Interview de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, au Figaro du 19 novembre 2005, sur les raisons de la violence des jeunes dans les banlieues, le lancement du service civil volontaire et sur les premiers résultats du programme "Défense deuxième chance".

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Le Figaro : Quelle est votre vision de la crise des banlieues ?
Michèle Alliot-Marie : Jacques Chirac a raison de dire que c'est un problème de sens et de valeurs. Dans les cités, les jeunes ont trop souvent le sentiment qu?ils sont confondus avec les délinquants. Et que, du fait de leur origine ou de l'endroit où ils vivent, ils sont victimes d'un a priori négatif.
Il y a de la part de ces grands ados ou de ces jeunes adultes une forme de désespérance suicidaire. Leur révolte est aussi un appel au secours. Nous devons savoir y répondre. Cette crise a mis en évidence la nécessité d'agir dans la durée en dehors de toute considération politicienne. Il est indispensable d?avoir une politique suivie pendant cinq ou dix ans, quels que soient les ministres et les majorités en place.
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Le Figaro : Jacques Chirac a annoncé le lancement d'un service civil volontaire. Est-ce que cela veut dire que la suspension du service militaire a été une erreur?
Michèle Alliot-Marie : Certainement pas. C'était une nécessité si nous voulions avoir une armée professionnelle capable de faire face aux défis actuels que représentent le terrorisme et la multiplication des crises régionales. De plus le service national ne jouait plus son rôle de creuset de la nation. Il ne s'adressait qu'aux garçons et était devenu inégalitaire. Le service civil volontaire doit redonner aux jeunes le sens des responsabilités, le goût de faire des choses ensemble, la possibilité d?exprimer leur générosité. Nous allons offrir à ceux qui sont en difficulté une formation et des perspectives afin qu'ils puissent trouver un emploi et une place dans la nation.
Le Figaro : Le programme Défense deuxième chance a démarré en septembre. Quels sont les premiers résultats ?
Michèle Alliot-Marie : Il faut un peu de temps avant de tirer des règles générales d?un programme qui ne fonctionne que depuis deux mois. Mais on voit bien que les jeunes qui sont aujourd'hui pris en charge acceptent, dans leur grande majorité, de se plier à une discipline qu'ils n'ont auparavant jamais connue. Quand on s'intéresse à eux et à leur avenir, ils sont prêts à saisir la deuxième chance qu'on leur offre. Les premiers retours sont donc positifs. Nous devions ouvrir un nouveau centre par mois, pendant un an. Le président de la République m'a demandé d?augmenter ce rythme, afin de parvenir à 20 centres dans l'année qui vient.
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Propos recueillis par Claire Bommelaer et Philippe Goulliaud(Source http//www.defense.gouv.fr, le 1er décembre 2005)