Déclaration de Mme catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, sur la place des femmes dans les métiers des technologies de l'information et de la communication, Paris le 5 décembre 2005.

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Circonstance : Colloque "Les femmes face aux sciences et technologies d'information et de communication - De l'école à l'emploi, la fracture numérique a-t-elle un genre ?" à Paris le 5 décembre 2005

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Ministre, de nous accueillir dans ces locaux pour ce colloque particulièrement important dans le cadre de l'action gouvernementale de mobilisation pour l'emploi des femmes.
La maîtrise des sciences et des technologies de l'information et de la communication, est devenue le passeport indispensable pour accéder à la connaissance et à l'emploi.
La fracture numérique a-t-elle un genre ?
La question mérite d'être posée lorsqu'on considère la présence féminine dans le secteur des sciences et des technologies de l'information et de la communication.
Les femmes sont, en effet, peu nombreuses à suivre des études dans ces domaines et sont peu présentes au sein du milieu professionnel de l'informatique. Leur part tend même à régresser.
C'est d'autant plus préoccupant que c'est un secteur relativement nouveau, qui ne souffre pas d'une image ni d'une prédominance masculine enracinées, et qu'il n'est pas non plus discriminant sur le plan de la pénibilité ou de l'effort physique.
Cette situation pourrait, à terme, remettre en cause l'émancipation professionnelle des femmes. Elle risque également de nuire au dynamisme du secteur, tant la mixité et la diversité qu'elle introduit sont des facteurs essentiels d'innovation et de compétitivité.
J'ai, pour ma part, la volonté de poursuivre deux axes de travail :
1) Nous voulons agir sur la formation initiale et remédier à la faible présence des jeunes filles dans les filières qui conduisent aux secteurs des technologies de l'information et de la communication.
La mixité des filières de formation scientifique et technique est aujourd'hui à construire.
La scolarisation des filles et leur taux de réussite sont aujourd'hui satisfaisants. En revanche, leur insertion professionnelle est encore déficiente, en raison essentiellement de l'insuffisante diversification de leurs choix d'orientation.
La première priorité est donc la diversification des choix d'orientation scolaire et professionnelle des jeunes filles.
Les objectifs généraux adoptés dans le cadre de la mise en ?uvre de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 23 avril 2005 prévoient l'augmentation de 20 % d'ici 2010 de la proportion de jeunes filles dans les séries scientifiques générales et technologiques.
En 2006 vient à échéance la convention du 25 février 2000 pour la promotion de l'égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif, signée par neuf départements ministériels.
Le bilan de cette convention nous amènera à définir de nouveaux objectifs chiffrés pour les prochaines années.
Pour encourager les filles à oser de nouveaux parcours d'orientation plus porteurs en termes d'emplois, deux axes sont privilégiés :
- Les enseignants doivent être sensibilisés à la question de l'égalité entre les sexes. C'est pourquoi je viens de proposer à mon collègue, Gilles de Robien, d'intégrer un module de formation dans les programmes des Instituts universitaires de formation des maîtres.
- Au delà des acteurs du système éducatif, l'information des filles est essentielle pour leur faire prendre conscience qu'elles ont toute leur place dans ces secteurs et qu'elles y sont attendues.
Les partenaires sociaux se sont engagés en ce sens dans le cadre de l'Accord national interprofessionnel du 1er mars 2004 sur la mixité et l'égalité professionnelle.
Les branches professionnelles ont un rôle d'information important à jouer à cet égard.
Nos ministères contribuent à cette information, notamment à travers :
- le Prix de la vocation scientifique et technique des filles, grâce auquel nous financerons l'an prochain 600 bachelières s'orientant vers ces filières de l'enseignement supérieur ;
- ou encore le Prix Irène Joliot Curie que vous avez remis la semaine dernière, Monsieur le ministre.
2) Nous voulons aussi que les femmes puissent effectuer les mêmes parcours professionnels que les hommes, dans tous les secteurs économiques.
C'est l'objet du projet de loi pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, que je défendrai en deuxième lecture la semaine prochaine devant l'Assemblée nationale.
La rémunération constitue la principale forme de reconnaissance du travail effectué. Or des discriminations injustifiées existent encore. Il n'est pas tolérable que l'on signifie encore aux femmes que leur travail a moins de valeur que celui des hommes.
Nous nous sommes fixés pour objectif de supprimer d'ici 2010 ces écarts de rémunération injustifiés. Dans trois ans, une Conférence nationale sur les salaires permettra de faire un bilan des négociations qui se sont tenues.
Ce texte va également permettre des avancées importantes :
- pour l'accès des femmes aux postes à responsabilité, notamment dans les conseils d'administration des entreprises,
- et pour leur accès à la formation.
Enfin, ce projet de loi, en neutralisant l'impact des congés maternité sur l'évolution salariale et le droit à la formation, va contribuer à favoriser l'articulation entre vie professionnelle et vie privée.
Au-delà de la loi, nous jouons sur le fait que la mixité est devenu un atout en terme d'image pour développer le label égalité, qui est destiné à rendre visible et à valoriser l'engagement des entreprises dans des actions exemplaires en faveur de l'égalité professionnelle.
17 grandes entreprises se sont déjà engagées dans la démarche.
Nous allons adapter le cahier des charges du label pour permettre son essor dans les PME et les associations.
J'ai proposé la création d'un label européen à mes collègues de l'Union européenne.
Enfin, je compte présenter au début de l'année prochaine un plan d'actions visant à favoriser la création et la reprise d'entreprises par les femmes.
Nous disposons déjà d'un outil : le Fonds de garantie pour la création, la reprise ou le développement d'entreprises à l'initiative des femmes (FGIF), qui apporte une caution aux femmes qui souhaitent contracter un prêt bancaire pour la réalisation de leur projet entrepreneurial.
Une démarche de territorialisation du FGIF a été entamée depuis le milieu de l'année 2003, avec deux organismes : France Active et France Initiative Réseau. Depuis, le nombre de dossiers reçus et instruits ainsi que le nombre de garanties mises en place ne cessent d'augmenter.
Ce colloque doit permettre d'amplifier la dynamique lancée par nos deux ministères en matière d'orientation des jeunes filles et des femmes et de promotion de l'égalité professionnelle dans tous les secteurs économiques.
Je vous remercie.(Source http://www.femmes-egalite.gouv.fr, le 13 décembre 2005)