Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Bonjour Michèle ALLIOT-MARIE.
MICHELE ALLIOT-MARIE - Bonjour.
(?/?)
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy vient de renoncer à son voyage prévu aux Antilles. Il le reporte. Est-ce que c'est un recul ? Est-ce que c'est un échec ? Et c'est surtout à cause du climat d'effervescence qui règne là-bas surtout en raison du maintien de la loi votée par l'UMP sur les aspects positifs de la colonisation ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Je pense que ce n'est pas au politique de réécrire l'histoire. C'est le travail des historiens et non pas des politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais alors pourquoi passer par le Parlement, pourquoi cette erreur de l'UMP ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Je pense que c'est un amendement qui a été voté ?comme ça'. Les socialistes ont voulu de nouveau faire ce débat où les politiques et les députés auraient réécrit l'histoire. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Je m'adresse au ministre de la Défense si vous permettez. Le numéro deux d'al Qaïda a annoncé, vous avez entendu Europe 1, que Ben Laden reste le chef de la lutte contre l'Occident et du terrorisme. Vous retournez la semaine prochaine en Afghanistan après être passée dimanche en Algérie. Est-ce qu'on retrouvera un jour Ben Laden vivant ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - C'est possible et c'est même souhaitable. Pour autant, je ne pense pas que cela change grand chose. Aujourd'hui, le terrorisme a multiplié des réseaux qui sont relativement autonomes et même indépendants les uns des autres. Et la référence à Ben Laden par exemple peut être une référence médiatique, mais ce n'est pas une organisation hiérarchique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais on le cherche ? Il y a des soldats français qui s'y emploient, on le cherche, on le ramènera vivant ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Oui, bien entendu. Dans le cadre d'Enduring Freedom, c'est-à-dire d'une coalition, des militaires de plusieurs pays essaient de trouver tous ceux qui sont responsables du terrorisme en Afghanistan et qui agissent aussi à l'extérieur. Mais je veux dire encore une fois, que c'est ce qui fait toute la difficulté de la lutte contre le terrorisme : aujourd'hui, celle-ci repose sur de multiples réseaux qui sont largement indépendants les uns des autres même s'ils se réfèrent à une personne de temps en temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Michèle Alliot-Marie, votre amie Condy Rice est en Europe, pour deux raisons. Expliquer l'affaire des vols secrets de la CIA en Europe et d'éventuels centres de détention de tortures pour islamistes. Est-ce que l'Amérique a utilisé des aéroports français ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Vraisemblablement pas. Ce que je peux vous dire, c'est que la CIA a surtout utilisé des bases américaines qui se trouvent en Europe ; or, il n'y a aucune base américaine en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La France n'a pas servi de transit ou d'escale à des avions avec des détenus pour aller les torturer quelque part ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Nous sommes en train de nous renseigner. Rien ne nous permet de le penser aujourd'hui. Il y a donc un doute.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais on le saura ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Oui. Il y a un doute sur deux vols qui étaient des vols civils et annoncés comme des vols civils. Mais si ces vols allaient depuis Oslo vers un des pays de l'Est, il y a peu de chance que ce soit un sens où il y ait eu quelqu'un ou des prisonniers à l'intérieur de ces avions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La deuxième raison : George Bush redéploie l'armée américaine en Europe, pour passer officiellement de la guerre froide à l'anti-terrorisme, l'armée s'installe en particulier en Roumanie et en Pologne. Comment on peut faire dans ce cas-là l'Europe de la Défense ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Le fait qu'il y ait eu des bases en Allemagne ou dans des pays du Nord ne nous a pas empêché de construire l'Europe de la Défense. Ces bases existaient, existent d'ailleurs toujours. Je vous rappelle que depuis trois ans, l'Europe de la Défense a pris un essor considérable qui fait qu'aujourd'hui, elle existe et elle a des capacités d'intervention?
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais cela ne vous choque pas qu'ils aillent en Roumanie plutôt et en Pologne ? Dans ces nouveaux pays libérés et nouveaux entrants dans l'Europe ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Pour répondre à votre question, je pense que cela n'empêche en rien l'Europe de la Défense de se développer, d'autant plus qu'aujourd'hui, la Roumanie n'est pas dans l'Europe de la Défense. Ensuite, c'est un problème de stratégie dans la lutte contre le terrorisme. Ce que je crains surtout, c'est la façon dont les Russes peuvent percevoir une telle installation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il fallait poser ce problème. Merci d'être venue pour parler de ces deux aspects à la fois de politique intérieure et de politique internationale et de défense.Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 décembre 2005
MICHELE ALLIOT-MARIE - Bonjour.
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JEAN-PIERRE ELKABBACH - Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy vient de renoncer à son voyage prévu aux Antilles. Il le reporte. Est-ce que c'est un recul ? Est-ce que c'est un échec ? Et c'est surtout à cause du climat d'effervescence qui règne là-bas surtout en raison du maintien de la loi votée par l'UMP sur les aspects positifs de la colonisation ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Je pense que ce n'est pas au politique de réécrire l'histoire. C'est le travail des historiens et non pas des politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais alors pourquoi passer par le Parlement, pourquoi cette erreur de l'UMP ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Je pense que c'est un amendement qui a été voté ?comme ça'. Les socialistes ont voulu de nouveau faire ce débat où les politiques et les députés auraient réécrit l'histoire. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Je m'adresse au ministre de la Défense si vous permettez. Le numéro deux d'al Qaïda a annoncé, vous avez entendu Europe 1, que Ben Laden reste le chef de la lutte contre l'Occident et du terrorisme. Vous retournez la semaine prochaine en Afghanistan après être passée dimanche en Algérie. Est-ce qu'on retrouvera un jour Ben Laden vivant ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - C'est possible et c'est même souhaitable. Pour autant, je ne pense pas que cela change grand chose. Aujourd'hui, le terrorisme a multiplié des réseaux qui sont relativement autonomes et même indépendants les uns des autres. Et la référence à Ben Laden par exemple peut être une référence médiatique, mais ce n'est pas une organisation hiérarchique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais on le cherche ? Il y a des soldats français qui s'y emploient, on le cherche, on le ramènera vivant ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Oui, bien entendu. Dans le cadre d'Enduring Freedom, c'est-à-dire d'une coalition, des militaires de plusieurs pays essaient de trouver tous ceux qui sont responsables du terrorisme en Afghanistan et qui agissent aussi à l'extérieur. Mais je veux dire encore une fois, que c'est ce qui fait toute la difficulté de la lutte contre le terrorisme : aujourd'hui, celle-ci repose sur de multiples réseaux qui sont largement indépendants les uns des autres même s'ils se réfèrent à une personne de temps en temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Michèle Alliot-Marie, votre amie Condy Rice est en Europe, pour deux raisons. Expliquer l'affaire des vols secrets de la CIA en Europe et d'éventuels centres de détention de tortures pour islamistes. Est-ce que l'Amérique a utilisé des aéroports français ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Vraisemblablement pas. Ce que je peux vous dire, c'est que la CIA a surtout utilisé des bases américaines qui se trouvent en Europe ; or, il n'y a aucune base américaine en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La France n'a pas servi de transit ou d'escale à des avions avec des détenus pour aller les torturer quelque part ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Nous sommes en train de nous renseigner. Rien ne nous permet de le penser aujourd'hui. Il y a donc un doute.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais on le saura ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Oui. Il y a un doute sur deux vols qui étaient des vols civils et annoncés comme des vols civils. Mais si ces vols allaient depuis Oslo vers un des pays de l'Est, il y a peu de chance que ce soit un sens où il y ait eu quelqu'un ou des prisonniers à l'intérieur de ces avions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La deuxième raison : George Bush redéploie l'armée américaine en Europe, pour passer officiellement de la guerre froide à l'anti-terrorisme, l'armée s'installe en particulier en Roumanie et en Pologne. Comment on peut faire dans ce cas-là l'Europe de la Défense ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Le fait qu'il y ait eu des bases en Allemagne ou dans des pays du Nord ne nous a pas empêché de construire l'Europe de la Défense. Ces bases existaient, existent d'ailleurs toujours. Je vous rappelle que depuis trois ans, l'Europe de la Défense a pris un essor considérable qui fait qu'aujourd'hui, elle existe et elle a des capacités d'intervention?
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais cela ne vous choque pas qu'ils aillent en Roumanie plutôt et en Pologne ? Dans ces nouveaux pays libérés et nouveaux entrants dans l'Europe ?
MICHELE ALLIOT-MARIE - Pour répondre à votre question, je pense que cela n'empêche en rien l'Europe de la Défense de se développer, d'autant plus qu'aujourd'hui, la Roumanie n'est pas dans l'Europe de la Défense. Ensuite, c'est un problème de stratégie dans la lutte contre le terrorisme. Ce que je crains surtout, c'est la façon dont les Russes peuvent percevoir une telle installation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il fallait poser ce problème. Merci d'être venue pour parler de ces deux aspects à la fois de politique intérieure et de politique internationale et de défense.Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 décembre 2005