer, mais nous voulons améliorer les choses, il y a beaucoup à faire pour que cela marche mieux.
Q - Alors, le premier dîner d'ouverture va être consacré justement au processus de paix, vous l'avez dit, volet politique de la conférence. Est-ce qu'il y aura une déclaration, une position commune après ce dîner ?
R - Cela fait un certain temps maintenant que dans les réunions euro-méditerranéennes, c'est la Présidence qui présente les conclusions, qui résument les travaux, donc il n'y a pas de déclaration, de communiqué négociés avec l'ensemble des participants, c'est la règle dans ce type de réunion.
D'autre part, nous parlerons de la situation au Proche-Orient et du processus du paix qu'il faudrait relancer. Mais cela n'éclipse pas les questions politiques, parce qu'un travail a été entamé depuis des années pour élaborer une charte de sécurité, de stabilité, travail qui n'est pas à son terme encore. Nous devons le continuer, mais il y avait une information de la conférence.
Q - Justement, il devait y avoir l'adoption de cette charte de sécurité, de stabilité ? Est-ce qu'elle va être adoptée à Marseille ?
R - Je n'ai jamais personnellement annoncé qu'il y aurait l'adoption de la charte qui n'est pas encore en état d'être adoptée. Les discussions doivent continuer. De même, sur la tenue d'un sommet, nous n'avions jamais annoncé qu'il y aurait un sommet, c'était une éventualité que cette réunion soit transformée en un sommet, ce qui n'a pas été le cas.
Donc, je souligne qu'en ce qui concerne les questions politiques, il n'y a pas que le processus de paix, il y a l'information sur la poursuite des travaux sur la future charte de sécurité. D'autre part, l'information des pays du sud sur les projets de défense européenne est un sujet qui nous intéresse énormément. L'Egypte notamment mais aussi les pays du Maghreb demandent à en savoir plus sur la conception, les mécanismes, les objectifs. Il y a d'autres questions politiques d'ordre général dans la zone de la Méditerranée ; il n'y a pas que le processus de paix, même si naturellement, il sera traité aussi.
Q - Non, mais justement, il y aura un volet économique. Il y a le programme MEDA I et vous allez faire le bilan de ce programme d'aide financière. Deux Accords d'association seulement ont été signés, ratifiés avec la Tunisie et le Maroc ; un est en cours, je pense avec l'Algérie, si je ne m'abuse. Et pourquoi si peu d'Accords ont-ils été ratifiés - c'est ce que l'on reproche à MEDA I - ? Est-ce le fait des procédures qui sont très lourdes pour pouvoir aboutir ?
R - L'objectif de Barcelone, qui sera réitéré, c'est de parvenir à une zone de libre échange euro-méditerranéenne vers 2010. C'est un objectif qui a été accepté par l'ensemble des parties prenantes, il faut ensuite avancer par étapes. Notamment, par des Accords d'association, mais naturellement les négociations de chaque Accord d'association prennent du temps puisque chaque pays qui veut souscrire un Accord d'association doit adapter son économie, sa législation, son commerce. Cela suppose des réformes importantes, donc on avance au rythme qui est celui qui est décidé par les pays candidats. Après il y a la négociation avec la Commission. Nous allons essayer de donner une impulsion lors de cette réunion de Marseille à la négociation de ces Accords avec les pays qui n'en ont pas encore.
D'autre part, nous allons tirer le bilan du programme MEDA I, qui a eu beaucoup de mal à se mettre en place au début, à la fois parce que les pays du sud ne voyaient pas, à l'origine, quel type de projets pouvaient bénéficier de l'aide du MEDA. D'autre part, la Commission de Bruxelles n'était pas à l'aise pour faire fonctionner ce nouveau programme. Cela a donc été très lent, extraordinairement difficile. D'ailleurs je crois que sur les crédits prévus, seulement 26 à 27 % des fonds ont été décaissés à ce stade. Nous allons en faire le bilan, pour comprendre pourquoi. Il faut voir ce qui relève des pays du sud, des pays membres de l'Union européenne, de la Commission elle-même pour que les choses aillent mieux.
Nous allons ensuite voir ce que nous pourrons faire dans le cadre de MEDA II, dans l'intention de profiter de cet enseignement. C'est un élément très important sur le plan de l'Union européenne : tirer le bilan des premières années, améliorer l'ensemble des mécanismes, donner un nouvel élan et fixer un cadre pour cette coopération euro-méditerranéenne, quelles que soient les vicissitudes du processus de paix, même si j'espère ardemment par ailleurs, que, sur le processus de paix, la négociation sur le fond pourra reprendre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview dans "La Provence" le 15 novembre :
Q - Que peut-on espérer du Processus de Barcelone dans le contexte actuel ?
R - Cette réunion intervient dans un contexte particulièrement difficile en raison de la situation au Proche-Orient. 218 personnes ont été tuées depuis le 28 septembre. Plusieurs pays arabes se sont interrogés sur leur participation et il n'est pas exclu que certains d'entre eux estiment ne pas pouvoir venir à Marseille dans ces conditions. Mais nous pensons que la coopération euro-méditerranéenne est suffisamment importante en elle-même pour qu'elle puisse et même qu'elle doive se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix. Il faut le reconcentrer sur des objectifs ambitieux mais atteignables.
Nous avons fait pour Marseille un travail important qui va nous permettre de faire le bilan du programme d'aide financière MEDA 1 (1995-1999) et de réfléchir à la mise en oeuvre du prochain programme MEDA 2.
Q - Quel bilan tirez-vous de ce partenariat cinq ans après son lancement ?
R - A l'actif : la réalité et le développement du dialogue, entre les Etats mais aussi au niveau des sociétés civiles. Les 27 partenaires n'ont cessé de se rencontrer, y compris au niveau ministériel et aux heures parfois les plus difficiles du processus de paix au Proche-Orient.
Au passif, le faible nombre d'accords d'association déjà signés ; les difficultés des réformes nécessaires à l'ouverture et à la transition vers l'objectif de zone de libre-échange euro-méditerranéenne fixé à Barcelone ; les résultats insuffisants en matière de coopération sociale et culturelle ; les lenteurs sur le volet politique et, plus encore sur le programme MEDA. Tout cela s'explique par des difficultés objectives nombreuses, certainement sous-estimées à l'origine.
Cette quatrième Conférence euro-méditerranéenne va permettre de faire ce bilan. J'ai déjà demandé, notamment lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères qui s'est tenue à Lisbonne en mai que ce bilan soit établi de sorte à pouvoir ensuite, à Marseille, relancer le processus sur des bases saines. J'ai fait en sorte que chacun des 27 pays partenaires soit consulté.
Q - La France peut-elle se faire entendre par l'Union européenne pour que cette démarche soit accélérée au moment où les conditions d'adhésion des pays de l'Est dominent les esprits ?
R - La France est l'avocate de cette coopération et de sa relance au sein de l'Union. La Présidence lui permet d'exercer son influence dans le sens de la réforme et de la relance. En plus, à la veille du grand élargissement, n'oublions pas que Barcelone, comme l'ensemble des relations extérieures de l'Union, fait partie intégrante de l'acquis communautaire.
La France n'est pas seule à raisonner ainsi, beaucoup d'Etats membres - je pense en particulier à l'Espagne, à l'Italie - se sentent aussi investis d'une responsabilité particulière dans ce partenariat.
Q - Sur le plan économique les déséquilibres commerciaux entre le Nord et le Sud se sont encore accentués. La zone de libre-échange proposée comme objectif n'est-elle qu'un jeu de dupes ?
R - Que les déséquilibres commerciaux se soient accentués sous l'effet des forces et des mouvements économiques est une chose. On ne peut en déduire que l'objectif de libre-échange soit un jeu de dupes. Il est clair que la mondialisation des échanges peut être durement ressentie par les pays méditerranéens du Sud puisqu'elle leur impose des réformes structurelles importantes, une ouverture rapide des économies qui conduit, au moins pendant les premières années, des déséquilibres et des ajustements économiques et sociaux parfois douloureux.
C'est justement en ayant à l'esprit cette mondialisation des échanges, en accélération constante, que l'Union a conçu le projet euro-méditerranéen. La création de l'OMC et la nécessité pour nos partenaires de s'intégrer dans l'économie mondiale ont formé la toile de fond du projet de libre-échange sur 12 ans, le délai maximum autorisé par l'OMC. J'ajoute que l'ouverture commerciale ne couvre pas seulement les produits industriels, mais aussi, et comme le souhaitaient nos partenaires, l'agriculture. Nous disposons, avec Barcelone, d'un instrument pertinent. Il reste, et c'est ce dont nous allons discuter demain, à définir comment améliorer ce partenariat.
Q - N'est-il pas nécessaire de simplifier les procédures pour que les aides soient plus efficaces ?
R - Oui. La simplification et l'accélération des procédures est au centre de la réforme de l'aide extérieure engagée depuis plusieurs mois. Nous en parlerons à Marseille. Cela concerne au premier chef le nouveau programme MEDA mis au point sous notre présidence. Je puis vous dire, par exemple, que des dispositions ont été introduites pour permettre d'engager et, surtout, de décaisser les crédits plus rapidement..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Entretien avec les médias le 15 novembre :
Q - Le récent sommet de Charm el-Cheikh a été dominé pour le moins par le partenaire américain. Quel rôle peut encore jouer l'Union européenne au Proche-Orient dans ce contexte, et, deuxième question liée à la première, qu'attendez-vous très concrètement de ce sommet euro-méditerranéen de Marseille ?
R - Historiquement, l'Europe n'a joué de rôle au Proche-Orient que depuis plusieurs dizaines d'années. Quand on connaît l'histoire du Proche-Orient on sait que la suprématie américaine est établie depuis au moins 1956. Tout ce que l'Union européenne peut faire, c'est en plus, c'est du terrain conquis, c'est une novation. Elle réussit aussi par ses idées, ses propositions, ses déclarations comme la déclaration de Berlin de l'Union européenne, qui a eu un grand retentissement. Quand la Présidence française a réussi à faire en sorte que Javier Solana, le Haut Représentant pour la PESC, participe au sommet de Charm el-Cheikh, ce fut une progression. Naturellement, ce n'est pas suffisant pour régler ce problème de fond, qui est parmi les plus compliqués, puisque l'on voit que les efforts conjugués des Américains et de Kofi Annan ne réussissent pas jusqu'à maintenant à le régler. Il faut donc continuer et ne pas baisser les bras. Les enjeux sont trop grands et il faut tout faire pour faire retomber la tension et recréer une situation, je ne dis pas de confiance parce que ça ne sera pas possible tout de suite, mais une situation permettant de recommencer un jour la négociation, parce que les peuples palestinien et israélien sont là, côte à côte, et il leur faudra bien un jour renégocier.
La réunion de Marseille est cette grande et belle idée d'une coopération euro-méditerranéenne qui a été lancée en 1995 dans un climat d'optimisme sur le processus de paix mais qui ne doit pas dépendre uniquement de ce processus, sinon tout va s'arrêter ; alors bien sûr, si le processus de paix était remis en marche cela irait mieux, cela serait plus facile pour la coopération, mais nous les Européens et nous la France en tant que Président en exercice en ce moment, nous pensons que la coopération euro-méditerranéenne est suffisamment importante pour ne pas être complètement tributaire de ce contexte et nous souhaitons avancer malgré tout et travailler à Marseille sur un ensemble d'aspects très concrets, notamment le programme MEDA II - dont le montant vient d'être fixé par les Quinze - et sur toute une série d'aspects concrets économiques, culturels ou politiques. Nous allons essayer de travailler le mieux possible malgré tout.
Q - Que s'est-il passé depuis 5 ans, depuis Barcelone ?
R - Depuis 5 ans, il s'est créé au sein des 27 partenaires du processus euro-méditerranéen une habitude de consultation politique. C'est très important parce que cet ensemble de la Méditerranée - dont le président de la région, M. Michel Vauzelle, dit que c'est la plus belle mosaïque du monde - est composé de pays qui ont en effet beaucoup de liens et beaucoup de positions. Le Processus de Barcelone a créé des liens, des consultations ; l'Union européenne a créé un instrument de coopération qui est le programme MEDA, mais il y a eu en même temps énormément de difficultés, de mises en oeuvre, de lenteurs, par exemple ce fameux programme MEDA n° 1 dont il n'a été utilisé jusqu'ici que 27 % des budgets prévus.
Cette rencontre à Marseille a été maintenue en dépit de ce contexte tragique au Proche-Orient parce que la coopération euro-méditerranéenne est une grande idée d'avenir. On ne peut pas l'arrêter à cause de cette tragédie, il faut au contraire penser à l'avenir plus que jamais. Et bien nous allons travailler sur le programme MEDA II et nous allons essayer de comprendre pourquoi les projets ont mis tant de temps à se monter, pourquoi il n'y a que trois accords d'associations signés et ratifiés, pourquoi beaucoup de choses qui avaient été dites sur le plan de la coopération culturelle ou humaine ou sociale, ont du mal à se construire. Nous tirons les leçons des cinq premières années, et nous allons essayer de relancer toute la mécanique. Si tous nos partenaires sont là aujourd'hui à Marseille à l'exception de deux pays arabes qui ont pensé ne pas pouvoir venir dans ce contexte, c'est parce qu'ils croient à ce Processus de Barcelone, et nous aussi.
Q - Le président Yasser Arafat a annoncé qu'il n'y aurait plus de tirs à partir des territoires sous son contrôle contre des cibles israéliennes. C'est une position de la part des palestiniens, mais par ailleurs nous avons vu aujourd'hui encore huit Palestiniens tués par des balles israéliennes : quelle est votre appréciation ?
R - Je salue cette déclaration positive du président Arafat. Je voudrais dire que tout ce qui va dans le sens de l'application complète des engagements pris par les Israéliens et par les Palestiniens à Charm el-Cheikh, et qui ont été réitérés et précisés dans la rencontre de Gaza entre le président Arafat et Simon Pères, est bon et est encouragé par l'Union européenne.
Q - Quel a été le climat de la première session de travail qui se rapportait au Proche-Orient ? Que s'est-il passé ?
R - Il y a une première session de travail qui a commencé avant le dîner, et qui se va se poursuivre pendant le dîner de travail. Elle est consacrée à la situation politique au Proche-Orient et au processus de paix. J'ai fait un exposé introductif expliquant à quel point nous avions besoin de parler de cela. J'ai expliqué à tous nos partenaires pourquoi on ne peut pas faire une réunion du processus européen sans parler de la situation au Proche-Orient. J'ai demandé à chacun de s'exprimer avec sincérité et conviction, mais d'une façon qui permette à un dialogue utile de se nouer. Je pense que si les uns et les autres sont venus à Marseille, c'est malgré tout parce que, quelle que soit la douleur ou la colère, ou la tristesse, quels que soient les ressentiments ou les frustrations, l'idée de dialogue est quand même plus forte que tout.
M. Nabil Chaath qui a été désigné comme coordonnateur par les pays arabes a exprimé le point de vue palestinien avec beaucoup de force et de conviction ; M. Ben Ami a exprimé le point de vue israélien de la même façon et nous avons commencé la discussion à ce sujet. Il y a eu d'autres interventions, celle du ministre jordanien, ensuite celle du ministre égyptien et nous allons continuer pendant le dîner, plusieurs pays ayant demandé la parole. Nous allons passer le dîner sur cette question pour avoir une expression directe de la sensibilité des principaux protagonistes, mais un peu plus tard dans la soirée je reposerai la question qui est centrale à nos yeux : les uns et les autres peuvent-ils vraiment faire plus pour appliquer les engagements pris ? Peuvent-ils de façon très urgente faire en sorte que la tension retombe, que les actes de provocation et tout ce qui est dangereux soit arrêté ? Et après, peuvent-ils aller plus loin ? On essayera d'en savoir plus sur les intentions israéliennes et palestiniennes après leur rencontre avec le président Clinton. Nous allons faire preuve d'écoute, de compassion. Je rappellerai les positions européennes qui sont fondées sur la déclaration de Berlin que chacun connaît, et nous essayerons d'être utiles. Voilà le sens de ce dîner.
Q - Une déclaration va être adoptée ? Quel va être son contenu ?
R - Dans les réunions ministérielles de Barcelone, la présidence doit résumer et présenter des conclusions. On a estimé que le Processus de Barcelone est quelque chose de suffisamment important pour le poursuivre malgré les vicissitudes du processus de paix, même quand la situation est tragique. Elle est tragique, c'est vrai. Bien sûr, ce serait beaucoup plus facile si le processus de paix était en marche et s'il y avait une ambiance d'optimisme, mais on ne peut pas subordonner cette grande idée d'avenir à la situation du processus de paix. D'ailleurs quand Barcelone a été lancée, c'était dans une ambiance d'optimisme, mais on n'a pas dit qu'un processus devait dépendre complètement de l'autre. Je suis donc heureux de constater qu'à l'exception de deux pays arabes qui ont estimé ne pas pouvoir venir, tous les autres sont là. Et s'ils sont là c'est qu'ils croient en ce processus, et je crois que c'est une bonne chose en soi. Cela dit, la mécanique de Barcelone doit être réformée et améliorée.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Interview dans "La Marseillaise" du 16 novembre :
Q - N'avez-vous pas le sentiment que la tenue même de la conférence à Marseille est déjà un succès et montre que le processus d'Euromed est irréversible ?
R - En tant que président, cela a été ma ligne. J'ai estimé, et tous mes partenaires européens en ont été d'accord, que la coopération euro-méditerranéenne, et donc le Processus de Barcelone, est quelque chose de suffisamment important pour le poursuivre malgré les vicissitudes du Processus de paix. Même quand la situation est tragique et elle l'est. Certes, cela serait beaucoup plus facile si ce processus était en marche et si régnait une ambiance d'optimisme. Mais on ne peut pas subordonner cette grande idée d'avenir uniquement à la situation de la paix. D'ailleurs quand Barcelone a été lancé, c'était dans une ambiance d'optimisme, mais on n'a pas dit qu'un processus devait dépendre complètement de l'autre.
Je suis donc heureux de constater qu'à l'exception de deux pays arabes, qui ont estimé ne pas pouvoir venir, tous les autres sont là. S'ils sont là, c'est qu'ils croient à ce processus. Je crois donc, qu'en effet, la tenue de cette conférence est une bonne chose en soi.
Cela dit, la mécanique de Barcelone doit être beaucoup réformée et améliorée.
Q - De nombreuses forces à gauche, - nous l'avons vu à Marseille lors du "contre-sommet" -, reproche à cette mécanique son trop grand libre-échangisme. Que leurs répondez-vous ?
R - Je leur réponds que l'ensemble des pays participants - à commencer par les pays du Sud - est désireux de s'intégrer dans les échanges mondiaux. Le phénomène de globalisation est à l'oeuvre aussi bien en Méditerranée qu'ailleurs. Ces pays savent qu'ils doivent moderniser et ouvrir leur économie. Ils espèrent trouver dans la coopération avec l'Europe et notamment dans le programme MEDA (mais pas uniquement, existent également les prêts de la Banque européenne d'investissements, les politiques de coopération nationale...), un appui dans ce processus d'ouverture. Donc, ils ne le contestent pas. On ne peut pas parler à leur place. C'est à ces pays de déterminer ce qui est bon pour eux. Ils ont souscrit à la déclaration de Barcelone qui fixe l'établissement d'une grande zone de libre-échange comme objectif pour 2010. Simplement, ils ne veulent pas y aller sans aide, dans cette transition. Et nous sommes ce partenaire. C'est pour cela qu'ils attachent tellement d'importance à cette relation et qu'ils sont présents. C'est aussi pour cela qu'ils nous demandent d'améliorer le processus de Barcelone et le programme MEDA.
Q - N'avez-vous pas le sentiment qu'à travers Euromed se joue aussi l'avenir de la construction européenne elle-même ?
R - Je n'irai pas jusque-là car la construction européenne touche à tellement d'autres choses. Elle dépend essentiellement aujourd'hui de la capacité de l'Europe à réformer et améliorer ses mécanismes de décisions pour qu'elle puisse fonctionner après l'élargissement. C'est le coeur de la question.
En revanche, je dirai que s'il n'y avait pas cette dimension méditerranéenne, la construction européenne serait gravement déséquilibrée. Elle serait presque mutilée. Il nous manquerait quelque chose qui, à nos yeux de Français, est vraiment essentielle.
Q - Marseille n'a pas été choisie par hasard pour accueillir la conférence. Quel rôle, selon vous, peut-elle jouer dans ce processus ?
R - Marseille accueille une réunion. Ce n'est pas celui qui lui donne un rôle. Si elle en a un, c'est qu'elle l'avait déjà avant. Dans cette ville, depuis 2500 ans, les populations venues de toutes les régions de la Méditerranée se rencontrent, cohabitent donnent naissance à quelque chose de particulier.
La Ville elle-même est engagée dans une politique active de relations au Sud. La région PACA, elle-aussi, conduit cette politique. Si nous raisonnons en terme de coopérations décentralisées, Marseille est, en France, le pôle principal de nos relations avec la dimension méditerranéenne.
Cette conférence à Marseille est un hommage à ce rôle..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2000)