Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur le développement de l'éducation artistique et culturelle, notamment dans les banlieues, Trappes le 22 mai 2000.

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Circonstance : Ouverture du 9ème festival Banlieues'arts à Trappes le 22 mai 2000

Texte intégral

Monsieur le Préfet, Monsieur le Député, Monsieur le Président du SAN,
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse d'être parmi vous ce soir pour l'ouverture de la 9ème édition du festival Banlieues'Arts. Je remercie chaleureusement tous les organisateurs de m'avoir invitée. C'est pour moi un réel plaisir personnel, renouvelé chaque année, d'être fidèle à ce rendez-vous qui est désormais reconnu nationalement à sa juste importance. Depuis l'an dernier je crois, la bataille médiatique est gagnée. Les médias sont là. Ils rendent compte de cette action passionnante qu'est Banlieues'Arts. C'est mérité pour tous les acteurs du festival, mérité aussi pour Trappes qui trouve là une image positive à opposer à un discours extérieur souvent dépréciatif.
Chaque année, la rentrée scolaire et la rentrée artistique se font à peu près en même temps. Malheureusement, les deux mondes se rencontrent encore un peu difficilement. Ils ont parfois du mal à s'épauler l'un l'autre, et à créer les synergies nécessaires.
Nous savons pourtant, Mesdames et Messieurs, que cette rencontre est possible, et qu'elle se produit parfois dans une parfaite harmonie. A ce titre, le Festival Banlieues'Arts est tout simplement exemplaire. Cette 9ème édition d'un festival né ici en 1992 à l'initiative de l'Association Culturelle de Trappes, se déroule, on le sait, dans huit villes différentes des Yvelines, concerne plus de 50 artistes professionnels, 90 enseignants, 1500 élèves, et 15 000 spectateurs. Il représente aujourd'hui ce qui se fait de mieux en matière de pratique des enseignements artistiques, autour d'un projet commun de très grande qualité.
Je tiens à rendre hommage à toute l'équipe de Banlieues'Arts, aux organisateurs, autour de Jean JOURDAN, Jean-Luc WEINICH, Philippe DEPOUX, Nicolas DUBOIS et Jean-Michel GRÉMILLET, à ces artistes, à ces enseignants, à ces élèves, qui mènent tout au long de l'année un travail remarquable, et qui font de ce festival unique un moment privilégié de réflexion et de création, un espace d'échanges et de découvertes.
Dans le titre même de ce festival - et je crois au poids des mots - il y a un projet fort et poétique à réunir en un seul vocable les termes " Banlieues " et " Arts ". Deux mots qui longtemps se sont ignorés, voire tourner le dos, et qui aujourd'hui à Trappes, détournant le qualificatif un tantinet péjoratif de " banlieusard ", en fait un rendez-vous citoyen et créatif. Bravo donc à tous ceux qui ont pensé et mené à bien ce festival.
Il y a huit ans, le pari était audacieux, de faire, dans une zone d'éducation prioritaire comme l'a rappelé le Président CADALBERT, un lieu de rencontre permanent entre l'école et la culture, qui s'inscrive dans la durée. Ce pari est aujourd'hui magnifiquement tenu.
Je voudrais reprendre ces propos tenus ici-même il y a un an par Ségolène ROYAL, alors Ministre déléguée à l'enseignement scolaire, en ouverture du colloque consacré aux éducations artistiques : " le partenariat entre les pouvoirs publics et l'Association Culturelle de Trappes est à l'image des énergies à conjuguer pour que, de la maternelle à l'université, démocratisation scolaire et démocratisation culturelle aient partie étroitement liée ".
Depuis la dernière rentrée scolaire, l'action du gouvernement connaît de nouveaux développements en ce domaine. Des ateliers d'expression artistique ont été ouverts dans 800 lycées, aussi bien d'enseignement général que professionnel. D'autres le seront aux rentrées 2000 et 2001, puisque notre ambition est de les ouvrir dans tous les lycées. Leur singularité tient au fait qu'ils sont pilotés conjointement par un ou des enseignants et des artistes. Cette présence des artistes dans l'institution scolaire constitue, j'en suis convaincue, une ouverture pour l'ensemble des élèves comme pour leurs professeurs. Mais l'inverse est également vrai : le milieu culturel apprend à regarder l'école d'un il neuf. Ainsi, tous se trouvent enrichis par cette rencontre.
Banlieues'Arts en est l'illustration. Le programme de ce 9e festival témoigne de la vitalité, de la diversité de la rigueur de cette rencontre : le théâtre avec les compagnies Octavio et du Théâtre du Mouvement, l'écriture et la photographie de Catherine ZAMBON, de Florence DUGOWSON et de Nicolas FRÉMIOT, les chansons d'IGNATUS, le cirque de la compagnie Jérôme THOMAS, la danse des compagnies Carré Blanc et Camargo, et tous les autres artistes, ont traversé ensemble les ateliers, avec la complicité des enseignants et des élèves, pour le plus grand profit de tous.
Ce n'est pas un hasard si ce festival a vu le jour ici, dans cette ville de la banlieue parisienne, dans le paysage urbain contrasté de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui a, elle aussi, ses quartiers en difficulté. La culture doit être au cur de la ville. Elle constitue un volet important de la politique de la ville, comme de la lutte contre les exclusions. Monsieur le Maire, vous avez fait allusion tout à l'heure au volet culturel du Grand Projet de Ville, pour lequel les élus - et j'en faisais partie - se sont mobilisés avec succès.
Je me réjouis beaucoup de la signature prochaine d'une Convention de développement culturel intercommunal entre le SAN de Saint-Quentin-en-Yvelines et la Direction des Affaires Culturelles d'Ile-de-France. Je suis sûre que ce partenariat sera fructueux pour de nombreux projets culturels de La Ville Nouvelle.
Avec Claude BARTOLONE, Ministre délégué à la ville, qui est venu il y a quelques mois visiter le quartier des merisiers pour le lancement du GPV, nous préparons par ailleurs un texte qui précisera la politique de l'État concernant la mise en uvre de ces volets culturels des Contrats de ville, projet qui contribuera fortement, je l'espère, à restituer pleinement la capacité d'intégration de nos villes et à reconnaître leur diversité culturelle.
Si j'ai dit que Banlieues'Arts est exemplaire, c'est parce que des initiatives comme celle-ci doivent maintenant se multiplier, sous des formes diverses, sur l'ensemble du territoire, et mon ministère y contribuera à travers tous ses services et en s'appuyant sur les institutions qu'il subventionne.
Tous les enfants ne naissent pas artistes, mais nous savons aussi que, pour tous, la découverte des arts, une pratique artistique, peuvent être un moteur déterminant de formation de leur personnalité, de socialisation et de développement de leurs capacités d'expression et, partant un gage de réussite de leur scolarité et de leur âge adulte.
C'est pourquoi le développement de l'éducation artistique et culturelle à tous les niveaux d'enseignement, de l'école à l'université, est une priorité essentielle de l'action du Ministère de la Culture et de la Communication.
Un mot encore, si vous le permettez, pour souligner que c'est la volonté du gouvernement dans son ensemble, Éducation Nationale, Jeunesse et Sports, Ville, que de mettre en avant cette priorité. Cette volonté, partagée par Jack LANG, Marie-George BUFFET et Claude BARTOLONE, est un gage de l'efficacité de la politique que nous menons dans ce domaine. A ce titre, Banlieues'Arts représente pour nous une source précieuse d'inspiration et de réflexion.
Je vous remercie de votre attention, et je souhaite longue vie au festival Banlieues'Arts, dont je déclare maintenant ouverte la 9e édition.

(source http://www.culture.gouv.fr, le 25 mai 2000)