Point de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations entre la France et la Russie et sur la recherche d'une solution dans les conflits en Irak et au Kosovo, Moscou le 12 janvier 1999.

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Circonstance : Voyage de M. Védrine en Russie le 12 janvier 1999

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
(...) Je suis venu à Moscou aujourdhui essentiellement pour préparer la prochaine visite du président Eltsine à Paris. A cette occasion, jai transmis à M. Primakov, qui ma reçu ce matin, les chaleureuses salutations du président de la République au président Eltsine et à lui-même. Jai remis également à M. Primakov une lettre du Premier ministre français, M. Jospin, à propos de la prochaine rencontre des Premiers ministres français et russe qui aura lieu cette fois-ci à Moscou, en mai prochain.
Avec M. Primakov, comme dailleurs avec le Premier vice-Premier ministre, qui ma également reçu ce matin, nous avons abordé la situation actuelle de la Russie. Jai exprimé lappréciation positive que nous portons à Paris sur le travail courageux et sérieux entrepris par le gouvernement russe face à une situation compliquée. Jai été très intéressé par les indications qui mont été données en ce qui concerne la politique du gouvernement Primakov, sa politique de réformes et la façon dont ce gouvernement saisit les problèmes actuels de la Russie. Avec M. Ivanov, nous avons eu une séance de travail, suivie dun déjeuner de travail, qui nous a permis dexaminer de très près les principaux sujets sur lesquels les diplomaties française et russe travaillent quasiment ensemble : essentiellement lIraq, le Kossovo, le Groupe de Minsk, le Proche-Orient et les questions touchant à la sécurité en Europe.
Sur le Groupe de Minsk, nous travaillons nécessairement ensemble puisque nous en sommes deux des trois co-présidents. Sur lIraq, comme sur le Kossovo, nos positions sont très proches, nos objectifs convergents et nos démarches complémentaires. Jajoute que nous avons également fait le point à loccasion de cette rencontre régulière sur toutes les questions bilatérales et que nous avons travaillé dans un climat de grande confiance. Et je remercie M. Ivanov pour son hospitalité.
Q - Ma question est adressée aux deux ministres. Est-ce que vous croyez que lheure est venue de remplacer le président de la Commission spéciale de lONU, Richard Butler ?
R - En ce qui nous concerne, en ce qui concerne la France, nous avons mis en avant quelques idées depuis quelques jours sur la façon de sortir de la situation actuelle. Nous allons très prochainement transmettre à nos partenaires au sein du Conseil de sécurité les idées en question. Nous pensons que le moment est venu pour le Conseil de sécurité de réorienter les méthodes et les modalités de sa vigilance. Ce qui suppose au minimum une Commission rénovée.
Q - Concernant lIraq, avez-vous trouvé une position commune sur le règlement pacifique du problème iraquien ?
R - Il y a des idées russes qui sont connues, qui ont déjà été présentées devant le Conseil de sécurité. Il y a des idées françaises dont nous avons parlé depuis quelques jours et qui vont être - comme je lai indiqué tout à lheure - communiquées à nos partenaires au sein du Conseil de sécurité. Ces idées sont une contribution à la recherche dune solution. Jai indiqué tout à lheure que les positions française et russe étaient proches, quelles étaient complémentaires, que les objectifs étaient communs. Ce nest pas une position unique, ni une démarche unique, elles sont plutôt complémentaires.
Q - Quelles mesures la France et la Russie entendent-elles prendre au Kossovo où, actuellement, les Etats-Unis sont beaucoup plus présents ?
R - La question posée au Kossovo nest pas celle dune compétition entre les différents pays qui tentent de trouver une solution à ce problème. Les propositions que M. Hill est allé présenter à Belgrade, puis à Pristina, puis à nouveau à Belgrade et à Pristina, ont été élaborées en tenant compte des propositions des six pays membres du Groupe de contact. M. Hill travaille très bien, mais nous sommes obligés de constater que cette navette ne débouche pas. Or, le temps passe, la tension reste élevée et les dispositifs qui ont été mis en place - notamment par lOSCE - ont pour fonction de permettre de faire déboucher la négociation politique, qui est urgente. Dans cette situation qui nous préoccupe, tous deux pensons que le Groupe de contact, dans son entier, doit reprendre linitiative et prendre ses responsabilités, vis-à-vis des protagonistes.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)