Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur les négociations de fusion dans l'industrie aéronautique entre la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, à l'Assemblée nationale le 20 janvier 1999.

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Texte intégral

Un point de méthode, tout d'abord. Je ne considère pas le Premier ministre britannique comme un "ami politique", mais comme le Premier ministre de la Grande-Bretagne. Et quand le président de la République française rencontre le chancelier allemand, il ne rencontre pas un adversaire politique, mais le chancelier de l'Allemagne. C'est ainsi, en tout cas, que lui et moi concevons nos relations avec nos partenaires européens.
J'en arrive au fond. Les entreprises privées britanniques déterminent librement leur choix d'alliance et le gouvernement français n'a pas à leur donner d'injonctions. En l'espèce, nous avons laissé Thomson, alliée d'Alcatel - parce que nous avons, nous, opéré les restructurations industrielles permettant de renforcer la main de la France -, faire une offre à Marconi, comme l'ont fait aussi BAE et un groupe américain. Le choix qui a été fait aboutit en effet à unir deux entreprises à dominante britannique, sans doute parce que GEC ne souhaitait pas un partenaire de référence aussi puissant que Thomson, peut-être aussi dans le souci de privilégier une solution purement britannique. Nous ne nous réjouissons pas de cette décision, mais je pense que Thomson est à la hauteur du nouveau groupe, tant pour sa capacité de recherche que pour sa compétitivité. Au reste, il y aura peut-être une conséquence positive, si j'en juge par la première réaction allemande : la fusion annoncée depuis des mois entre BAE et DASA ne devrait pas être facilitée.
En tout cas, la déclaration adoptée en décembre 1997 par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, exprime clairement le souhait de construire un grand groupe européen, et nous avons la volonté d'avancer dans cette voie. Nous faisons avancer, nous, la construction industrielle pour renforcer la position de la France.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr)