Texte intégral
François BEAUDONNET : L'invité de ce journal est Jean-Luc MELENCHON, le ministre délégué à l'Enseignement Professionnel, bonjour.
Jean-Luc MELENCHON : Bonjour.
François BEAUDONNET : Alors, Monsieur MELENCHON, est-ce que vous êtes d'accord avec ce qu'on vient d'entendre ?
JLM : Oui plutôt. Je crois que ce qui est en cause, c'est l'essentiel de ce qui fait notre manière de vivre ensemble. C'est pour ça que, ce matin, je me trouvais dans un lycée, comme vous l'avez dit tout à l'heure. C'est aujourd'hui le jour où il y a les élections du conseil de vie lycéenne. Donc, c'est un moment de démocratie très fort, c'est nouveau, donc je viens pour ça et j'en ai profité pour expliquer, à chacun, quelle plaie serait le fait qu'on se laisse aller à l'antisémitisme. J'ajoute une chose, juste un mot, moi je leur ai dit : vous êtes personnellement responsable chacun, un par un, de -ça peut vous paraître un grand mot- de notre patrie républicaine.
F.B. : Qu'est-ce qu'ils vous ont répondu justement ces élèves que vous avez vus ce matin ?
JLM : Ils ressentaient des choses fortes comme moi. Je voyais ça dans leurs yeux. On sent qu'on est dans un moment un petit peu difficile de la vie de notre pays et qu'il ne faut pas se laisser aller. On sent que c'est dangereux, ces synagogues agressées, nos concitoyens juifs insultés. On sait bien qu'il n'y a pas un antisémitisme de fond, dans ce pays mais, en même temps, on doit dire : attention, on pourrait franchir des seuils.
F.B. : Oui, mais pourtant, pourtant, Jean-Luc MELENCHON dans l'hebdomadaire A Gauche qui paraît aujourd'hui, vous avez des mots très forts. Vous dites par exemple que vous appelez les socialistes à se mettre en travers de la racaille antisémite ?
JLM : Oui, bien sûr. Oui, qu'est-ce qui vous choque le mot " racaille " ? Moi, il correspond à ce que mon cur me dit de dire. Moi, vendredi dernier, j'étais à la synagogue de ma commune avec mes concitoyens. J'ai vu que beaucoup d'entre eux avaient peur, j'ai vu, pour les plus anciens, revenir dans leurs yeux, la mémoire de choses horribles qu'ils ont vécues. C'est pour ça, je dis notre devoir c'est d'être là, de tenir bon, de dire : voilà, nous sommes tous ensemble, on ne laissera pas faire, le cas échéant. Bien sûr que c'est une racaille, ceux qui se livrent à des actes antisémites et que leur place est en prison, parce que c'est un crime le racisme et l'antisémitisme, dans ce pays.
F.B. : Vous pensez que l'antisémitisme, justement, est bien présent dans notre pays et, peut-être
JLM : Je pense comme le président HADJENBERG Il y a eu des dérapages. On parle aujourd'hui d'un gamin qui, de toute façon, est mal, a déjà eu des histoires. Et puis, bon il passe d'une chose à une autre. On est tous assez adulte pour comprendre ces choses-là. Mais, en même temps, la société a des règles. Il y a des barrières qu'on ne doit pas laisser franchir. Et, surtout, on ne doit pas non plus laisser les mauvaises habitudes se prendre. Voyez-vous, ce n'est pas un jeu d'insulter, tel ou tel Français en raison de sa religion. Qu'il soit juif, ou qu'il soit musulman, ou qu'il soit chrétien, ou tout ce qu'on veut, que ce soit une affaire de couleur de peau. Donc ceux qui ont une responsabilité morale, les autorités du pays doivent s'exprimer. Moi j'ai 700.000 jeunes qui relèvent de l'enseignement secondaire professionnel. C'est mon devoir, c'est mon rôle de leur dire : attention, il y a des choses qui peuvent se passer et chacun d'entre vous, doit être le premier devant, à courir pour tendre la main, pour avoir le geste de paix et de fraternité.
F.B. : Mais, est-ce que vous n'avez pas l'impression, malgré tout, que ces actes dont on vient de parler à l'instant, ne relèvent pas plus, j'allais dire, la délinquance quotidienne, que de l'antisémitisme
JLM : Oui sans doute. Bien malin qui arrive à départager ces sortes de sentiments lamentables. Mais, quand bien même : c'est un délit. Il faut le rappeler. Alors si vous voulez, si la question que vous posez, est-ce qu'il y a eu vague d'antisémitisme en France ? Moi, de tout mon cur, je dis non. Non, bien sûr que non. Mais il faut faire attention. On a une histoire nationale, on n'a pas toujours été très brillant, donc on ferait bien de s'en souvenir, c'est le moment, donc maintenant, il faut avoir du courage et il faut aller, avec tout son cur, au devant de ceux qui sont plus angoissés en ce moment.
F.B. : Jean-Luc MELENCHON, merci d'avoir répondu à nos questions.
(source http://www.gauche-socialiste.com, le 18 janvier 2001)
Jean-Luc MELENCHON : Bonjour.
François BEAUDONNET : Alors, Monsieur MELENCHON, est-ce que vous êtes d'accord avec ce qu'on vient d'entendre ?
JLM : Oui plutôt. Je crois que ce qui est en cause, c'est l'essentiel de ce qui fait notre manière de vivre ensemble. C'est pour ça que, ce matin, je me trouvais dans un lycée, comme vous l'avez dit tout à l'heure. C'est aujourd'hui le jour où il y a les élections du conseil de vie lycéenne. Donc, c'est un moment de démocratie très fort, c'est nouveau, donc je viens pour ça et j'en ai profité pour expliquer, à chacun, quelle plaie serait le fait qu'on se laisse aller à l'antisémitisme. J'ajoute une chose, juste un mot, moi je leur ai dit : vous êtes personnellement responsable chacun, un par un, de -ça peut vous paraître un grand mot- de notre patrie républicaine.
F.B. : Qu'est-ce qu'ils vous ont répondu justement ces élèves que vous avez vus ce matin ?
JLM : Ils ressentaient des choses fortes comme moi. Je voyais ça dans leurs yeux. On sent qu'on est dans un moment un petit peu difficile de la vie de notre pays et qu'il ne faut pas se laisser aller. On sent que c'est dangereux, ces synagogues agressées, nos concitoyens juifs insultés. On sait bien qu'il n'y a pas un antisémitisme de fond, dans ce pays mais, en même temps, on doit dire : attention, on pourrait franchir des seuils.
F.B. : Oui, mais pourtant, pourtant, Jean-Luc MELENCHON dans l'hebdomadaire A Gauche qui paraît aujourd'hui, vous avez des mots très forts. Vous dites par exemple que vous appelez les socialistes à se mettre en travers de la racaille antisémite ?
JLM : Oui, bien sûr. Oui, qu'est-ce qui vous choque le mot " racaille " ? Moi, il correspond à ce que mon cur me dit de dire. Moi, vendredi dernier, j'étais à la synagogue de ma commune avec mes concitoyens. J'ai vu que beaucoup d'entre eux avaient peur, j'ai vu, pour les plus anciens, revenir dans leurs yeux, la mémoire de choses horribles qu'ils ont vécues. C'est pour ça, je dis notre devoir c'est d'être là, de tenir bon, de dire : voilà, nous sommes tous ensemble, on ne laissera pas faire, le cas échéant. Bien sûr que c'est une racaille, ceux qui se livrent à des actes antisémites et que leur place est en prison, parce que c'est un crime le racisme et l'antisémitisme, dans ce pays.
F.B. : Vous pensez que l'antisémitisme, justement, est bien présent dans notre pays et, peut-être
JLM : Je pense comme le président HADJENBERG Il y a eu des dérapages. On parle aujourd'hui d'un gamin qui, de toute façon, est mal, a déjà eu des histoires. Et puis, bon il passe d'une chose à une autre. On est tous assez adulte pour comprendre ces choses-là. Mais, en même temps, la société a des règles. Il y a des barrières qu'on ne doit pas laisser franchir. Et, surtout, on ne doit pas non plus laisser les mauvaises habitudes se prendre. Voyez-vous, ce n'est pas un jeu d'insulter, tel ou tel Français en raison de sa religion. Qu'il soit juif, ou qu'il soit musulman, ou qu'il soit chrétien, ou tout ce qu'on veut, que ce soit une affaire de couleur de peau. Donc ceux qui ont une responsabilité morale, les autorités du pays doivent s'exprimer. Moi j'ai 700.000 jeunes qui relèvent de l'enseignement secondaire professionnel. C'est mon devoir, c'est mon rôle de leur dire : attention, il y a des choses qui peuvent se passer et chacun d'entre vous, doit être le premier devant, à courir pour tendre la main, pour avoir le geste de paix et de fraternité.
F.B. : Mais, est-ce que vous n'avez pas l'impression, malgré tout, que ces actes dont on vient de parler à l'instant, ne relèvent pas plus, j'allais dire, la délinquance quotidienne, que de l'antisémitisme
JLM : Oui sans doute. Bien malin qui arrive à départager ces sortes de sentiments lamentables. Mais, quand bien même : c'est un délit. Il faut le rappeler. Alors si vous voulez, si la question que vous posez, est-ce qu'il y a eu vague d'antisémitisme en France ? Moi, de tout mon cur, je dis non. Non, bien sûr que non. Mais il faut faire attention. On a une histoire nationale, on n'a pas toujours été très brillant, donc on ferait bien de s'en souvenir, c'est le moment, donc maintenant, il faut avoir du courage et il faut aller, avec tout son cur, au devant de ceux qui sont plus angoissés en ce moment.
F.B. : Jean-Luc MELENCHON, merci d'avoir répondu à nos questions.
(source http://www.gauche-socialiste.com, le 18 janvier 2001)