Déclaration de M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle, sur les conséquences de l'inscription du Val de Loire au patrimoine mondial, Orléans le 8 décembre 2000.

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  • Michel Duffour - Secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle

Circonstance : Réunion sur les conséquences de l'inscription du Val de Loire au patrimoine mondial et sur la mise en oeuvre du volet culturel du " Plan Loire Grandeur Nature " à Orléans le 8 décembre 2000

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Sénateur-Maire,
Messieurs les Maires,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,

C'est pour moi un immense plaisir que d'être présent parmi vous, aujourd'hui.
J'ai entrepris depuis huit mois, ce que j'ai appelé un " Tour de France de la Culture " dans le but d'observer, de dialoguer et d'échanger avec l'ensemble de ceux qui font la culture, artistes, professionnels et élus. Le regard " décentralisé " que je porte sur l'évolution de notre pays en matière culturelle est tout à fait optimiste, et vous m'offrez, dans cette région aux ressources et aux richesses exceptionnelles une nouvelle preuve à l'appui de cette conviction J'arrive au moment où nous parvient cette grande nouvelle : " le Val de Loire ", paysage culturel, est inscrit par l'Unesco au Patrimoine de l'humanité.
Et, je voudrais d'abord tous vous féliciter et vous remercier du soutien que vous avez apporté au gouvernement dans sa démarche auprès de l'Unesco. Soyez remerciés pour la manière exemplaire dont vous avez contribué, collégialement, - j'insiste - à cette aventure. Je crois savoir que l'Unesco, elle-même, a souligné l'exemplarité de votre démarche. Merci, Monsieur le Préfet, merci, Monsieur l'Ambassadeur pour ces concertations et ces coopérations que vous avez générées entre les services centraux et régionaux, tout comme avec les collectivités.
Après tout, on pourrait dire qu'il ne s'agit là que d'une consécration pour une terre matricielle qui a très largement façonné - à travers la Renaissance - le visage de la France moderne. Mais, au-delà, c'est un programme global qui a triomphé en Australie, un programme culturel, évolutif et vivant, c'est-à-dire anticipateur. L'inscription du Val de Loire au patrimoine de l'humanité s'insère dans ce vaste plan qui concerne un immense territoire, le 1/5ème de la France : la Loire et ses affluents, premières richesses de ce grand projet.
" Il faut se réconcilier avec la Loire " ai-je lu dans les déclarations de Monsieur le Président Valette, "retrouver son unité à la fois géographique, ethnographique, culturelle", ai-je lu aussi, mais j'ai bien compris que cette quête de cohérence s'inscrivait dans le mouvement, dans la dynamique symbolisés peut-être à la fois par ce magnifique pont de l'Europe, ici, à Orléans et le conservatoire des parcs et des jardins à Chaumont qui a fait de la création et de la recherche paysagère, l'un de ses axes forts.
J'ai donc été particulièrement attentif à l'exigeante ambition de ce projet, qui n'omet aucune dimension du développement, de la communication à la formation, de la réalisation d'inventaires à la mise en lumière du site, de la commande publique à la mise en réseau des lieux culturels, des parcours littéraires ou philosophique aux parcours sportifs, bref, vous affirmez un souci de transversalité, de décloisonnement des disciplines qui ne peut que ravir le Secrétaire d'Etat à la décentralisation que je suis.
C'est l'interrégionalité - et je salue les représentants des 2 grandes régions qui sont le Centre et les Pays de la Loire -, c'est la mutualisation des compétences - par exemple la complémentarité de Blois, Chaumont, Tours, Orléans pour la mise en valeur du paysage et plus généralement de l'environnement -, c'est - in fine - un nouveau mode d'aménagement, comme le souligne Yves Dauge dans une interview, construit sur une dialectique qui nous est chère, la mémoire et le projet.
C'est aussi une organisation, avec précisément un directeur de projet - Alain Marais - que je salue également - qui coordonnera l'ensemble de cette politique de mise en valeur dans une perspective évidemment unitaire. C'est évidemment la réflexion conduite à partir d'un territoire, de ses composantes, de ses singularités qui pousse à cette intelligence de propositions.
Merci, une fois encore, de nourrir ma conviction en ce domaine. A l'évidence la culture est un exceptionnel secteur de développement, et le patrimoine en particulier lorsqu'il est appréhendé ainsi, liant monument et paysage, sites historiques et sites naturels, et cela dans l'élan d'une nouvelle Renaissance de la Loire, selon vos propres mots ; Yves Dauge.
Vous voici donc inscrits au Patrimoine mondiale, le 30ème site depuis 1979, succédant chronologiquement à la juridiction de St Emilion [N'y voyez surtout aucune ébauche de comparaison avec une autre terre de vignoble...]
Et je voudrais enfin profiter de cette distinction majeure pour vous dire que je souhaiterais que le patrimoine mondial soit, en France, mieux pris en compte. J'ai la conviction que ces fleurons de notre patrimoine, naturel et bâti, doivent être davantage valorisés et qu'il pourrait se créer entre eux une solidarité que je ne perçois pas aujourd'hui. Peut-être êtes-vous les mieux placés - parce que les derniers élus - pour prendre, par exemple, l'initiative d'un premier colloque rassemblant les responsables des 30 sites français qui dans leur diversité composent une éclatante figure du patrimoine français...
Je suis certain que l'on peut gagner beaucoup à réfléchir ensemble au développement de cette prestigieuse catégorie qui, c'est mon sentiment, est certainement loin de recueillir les avantages et les bénéfices de son label.
Réflexion commune, publications peut-être, élaboration d'une charte qui pourrait être un cadre approprié, parce que suffisamment souple pour que chacun légitimement, préserve et conserve sa liberté d'action, à l'image de ce que vous avez construit pour le Val de Loire.
Permettez-moi, pour conclure, de vous renouveler mes félicitations pour le travail accompli.
Le Val de Loire est sans doute, entre culture et nature, entre protection et création, le site qui symbolise le plus justement les problématiques contemporaines. Vous êtes l'objet de toutes les attentions, de toutes les envies peut-être. L'exemplarité de votre approche a stimulé les exigences, mais comment ne pas croire à ce Grand Projet d'aujourd'hui ?
Pour ma part je ne ménagerai pas mes efforts. Je vous remercie de votre attention.

(Source http://www.culture.gouv.fr, le 13 décembre 2000)