Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur le corps des officiers de police, La Baule le 7 décembre 2005.

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Circonstance : 4e congrès du Syndicat national des officiers de police (SNOP) à La Baule (Loire-atlantique) le 7 décembre 2005

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est un réel plaisir pour moi de vous retrouver. Le Syndicat National
des Officiers de Police a toujours su se positionner comme un syndicat
de propositions, une force constructive et je ne peux que me réjouir de
la qualité des relations que nous avons pu entretenir.
Et puis, aujourd'hui, ce congrès revêt une dimension un peu
particulière car il est marqué par un départ, celui de Jean Pierre
RAYNAUD. C'est à lui que je veux adresser mes premiers mots.
Monsieur le secrétaire général, cher Jean-Pierre, je tiens à vous
remercier pour tout ce que nous avons pu faire ensemble et je veux vous
féliciter pour votre action à la tête du SNOP.
Je connais votre passion pour le syndicalisme, votre altruisme et votre
détermination pour défendre le corps des officiers de police.
Quelque chose me dit d'ailleurs que vous n'allez pas décrocher
complètement, même si vous avez décidé de laisser votre place.
En tous les cas, soyez sûr que vous pouvez regarder le chemin parcouru
avec une légitime satisfaction.
Je souhaite à votre successeur la même destinée.
Ces dernières années, les officiers de Police ont connu de profonds
changements.
Ensemble, à travers la réforme des corps et carrières, nous avons bâti
un nouveau corps aux responsabilités accrues, aux perspectives
améliorées, au rôle incontestable.
C'est d'ailleurs la police dans son ensemble qui a connu cette
évolution. La sécurité a, au fil des années, acquis une nouvelle
dimension. Elle est une des premières préoccupations des français.
Vous, officiers de police, êtes au c?ur de ce dispositif. C'est le sens
de votre engagement, c'est le sens du mot "commandement".
Face à des exigences sociales toujours plus pressantes, j'ai voulu vous
donner les moyens de remplir votre mission au service de tous les
français.
Les semaines de violences que nous venons de traverser me confortent
dans mes convictions.
D'abord parce qu'elles confirment que la délinquance est profondément
ancrée dans certains quartiers et qu'il ne suffit pas de discours
angélique ou de demi-mesures pour la combattre.
Depuis 2002, nous nous sommes résolument engagés dans des actions
déterminées fondées sur un principe clair : le rétablissement de
l'ordre républicain est partout et pour tous le préalable
indispensable. Chacun a droit à la sécurité.
Nous avons obtenu des résultats. La baisse de la délinquance et la
hausse du taux d'élucidation sont des avancées que chaque français a pu
mesurer.
Il nous reste encore du travail, nous avons encore et toujours des
combats à mener, et je sais que je peux compter sur votre engagement et
votre investissement.
Les violences urbaines que nous avons connues ont aussi montré, une
nouvelle fois, à tous nos concitoyens, le courage, la maîtrise et le
professionnalisme de la police nationale.
De cela, vous pouvez être particulièrement fiers.
Vous le savez, j'ai décidé de verser une prime de 300 euros aux 22 000
agents les plus impliqués dans les opérations liées aux violences
urbaines.
Je recevrai dans quelques jours certains parmi les plus méritants pour
leur témoigner la reconnaissance de la Nation.
En réponse à certaines de vos interrogations, je peux aussi vous dire
que ces évènements nous ont conduit à renforcer et adapter les
matériels et les tenues. J'en veux comme exemple l'acquisition des près
de 460 Flash-Ball, 5 500 casques de maintien de l'ordre pare-coups, 875
casques pare-balles, 6 700 bliniz, 2 785 dispositifs manuels de
protection (DMP), plus de 2 800 grenades lacrymogènes ou encore 300
combinaisons BAC.
Ce déploiement, réalisé pour répondre aux besoins urgents, sera
complété d'ici la fin de l'année par la mise en ?uvre d'un plan d'aide
aux départements sensibles et par un recensement national des moyens
utilisés.
Nous nous sommes servis de moyens nouveaux comme les hélicoptères.
Rien ne sera oublié et vous pouvez compter sur moi pour que la police
dispose des moyens nécessaires à l'accomplissement de sa mission.
Je sais également le rôle joué par les officiers tant dans la gestion
de cette crise que dans l'accomplissement quotidien de leur mission.
Je sais que malgré tout le travail accompli, il nous reste encore
beaucoup à faire.
Nous sommes à la croisée des chemins. Il nous faut envisager de
nouveaux modes d'action, mettre en ?uvre de nouvelles méthodes. Là
aussi nous devons tirer parti de l'expérience.
La mutualisation des moyens et des expériences est une nécessité.
L'adaptation de nos dispositifs est un impératif.
Nous devons abandonner les fonctionnements verticaux cloisonnés.
Nous ne devons pas être prisonniers de la rigidité des structures ou
des modes de pensées.
Dans une société qui a profondément évolué, face à une délinquance qui
se joue des frontières administratives, nous devons en permanence nous
adapter.
Les semaines que nous venons de vivre sont à cet égard pleines
d'enseignements. Le travail réalisé par la sécurité publique, les CRS,
la police judiciaire, les renseignements généraux et même la DST
constitue un exemple de ce qui doit être mis en ?uvre. Il a permis non
seulement de rétablir l'ordre, mais aussi de présenter en nombre aux
magistrats les fauteurs de troubles.
Pour vous policiers, lieutenants, capitaines, commandants de police, ce
que je dis doit résonner comme une évidence. C'est aussi à vous, jour
après jour, de le traduire dans les faits.
Avec la réforme des corps et carrières, vous pouvez profiter
d'opportunités, des postes aux responsabilités avérées vous sont
confiées.
Je sais que vous vous engagez résolument dans cette démarche.
Le commandement a beaucoup changé. Il implique écoute, analyse, prise
de décision et évaluation. C'est l'esprit de la réforme qui donne à
chacun un niveau de responsabilité conforme à ses fonctions.
Commander, c'est savoir associer ses collaborateurs, c'est savoir les
motiver sur un objectif commun, c'est aussi s'imposer, décider.
C'est un exercice difficile, mais exaltant et à travers la réforme des
corps et carrières, j'ai voulu que vous soyez valorisés dans cette
fonction.
Vous êtes souvent amenés à encadrer et à diriger des jeunes
fonctionnaires. Vous avez là un devoir d'accompagnement
particulièrement fondamental.
C'est un repyramidage de la police nationale qui est en cours. Le
processus est progressif et court jusqu'en 2012.
Mais laissez-moi vous dire, pour répondre à certaines questions, que le
nombre de brigadiers-majors qui était de 923 en 2004 sera porté à 4 260
en 2006. Celui des brigadiers-chefs qui était de 3 000 sera porté à 17
150 et celui des brigadiers passera de 2 465 à 11 200.
Ce renforcement de l'encadrement intermédiaire doit vous permettre de
remplir au mieux votre rôle.
Plus généralement, votre métier comporte une dimension sociale dont je
sais que vous mesurez l'importance.
Je veux pour ma part dire ici l'importance que j'attache à
l'amélioration du cadre de vie des policiers.
Je veux rappeler que depuis plus d'un an désormais, la police nationale
s'est dotée d'une sous-direction de l'action sociale.
Elle compte en son sein 47 psychologues dont il me semble nécessaire de
souligner le rôle et l'utilité en période de crise. Ces dernières
semaines, plus de 180 policiers de la sécurité publique ou des CRS ont
été assistés et pris en charge.
Le service de soutien psychologique opérationnel est intervenu en
région parisienne et en province. Il reste à la disposition de tous
ceux qui pourraient se manifester.
Je veux aussi rappeler qu'en matière de logement, nous avons mis en
place un prêt à taux zéro et que 130 000 réservations de logements
sociaux et 1 000 logements privés sont mis à disposition.
En 2006, les crédits de l'action sociale vont progresser de 18 %, soit
5,5 millions d'euros supplémentaires par rapport à 2005.
Vous savez également que, comme vous, je suis particulièrement attaché
au strict respect de la déontologie.
Je vous demande à cet égard d'aller plus loin en veillant, dans toutes
les circonstances, à l'équilibre entre l'objectif recherché et les
moyens déployés. Cette notion de discernement est devenue capitale pour
conforter notre action dans toute sa légitimité.
J'ai voulu, avec la réforme des corps et carrières, vous confier des
postes à la hauteur de ces responsabilités.
C'est la raison de l'élévation du niveau de diplôme exigé pour le
concours d'officiers. BAC + 3, cela permet de vous situer en référence
à la catégorie A de la fonction publique tout en conservant le bénéfice
d'un statut spécial prenant en compte les particularités du métier
d'officiers.
S'agissant de la scolarité, j'ai demandé que l'on engage sans tarder
une réflexion afin que l'Ecole Nationale Supérieure des Officiers de
Police soit installée dans une ville universitaire.
Je l'ai déjà dit ?et je le redis- vous devez bénéficier des conditions
de scolarité dignes des responsabilités qui sont les vôtres.
J'ai veillé à ce que, dès la sortie d'école, la qualité d'OPJ soit
attribuée aux officiers. Le texte est désormais en voie d'adoption
définitive.
La réforme doit vous permettre d'évoluer dans votre carrière et des
passerelles doivent être mises en place. Je vous rappelle à ce titre
que dès 2006, une voie d'accès professionnelle aux corps des
commissaires de police sera ouverte pour 20% des emplois à pourvoir.
Nous poursuivons également, à l'horizon 2012, l'élaboration d'une
nomenclature de 9 000 postes d'officiers.
Je veux aussi vous rappeler qu'en 2005, nous avons créé 30 emplois de
commandants fonctionnels.
Pour 2006 ? et je sais que vous êtes nombreux à être très intéressés
par le sujet ? les perspectives d'avancement sont significatives.
Ce sont à nouveau 800 postes de capitaines qui seront ouverts.
Nous n'avons pas oublié les lieutenants de plus de 10 ans d'ancienneté
dont la situation doit être réglée, sur une période de 5 ans, par
l'accession au grade de capitaine.
Le volume d'avancement au grade de commandant pourra, sous réserve des
départs en retraite, atteindre 400 postes.
Je veux vous dire que j'ai donné des instructions afin que dans le
cadre du protocole d'accord de juin 2004, des groupes de travail soient
constitués dès 2006 pour revoir le mode de gestion du corps de
commandement.
Vous savez aussi qu'au 1er avril 2006, une nouvelle revalorisation
indiciaire verra le jour. Elle vient s'ajouter à celles de 2004 et
2005.
Dans le même ordre d'idée, la DAPN a débuté ses travaux de révision des
situations administratives à la suite de la décision du Conseil d'Etat
concernant l'avantage spécifique d'ancienneté.
Les engagements pris sont respectés. Je veux que nous puissions
travailler dans l'esprit de concertation qui a prévalu jusqu'alors.
C'est lui qui doit nous guider dans les discussions relatives à
l'attribution d'une allocation de commandement liée au régime horaire
des cadres ou encore dans la réflexion sur la création d'un compte
épargne-retraite.
Lorsque je vous avais dit que j'attendais beaucoup de vous et que je
comptais valoriser vos fonctions, vous voyez que pour moi les choses
étaient claires : je veux que vous ayez un statut correspondant à votre
rôle. Les avancées sont réelles et chacun peut les mesurer.
C'est cette logique qui m'a conduit à introduire dès 2004 une prime de
résultats exceptionnels.
Cette année, son montant a été doublé et porté à 10 millions d'euros.
Ce sont plus de 26 700 agents qui en ont bénéficié. En 2006, elle doit
atteindre les 15 millions d'euros.
Le travail de chacun doit être reconnu à sa juste valeur.
Je veux également vous dire quelques mots des équipements. Sur ce
sujet, je souhaite que vous disposiez de moyens modernes, adaptés à
votre mission.
En 2006, l'expérimentation des pistolets à impulsion électrique sera
étendue et 1 000 d'entre eux seront mis en dotation, de nouvelles
caméras vidéo seront installées sur les véhicules de police, le
déploiement du Sig-Sauer sera poursuivi afin qu'en 2007 tous les
policiers en soient dotés, le système ACROPOL couvrira plus de 80% des
effectifs de la police.
Vous le voyez, il ne s'agit pas de faire des grands discours, mais bel
et bien des traductions concrètes et pragmatiques.
Vous allez au cours de ce congrès échanger et discuter. Certaines de
vos aspirations n'ont pas abouti et je ne doute pas que vous soyez
imaginatifs et créatifs. Vous serez certainement aussi exigeant avec
moi que je le suis avec vous.
Mesdames, Messieurs, je veux vous dire une nouvelle fois avant de vous
quitter que je suis fier du travail accompli jour après jour par la
police nationale.
Vous êtes très souvent confrontés à des situations de crise, de
violences, de tensions. On vous demande beaucoup et votre métier
requiert un courage et une maîtrise de tous les instants.
Vous bénéficiez de la confiance des français et c'est sans doute l'un
des biens les plus précieux. Vous l'avez conquis par une
professionnalisme et un comportement exemplaires.
C'est cela que je voulais vous dire. C'est cela qu'en m'adressant à
vous, lieutenants, capitaines, commandants, vous qui exercez le
commandement, je voulais dire à tous les policiers.
Je vous souhaite un excellent congrès.

(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 décembre 2005)