Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, en réponse à une question sur l'attitude de la France, notamment sur le plan de la coopération, vis-à-vis de la situation en Côte d'Ivoire, à l'Assemblée nationale le 13 décembre 2000.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Non, la France n'est pas absente et elle n'est pas complaisante. Nous sommes très informés de la situation de ce pays si proche de la France et nous avons des positions claires. De surcroît, nous n'avons pas de leçons à recevoir.
La France avait indiqué, dès que cette décision fût connue, que l'invalidation par la Cour suprême de la candidature de M. Alassane Ouattara ne pouvait qu'entacher la préparation des élections législatives. Si les négociations menées juste avant le scrutin - vous l'avez rappelé - avaient pu laisser quelques espoirs, il est désormais clair que ces élections, telles qu'elles se sont tenues, ne répondent pas à nos attentes, même si le scrutin s'est déroulé plutôt dans le calme dans 145 circonscriptions sur 174. Nous souhaitons que les élections partielles qui doivent se dérouler dans les 29 circonscriptions du nord puissent l'être en présence de tous les partis politiques.
S'agissant des troubles qui ont marqué le début de la semaine dernière, la France a non moins clairement marqué sa réprobation face aux écarts qui ont été constatés tant de la part des forces de l'ordre que des militants du Rassemblement des Républicains. C'est d'ailleurs dans ce contexte que la France appelle, avec force, à la réconciliation nationale, notamment dans le nord, appuyant en cela les voix qui se sont élevées en Côte d'Ivoire même parce que la richesse de ce pays, on le sait, est constituée par la variété de ses populations.
Pour ce qui concerne la coopération, sur laquelle vous m'interrogez, elle comporte trois volets :
- Le premier correspond à la mise en oeuvre par le ministère des Affaires étrangères de l'aide projet et de l'assistance technique (137 millions de francs en 2000) ; celle-ci avait été partiellement gelée en janvier dernier à l'exception des projets bénéficiant directement aux populations, la reprise éventuelle de cette assistance fait actuellement l'objet d'une évaluation qui sera effectuée en liaison avec les autres bailleurs de fonds, et notamment nos partenaires de l'Union européenne ; nous en prenons l'initiative à Bruxelles ;
- Le second volet regroupe les concours de l'Agence française de développement (270 millions de francs en 1999), mais dont les décaissements sont - je le dis avec fermeté - actuellement suspendus en raison de l'existence d'arriérés de remboursements ;
- Le troisième volet comprend les aides à l'ajustement exécutées, selon la doctrine dite d'Abidjan, dans le cadre d'un programme approuvé par le Fonds monétaire international ; il va de soi que nous ne dérogerons pas à ce principe et c'est la raison pour laquelle nous souhaitons que les autorités ivoiriennes prennent rapidement contact avec les institutions de Bretton Woods./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2000)