Point de presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur l'avenir de l'OSCE et l'amélioration de son organisation et de son efficacité et sur la poursuite du dialogue avec l'Iran sur le dossier nucléaire en dépit du refus de ce pays de mettre un terme à ses activités nucléaires, Ljubljana le 5 décembre 2005.

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Circonstance : 13è conférence ministérielle de l'OSCE à Ljubljana le 5 décembre 2005

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Merci de votre présence à ce point de presse. Je suis intervenu ce matin, à l'instant d'ailleurs, lors de la conférence plénière pour exprimer le soutien de la France à l'action de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Nous avons connu ces dernières années des moments de doute pour notre organisation et les précédentes sessions ministérielles ont été difficiles. Je crois que notre réunion aujourd'hui à Ljubljana marque un redémarrage de l'OSCE.
Nous avons abordé l'ensemble des activités de l'organisation. Les difficultés demeurent, c'est vrai, notamment sur les questions régionales, à travers le problème des conflits gelés, en particulier en Moldavie et en Géorgie. Mais la réunion d'aujourd'hui a aussi permis de constater certains progrès notamment sur l'amélioration de l'efficacité de l'OSCE. Nous avons surmonté le blocage sur les questions financières. Nous engageons aussi un effort pour assurer une plus grande cohérence des activités de l'organisation. Je viens d'entendre M. Lavrov, en effet. Mais je peux vous dire aussi que malgré tout cela, il y a un certain nombre d'éléments qui me font dire que l'OSCE est sur la bonne voie. Donc voilà je pense que ce sont des éléments qui sont encourageants.
Je souhaite que nous poursuivions nos efforts pour réaliser dans les prochains mois de nouveaux progrès. Trente ans après l'acte final d'Helsinki et quinze ans après la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, l'OSCE demeure en effet indispensable à la sécurité, à la stabilité de l'Europe mais aussi à la promotion des Droits de l'Homme et de la démocratie. Il ne peut pas y avoir de sécurité durable sans démocratie. L'OSCE demeure un forum commun. Elle offre un cadre pour le règlement des conflits. Elle apporte une aide concrète sur le terrain.
Nous voulons restaurer la confiance dans l'OSCE. Des doutes ont été exprimés par certains partenaires. Et il faut répondre, c'est vrai, aux questions les plus légitimes, notamment en améliorant la transparence et l'efficacité de l'OSCE mais il faut aussi préserver la souplesse de l'organisation. Et pour nous il n'est pas nécessaire de s'engager dans une grande réforme, une institutionnalisation de l'OSCE mais rester fidèles à nos principes, la conception globale de la sécurité, les Droits de l'Homme. La France joue un rôle actif au sein de l'OSCE, d'abord pour restaurer la confiance mais aussi, récemment, nous avons lancé plusieurs initiatives sur la destruction de stocks de munitions en excès, sur les propagandes racistes, antisémites sur Internet ou sur les violences contre les femmes.
Enfin je voudrais remercier la présidence slovène, mon collègue Dimitrij, mon ami Dimitrij, pour le travail accompli cette année et pour son accueil. Je veux aussi exprimer notre soutien à l'action du nouveau Secrétaire général Marc Perrin de Brichambaut et souhaiter bonne chance à la Belgique qui va assurer la présidence à partir de l'an prochain.

Q - Avez-vous des signaux de l'Iran montrant qu'il est prêt à faire un compromis sur les questions nucléaires ?
R - Sur l'Iran, nous avons, comme vous le savez, souhaité donner une grande chance aux négociations. Nous avons tout fait pour que la confiance puisse être restaurée entre l'Iran et la communauté internationale. Nous avions été étonnés et nous avions condamné la rupture unilatérale de l'Iran début août de cette année et nous avions demandé à l'Iran de suspendre les activités nucléaires sensibles, conversion et enrichissement.
Nous souhaitons mettre l'accent sur trois idées : l'unité de la communauté internationale, j'ai vu que la Russie avait fait des propositions récemment à l'Iran évoquant la possibilité d'une "joint venture" entre la Russie et l'Iran sur l'enrichissement de l'uranium. J'ai vu que, de manière unilatérale, l'Iran a refusé. Et donc c'est pourquoi les Européens souhaitent laisser le temps aux négociations et surtout bien montrer à tous les participants que, de notre côté, c'est la négociation qui prévaut, ce n'est pas l'humiliation. Simplement on s'aperçoit au fur et à mesure qu'on fait des ouvertures que l'Iran répond "non" à tout.
Deuxième idée : la fermeté. On ne peut pas accepter qu'il y ait des violations, comme M. El Baradeï l'a dit dans ses différents rapports. C'est la raison pour laquelle, lors de l'adoption de la précédente résolution par le Conseil des gouverneurs de l'AIEA le 24 septembre, nous avions dit que comme il y avait violation, il y aurait transmission du rapport de M. El Baradeï au Conseil de sécurité des Nations unies mais sans parler de calendrier.
Enfin troisièmement : nous souhaitons en effet que l'Iran puisse revenir à une sorte de raison concernant les activités nucléaires sensibles.

Q - M. Lavrov vient de critiquer publiquement les activités d'observation électorale de l'OSCE. Comment pensez-vous qu'il faudrait changer ces activités ?
R - L'observation électorale est un domaine de l'OSCE qui est pour moi capital, je l'ai dit durant mon discours, parce que l'OSCE dispose d'une expertise qui est reconnue. Comme vous le savez, l'OSCE a conduit cette année une dizaine de missions d'observation électorale, elle a déployé une centaine d'observateurs. La France d'ailleurs figure parmi les principaux contributeurs à ces missions d'observation. Cette mission d'expertise est reconnue non seulement dans la zone OSCE mais à l'extérieur, je pense. Je vous rappelle que l'OSCE était présente lors des élections en Afghanistan. S'il y a des questions sur l'action de l'OSCE, nous devons engager un dialogue constructif tout en restant fidèles à nos principes. Vous savez, il n'y aura jamais de sécurité européenne durable s'il n'y a pas de démocratie. Donc nous souhaitons au contraire renforcer les activités électorales de l'OSCE dans une transparence totale, certes. Il est important que nous donnions le plus de transparence possible sur la méthodologie à garder pour étudier les élections, pour évaluer les élections.

Q - Concernant les perspectives financières de l'Union européenne. Est-ce que vous pouvez faire des commentaires sur les nouvelles propositions ?
R - Oui, bien sûr, nous allons étudier cela aujourd'hui à Paris. Et nous allons ensuite très rapidement dire ce que nous pensons de cela, puisque comme vous le savez, des propositions ont eu lieu ce matin à Londres et que tout n'a pas encore été étudié et voilà, je vous ferai savoir cela très vite.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 décembre 2005)