Texte intégral
Jacques Chirac est-il maintenant convaincu de faire cette réforme, réduire le mandat présidentiel à cinq ans ?
Ecoutez, je ne sais pas. Il y a des signes qui vont dans ce sens mais ce qu'il faut voir, c'est qu'une réforme importante et qui aura, naturellement, des conséquences sur nos institutions et la définition même des rapports entre le Président de la République et le gouvernement et le Parlement.
Donc, le Président de la République a raison de prendre son temps, de réfléchir, de consulter ?
On a absolument besoin de sérénité et il faut éviter de perdre du temps et il me semble que cette réforme que M. Giscard d'Estaing a lancée, qui est très importante, parce que c'est la première fois que le Parlement pourrait avoir l'initiative changer la Constitution, cela ne s'est jamais fait sous la Vème République. Ensuite, on va voir si ce projet est repris par le Gouvernement ou le Président de la République mais ça n'est pas une réforme anodine, ça n'est pas une réforme secondaire et c'est le point de départ, vous le voyez bien, c'est pourquoi il y a toute cette agitation que, sans doute, les Français comprennent mal, c'est le point de départ d'une réflexion majeure sur nos institutions. Elles ne fonctionnent pas. La Vème République est en crise, en panne larvée, en crise larvée ou en panne, plus exactement, la Vème République est en mauvais état. Elle est en mauvais état à cause de ces cohabitations répétées qui, naturellement, ont changé enfin son mode de fonctionnement ".
François Bayrou, de toute façon, ça n'évitera pas les cohabitations
Attendez. Vous savez que je défends une autre idée qui est celle-ci. On réduit le mandat présidentiel à cinq ans et on organise les élections législatives dans la même période que l'élection présidentielle. Autrement dit, les Français désormais pourraient avoir, en même temps, le choix du président et de la majorité du président et je trouve que c'est la seule chose qui permette d'éviter la situation ubuesque dans laquelle nous sommes depuis longtemps, vous le savez bien. Nous sommes le seul pays du monde développé dans lequel le pouvoir exécutif soit coupé en deux et les deux moitiés opposées l'une à l'autre. Ca n'a pas de sens.
Alors, en même temps, vous dites " il faut aller vite, il ne faut pas perdre de temps ". Ca veut dire un référendum quand ?
Ca dépend si le choix que fera le Président de la République est celui de se saisir du sujet ou, au contraire.
Eh bien, il dit qu'il prend une initiative, donc c'est sous-entendu
De laisser se faire la voie parlementaire. S'il se saisit du sujet, les choses peuvent aller assez vite mais, vous le voyez bien, je ne crois pas qu'un sujet de cette importance puisse être traité sans que se posent, à cette occasion, d'autres questions sur nos institutions.
Il vous a consulté, le Président de la République ?
Je l'ai eu au téléphone, mais je ne raconte pas mes entretiens et probablement le verrais-je assez vite.
Donc, il doit recevoir les chefs de parti, selon vous, avant de décider ?
Il organise sa réflexion comme il l'entend. Je ne vais pas donner au micro d'Europe 1 les détails de ce genre.
Eh bien, à l'occasion, vous pouvez.
Mais vous savez bien que ça ne se fait pas. En tout cas, moi, je ne le fais pas. C'est très clair et très simple. Ce qui est en jeu, ça n'est pas seulement la durée du mandat, ce sont les institutions. Naturellement, je suis pour qu'on traite la durée du mandat puisque c'est sur la table devant nous.
Oui et vous avez signé, en plus, la proposition de Giscard. Est-ce qu'il y a un risque qu'il y ait un non au référendum ?
Pardon ?
Y a-t-il un risque, s'il y a référendum, que le non l'emporte ou bien est-ce que, compte tenu de l'état de l'opinion, c'est le oui assuré ?
Il y a un risque.
Ah bon !
Moi, je pense que jamais ces débats ne se font sans que des surprises surgissent parce que les Français comprennent très bien qu'il ne s'agit pas seulement de la durée du mandat, il s'agit de sa définition même et, en choisissant un mandat de cinq ans, on choisit un président actif et non pas un président arbitre. On choisit un président capitaine et pas un président arbitre et lointain. Et donc, cela signifie, bien entendu, que les Français vont réfléchir à cette fonction et, naturellement, chaque fois qu'il y a une consultation, le oui peut l'emporter, c'est aujourd'hui la tendance que donnent les sondages, mais le risque du non n'est pas totalement exclu.
Alors, faisons une petite halte par la mairie de Paris. Sur l'antenne d'Europe 1, Alain Madelin, dimanche, a donné le feu vert à la candidature de Philippe Séguin et vous, vous voyez des inconvénients à ce que Philippe Séguin soit désigné ?
Je pense que la consultation et la décision ne sont ni faites, enfin la consultation n'est pas faite et la décision n'est pas prise. "
Il n'y a que vous qui pensez ça aujourd'hui.
Et que donc, les choses demeurent ouvertes et qu'il faut qu'on en parle entre nous. Nous avons un calendrier, je m'en tiens à ce calendrier.
Vous ne pensez que la décision est déjà prise ou c'est un secret de polichinelle, si j'ose dire ?
Ecoutez, peut-être vous avez des informations que je n'ai pas, mais, en tout cas, pour moi, c'est une décision ouverte. Tant qu'il n'y a pas eu délibération en commun, les décisions ne sont pas prises. Vous comprenez.
C'est du donnant, donnant, François Bayrou, c'est-à-dire vous dites oui à Séguin à Paris si on laisse votre candidat UDF à Lyon, par exemple ?
Il est légitime, l'UDF a renoncé, pour éviter des divisions éternelles, à présenter un candidat à Paris parce que nous pensions que c'était, enfin nous en avions très envie, mais nous pensions que c'était de nature à renforcer l'impression de désordre. Et pourquoi ? Parce que à Paris, c'était le RPR qui était sortant. A Lyon, l'UDF est sortant, c'est de la succession de Raymond Barre qu'il s'agit. naturellement, il y a une logique dans cette affaire.
Alors, le ministre allemand des Affaires étrangères, là on arrive à l'Europe a relancé l'idée d'une fédération européenne. Je résume le projet : Fédération dEtats nations regroupant donc quelques pays qui seraient une sorte d'avant-garde mais alors, dès qu'on parle d'Europe fédérale, là, c'est l'épouvantail qui redonne du tonus aux eurosceptiques, non ?
Vous savez, que pour moi, c'est un moment très important. J'ai fait le choix du Parlement européen, à la fois pour respecter la parole qui avait été la mienne et aussi parce que je considère que l'Europe, c'est l'avenir de la France. Vous savez que la campagne que j'avais conduite il y a un an exactement aux élections européennes, elle était sur cette idée de fédération européenne.
Donc, vous dites oui à Fischer ?
Non seulement je dis oui à Fischer mais, vous l'aurez observé, les idées que M. Fischer a défendues sont exactement les mêmes que celles que nous avions défendues il y a un an, c'est-à-dire Constitution européenne, élections d'un président pour l'Europe qui ait autorité sur ces institutions qui sont, aujourd'hui, trop technocratiques et de fonctionnaires et qui rendent ainsi le pouvoir aux citoyens. Et puis, la construction d'une Europe politique dont on voit cruellement avec l'euro aujourd'hui, qu'elle manque. Alors, cette logique-là, elle est en marche et c'est très important ce qui est arrivé parce que M. Fischer a exactement indiqué quelle était la hauteur de la barre pour les négociations qui s'engagent maintenant et qu'on appelle " la conférence intergouvernementale ".
Est-ce que vous souhaitez que le gouvernement français, il y a eu une réaction extrêmement prudente de Hubert Védrine, ouvre les discussions et emboîte le pas à Fischer ou c'est trop tôt ?
L'Europe n'avancera pas. M. Fischer l'a dit, permettez-moi de le dire à mon tour, l'Europe n'avancera que dans ce dialogue entre la France et l'Allemagne. C'est l'endroit où peuvent se créer les énergies et la dynamique nécessaires pour que l'Europe avance. Et donc, je souhaite que la France réponde à cet appel. A partir d'aujourd'hui, il n'y a plus d'obstacle pour qu'on pose et qu'on traite les véritables questions de l'avenir de l'Europe avec une vision ambitieuse et positive de cet avenir. Et, vous avez eu raison de le dire en commençant naturellement, on a la question des institutions françaises et on a la question des institutions européennes. C'est un moment, au fond, formidable que celui où on va pouvoir traiter de ces deux sujets.
Alors, est-ce que vous attendez concrètement, là aussi, une initiative de Jacques Chirac ? Il va en Allemagne, il prononce un discours devant le Bundestag ; il y a aussi un séminaire franco-allemand vendredi. Donc, il y a beaucoup d'occasions.
C'est exactement le moment où il faut que la France, par la voix du Président de la République et du Gouvernement, dise qu'elle est prête à ce rendez-vous. On a besoin d'y voir clair. Les Français ne savent pas comment l'Europe marche. Il s'en irritent. Ils voient bien qu'ils n'ont pas, les citoyens, qu'ils n'ont pas leur place dans cette construction. C'est le moment de faire l'union politique et c'est le moment de montrer où l'on va, de montrer le cap. Et, quant à moi, c'est naturellement cette fédération de l'Europe que j'appelle de mes veux.
(Source http://www.udf.org, le 17 mai 2000)
Ecoutez, je ne sais pas. Il y a des signes qui vont dans ce sens mais ce qu'il faut voir, c'est qu'une réforme importante et qui aura, naturellement, des conséquences sur nos institutions et la définition même des rapports entre le Président de la République et le gouvernement et le Parlement.
Donc, le Président de la République a raison de prendre son temps, de réfléchir, de consulter ?
On a absolument besoin de sérénité et il faut éviter de perdre du temps et il me semble que cette réforme que M. Giscard d'Estaing a lancée, qui est très importante, parce que c'est la première fois que le Parlement pourrait avoir l'initiative changer la Constitution, cela ne s'est jamais fait sous la Vème République. Ensuite, on va voir si ce projet est repris par le Gouvernement ou le Président de la République mais ça n'est pas une réforme anodine, ça n'est pas une réforme secondaire et c'est le point de départ, vous le voyez bien, c'est pourquoi il y a toute cette agitation que, sans doute, les Français comprennent mal, c'est le point de départ d'une réflexion majeure sur nos institutions. Elles ne fonctionnent pas. La Vème République est en crise, en panne larvée, en crise larvée ou en panne, plus exactement, la Vème République est en mauvais état. Elle est en mauvais état à cause de ces cohabitations répétées qui, naturellement, ont changé enfin son mode de fonctionnement ".
François Bayrou, de toute façon, ça n'évitera pas les cohabitations
Attendez. Vous savez que je défends une autre idée qui est celle-ci. On réduit le mandat présidentiel à cinq ans et on organise les élections législatives dans la même période que l'élection présidentielle. Autrement dit, les Français désormais pourraient avoir, en même temps, le choix du président et de la majorité du président et je trouve que c'est la seule chose qui permette d'éviter la situation ubuesque dans laquelle nous sommes depuis longtemps, vous le savez bien. Nous sommes le seul pays du monde développé dans lequel le pouvoir exécutif soit coupé en deux et les deux moitiés opposées l'une à l'autre. Ca n'a pas de sens.
Alors, en même temps, vous dites " il faut aller vite, il ne faut pas perdre de temps ". Ca veut dire un référendum quand ?
Ca dépend si le choix que fera le Président de la République est celui de se saisir du sujet ou, au contraire.
Eh bien, il dit qu'il prend une initiative, donc c'est sous-entendu
De laisser se faire la voie parlementaire. S'il se saisit du sujet, les choses peuvent aller assez vite mais, vous le voyez bien, je ne crois pas qu'un sujet de cette importance puisse être traité sans que se posent, à cette occasion, d'autres questions sur nos institutions.
Il vous a consulté, le Président de la République ?
Je l'ai eu au téléphone, mais je ne raconte pas mes entretiens et probablement le verrais-je assez vite.
Donc, il doit recevoir les chefs de parti, selon vous, avant de décider ?
Il organise sa réflexion comme il l'entend. Je ne vais pas donner au micro d'Europe 1 les détails de ce genre.
Eh bien, à l'occasion, vous pouvez.
Mais vous savez bien que ça ne se fait pas. En tout cas, moi, je ne le fais pas. C'est très clair et très simple. Ce qui est en jeu, ça n'est pas seulement la durée du mandat, ce sont les institutions. Naturellement, je suis pour qu'on traite la durée du mandat puisque c'est sur la table devant nous.
Oui et vous avez signé, en plus, la proposition de Giscard. Est-ce qu'il y a un risque qu'il y ait un non au référendum ?
Pardon ?
Y a-t-il un risque, s'il y a référendum, que le non l'emporte ou bien est-ce que, compte tenu de l'état de l'opinion, c'est le oui assuré ?
Il y a un risque.
Ah bon !
Moi, je pense que jamais ces débats ne se font sans que des surprises surgissent parce que les Français comprennent très bien qu'il ne s'agit pas seulement de la durée du mandat, il s'agit de sa définition même et, en choisissant un mandat de cinq ans, on choisit un président actif et non pas un président arbitre. On choisit un président capitaine et pas un président arbitre et lointain. Et donc, cela signifie, bien entendu, que les Français vont réfléchir à cette fonction et, naturellement, chaque fois qu'il y a une consultation, le oui peut l'emporter, c'est aujourd'hui la tendance que donnent les sondages, mais le risque du non n'est pas totalement exclu.
Alors, faisons une petite halte par la mairie de Paris. Sur l'antenne d'Europe 1, Alain Madelin, dimanche, a donné le feu vert à la candidature de Philippe Séguin et vous, vous voyez des inconvénients à ce que Philippe Séguin soit désigné ?
Je pense que la consultation et la décision ne sont ni faites, enfin la consultation n'est pas faite et la décision n'est pas prise. "
Il n'y a que vous qui pensez ça aujourd'hui.
Et que donc, les choses demeurent ouvertes et qu'il faut qu'on en parle entre nous. Nous avons un calendrier, je m'en tiens à ce calendrier.
Vous ne pensez que la décision est déjà prise ou c'est un secret de polichinelle, si j'ose dire ?
Ecoutez, peut-être vous avez des informations que je n'ai pas, mais, en tout cas, pour moi, c'est une décision ouverte. Tant qu'il n'y a pas eu délibération en commun, les décisions ne sont pas prises. Vous comprenez.
C'est du donnant, donnant, François Bayrou, c'est-à-dire vous dites oui à Séguin à Paris si on laisse votre candidat UDF à Lyon, par exemple ?
Il est légitime, l'UDF a renoncé, pour éviter des divisions éternelles, à présenter un candidat à Paris parce que nous pensions que c'était, enfin nous en avions très envie, mais nous pensions que c'était de nature à renforcer l'impression de désordre. Et pourquoi ? Parce que à Paris, c'était le RPR qui était sortant. A Lyon, l'UDF est sortant, c'est de la succession de Raymond Barre qu'il s'agit. naturellement, il y a une logique dans cette affaire.
Alors, le ministre allemand des Affaires étrangères, là on arrive à l'Europe a relancé l'idée d'une fédération européenne. Je résume le projet : Fédération dEtats nations regroupant donc quelques pays qui seraient une sorte d'avant-garde mais alors, dès qu'on parle d'Europe fédérale, là, c'est l'épouvantail qui redonne du tonus aux eurosceptiques, non ?
Vous savez, que pour moi, c'est un moment très important. J'ai fait le choix du Parlement européen, à la fois pour respecter la parole qui avait été la mienne et aussi parce que je considère que l'Europe, c'est l'avenir de la France. Vous savez que la campagne que j'avais conduite il y a un an exactement aux élections européennes, elle était sur cette idée de fédération européenne.
Donc, vous dites oui à Fischer ?
Non seulement je dis oui à Fischer mais, vous l'aurez observé, les idées que M. Fischer a défendues sont exactement les mêmes que celles que nous avions défendues il y a un an, c'est-à-dire Constitution européenne, élections d'un président pour l'Europe qui ait autorité sur ces institutions qui sont, aujourd'hui, trop technocratiques et de fonctionnaires et qui rendent ainsi le pouvoir aux citoyens. Et puis, la construction d'une Europe politique dont on voit cruellement avec l'euro aujourd'hui, qu'elle manque. Alors, cette logique-là, elle est en marche et c'est très important ce qui est arrivé parce que M. Fischer a exactement indiqué quelle était la hauteur de la barre pour les négociations qui s'engagent maintenant et qu'on appelle " la conférence intergouvernementale ".
Est-ce que vous souhaitez que le gouvernement français, il y a eu une réaction extrêmement prudente de Hubert Védrine, ouvre les discussions et emboîte le pas à Fischer ou c'est trop tôt ?
L'Europe n'avancera pas. M. Fischer l'a dit, permettez-moi de le dire à mon tour, l'Europe n'avancera que dans ce dialogue entre la France et l'Allemagne. C'est l'endroit où peuvent se créer les énergies et la dynamique nécessaires pour que l'Europe avance. Et donc, je souhaite que la France réponde à cet appel. A partir d'aujourd'hui, il n'y a plus d'obstacle pour qu'on pose et qu'on traite les véritables questions de l'avenir de l'Europe avec une vision ambitieuse et positive de cet avenir. Et, vous avez eu raison de le dire en commençant naturellement, on a la question des institutions françaises et on a la question des institutions européennes. C'est un moment, au fond, formidable que celui où on va pouvoir traiter de ces deux sujets.
Alors, est-ce que vous attendez concrètement, là aussi, une initiative de Jacques Chirac ? Il va en Allemagne, il prononce un discours devant le Bundestag ; il y a aussi un séminaire franco-allemand vendredi. Donc, il y a beaucoup d'occasions.
C'est exactement le moment où il faut que la France, par la voix du Président de la République et du Gouvernement, dise qu'elle est prête à ce rendez-vous. On a besoin d'y voir clair. Les Français ne savent pas comment l'Europe marche. Il s'en irritent. Ils voient bien qu'ils n'ont pas, les citoyens, qu'ils n'ont pas leur place dans cette construction. C'est le moment de faire l'union politique et c'est le moment de montrer où l'on va, de montrer le cap. Et, quant à moi, c'est naturellement cette fédération de l'Europe que j'appelle de mes veux.
(Source http://www.udf.org, le 17 mai 2000)