Texte intégral
Q- Dernier avatar de la négociation Unedic sur l'assurance chômage, la CFE-CGC a différé sa décision et la reporte à mardi, pas certaine de signer cette convention. Etes-vous surprise ? Etes-vous inquiète ?
R- Non, je trouve qu'il est tout à fait normal qu'une organisation estime qu'elle a besoin de réunir son instance principale - celle qui détient le pouvoir légitime et démocratique dans l'organisation - pour approuver une convention de cette importance...
Q- Certains au sein de la CGC disent que c'est un accord a minima, qui est assez insatisfaisant, alors que vous, vous avez dit que c'est un bon accord...
R- J'estime que c'est un protocole d'accord qui est tout à fait important, parce qu'il est responsable, il est équilibré et, je dirais même plus, il est prometteur pour l'avenir. En quoi est-il responsable ? Nous sommes face à un déficit cumulé très important, de 14 milliards d'euros, et nous, les partenaires sociaux, devant cette situation, nous nous sommes mis autour de la table, nous avons décidé d'un plan de résorption de la dette. Et, d'après le mécanisme que nous préconisons de mettre en ?uvre, il faut savoir que dès 2006, nous retrouverons un équilibre annuel et nous pensons résorber le déficit cumulé au début de l'année 2009. C'est donc un accord responsable. Equilibré aussi, parce qu'il n'entame en rien la protection des chômeurs. Equilibré également parce qu'il est extrêmement mesuré sur l'augmentation des cotisations. Et je crois qu'il est bon à la fois pour les entreprises, notamment nos PME, de ne pas continuer à alourdir leurs charges, mais il est bon aussi pour les salariés de garantir le pouvoir d'achat.
Q- Il s'en est fallu d'un fil que Force ouvrière signe ce protocole d'accord. Ils ne l'ont pas fait en vous reprochant, pour caricaturer un peu, d'avoir triché, c'est-à-dire d'avoir retirer au dernier moment une mesure qui allait dans le sens de la formation des salariés précaires. Alors, avez-vous triché ou y a-t-il eu une incompréhension ou un malentendu ?
R- Vous dites que vous caricaturez un peu... Permettez-moi de vous dire que c'est une très grosse caricature ! Nous n'avons absolument pas cherché à organiser la moindre tricherie, ce n'est pas du tout comme cela que les choses se posent. Il faut savoir que beaucoup de choses sont aujourd'hui très complexes. Il s'agissait d'une disposition qui concernait la formation. Nous avons construit dans notre pays, et nous sommes tous responsables, de telles usines à gaz, qu'il est tout à fait vrai qu'à certains moments, même les spécialistes se perdent dans les canalisations ! Je crois qu'il y a eu un moment, entre FO et ce qui a été dit, pas seulement par les organisations patronales mais aussi par les autres organisations syndicales, un malentendu. Néanmoins, j'attire l'attention sur une chose : FO a participé à la négociation et FO a contribué à certains éléments de l'accord. Alors que la CGT, on le sait, s'est exclue d'emblée de la négociation.
Q- Vous parlez "d'usines à gaz" et avez dit aussi à juste titre que ce n'est qu'un protocole d'accord. Dans la transcription juridique, peut-il y avoir encore quelques aménagements, qui permettraient, au dernier moment, à FO de vous rejoindre ?
R- Je ne crois pas. J'ai personnellement essayé, jusqu'au dernier moment, de voir si on pouvait retrouver un accord avec FO, parce qu'il est vrai que j'aurais souhaité que l'accord soit le plus large possible. Il s'avère que ce n'est pas le cas.
Q- Evidemment, la meilleure manière de combler les déficits, c'est l'emploi. Etes-vous plutôt optimiste sur la conjoncture économique aujourd'hui ? On dit, notamment dans le bâtiment, qu'il y a un retour de l'investissement. Certains disent que les clignotants reviennent au vert. Est-ce votre sentiment, de par la connaissance que vous avez des entreprises ?
R- Oui, nous avons le sentiment que la croissance en 2006 peut être significativement meilleure que celle de 2005. Il est difficile de donner des chiffres, de faire des estimations. Par ailleurs, il est juste de dire que ce n'est pas certains secteurs au détriment d'autres secteurs, c'est à l'intérieur de chaque secteur d'activités économiques qu'il y aura des zones favorables et des zones un petit peu plus délicates.
Q- Quel diagnostic faites-vous de la baisse du chômage, pour plusieurs mois consécutifs ? Est-ce la reprise de l'emploi ou simplement un certain nombre de mesures artificielles ?
R- "Artificielles", non. Il y a des mesures qui font partie du Plan de cohésion sociale, qui ont un impact sur la reprise...
Q- Des emplois aidés...
R- Tout à fait. On sait qu'il y a un solde légèrement positif sur la création d'emplois marchands. On peut dire aussi, et nous le savons à travers nos Medef territoriaux, que le contrat "nouvelles embauches" a libéré des poches de travail qui, jusque-là, étaient contenues.
Q- J'ai lu, comme lecteur des Echos, votre entretien, dans lequel vous critiquez l'idée de réformer le financement de la protection sociale, avec diverses pistes évoquées. Pourquoi cette réaction si vive, sur cette réforme éventuelle du financement de la protection sociale ?
R- Ma réaction est vive, mais ce n'est pas une menace. C'est d'abord une mise en garde sur la méthode...
Q- Je voudrais être bien clair sur la méthode : s'il y a réforme, le dernier mot doit-il revenir à la négociation entre partenaires sociaux ou à la loi ?
R- Probablement à la loi sur quelque chose comme cela. Mais tout d'abord, ce qui n'est pas compréhensible, c'est qu'il n'y ait pas un débat avec les différents experts, les différentes compétences qui sont concernés par ce type de sujet. Et ce d'autant plus sur une question comme le financement de la protection sociale, que nous sortons du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce que nous voulons dire, c'est que tout d'abord, il faut examiner les choses d'une manière très pragmatique. Que se passe-t-il pour une entreprise, si l'on change l'assiette sur laquelle repose la cotisation ? Est-il vrai que cela favorise les entreprises à forte main-d'?uvre ou pas ? Ce n'est pas évident. Nous demandons tout d'abord qu'il y ait des études d'impact. Nous demandons qu'il y ait des évaluations. Nous demandons que l'on ne se contente pas d'une approche macro économique et théorique, mais au contraire d'une approche micro économique et pragmatique, empirique.
Q- Diriez-vous que c'est un vrai débat, qu'il faut l'ouvrir mais qu'il faut prendre le temps et avoir une méthode de travail adéquate ? A l'inverse, critiquez-vous un coup médiatique du président de la République ?
R- Non, je ne critique jamais que des idées soient mises en débat publiquement. J'attire l'attention sur la façon de procéder. Et il me semblerait très dangereux, pour nous tous, pour les entreprises, pour les salariés, pour le pays, d'imposer quelque chose d'en haut, sans qu'il y ait une validation, une garantie que ce serait quelque chose de gagnant gagnant. Nous venons d'apprendre, par le rapport Pébereau, que nous avons un problème, beaucoup plus grave que ce que nous pensions jusqu'à présent, de dette publique. Très bien. Il y a des préconisations, qui sont mises en évidence dans ce rapport. Et si on partait d'abord de là ? Là, il y a un diagnostic, qui a été partagé par différents experts de tous bords, de toutes sensibilités, de tous types de compétences. Pourquoi ne partons-nous pas de ce diagnostic-là, pour ensuite examiner ce qu'il faut faire ? Et ce diagnostic nous dit clairement qu'il faut peut-être d'abord, aujourd'hui dans notre pays, penser une réforme de l'Etat, qui est un état qui est trop lourd et qui pèse sur la production, qui pèse sur le travail.
Q- Précisément, quand le président de la République dit que, pour ce faire, il va créer un conseil d'orientation des finances publiques, avez-vous le sentiment que l'on botte une nouvelle fois en touche, en créant un comité ad hoc ?
R- J'espère que non...
Q- Mais votre sourire dit que vous pensez que ce pourrait être "oui" !R- C'est possible, ce n'est pas certain...Si on nous demande d'y participer, nous y participerons d'une manière active, pour qu'effectivement, sortent de ce lieu de réflexion des préconisations concrètes.
R- Non, je trouve qu'il est tout à fait normal qu'une organisation estime qu'elle a besoin de réunir son instance principale - celle qui détient le pouvoir légitime et démocratique dans l'organisation - pour approuver une convention de cette importance...
Q- Certains au sein de la CGC disent que c'est un accord a minima, qui est assez insatisfaisant, alors que vous, vous avez dit que c'est un bon accord...
R- J'estime que c'est un protocole d'accord qui est tout à fait important, parce qu'il est responsable, il est équilibré et, je dirais même plus, il est prometteur pour l'avenir. En quoi est-il responsable ? Nous sommes face à un déficit cumulé très important, de 14 milliards d'euros, et nous, les partenaires sociaux, devant cette situation, nous nous sommes mis autour de la table, nous avons décidé d'un plan de résorption de la dette. Et, d'après le mécanisme que nous préconisons de mettre en ?uvre, il faut savoir que dès 2006, nous retrouverons un équilibre annuel et nous pensons résorber le déficit cumulé au début de l'année 2009. C'est donc un accord responsable. Equilibré aussi, parce qu'il n'entame en rien la protection des chômeurs. Equilibré également parce qu'il est extrêmement mesuré sur l'augmentation des cotisations. Et je crois qu'il est bon à la fois pour les entreprises, notamment nos PME, de ne pas continuer à alourdir leurs charges, mais il est bon aussi pour les salariés de garantir le pouvoir d'achat.
Q- Il s'en est fallu d'un fil que Force ouvrière signe ce protocole d'accord. Ils ne l'ont pas fait en vous reprochant, pour caricaturer un peu, d'avoir triché, c'est-à-dire d'avoir retirer au dernier moment une mesure qui allait dans le sens de la formation des salariés précaires. Alors, avez-vous triché ou y a-t-il eu une incompréhension ou un malentendu ?
R- Vous dites que vous caricaturez un peu... Permettez-moi de vous dire que c'est une très grosse caricature ! Nous n'avons absolument pas cherché à organiser la moindre tricherie, ce n'est pas du tout comme cela que les choses se posent. Il faut savoir que beaucoup de choses sont aujourd'hui très complexes. Il s'agissait d'une disposition qui concernait la formation. Nous avons construit dans notre pays, et nous sommes tous responsables, de telles usines à gaz, qu'il est tout à fait vrai qu'à certains moments, même les spécialistes se perdent dans les canalisations ! Je crois qu'il y a eu un moment, entre FO et ce qui a été dit, pas seulement par les organisations patronales mais aussi par les autres organisations syndicales, un malentendu. Néanmoins, j'attire l'attention sur une chose : FO a participé à la négociation et FO a contribué à certains éléments de l'accord. Alors que la CGT, on le sait, s'est exclue d'emblée de la négociation.
Q- Vous parlez "d'usines à gaz" et avez dit aussi à juste titre que ce n'est qu'un protocole d'accord. Dans la transcription juridique, peut-il y avoir encore quelques aménagements, qui permettraient, au dernier moment, à FO de vous rejoindre ?
R- Je ne crois pas. J'ai personnellement essayé, jusqu'au dernier moment, de voir si on pouvait retrouver un accord avec FO, parce qu'il est vrai que j'aurais souhaité que l'accord soit le plus large possible. Il s'avère que ce n'est pas le cas.
Q- Evidemment, la meilleure manière de combler les déficits, c'est l'emploi. Etes-vous plutôt optimiste sur la conjoncture économique aujourd'hui ? On dit, notamment dans le bâtiment, qu'il y a un retour de l'investissement. Certains disent que les clignotants reviennent au vert. Est-ce votre sentiment, de par la connaissance que vous avez des entreprises ?
R- Oui, nous avons le sentiment que la croissance en 2006 peut être significativement meilleure que celle de 2005. Il est difficile de donner des chiffres, de faire des estimations. Par ailleurs, il est juste de dire que ce n'est pas certains secteurs au détriment d'autres secteurs, c'est à l'intérieur de chaque secteur d'activités économiques qu'il y aura des zones favorables et des zones un petit peu plus délicates.
Q- Quel diagnostic faites-vous de la baisse du chômage, pour plusieurs mois consécutifs ? Est-ce la reprise de l'emploi ou simplement un certain nombre de mesures artificielles ?
R- "Artificielles", non. Il y a des mesures qui font partie du Plan de cohésion sociale, qui ont un impact sur la reprise...
Q- Des emplois aidés...
R- Tout à fait. On sait qu'il y a un solde légèrement positif sur la création d'emplois marchands. On peut dire aussi, et nous le savons à travers nos Medef territoriaux, que le contrat "nouvelles embauches" a libéré des poches de travail qui, jusque-là, étaient contenues.
Q- J'ai lu, comme lecteur des Echos, votre entretien, dans lequel vous critiquez l'idée de réformer le financement de la protection sociale, avec diverses pistes évoquées. Pourquoi cette réaction si vive, sur cette réforme éventuelle du financement de la protection sociale ?
R- Ma réaction est vive, mais ce n'est pas une menace. C'est d'abord une mise en garde sur la méthode...
Q- Je voudrais être bien clair sur la méthode : s'il y a réforme, le dernier mot doit-il revenir à la négociation entre partenaires sociaux ou à la loi ?
R- Probablement à la loi sur quelque chose comme cela. Mais tout d'abord, ce qui n'est pas compréhensible, c'est qu'il n'y ait pas un débat avec les différents experts, les différentes compétences qui sont concernés par ce type de sujet. Et ce d'autant plus sur une question comme le financement de la protection sociale, que nous sortons du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce que nous voulons dire, c'est que tout d'abord, il faut examiner les choses d'une manière très pragmatique. Que se passe-t-il pour une entreprise, si l'on change l'assiette sur laquelle repose la cotisation ? Est-il vrai que cela favorise les entreprises à forte main-d'?uvre ou pas ? Ce n'est pas évident. Nous demandons tout d'abord qu'il y ait des études d'impact. Nous demandons qu'il y ait des évaluations. Nous demandons que l'on ne se contente pas d'une approche macro économique et théorique, mais au contraire d'une approche micro économique et pragmatique, empirique.
Q- Diriez-vous que c'est un vrai débat, qu'il faut l'ouvrir mais qu'il faut prendre le temps et avoir une méthode de travail adéquate ? A l'inverse, critiquez-vous un coup médiatique du président de la République ?
R- Non, je ne critique jamais que des idées soient mises en débat publiquement. J'attire l'attention sur la façon de procéder. Et il me semblerait très dangereux, pour nous tous, pour les entreprises, pour les salariés, pour le pays, d'imposer quelque chose d'en haut, sans qu'il y ait une validation, une garantie que ce serait quelque chose de gagnant gagnant. Nous venons d'apprendre, par le rapport Pébereau, que nous avons un problème, beaucoup plus grave que ce que nous pensions jusqu'à présent, de dette publique. Très bien. Il y a des préconisations, qui sont mises en évidence dans ce rapport. Et si on partait d'abord de là ? Là, il y a un diagnostic, qui a été partagé par différents experts de tous bords, de toutes sensibilités, de tous types de compétences. Pourquoi ne partons-nous pas de ce diagnostic-là, pour ensuite examiner ce qu'il faut faire ? Et ce diagnostic nous dit clairement qu'il faut peut-être d'abord, aujourd'hui dans notre pays, penser une réforme de l'Etat, qui est un état qui est trop lourd et qui pèse sur la production, qui pèse sur le travail.
Q- Précisément, quand le président de la République dit que, pour ce faire, il va créer un conseil d'orientation des finances publiques, avez-vous le sentiment que l'on botte une nouvelle fois en touche, en créant un comité ad hoc ?
R- J'espère que non...
Q- Mais votre sourire dit que vous pensez que ce pourrait être "oui" !R- C'est possible, ce n'est pas certain...Si on nous demande d'y participer, nous y participerons d'une manière active, pour qu'effectivement, sortent de ce lieu de réflexion des préconisations concrètes.