Texte intégral
M. Martonyi - Nous sommes satisfaits de la dynamique des négociations et de leur dynamique prévisible. Nous pensons pouvoir tenir le même rythme, surtout si laccord se fait sur lAgenda 2000 ; les détails qui nous ont été donnés à ce sujet étaient des plus intéressants. Je crois quà cet égard, on peut considérer comme essentiel le fait que nous sommes sur la même longueur dondes. Tout cela nous renforce dans la conviction où nous sommes que la France est pour nous une alliée, une amie, un partenaire stratégique de la plus haute importance. Cest un pays européen avec lequel nous avons la même façon de penser, les mêmes valeurs, les mêmes objectifs, et la France aide considérablement la Hongrie dans les efforts que celle-ci déploie pour trouver complètement sa place au sein de lUnion européenne. En ce qui concerne notre adhésion à lOTAN, - je ne devrais peut-être pas dire cela aussi clairement - mais jai le sentiment que la France nous considère dans ce domaine aussi comme un partenaire et partage ses idées avec nous avec une ouverture desprit et un souci du détail qui caractérisent habituellement les relations entre partenaires et alliés. Cest là pour nous le signe le plus encourageant et le plus positif.
M. Védrine - Je serai bref. M. Martonyi a résumé excellemment la première partie de nos entretiens. Nous allons travailler méthodiquement sur les relations bilatérales pendant le déjeuner, mais dores et déjà, les sujets qui ont été abordés ce matin, le compte-rendu qui vous en a été fait vous montrent la vitalité et lintérêt du dialogue franco-hongrois, qui est en train, je crois, de sinstaller comme étant un élément important du dialogue politique en Europe, sur tous les grands sujets. Nous avons passé en revue lintégration européenne, les questions de lOTAN, le Kossovo où, malheureusement, compte tenu de lextrême gravité de la situation, nous avons dû faire le point de la situation. Je suis daccord avec tout ce qui a été dit. Je voudrais ajouter que je suis très heureux dêtre aujourdhui à Budapest, avec un temps aussi beau, qui rend la ville encore plus belle que dhabitude, et je marrêterai là, en attendant vos questions.
Q - Après lescalade de violence à laquelle on assiste au Kossovo, quelle carte la communauté internationale peut-elle encore jouer et êtes-vous de ceux qui sont partisans de lusage de la force afin damener les parties à la table des négociations ?
R - Nous sommes à un moment extrêmement grave. Après ces événements tragiques, il y a un engrenage qui ne lest pas moins. Nous sommes en train de procéder à une évaluation avec tous nos partenaires. Quand je dis nos partenaires, cela concerne nos partenaires au sein du Groupe de contact, nos partenaires au sein du Conseil de sécurité, nos alliés de lOTAN, nos partenaires de lUnion européenne, et dautres pays clés comme des pays de la région comme par exemple la Hongrie, pour savoir exactement comment nous allons poursuivre notre engagement. Il nest évidemment pas question, quelle que soit lhorreur de tel ou tel événement, de relâcher nos efforts. Nous voulons amener à une solution qui permette une coexistence des Serbes et des Albanais au Kossovo et nous trouverons une solution ! Nous ne voulons laisser détourner nos efforts. Il sagit de savoir maintenant comment, mais là, même si ce processus de consultation est rapide, court, intense, je ne peux pas vous dire à ce stade le développement, les conclusions de cette consultation. Toujours est-il que notre objectif demeure le même : nous voulons trouver une solution à cet affrontement tragique. Nous avons mis en avant depuis des mois et de mois une solution politique raisonnable - cest sa force et cest sa faiblesse en même temps - à savoir une autonomie substantielle pour le Kossovo qui changerait déjà fondamentalement la situation. Aujourdhui, il sagit de savoir si nous disposons de tous les moyens, ou si nous avons besoin de moyens supplémentaires, pour imposer cette issue politique. Cest cela qui est en train dêtre réexaminé point par point.
Q - Quelles seront les incidences des récents développements au sein de lUnion européenne sagissant notamment des problèmes rencontrés en matière de corruption par la Commission européenne et des élections au Parlement européen qui doivent avoir lieu au printemps prochain sur ladhésion des pays candidats.
R - Ce qui sest passé, en ce qui concerne le contrôle du Parlement européen sur la Commission européenne, naura aucune espèce de conséquence sur les autres sujets, et notamment pas sur les négociations en cours en matière délargissement. Il faut considérer cela comme un épisode démocratique normal dinstitutions qui jouent leur rôle. La Commission fait son travail et le Parlement fait le sien. Il ny a pas dautre conséquence à redouter. Si vous raisonnez en termes dinstitutions politiques européennes, tout cela est plutôt positif, cest un signe de vitalité démocratique. Quant aux élections du printemps, cest un rendez-vous démocratique là-aussi, et si il joue un rôle sur les sujets que vous avez à lesprit, cest dans le sens dune stimulation pour débattre de lavenir dune façon encore plus européenne quavant. Je pense que les effets de cette grande discussion ne peuvent être que positifs.
Q - Etant donné la situation qui vient de se créer au Kossovo, le massacre de Racak, ne peut-on considérer que la crise du Kossovo présente en quelque sorte un nouveau caractère ? La France va-t-elle repenser sa position, envisage-t-elle une nouvelle approche de cette crise ?
R - Je pense dabord quil ny a pas de politique spécifiquement française au Kossovo. Il y a un engagement français très fort dans toutes les instances de décision compétentes depuis le début ; il y a jusquici unité de vue complète parmi les six pays du Groupe de contact, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, les quinze membres de lUnion européenne, et tous les pays européens au sens large, puisque cette politique avait été entièrement ratifiée à loccasion de la réunion de la Conférence européenne à Londres. Il y a donc une politique de la communauté internationale - ce terme est souvent employé à tort et à travers, mais pour une fois cest exact - et cest précisément cette politique qui est en cours dexamen pour savoir sil faut la poursuivre, la modifier, sil faut employer les mêmes moyens ou dautres moyens. Je ne peux pas préjuger de ces consultations intenses qui sont en cours, notamment aujourdhui.
En ce qui concerne lemploi de la force, il ne sagit pas dune possibilité qui a été écartée par principe. Je rappellerai quil y a quelques semaines, avant le début de lhiver, une grande catastrophe humanitaire menaçait au Kossovo et que cette situation a été rattrapée in extremis et corrigée après un emploi coordonné de menaces demploi de la force et de moyens diplomatiques et politiques, qui formaient un tout. Nous navons donc jamais récusé par principe lemploi de la force. Les décisions qui ont été prises à lépoque au sein de lOTAN, à partir de résolutions permanentes du Conseil de sécurité, sont toujours valables. Les dispositifs sont toujours en place. Cela fait donc partie de lexamen qui a lieu aujourdhui.
Q - Quelle solution pour les problèmes des minorités dans les Balkans et dans la région ?
R - Cest une vaste question ! Je crois quil y a tout un corps de règles, de doctrines, dinstruments juridiques appuyés sur la philosophie politique démocratique qui ont permis délaborer la façon dont on doit traiter les questions des minorités. Tout cela est notamment extrêmement bien traduit par les travaux et les textes émanant du Conseil de lEurope. Cela fait aussi partie du fonds commun des principes de la politique étrangère des quinze pays de lUnion. Cela a été mis en pratique par beaucoup de pays candidats. Il y a tout un ensemble. Je ne veux pas prendre le détail. Je crois que lon a déjà montré comment on pouvait, par des mesures de retenue, des mesures culturelles, des mesures de respect des droits... Il y un traitement politique, il y a un traitement culturel, il y a un état desprit, cest justement la marque des démocraties modernes. Pour être optimistes - parce quil faut le rester, malgré le contexte dans lequel nous sommes, je crois quil y a précisément en Europe centrale, à commencer par la Hongrie, des pays qui montrent que cest possible de traiter ces problèmes. Malheureusement, il y a dautres parties de lEurope qui ne lont pas encore compris, et tout notre travail consiste à hâter le moment où ces règles de droit qui seront véritablement notre patrimoine commun.
Q - Peut-on sattendre à des contacts franco-hongrois de très haut niveau cette année ?
R - Je confirme en effet que M. Jospin serait très heureux de venir en visite à Budapest et que la période de la deuxième partie de lannée est envisagée pour cela. Nous sommes en contact pour rechercher, pour trouver une date précise.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)
M. Védrine - Je serai bref. M. Martonyi a résumé excellemment la première partie de nos entretiens. Nous allons travailler méthodiquement sur les relations bilatérales pendant le déjeuner, mais dores et déjà, les sujets qui ont été abordés ce matin, le compte-rendu qui vous en a été fait vous montrent la vitalité et lintérêt du dialogue franco-hongrois, qui est en train, je crois, de sinstaller comme étant un élément important du dialogue politique en Europe, sur tous les grands sujets. Nous avons passé en revue lintégration européenne, les questions de lOTAN, le Kossovo où, malheureusement, compte tenu de lextrême gravité de la situation, nous avons dû faire le point de la situation. Je suis daccord avec tout ce qui a été dit. Je voudrais ajouter que je suis très heureux dêtre aujourdhui à Budapest, avec un temps aussi beau, qui rend la ville encore plus belle que dhabitude, et je marrêterai là, en attendant vos questions.
Q - Après lescalade de violence à laquelle on assiste au Kossovo, quelle carte la communauté internationale peut-elle encore jouer et êtes-vous de ceux qui sont partisans de lusage de la force afin damener les parties à la table des négociations ?
R - Nous sommes à un moment extrêmement grave. Après ces événements tragiques, il y a un engrenage qui ne lest pas moins. Nous sommes en train de procéder à une évaluation avec tous nos partenaires. Quand je dis nos partenaires, cela concerne nos partenaires au sein du Groupe de contact, nos partenaires au sein du Conseil de sécurité, nos alliés de lOTAN, nos partenaires de lUnion européenne, et dautres pays clés comme des pays de la région comme par exemple la Hongrie, pour savoir exactement comment nous allons poursuivre notre engagement. Il nest évidemment pas question, quelle que soit lhorreur de tel ou tel événement, de relâcher nos efforts. Nous voulons amener à une solution qui permette une coexistence des Serbes et des Albanais au Kossovo et nous trouverons une solution ! Nous ne voulons laisser détourner nos efforts. Il sagit de savoir maintenant comment, mais là, même si ce processus de consultation est rapide, court, intense, je ne peux pas vous dire à ce stade le développement, les conclusions de cette consultation. Toujours est-il que notre objectif demeure le même : nous voulons trouver une solution à cet affrontement tragique. Nous avons mis en avant depuis des mois et de mois une solution politique raisonnable - cest sa force et cest sa faiblesse en même temps - à savoir une autonomie substantielle pour le Kossovo qui changerait déjà fondamentalement la situation. Aujourdhui, il sagit de savoir si nous disposons de tous les moyens, ou si nous avons besoin de moyens supplémentaires, pour imposer cette issue politique. Cest cela qui est en train dêtre réexaminé point par point.
Q - Quelles seront les incidences des récents développements au sein de lUnion européenne sagissant notamment des problèmes rencontrés en matière de corruption par la Commission européenne et des élections au Parlement européen qui doivent avoir lieu au printemps prochain sur ladhésion des pays candidats.
R - Ce qui sest passé, en ce qui concerne le contrôle du Parlement européen sur la Commission européenne, naura aucune espèce de conséquence sur les autres sujets, et notamment pas sur les négociations en cours en matière délargissement. Il faut considérer cela comme un épisode démocratique normal dinstitutions qui jouent leur rôle. La Commission fait son travail et le Parlement fait le sien. Il ny a pas dautre conséquence à redouter. Si vous raisonnez en termes dinstitutions politiques européennes, tout cela est plutôt positif, cest un signe de vitalité démocratique. Quant aux élections du printemps, cest un rendez-vous démocratique là-aussi, et si il joue un rôle sur les sujets que vous avez à lesprit, cest dans le sens dune stimulation pour débattre de lavenir dune façon encore plus européenne quavant. Je pense que les effets de cette grande discussion ne peuvent être que positifs.
Q - Etant donné la situation qui vient de se créer au Kossovo, le massacre de Racak, ne peut-on considérer que la crise du Kossovo présente en quelque sorte un nouveau caractère ? La France va-t-elle repenser sa position, envisage-t-elle une nouvelle approche de cette crise ?
R - Je pense dabord quil ny a pas de politique spécifiquement française au Kossovo. Il y a un engagement français très fort dans toutes les instances de décision compétentes depuis le début ; il y a jusquici unité de vue complète parmi les six pays du Groupe de contact, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, les quinze membres de lUnion européenne, et tous les pays européens au sens large, puisque cette politique avait été entièrement ratifiée à loccasion de la réunion de la Conférence européenne à Londres. Il y a donc une politique de la communauté internationale - ce terme est souvent employé à tort et à travers, mais pour une fois cest exact - et cest précisément cette politique qui est en cours dexamen pour savoir sil faut la poursuivre, la modifier, sil faut employer les mêmes moyens ou dautres moyens. Je ne peux pas préjuger de ces consultations intenses qui sont en cours, notamment aujourdhui.
En ce qui concerne lemploi de la force, il ne sagit pas dune possibilité qui a été écartée par principe. Je rappellerai quil y a quelques semaines, avant le début de lhiver, une grande catastrophe humanitaire menaçait au Kossovo et que cette situation a été rattrapée in extremis et corrigée après un emploi coordonné de menaces demploi de la force et de moyens diplomatiques et politiques, qui formaient un tout. Nous navons donc jamais récusé par principe lemploi de la force. Les décisions qui ont été prises à lépoque au sein de lOTAN, à partir de résolutions permanentes du Conseil de sécurité, sont toujours valables. Les dispositifs sont toujours en place. Cela fait donc partie de lexamen qui a lieu aujourdhui.
Q - Quelle solution pour les problèmes des minorités dans les Balkans et dans la région ?
R - Cest une vaste question ! Je crois quil y a tout un corps de règles, de doctrines, dinstruments juridiques appuyés sur la philosophie politique démocratique qui ont permis délaborer la façon dont on doit traiter les questions des minorités. Tout cela est notamment extrêmement bien traduit par les travaux et les textes émanant du Conseil de lEurope. Cela fait aussi partie du fonds commun des principes de la politique étrangère des quinze pays de lUnion. Cela a été mis en pratique par beaucoup de pays candidats. Il y a tout un ensemble. Je ne veux pas prendre le détail. Je crois que lon a déjà montré comment on pouvait, par des mesures de retenue, des mesures culturelles, des mesures de respect des droits... Il y un traitement politique, il y a un traitement culturel, il y a un état desprit, cest justement la marque des démocraties modernes. Pour être optimistes - parce quil faut le rester, malgré le contexte dans lequel nous sommes, je crois quil y a précisément en Europe centrale, à commencer par la Hongrie, des pays qui montrent que cest possible de traiter ces problèmes. Malheureusement, il y a dautres parties de lEurope qui ne lont pas encore compris, et tout notre travail consiste à hâter le moment où ces règles de droit qui seront véritablement notre patrimoine commun.
Q - Peut-on sattendre à des contacts franco-hongrois de très haut niveau cette année ?
R - Je confirme en effet que M. Jospin serait très heureux de venir en visite à Budapest et que la période de la deuxième partie de lannée est envisagée pour cela. Nous sommes en contact pour rechercher, pour trouver une date précise.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)