Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d'administration et de l'Assemblée générale de l'Association Française d'Action Artistique,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,
Cher Ibrahim Loutou,
Au terme d'une journée bien remplie pour tous ceux qui ont, à un titre ou à un autre, la responsabilité de l'AFAA, nous voici réunis pour célébrer un moment de reconnaissance et d'amitié. Car c'est bien d'abord l'amitié qui réunit une assistance aussi nombreuse, aussi choisie ; la reconnaissance aussi, pour une vie talentueuse, consacrée à une grande ambition, celle de la culture africaine mise au service du développement de tout un continent.
Ou peut-être devrais-je plutôt dire plusieurs vies ? Car quiconque s'intéresse à votre parcours, cher Ibrahim Loutou, ne peut qu'être frappé par ses étapes successives qui, en cercles concentriques, vous font passer du local à l'universel.
Le berceau, c'est le Niger, et vous savez tout l'attachement que je porte personnellement à votre pays, qui abrite l'une des plus anciennes civilisations sahéliennes. D'abord professeur et directeur d'école, vous y entamez ensuite une brillante carrière de diplomate qui vous conduira aux fonctions d'ambassadeur dans plusieurs pays africains, et de membre du gouvernement, puisque, de 1974 à 1976, vous avez la charge de l'information et du tourisme auprès du président de la République. Je remarque que dans ces importantes responsabilités nationales, vous manifestez déjà cette capacité pour la communication qui constitue l'un des traits marquants de votre personnalité.
A partir du milieu des années quatre-vingt, vous mettez ce don au service d'une ambition panafricaine, puisque vous voici désormais en charge des relations publiques d'Air Afrique. Vous n'étiez pas alors à proprement parler un novice en entreprise, puisque vous sortiez de l'exploitation pétrolière, après celle de l'arachide. Mais c'est moins l'homme d'affaires qui a laissé son empreinte que, déjà, l'homme de culture : vous créez en effet une revue de bord, Balafon, qui très vite s'imposera comme "la" revue de référence sur la création culturelle africaine. Vous êtes légitimement fier de ce petit joyau, apprécié de ses nombreux lecteurs jusqu'à aujourd'hui.
Dès cette époque, vous avez acquis l'estime de tous ceux pour lesquels la culture africaine était injustement méconnue ; et le ban et l'arrière-ban des "amateurs", au sens fort de ce terme, est là ce soir pour vous en rendre témoignage. Maha Moudou Ouedraogo, Pascal Baba Couloubaly, Mamadou Diop, ministres en charge de la Culture au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, ont tenu à honorer cette cérémonie de leur présence, comme d'ailleurs un certain nombre d'artistes : j'y vois un symbole plus que tangible de ce sentiment très fort de l'unité africaine dont vous êtes l'un des acteurs, mais aussi un symbole de la vitalité du partenariat franco-africain.
Voilà bien le fil conducteur qui relie l'ensemble des diverses facettes de votre vie : c'est la compréhension intime des acteurs de la production culturelle, et d'abord des artistes et de leurs uvres, que vous excellez à faire partager à tous les publics. C'est ce fil qui vous fait progressivement passer de la récréation, celle de la cour d'école, à la création, celle des artistes : vous me pardonnerez ce jeu de mots, puisque je ne fais que l'emprunter à votre complice, Bernard Mounier, qui a si bien décrit le 28 septembre dernier à Lille cette aventure dans laquelle vous vous êtes lancés, j'oserai presque dire par effraction.
Beau cambriolage en vérité, et réalisé de main de maître ! Le plan en fut dressé à Paris en Janvier 1990, sous le parrainage de Catherine Tasca, alors ministre déléguée à la Communication, et de Jacques Pelletier, l'un de mes prédécesseurs à la rue Monsieur. Le pacte d'associés fut, me dit-on, passé lors des rencontres photographiques de Bamako en 1994, et dès l'année suivante, vous succédiez à Jean-Marie Drot à la présidence d'"Afrique en créations". Et quel butin ! Vous avez décelé des trésors là où personne n'en imaginait et vous avez même réussi à convertir les "développeurs", jusque-là adeptes de la calculette et des indicateurs économétriques, à l'intérêt d'une prise en compte du facteur humain, notamment dans sa dimension culturelle.
Le bilan de ces dix années d'Afrique en créations, dont vous avez assumé - avec d'autres, mais en première ligne - la montée en puissance, nous l'avons dressé à Lille : je n'y reviendrai pas, il est élogieux. Mieux, parce que le grand public ne vit pas de rapports comptables, vous l'avez concrétisé dans cette magnifique série d'événements qui anime la vie lilloise depuis plus de deux mois et pour encore une dizaine de jours. Pierre Mauroy, Martine Aubry - qui m'a remis une lettre à votre intention -, et Jean-Louis Brochen me l'ont dit : la manifestation dont vous avez été le Commissaire général a été un franc succès et présage heureusement de la capacité de la métropole du nord d'assumer son rôle de capitale européenne de la culture en 2004.
Il n'est pas non plus indifférent que cet événement ait été l'un des points d'orgue de la commémoration de l'an 2000 si élégamment organisée par Jean-Jacques Aillagon.
Je n'ignore pas le soupçon : ce point d'orgue pourrait être une sorte de requiem. Mais il m'a semblé que la fusion d'Afrique en créations avec l'Association Française d'Action Artistique était précisément dénuée de souffrance : l'opération, réalisée au début de cette année, s'est révélée apaisée et, oserai-je le dire ? presque heureuse.
La répétition pourrait également conduire à l'interrogation, si l'on se souvient que Marx disait que lorsque l'Histoire se répète, c'est toujours la première fois sur le ton de la tragédie, et la seconde sur celui de la farce. Mais d'un colloque fondateur à l'autre, je ne suis pas sûr qu'il y ait répétition : j'y vois bien plutôt une ligne ascendante, à l'image de cette vie qui est la vôtre. Et je voudrais rassurer tous les participants à l'aventure d'Afrique en créations : les moyens sont maintenus (le FSP "appui à la professionnalisation des opérateurs culturels du continent africain" passera au prochain Comité des projets dans moins d'une semaine), les ambitions demeurent. Les nouvelles structures emploient à la hauteur de leur compétence les "africanistes" de toujours : Bruno Asseray, Joël Dechezlepretre, pour ne citer qu'eux ; et ceux qui vous accueillent, je veux parler de Bruno Delaye, Jean Garbe et Olivier Poivre d'Arvor, ont amplement fait la preuve de leur engagement dans le partenariat franco-africain.
L'aventure d'Afrique en créations se poursuivra donc. Vous y aviez dépassé l'étape de l'unité et de l'identité africaines pour toucher à celle de la relation de l'Afrique à l'universel. Au-delà des talents de polyglotte que sont les vôtres, à commencer par le haoussa, vous avez constamment manifesté un attachement sincère à la Francophonie : je sais que la conception que vous en avez n'est pas celle d'une nostalgie révolue, mais qu'elle est bien ancrée dans cette acceptation moderne de la diversité culturelle et linguistique que nous défendons tous. Il faut vous en remercier, comme de cette image positive, j'oserais dire gaie, de l'Afrique que vous avez contribué à développer.
Certes, nous savons les graves problèmes qui agitent une trop grande part du continent africain : les guerres, les trafics illicites, la maladie, la pauvreté, les inégalités, les exclusions... Ils ne sont pas l'apanage des Africains ; ils sont d'abord leur affaire. Mais parce que l'amitié crée des liens, et des obligations réciproques, nous travaillons avec nos partenaires à imaginer et mettre en oeuvre les solutions. Il est réconfortant de constater cependant que l'intelligence humaine développe ici la même ingéniosité qu'ailleurs.
Cher Ibrahim Loutou,
Je voulais vous remercier de ce travail : si la paix et le développement sont bien les deux principaux points de l'agenda international, la culture doit jouer également un rôle primordial. Concernant la paix, rappelons ici ce préambule fondateur de l'Unesco qui pose que "les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ". Mais les liens entre culture et développement ne sont pas moins importants, comme l'a encore rappelé le colloque "Territoire de la création" tenu à Lille pendant la manifestation que j'évoquais à l'instant.
Comme dans toutes les histoires qui finissent bien, il est un moment où les aventuriers rentrent dans le rang. Ce moment est-il venu pour vous ? Les honneurs peuvent indifféremment signifier un encouragement, une consécration, ou le prélude d'une retraite bien méritée. Je vais dans un instant vous remettre l'insigne de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres. Comment décrypter cette distinction qui réjouit toutes les personnes ici présentes, réunies pour vous tout spécialement ?
Je dirai tout d'abord que si toutes les autres distinctions appartiennent bien à la République française, celle des Arts et des Lettres appartient à une République universelle dont vous avez amplement mérité le titre de citoyen.
Vous la remettre en ce palais du Quai d'Orsay n'est pas non plus dénué de sens : il fut construit sous Napoléon III, pour abriter les négociations de paix consécutives à la guerre de Crimée, laquelle nous renvoie à l'épisode du vol de l'étoile de la Nativité à Bethléem, c'est-à-dire précisément à ce Proche-Orient où Hubert Védrine se trouve aujourd'hui pour tenter d'apporter la contribution de l'Europe au processus de paix.
La culture, la paix, le développement : voici une belle gageure. Et la distinction que je vais vous remettre, Ibrahim Loutou, n'est pas l'indice d'un "rang" - fut-il celui de "commandeur" -, mais du rôle que nous souhaitons vous voir continuer à jouer dans le partenariat franco-africain, euro-africain.
*****
Ibrahim Loutou,
Au nom de Mme Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, j'ai l'honneur de vous remettre l'insigne de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 décembre 2000)
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d'administration et de l'Assemblée générale de l'Association Française d'Action Artistique,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,
Cher Ibrahim Loutou,
Au terme d'une journée bien remplie pour tous ceux qui ont, à un titre ou à un autre, la responsabilité de l'AFAA, nous voici réunis pour célébrer un moment de reconnaissance et d'amitié. Car c'est bien d'abord l'amitié qui réunit une assistance aussi nombreuse, aussi choisie ; la reconnaissance aussi, pour une vie talentueuse, consacrée à une grande ambition, celle de la culture africaine mise au service du développement de tout un continent.
Ou peut-être devrais-je plutôt dire plusieurs vies ? Car quiconque s'intéresse à votre parcours, cher Ibrahim Loutou, ne peut qu'être frappé par ses étapes successives qui, en cercles concentriques, vous font passer du local à l'universel.
Le berceau, c'est le Niger, et vous savez tout l'attachement que je porte personnellement à votre pays, qui abrite l'une des plus anciennes civilisations sahéliennes. D'abord professeur et directeur d'école, vous y entamez ensuite une brillante carrière de diplomate qui vous conduira aux fonctions d'ambassadeur dans plusieurs pays africains, et de membre du gouvernement, puisque, de 1974 à 1976, vous avez la charge de l'information et du tourisme auprès du président de la République. Je remarque que dans ces importantes responsabilités nationales, vous manifestez déjà cette capacité pour la communication qui constitue l'un des traits marquants de votre personnalité.
A partir du milieu des années quatre-vingt, vous mettez ce don au service d'une ambition panafricaine, puisque vous voici désormais en charge des relations publiques d'Air Afrique. Vous n'étiez pas alors à proprement parler un novice en entreprise, puisque vous sortiez de l'exploitation pétrolière, après celle de l'arachide. Mais c'est moins l'homme d'affaires qui a laissé son empreinte que, déjà, l'homme de culture : vous créez en effet une revue de bord, Balafon, qui très vite s'imposera comme "la" revue de référence sur la création culturelle africaine. Vous êtes légitimement fier de ce petit joyau, apprécié de ses nombreux lecteurs jusqu'à aujourd'hui.
Dès cette époque, vous avez acquis l'estime de tous ceux pour lesquels la culture africaine était injustement méconnue ; et le ban et l'arrière-ban des "amateurs", au sens fort de ce terme, est là ce soir pour vous en rendre témoignage. Maha Moudou Ouedraogo, Pascal Baba Couloubaly, Mamadou Diop, ministres en charge de la Culture au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, ont tenu à honorer cette cérémonie de leur présence, comme d'ailleurs un certain nombre d'artistes : j'y vois un symbole plus que tangible de ce sentiment très fort de l'unité africaine dont vous êtes l'un des acteurs, mais aussi un symbole de la vitalité du partenariat franco-africain.
Voilà bien le fil conducteur qui relie l'ensemble des diverses facettes de votre vie : c'est la compréhension intime des acteurs de la production culturelle, et d'abord des artistes et de leurs uvres, que vous excellez à faire partager à tous les publics. C'est ce fil qui vous fait progressivement passer de la récréation, celle de la cour d'école, à la création, celle des artistes : vous me pardonnerez ce jeu de mots, puisque je ne fais que l'emprunter à votre complice, Bernard Mounier, qui a si bien décrit le 28 septembre dernier à Lille cette aventure dans laquelle vous vous êtes lancés, j'oserai presque dire par effraction.
Beau cambriolage en vérité, et réalisé de main de maître ! Le plan en fut dressé à Paris en Janvier 1990, sous le parrainage de Catherine Tasca, alors ministre déléguée à la Communication, et de Jacques Pelletier, l'un de mes prédécesseurs à la rue Monsieur. Le pacte d'associés fut, me dit-on, passé lors des rencontres photographiques de Bamako en 1994, et dès l'année suivante, vous succédiez à Jean-Marie Drot à la présidence d'"Afrique en créations". Et quel butin ! Vous avez décelé des trésors là où personne n'en imaginait et vous avez même réussi à convertir les "développeurs", jusque-là adeptes de la calculette et des indicateurs économétriques, à l'intérêt d'une prise en compte du facteur humain, notamment dans sa dimension culturelle.
Le bilan de ces dix années d'Afrique en créations, dont vous avez assumé - avec d'autres, mais en première ligne - la montée en puissance, nous l'avons dressé à Lille : je n'y reviendrai pas, il est élogieux. Mieux, parce que le grand public ne vit pas de rapports comptables, vous l'avez concrétisé dans cette magnifique série d'événements qui anime la vie lilloise depuis plus de deux mois et pour encore une dizaine de jours. Pierre Mauroy, Martine Aubry - qui m'a remis une lettre à votre intention -, et Jean-Louis Brochen me l'ont dit : la manifestation dont vous avez été le Commissaire général a été un franc succès et présage heureusement de la capacité de la métropole du nord d'assumer son rôle de capitale européenne de la culture en 2004.
Il n'est pas non plus indifférent que cet événement ait été l'un des points d'orgue de la commémoration de l'an 2000 si élégamment organisée par Jean-Jacques Aillagon.
Je n'ignore pas le soupçon : ce point d'orgue pourrait être une sorte de requiem. Mais il m'a semblé que la fusion d'Afrique en créations avec l'Association Française d'Action Artistique était précisément dénuée de souffrance : l'opération, réalisée au début de cette année, s'est révélée apaisée et, oserai-je le dire ? presque heureuse.
La répétition pourrait également conduire à l'interrogation, si l'on se souvient que Marx disait que lorsque l'Histoire se répète, c'est toujours la première fois sur le ton de la tragédie, et la seconde sur celui de la farce. Mais d'un colloque fondateur à l'autre, je ne suis pas sûr qu'il y ait répétition : j'y vois bien plutôt une ligne ascendante, à l'image de cette vie qui est la vôtre. Et je voudrais rassurer tous les participants à l'aventure d'Afrique en créations : les moyens sont maintenus (le FSP "appui à la professionnalisation des opérateurs culturels du continent africain" passera au prochain Comité des projets dans moins d'une semaine), les ambitions demeurent. Les nouvelles structures emploient à la hauteur de leur compétence les "africanistes" de toujours : Bruno Asseray, Joël Dechezlepretre, pour ne citer qu'eux ; et ceux qui vous accueillent, je veux parler de Bruno Delaye, Jean Garbe et Olivier Poivre d'Arvor, ont amplement fait la preuve de leur engagement dans le partenariat franco-africain.
L'aventure d'Afrique en créations se poursuivra donc. Vous y aviez dépassé l'étape de l'unité et de l'identité africaines pour toucher à celle de la relation de l'Afrique à l'universel. Au-delà des talents de polyglotte que sont les vôtres, à commencer par le haoussa, vous avez constamment manifesté un attachement sincère à la Francophonie : je sais que la conception que vous en avez n'est pas celle d'une nostalgie révolue, mais qu'elle est bien ancrée dans cette acceptation moderne de la diversité culturelle et linguistique que nous défendons tous. Il faut vous en remercier, comme de cette image positive, j'oserais dire gaie, de l'Afrique que vous avez contribué à développer.
Certes, nous savons les graves problèmes qui agitent une trop grande part du continent africain : les guerres, les trafics illicites, la maladie, la pauvreté, les inégalités, les exclusions... Ils ne sont pas l'apanage des Africains ; ils sont d'abord leur affaire. Mais parce que l'amitié crée des liens, et des obligations réciproques, nous travaillons avec nos partenaires à imaginer et mettre en oeuvre les solutions. Il est réconfortant de constater cependant que l'intelligence humaine développe ici la même ingéniosité qu'ailleurs.
Cher Ibrahim Loutou,
Je voulais vous remercier de ce travail : si la paix et le développement sont bien les deux principaux points de l'agenda international, la culture doit jouer également un rôle primordial. Concernant la paix, rappelons ici ce préambule fondateur de l'Unesco qui pose que "les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ". Mais les liens entre culture et développement ne sont pas moins importants, comme l'a encore rappelé le colloque "Territoire de la création" tenu à Lille pendant la manifestation que j'évoquais à l'instant.
Comme dans toutes les histoires qui finissent bien, il est un moment où les aventuriers rentrent dans le rang. Ce moment est-il venu pour vous ? Les honneurs peuvent indifféremment signifier un encouragement, une consécration, ou le prélude d'une retraite bien méritée. Je vais dans un instant vous remettre l'insigne de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres. Comment décrypter cette distinction qui réjouit toutes les personnes ici présentes, réunies pour vous tout spécialement ?
Je dirai tout d'abord que si toutes les autres distinctions appartiennent bien à la République française, celle des Arts et des Lettres appartient à une République universelle dont vous avez amplement mérité le titre de citoyen.
Vous la remettre en ce palais du Quai d'Orsay n'est pas non plus dénué de sens : il fut construit sous Napoléon III, pour abriter les négociations de paix consécutives à la guerre de Crimée, laquelle nous renvoie à l'épisode du vol de l'étoile de la Nativité à Bethléem, c'est-à-dire précisément à ce Proche-Orient où Hubert Védrine se trouve aujourd'hui pour tenter d'apporter la contribution de l'Europe au processus de paix.
La culture, la paix, le développement : voici une belle gageure. Et la distinction que je vais vous remettre, Ibrahim Loutou, n'est pas l'indice d'un "rang" - fut-il celui de "commandeur" -, mais du rôle que nous souhaitons vous voir continuer à jouer dans le partenariat franco-africain, euro-africain.
*****
Ibrahim Loutou,
Au nom de Mme Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, j'ai l'honneur de vous remettre l'insigne de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 décembre 2000)