Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés,
Ce matin, un nouvel attentat a été commis dans notre capitale.
Une explosion d'origine criminelle s'est produite dans une rame du RER entre les stations Gare d'Orsay et Saint-Michel. Cette explosion est vraisemblablement due à un engin comparable à celui des attentats précédents, c'est-à-dire à une bouteille de gaz contenant une charge explosive.
Elle a fait 26 victimes dont cinq gravement atteintes.
Je me suis rendu sur place dans les minutes qui ont suivi l'attentat. J'ai pu constater que les services de secours étaient intervenus avec rapidité et efficacité.
Je tiens à leur rendre hommage.
Je voudrais surtout dire aux victimes et à leurs familles l'émotion et l'horreur qu'à nouveau j'ai ressenties devant cet acte sauvage.
Depuis le 25 juillet, c'est le 8ème attentat commis sur notre sol.
Depuis le 25 juillet, c'est la France qui est visée, c'est la France qui est directement menacée, c'est à la France qu'est lancé le défi le plus odieux, celui du terrorisme aveugle et lâche.
Ce sont nos concitoyens, dans leur vie quotidienne, sur le chemin du travail, à l'école, sur les marchés, qui sont pris en otages.
Ce n'est pas seulement la capitale qui est la cible des criminels, c'est notre pays tout entier, puisque plusieurs attentats ou tentatives d'attentats ont également eu lieu en région lyonnaise.
Le gouvernement - je le redis solennellement devant la représentation nationale - entend conduire la lutte contre le terrorisme avec détermination et ténacité.
J'en appelle à la solidarité de tous.
Je veux remercier les responsables de toutes les formations politiques ici représentées, qui, depuis le début de cette crise et ce matin à nouveau, ont fait preuve dans leurs réactions d'un esprit de responsabilité que je salue.
Je recevrai ce soir à 18 heures à l'Hôtel Matignon les Présidents de tous les groupes politiques de l'Assemblée nationale et du Sénat pour faire avec eux le point de la situation et les entendre
Je veux aussi rendre hommage au sang-froid de tous nos concitoyens et les appeler à la vigilance.
C'est grâce à cette vigilance et aux moyens mobilisés dans le cadre de l'application du plan Vigipirate que l'attentat de l'avenue d'Italie a été déjoué. Ne cédons ni à la psychose, ni à la fatalité des attentats !
Il est dans la vie d'une nation des circonstances où les citoyens rassemblés doivent faire face aux défis qui pourraient mettre en jeu les intérêts supérieurs du pays.
C'est le cas aujourd'hui puisque chacun voit bien que les auteurs de ces actes criminels ont choisi de frapper au cur de la nation française.
La France ne se laissera pas intimider, elle ne fléchira pas dans l'épreuve, elle ne capitulera pas face à la barbarie.
Depuis le début de la crise terroriste, nous avons obtenu une première série de résultats, parmi lesquels il faut ranger le démantèlement du groupe lyonnais.
Attentats - France-Algérie
Les enquêtes ont mis en évidence l'implication de ressortissants algériens. Il appartient à la justice et à la police de poursuivre leur tâche. Je demande aux responsables de tous les secteurs de la vie nationale de les laisser travailler dans la discrétion, qui est la condition de l'efficacité. Il y va de la vie des Françaises et des Français.
Ne cédons cependant ni à la simplification, ni à l'amalgame.
La communauté musulmane de France a réagi avec dignité et réprouvé, par la voix de ses principaux responsables, ces actes odieux.
Quant à la relation de la France avec l'Algérie, je voudrais rappeler dans quel esprit nous la concevons :
La France n'a aucune intention de faire la moindre ingérence dans les affaires intérieures de l'Algérie.
Le Président de la République a accepté le principe d'une rencontre à New-York avec son homologue algérien, à la demande de ce dernier, et pour lui exprimer le point de vue de la France.
La France considère que la solution aux difficultés que rencontre aujourd'hui l'Algérie
ne peut être que politique et qu'elle doit s'appuyer sur un dialogue entre tous ceux qui, en
Algérie, récusent la violence.
Nous n'accepterons pas que les problèmes de l'Algérie soient transposés sur le sol
français. Cela doit être clair et compris par tous.
La rencontre de New-York n'est en aucun cas une caution apportée à un candidat, mais
un contact avec un chef d'Etat qui s'entretiendra d'ailleurs avec de nombreux autres dirigeants
du monde.
La France entend bien continuer à dialoguer avec l'Algérie, et aucun attentat, aussi lâche
et aveugle soit-il, ne fera taire sa voix.
Nous continuerons à dire avec force que le dialogue, la raison et la démocratie doivent
triompher de la folie criminelle.
Que ce message soit celui de la France toute entière, rassemblée dans le courage et la
dignité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 août 2002)