Texte intégral
L'Union européenne est entrée dans une période d'incertitude après le rejet du Traité
constitutionnel européen par la France et les Pays-Bas au printemps dernier. Les récents
débats budgétaires n'ont pas amoindri cette incertitude. Alors que les Européens agiront
pour surmonter ces difficultés, comme ils l'ont toujours fait, je crois qu'une initiative
conjointe dans la défense et la sécurité pourrait contribuer à raviver la confiance et
l'action en Europe. Après tout, c'est le domaine qui obtient le plus de soutiens à travers
l'Union européenne, comme l'ont prouvé les débats qui ont accompagné le vote de la
Constitution dans les différents pays européens. Les citoyens de l'Union européenne sont
conscients du fait que la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) contribue
chaque jour à leur sécurité.
Aujourd'hui, il y a nombre de nouveaux défis en matière de sécurité, à commencer par la
menace permanente du terrorisme. Pour l'Europe, seule une coopération étroite entre les
gouvernements et leurs services de renseignement pourra donner une réponse adéquate au
niveau international et en particulier de l'Union européenne. En même temps, la guerre «
traditionnelle » dévaste encore de nombreuses régions du monde, même si les menaces prennent
désormais des formes variées. En l'absence d'une confrontation mondiale comme celle de la
guerre froide, les conflits armés dans nombre de pays ne suivent plus de modèle cohérent.
Pour répondre à ces situations inédites, il nous faut développer des solutions qui, si elles
ne sont pas purement militaires, doivent être par-dessus tout militaires. La première tâche
d'un Etat est de défendre la sécurité de ses citoyens. Une politique de défense réaliste et
ambitieuse est donc nécessaire. Grâce à ses valeurs et à son histoire, l'Europe a un
potentiel considérable et peut contribuer activement à la paix et à la stabilité
internationale.
Avec cet objectif en tête, la PESD est un cadre de travail pertinent pour renforcer la
solidarité et les liens, non seulement au sein de l'Union, mais aussi avec les autres
peuples qu'elle veut soutenir. Loin d'être rivaux, comme certains le suggèrent, l'Otan et
l'Union européenne se complètent l'une l'autre sur la défense - comme on peut le voir dans
les Balkans.
L'expertise de l'Union européenne en matière de défense doit la rendre capable d'aborder sa
relation avec l'Alliance atlantique sans la moindre hésitation. Un pays comme la France est
ainsi une force motrice de la défense européenne, tout en étant l'un des principaux
contributeurs de l'Alliance et l'un de ses piliers opérationnels. La France commande
actuellement la composante aérienne de la Force de réaction rapide de l'Otan (NRF), comme
elle a commandé la force internationale au Kosovo et la Force internationale d'assistance à
la sécurité en Afghanistan. Au cours des années récentes, la PESD a acquis une crédibilité
opérationnelle indéniable grâce à ses interventions en Macédoine, en République démocratique
du Congo et, aujourd'hui, en Bosnie, où l'opération Althea a pris le relais de l'Otan. Les
Européens ont un vrai savoir-faire en terme de gestion de crise et une capacité à jouer un
rôle au niveau aussi bien militaire que civil. Les instruments de l'Union européenne
incluent, au niveau opérationnel, un centre de planification créé au siège de l'Union
européenne, afin d'accroître les capacités à mener de futures opérations au-delà de
l'Europe.
Deuxièmement, après la décision de l'Union européenne de créer des groupements tactiques de
1 500 soldats qui peuvent être déployés en deux semaines, les vingt-cinq Etats membres se
sont engagés à en installer quatorze.
Troisièmement, la phase souvent délicate de transition des interventions du militaire au
civil a été prise en compte quand l'Espagne, l'Italie, la France, les Pays-Bas et le
Portugal ont récemment créé la Force européenne de gendarmerie. D'autres pays sont en train
de la rejoindre et cette nouvelle force sera officiellement lancée en janvier prochain.
Enfin, il y a le besoin d'une plus grande autonomie stratégique en Europe. L'Agence
européenne de défense nous permet de rationaliser nos efforts, d'établir nos besoins
combinés et d'envisager de futurs besoins technologiques. Par-dessus tout, l'agence
encouragera l'émergence d'une base industrielle européenne compétitive en matière de
défense. Cela dit, les Européens n'ont pas attendu l'agence pour lancer des programmes
industriels communs comme l'avion de transport A400M, l'hélicoptère de transport NH90 et la
frégate multimissions FREMM.
Pour soutenir les futures interventions de l'Union européenne, nous devons aussi développer
une culture stratégique européenne commune. Le Collège européen de défense et de sécurité
fonctionne déjà remarquablement bien. En matière de formation, de nombreux programmes
bilatéraux existants pourraient constituer des points de départ - par exemple, les
programmes de coopération franco-allemands ou belgo-français sur le pilotage d'hélicoptère.
Nous voulons maintenant étudier la faisabilité de l'instauration d'un programme de formation
pour officiers navals sur un navire-école européen.
Ces réalisations prouvent que la défense européenne bouge. Elle est devenue un pilier
essentiel de notre politique commune et jouera sans nul doute un rôle crucial dans la
relance du projet européen, qui est déjà en cours.(Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 décembre 2005)
constitutionnel européen par la France et les Pays-Bas au printemps dernier. Les récents
débats budgétaires n'ont pas amoindri cette incertitude. Alors que les Européens agiront
pour surmonter ces difficultés, comme ils l'ont toujours fait, je crois qu'une initiative
conjointe dans la défense et la sécurité pourrait contribuer à raviver la confiance et
l'action en Europe. Après tout, c'est le domaine qui obtient le plus de soutiens à travers
l'Union européenne, comme l'ont prouvé les débats qui ont accompagné le vote de la
Constitution dans les différents pays européens. Les citoyens de l'Union européenne sont
conscients du fait que la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) contribue
chaque jour à leur sécurité.
Aujourd'hui, il y a nombre de nouveaux défis en matière de sécurité, à commencer par la
menace permanente du terrorisme. Pour l'Europe, seule une coopération étroite entre les
gouvernements et leurs services de renseignement pourra donner une réponse adéquate au
niveau international et en particulier de l'Union européenne. En même temps, la guerre «
traditionnelle » dévaste encore de nombreuses régions du monde, même si les menaces prennent
désormais des formes variées. En l'absence d'une confrontation mondiale comme celle de la
guerre froide, les conflits armés dans nombre de pays ne suivent plus de modèle cohérent.
Pour répondre à ces situations inédites, il nous faut développer des solutions qui, si elles
ne sont pas purement militaires, doivent être par-dessus tout militaires. La première tâche
d'un Etat est de défendre la sécurité de ses citoyens. Une politique de défense réaliste et
ambitieuse est donc nécessaire. Grâce à ses valeurs et à son histoire, l'Europe a un
potentiel considérable et peut contribuer activement à la paix et à la stabilité
internationale.
Avec cet objectif en tête, la PESD est un cadre de travail pertinent pour renforcer la
solidarité et les liens, non seulement au sein de l'Union, mais aussi avec les autres
peuples qu'elle veut soutenir. Loin d'être rivaux, comme certains le suggèrent, l'Otan et
l'Union européenne se complètent l'une l'autre sur la défense - comme on peut le voir dans
les Balkans.
L'expertise de l'Union européenne en matière de défense doit la rendre capable d'aborder sa
relation avec l'Alliance atlantique sans la moindre hésitation. Un pays comme la France est
ainsi une force motrice de la défense européenne, tout en étant l'un des principaux
contributeurs de l'Alliance et l'un de ses piliers opérationnels. La France commande
actuellement la composante aérienne de la Force de réaction rapide de l'Otan (NRF), comme
elle a commandé la force internationale au Kosovo et la Force internationale d'assistance à
la sécurité en Afghanistan. Au cours des années récentes, la PESD a acquis une crédibilité
opérationnelle indéniable grâce à ses interventions en Macédoine, en République démocratique
du Congo et, aujourd'hui, en Bosnie, où l'opération Althea a pris le relais de l'Otan. Les
Européens ont un vrai savoir-faire en terme de gestion de crise et une capacité à jouer un
rôle au niveau aussi bien militaire que civil. Les instruments de l'Union européenne
incluent, au niveau opérationnel, un centre de planification créé au siège de l'Union
européenne, afin d'accroître les capacités à mener de futures opérations au-delà de
l'Europe.
Deuxièmement, après la décision de l'Union européenne de créer des groupements tactiques de
1 500 soldats qui peuvent être déployés en deux semaines, les vingt-cinq Etats membres se
sont engagés à en installer quatorze.
Troisièmement, la phase souvent délicate de transition des interventions du militaire au
civil a été prise en compte quand l'Espagne, l'Italie, la France, les Pays-Bas et le
Portugal ont récemment créé la Force européenne de gendarmerie. D'autres pays sont en train
de la rejoindre et cette nouvelle force sera officiellement lancée en janvier prochain.
Enfin, il y a le besoin d'une plus grande autonomie stratégique en Europe. L'Agence
européenne de défense nous permet de rationaliser nos efforts, d'établir nos besoins
combinés et d'envisager de futurs besoins technologiques. Par-dessus tout, l'agence
encouragera l'émergence d'une base industrielle européenne compétitive en matière de
défense. Cela dit, les Européens n'ont pas attendu l'agence pour lancer des programmes
industriels communs comme l'avion de transport A400M, l'hélicoptère de transport NH90 et la
frégate multimissions FREMM.
Pour soutenir les futures interventions de l'Union européenne, nous devons aussi développer
une culture stratégique européenne commune. Le Collège européen de défense et de sécurité
fonctionne déjà remarquablement bien. En matière de formation, de nombreux programmes
bilatéraux existants pourraient constituer des points de départ - par exemple, les
programmes de coopération franco-allemands ou belgo-français sur le pilotage d'hélicoptère.
Nous voulons maintenant étudier la faisabilité de l'instauration d'un programme de formation
pour officiers navals sur un navire-école européen.
Ces réalisations prouvent que la défense européenne bouge. Elle est devenue un pilier
essentiel de notre politique commune et jouera sans nul doute un rôle crucial dans la
relance du projet européen, qui est déjà en cours.(Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 décembre 2005)