Toast de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les relations entre la France et la République démocratique du Congo et sur la réforme de la politique de coopération, à Kinshasa le 21 novembre 2005.

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Circonstance : Déplacement en République démocratique du Congo, les 20 et 21-déjeuner ministériel, à Kinshasa le 21 novembre 2005

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir accepté cette invitation qui me donne l'occasion de rencontrer les principaux partenaires de notre coopération avec la République démocratique du Congo. Malgré la brièveté de mon passage parmi vous, je me réjouis de ce déjeuner qui va me permettre d'échanger avec vous sur les perspectives à donner aux relations entre nos deux pays.
Je souhaite en effet qu'un véritable partenariat soit la clé de voûte de notre coopération bilatérale, et qu'il nous permette, en partageant nos efforts respectifs, de consolider une relation de confiance durable.
Rien ne se fera sans l'implication effective des deux parties, congolaise et française, dans la définition et la conduite de nos actions de coopération dans les différents secteurs d'intervention qui seront retenus. Dans cet esprit, nous vous proposerons très prochainement de signer un "document cadre de partenariat", qui définira les secteurs et les modalités de ce partenariat pour les années à venir.
Je souhaite insister auprès de vous sur l'importance qui s'attache à la bonne préparation de ce document-cadre de partenariat, qui constitue pour la France le nouvel instrument par lequel transitera dorénavant l'ensemble de notre aide, et par lequel se concrétisera la réforme de notre politique de coopération, voulue par le président de la République et le gouvernement.
Permettez-moi donc de vous rappeler brièvement les maîtres mots de cette réforme :
- il s'agit d'abord d'inscrire notre aide dans la durée, en établissant une programmation sur cinq ans, et en veillant à son caractère opérationnel par une liste de projets identifiés et chiffrés. Ce faisant, il importe de faire précéder cette programmation d'une réelle réflexion sur la stratégie de développement à suivre sur le moyen terme ;
- il s'agit ensuite d'éviter le saupoudrage, en concentrant désormais 80 % de notre aide sur trois secteurs d'intervention prioritaires, choisis en fonction des potentialités locales de développement, et en tenant compte des orientations stratégiques définies par votre gouvernement ;
- avec le futur "Document-cadre de partenariat", il s'agit encore de mieux coordonner nos efforts, en intégrant dans la démarche l'ensemble des intervenants français que sont notamment les entreprises, les ONG ou encore les collectivités locales ;
- enfin le "Document-cadre de partenariat" va nous permettre de mutualiser nos interventions avec celles de nos partenaires européens et multilatéraux, en privilégiant les cofinancements qui démultiplient les apports des uns et des autres.
Au total, il s'agit donc bien d'insuffler à notre politique de coopération une véritable logique de programmation et de contractualisation. C'est tout le sens d'un partenariat moderne et efficace, qui n'a plus rien à voir avec l'assistance.
Un des axes qui vous sera proposé dans ce "document-cadre de partenariat" sera celui de la gouvernance économique et financière, et de la construction d'un Etat de droit. C'est sur ce secteur d'intervention prioritaire que je souhaite insister aujourd'hui auprès de vous.
Cet axe s'inscrira en effet dans le prolongement des actions que nous menons déjà, notamment à travers le projet CAPNAT de renforcement des capacités nationales du secteur économique et financier, ou encore dans le domaine de la formation de la police et de l'armée.
Tout à l'heure, nous signerons ensemble, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, la Convention de financement d'un projet d'appui à la reconstruction de l'Etat de droit, qui s'articule autour de trois composantes : la police judiciaire, les Droits de l'Homme et la justice.
Je sais combien ces secteurs d'intervention sont importants aux yeux des autorités congolaises, et je me réjouis que nous puissions accompagner concrètement vos efforts visant à améliorer l'action de l'Etat.
Pour la France, la reconstruction de l'Etat congolais est aussi une des toutes premières priorités, dans ce pays qui a souffert de quinze ans de crises et de guerres, avec leur cortège d'exactions, et la déliquescence accélérée des institutions publiques qui en a résulté.
La République démocratique du Congo est entrée depuis deux ans et demi dans une période de transition qui doit se terminer en juin 2006, avec la mise en place de nouvelles institutions légitimées par un processus électoral transparent.
Vous le savez, la France a été, est et restera à vos côtés, en étroite concertation avec l'ensemble de la communauté internationale, pour permettre à votre pays de recouvrer sa pleine souveraineté sur l'ensemble de son territoire, pour vous aider à vous doter d'institutions stables et démocratiques, mais aussi pour vous assurer un développement économique et social harmonieux, au bénéfice de l'ensemble de la population.
Après la visite très récente du Conseil de sécurité des Nations unies, dont la délégation était d'ailleurs conduite par notre ambassadeur à l'ONU, ma venue aujourd'hui à Kinshasa témoigne de notre volonté ardente, résolue et déterminée, d'accompagner le Congo sur le chemin difficile mais nécessaire de la construction d'une véritable démocratie, à laquelle aspire le peuple congolais.
Soyez certains que notre détermination à cet égard est sans faille, et qu'au lendemain du processus électoral devant conduire les citoyens congolais à choisir librement leurs institutions et leurs dirigeants, la France poursuivra et amplifiera sa coopération avec ce grand pays francophone qu'est la République démocratique du Congo, au c?ur de l'Afrique, et dont la stabilité conditionne celle de l'ensemble de la région.
Avant de poursuivre notre échange au cours du déjeuner, je vous propose de lever nos verres à l'amitié franco-congolaise, et à l'avenir de la République démocratique du Congo.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2005)