Texte intégral
G. Morin
Avant de dire un mot du budget, de l'essence, du référendum, une réaction sur la libération des otages ?
- "Je crois que l'on ne peut que s'associer à votre joie à tous, à France 2, à la joie des familles. Je viens d'entendre quelques bribes de ce qu'a dit J.-J. Le Garrec, à côté de R. Maduras, et s'il confirme qu'ils se sont échappés, à la joie, on doit rendre hommage au courage. Cela a été certainement quelque chose d'assez étonnant. D'ailleurs ceci en dit long sur les risques pour les otages qui on été pris, au moment de l'intervention militaire. Je suis avec vous, complètement associé à votre joie."
On pense à eux bien sûr. Votre actualité de la semaine est très chargée. Aujourd'hui, le Conseil des ministres adopte son projet de budget de la France pour 2001. Il y a des choses qui vous intéresse bien sûr, notamment les choses sur les carburants. Globalement, ce budget vous l'aimez, vous ne l'aimez pas, vous l'accepterez, vous le rejetterez ?
- "Il a besoin d'être amendé sensiblement. C'est évident. Parce que l'une des pièces fortes du budget, c'est le plan qu'a présenté L. Fabius il y a quelques temps. Or, chacun sait que sur ce plan, nous avons fait un certain nombre de remarques. J'avais fait moi-même des remarques à L. Fabius, en amont, avant même qu'il ne présente son plan et j'ai apporté la principale touche aux questions concernant les prix du carburant et la nécessité de faire baisser, à la pompe, le prix du carburant. J'avais fait à L. Fabius une proposition, celle du dispositif de TIPP flottante qui est en fait la possibilité pour l'Etat, à partir de surplus de recettes qu'il a fait en TVA sur les produits pétroliers, sur ce que les gens ont acheté à la pompe....Cela représente 7 milliards. Je l'ai proposé et je continue de le proposer parce qu'il semble bien que, pour le moment ce ne soit pas suffisamment entendu. Je dis que c'est insupportable pour les automobilistes en France et les citoyens. Aujourd'hui, en France, 103 millions par jour de déplacements se font par la voiture. C'est 60 % à 70 % des déplacements en France. Les gens ne font pas cela par luxe. Ils le font par nécessité."
Vous voulez une baisse du prix du carburant ? Pour cela, vous irez manifester dans plusieurs endroits de France contre le Gouvernement ?
- "Nous allons manifester parce que je crois que nous serons porteurs d'une procuration de millions et millions de Français qui veulent voir baisser le prix du litre à la pompe. Il faudra naturellement stabiliser mais il faut commencer par baisser un peu. Il convient que le Gouvernement entende ce que disent les Français. Il ne s'agit pas, pour moi, demain à 18 heures 30 à Bercy, de manifester contre le Gouvernement. Il s'agit d'appeler le Gouvernement, et je suis dans la majorité plurielle, je veux qu'elle réussisse. Je pense que, précisément, si la majorité plurielle, si le Gouvernement n'entend pas ce que pensent les Français, aujourd'hui du point de vue de l'essence, et ne baissent pas le prix à la pompe, ce Gouvernement ne va pas réussir. Je veux qu'il réussisse ; je le presse donc de prendre ces dispositions."
Mais si ces mesures ne viennent pas, vous refuserez de voter le budget de la France ?
- "Il est évident que si ces mesures ne sont pas prises nous allons continuer à exprimer notre mécontentement."
En votant contre ?
- "Nous pouvons aller jusqu'à voter contre un certain nombre de dispositions, si elles ne correspondent pas à ce qu'attendent les Français. Nous ne sommes pas là pour essayer de trouver des équilibres qui ne peuvent pas être justifiés. Nous sommes là pour la justice sociale, nous sommes là pour faire réussir la gauche plurielle. Si elle veut réussir, il faut qu'elle écoute les Français. "
De ce trouble au sein de la majorité, allez-vous en parler directement avec L. Jospin ?
- "J'aurai l'occasion d'en parler avec L. Jospin. Je vais le rencontrer dans les prochains jours. Je lui en parlerai, naturellement, mais on en a déjà parlé un peu, la semaine dernière par exemple."
Vous avez écrit à vos collègues du parti socialiste et du PRG qui constituent la gauche plurielle pour les rencontrer au Sommet. Vous voulez faire changer les choses aussi ?
- "Je pense qu'il faut que la gauche plurielle, qui a un bilan positif à bien des égards, doit néanmoins, lorsque cette opinion publique pose des questions importantes sur les choix gouvernementaux, faire un bilan, un examen de conscience. On regarde ensemble les perspectives. J'ai proposé effectivement qu'il y ait ces rencontres de la gauche plurielle."
Sur le référendum : c'est dimanche, c'est tout de suite. Vous n'appelez pas à voter ni "oui" ni "non", vous appelez à l'abstention. Pourquoi cette attitude ?
- "Parce que je pense que les Français ne se retrouvent pas du tout dans ce référendum et nous non plus. Le quinquennat sec, ce n'est pas la grande réforme nécessaire des institutions. Je crois que ceux qui ont été les instigateurs du quinquennat sec ont pris le risque de ce désintérêt. Je crois que c'est un mauvais coup qui a été fait à la démocratie. Le référendum est hypothéqué dans une affaire comme celle-là. Je suis pour le suffrage universel."
Les communistes ne renoncent pas au droit de vote ?
- "Bien sûr que non. Je suis pour la participation à des référendums mais à condition que les questions posées intéressent les Français et soient réellement des questions qui portent sur de grandes réformes. Là, 60 % des Français sont décidés à ne pas aller voter et ils ont raison. Il ne faut pas être dupe. Je crois, en tous les cas, qu'il y aura effectivement beaucoup de gens qui vont avoir, par civisme, la volonté de ne pas sacrifier le référendum à travers celui-là."
Un peu par incivisme aussi ?
- "Non par civisme
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 29 décembre 2000)
Avant de dire un mot du budget, de l'essence, du référendum, une réaction sur la libération des otages ?
- "Je crois que l'on ne peut que s'associer à votre joie à tous, à France 2, à la joie des familles. Je viens d'entendre quelques bribes de ce qu'a dit J.-J. Le Garrec, à côté de R. Maduras, et s'il confirme qu'ils se sont échappés, à la joie, on doit rendre hommage au courage. Cela a été certainement quelque chose d'assez étonnant. D'ailleurs ceci en dit long sur les risques pour les otages qui on été pris, au moment de l'intervention militaire. Je suis avec vous, complètement associé à votre joie."
On pense à eux bien sûr. Votre actualité de la semaine est très chargée. Aujourd'hui, le Conseil des ministres adopte son projet de budget de la France pour 2001. Il y a des choses qui vous intéresse bien sûr, notamment les choses sur les carburants. Globalement, ce budget vous l'aimez, vous ne l'aimez pas, vous l'accepterez, vous le rejetterez ?
- "Il a besoin d'être amendé sensiblement. C'est évident. Parce que l'une des pièces fortes du budget, c'est le plan qu'a présenté L. Fabius il y a quelques temps. Or, chacun sait que sur ce plan, nous avons fait un certain nombre de remarques. J'avais fait moi-même des remarques à L. Fabius, en amont, avant même qu'il ne présente son plan et j'ai apporté la principale touche aux questions concernant les prix du carburant et la nécessité de faire baisser, à la pompe, le prix du carburant. J'avais fait à L. Fabius une proposition, celle du dispositif de TIPP flottante qui est en fait la possibilité pour l'Etat, à partir de surplus de recettes qu'il a fait en TVA sur les produits pétroliers, sur ce que les gens ont acheté à la pompe....Cela représente 7 milliards. Je l'ai proposé et je continue de le proposer parce qu'il semble bien que, pour le moment ce ne soit pas suffisamment entendu. Je dis que c'est insupportable pour les automobilistes en France et les citoyens. Aujourd'hui, en France, 103 millions par jour de déplacements se font par la voiture. C'est 60 % à 70 % des déplacements en France. Les gens ne font pas cela par luxe. Ils le font par nécessité."
Vous voulez une baisse du prix du carburant ? Pour cela, vous irez manifester dans plusieurs endroits de France contre le Gouvernement ?
- "Nous allons manifester parce que je crois que nous serons porteurs d'une procuration de millions et millions de Français qui veulent voir baisser le prix du litre à la pompe. Il faudra naturellement stabiliser mais il faut commencer par baisser un peu. Il convient que le Gouvernement entende ce que disent les Français. Il ne s'agit pas, pour moi, demain à 18 heures 30 à Bercy, de manifester contre le Gouvernement. Il s'agit d'appeler le Gouvernement, et je suis dans la majorité plurielle, je veux qu'elle réussisse. Je pense que, précisément, si la majorité plurielle, si le Gouvernement n'entend pas ce que pensent les Français, aujourd'hui du point de vue de l'essence, et ne baissent pas le prix à la pompe, ce Gouvernement ne va pas réussir. Je veux qu'il réussisse ; je le presse donc de prendre ces dispositions."
Mais si ces mesures ne viennent pas, vous refuserez de voter le budget de la France ?
- "Il est évident que si ces mesures ne sont pas prises nous allons continuer à exprimer notre mécontentement."
En votant contre ?
- "Nous pouvons aller jusqu'à voter contre un certain nombre de dispositions, si elles ne correspondent pas à ce qu'attendent les Français. Nous ne sommes pas là pour essayer de trouver des équilibres qui ne peuvent pas être justifiés. Nous sommes là pour la justice sociale, nous sommes là pour faire réussir la gauche plurielle. Si elle veut réussir, il faut qu'elle écoute les Français. "
De ce trouble au sein de la majorité, allez-vous en parler directement avec L. Jospin ?
- "J'aurai l'occasion d'en parler avec L. Jospin. Je vais le rencontrer dans les prochains jours. Je lui en parlerai, naturellement, mais on en a déjà parlé un peu, la semaine dernière par exemple."
Vous avez écrit à vos collègues du parti socialiste et du PRG qui constituent la gauche plurielle pour les rencontrer au Sommet. Vous voulez faire changer les choses aussi ?
- "Je pense qu'il faut que la gauche plurielle, qui a un bilan positif à bien des égards, doit néanmoins, lorsque cette opinion publique pose des questions importantes sur les choix gouvernementaux, faire un bilan, un examen de conscience. On regarde ensemble les perspectives. J'ai proposé effectivement qu'il y ait ces rencontres de la gauche plurielle."
Sur le référendum : c'est dimanche, c'est tout de suite. Vous n'appelez pas à voter ni "oui" ni "non", vous appelez à l'abstention. Pourquoi cette attitude ?
- "Parce que je pense que les Français ne se retrouvent pas du tout dans ce référendum et nous non plus. Le quinquennat sec, ce n'est pas la grande réforme nécessaire des institutions. Je crois que ceux qui ont été les instigateurs du quinquennat sec ont pris le risque de ce désintérêt. Je crois que c'est un mauvais coup qui a été fait à la démocratie. Le référendum est hypothéqué dans une affaire comme celle-là. Je suis pour le suffrage universel."
Les communistes ne renoncent pas au droit de vote ?
- "Bien sûr que non. Je suis pour la participation à des référendums mais à condition que les questions posées intéressent les Français et soient réellement des questions qui portent sur de grandes réformes. Là, 60 % des Français sont décidés à ne pas aller voter et ils ont raison. Il ne faut pas être dupe. Je crois, en tous les cas, qu'il y aura effectivement beaucoup de gens qui vont avoir, par civisme, la volonté de ne pas sacrifier le référendum à travers celui-là."
Un peu par incivisme aussi ?
- "Non par civisme
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 29 décembre 2000)