Déclarations de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les liens entre la Roumanie et la francophonie, l'importance de l'audiovisuel et de la langue française et l'élargissement de l'espace francophone vers l'Est, Bucarest les 4 et 5 décembre 1998.

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Circonstance : Conférence ministérielle de la francophonie à Bucarest (Roumanie) les 4 et 5 décembre 1998

Texte intégral

CONFERENCE MINISTERIELLE DE LA FRANCOPHONIE
DISCOURS A LA SEANCE D'OUVERTURE DU MINISTRE DELEGUE A LA COOPERATION ET A LA FRANCOPHONIE, M. CHARLES JOSSELIN
Bucarest - 04.12.1998
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Nous savons bien les liens profonds qui unissent la Roumanie à la Francophonie. Ils ont longtemps reposé et reposent encore, du fait de l'histoire, sur des relations particulières entre la Roumanie et la France. En accueillant cette Conférence, la Roumanie, intègre encore davantage l'espace francophone dont tous les membres lui ont tendu la main. Son hospitalité nous touche comme celle d'une amitié offerte à laquelle nous répondons par notre disponibilité collective.
Monsieur le Président,
Je sais que sous votre présidence, la Francophonie que nous suivons depuis Hanoï va à Bucarest faire plus qu'un bilan de mi-parcours de biennum : elle va instruire des décisions qui traduisent les choix du Sommet que vous avez vous même accueilli.
Vous savez combien le gouvernement français souhaite que la Francophonie témoigne de cette vitalité et de cet esprit de solidarité dont tous nos pays ont besoin dans un monde incertain.
Je note que sous l'autorité du Secrétaire général et avec l'efficacité que nous connaissons à notre Administrateur général les choses ont avancé, et dans la bonne direction : réorganisation de l'Agence intergouvernementale, premiers pas forts visibles d'une Francophonie politique voulue par tous mais encore insuffisamment vécue par tous. Les programmes mobilisateurs sur les inforoutes et le français dans les organisations internationales sont plus que des signes. Ce sont des actes auxquels la France reconnaît tout le mérite d'une volonté collective : celle d'une Francophonie rénovée qui veut être moderne, attractive, je dirai même compétitive.
Dans un monde mouvant et concurrentiel, j'ai bon espoir que les réorganisations en cours fassent progresser la confiance pour que cette manifestation exemplaire de coopération multilatérale sorte à chaque étape renforcée et plus sûre d'elle-même.
Mais la Francophonie n'est pas seulement une affaire de structures et d'organigramme, quels que soient les mérites de la réforme de l'Administrateur général que nous approuvons pleinement. La Francophonie c'est avant tout des programmes. Parmi ces derniers je voudrai dire toute l'importance que nous attachons au secteur de l'audiovisuel. La France a décidé de faire en 1999 un effort supplémentaire de 80 MF sur TV5. C'est pourquoi j'appelle toutes les parties concernées à faire à leur tour un effort en ce qui concerne le financement de TV5 Afrique.
L'été indien 1999, nous le passerons chez nos amis du Canada et du Canada-Nouveau-Brunswick dont toutes les forces se réunissent pour nous accueillir. Mais cette réunion parce qu'elle sera celle de la jeunesse doit être une grande réussite car la Francophonie doit maintenant pour elle, être un pôle de certitudes et d'espoirs. Ils ne la connaissent pas assez, ils ne la voient pas assez. Je souhaite, quant à moi, qu'une Francophonie concrète dans ses programmes s'adresse à eux et les unisse, ceux du Sud et ceux du Nord. Pour cela il nous faut de l'inventivité, de l'audace et des programmes qui incarnent les valeurs que nous voulons leur transmettre et les certitudes dont ils ont besoin.
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CONFERENCE MINISTERIELLE DE LA FRANCOPHONIE
DISCOURS DU MINISTRE DELEGUE A LA COOPERATION ET A LA FRANCOPHONIE, M. CHARLES JOSSELIN Bucarest - 05.12.1998
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur l'Administrateur général,

Je voudrais simplement vous dire le plaisir que j'ai à vous accueillir ici, dans la résidence de M. Pierre Menat, notre ambassadeur, aux côtés de M. Ulrich, sénateur représentant le président de la République française, dans une circonstance singulière, la conférence ministérielle de la Francophonie, qui illustre le bouleversement que connaît le paysage de la Francophonie. Celle-ci, qui a été longtemps cantonnée à une relation Nord-Sud, s'élargie d'avantage vers l'Est ; je suis sûr que nos amis africains voient comme moi dans cet élargissement à l'Est un enrichissement du paysage francophone offrant plus d'ouverture encore et plus de capacité de dialogue entre nous. Je voudrais dire à nos amis roumains, à la communauté francophone mais aussi à la communauté française, combien nous attendons de ce dialogue entre francophones, de surcroît de démocratie et surtout d'amitié partagée.
Je suis convaincu qu'il y a très certainement là, matière à constituer un ensemble d'idées, fondées sur une culture commune qui peuvent nous permettre de gagner en efficacité, et de les faire prévaloir dans les grandes enceintes internationales. C'est tout à fait essentiel. Je me souviens qu'à New York, l'an dernier, à la veille de la désignation des représentants au Comité économique et social des Nations unies, j'avais appelé les ambassadeurs francophones, que j'avais réunis à cette occasion, à concentrer leurs voix sur le représentant vietnamien. J'ai eu le plaisir, 48 h après, d'apprendre par notre ambassadeur, M. Dejammet, auprès des Nations unies, que le candidat vietnamien avait fait, comme on dit, " carton plein ", ce qui lui permit d'être élu dans d'excellentes conditions. Je crois qu'il y a là des opportunités qu'il nous faut savoir saisir et je suis sûr de rejoindre en cela les idées profondes du Secrétaire général de la Francophonie, qui connaît si bien le fonctionnement de cette très grande maison.

J'ajouterai simplement un mot, faisant un parallèle, peut-être audacieux, entre l'élargissement de la Francophonie et celui de l'Europe : la Roumanie se prépare à cet élargissement. Je souhaite que ce soit avec détermination et prudence que les deux élargissements se réalisent. Je me suis entretenu hier avec le président Constantinescu, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères : nous entendons bien, et la Francophonie entend bien aider la Roumanie à entrer dans l'Europe. Et quand je dis se préparer, je pense aussi bien à la préparation technique qu'administrative aux arcanes européennes qui ne sont pas toujours si lisibles ; et aussi à une sorte de pression tranquille que nous pouvons exercer sur ceux qui auront à décider le moment venu. S'agissant de l'élargissement de la Francophonie, je vois bien l'intérêt qu'il y a pour nous à ouvrir le cercle. Nous l'avons fait en direction des pays de l'Est et de l'Asie. Il faut cependant veiller à ce que l'élargissement repose sur la volonté des autorités publiques à préconiser la pratique du français et de notre culture commune, que ce soit dans le domaine de l'enseignement ou dans celui des médias, et que d'une manière générale, nous sachions préserver le concept de Francophonie.

Voilà quelques propos que m'inspire cette rencontre. Je voudrais dire à la communauté française combien je me réjouis de la qualité des relations qui existent entre nos deux pays. Les autorités roumaines, que j'ai rencontrées hier m'ont dit combien elles sont sensibles au rôle que la France joue dans ce dossier européen, combien aussi elles attendent de nos entreprises qu'elles accompagnent les efforts de la Roumanie pour améliorer une situation que nous savons, du point de vue économique, encore difficile. Je sais la bonne santé de nos relations culturelles, et je sais aussi qu'en Roumanie on rencontre sans difficulté la Francophonie. Elle est présente, elle est active et je n'ignore pas la part que la communauté française joue dans cette vitalité.

Je suis convaincu que cette conférence aura bien servi les intérêts de la Francophonie, et plus généralement ceux de l'amitié entre la Roumanie et nos pays. Merci encore aux Roumains pour l'extraordinaire chaleur de leur accueil. Je vous remercie.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2001)