Message de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations bilatérales et le partenariat commercial franco-marocains, Paris le 15 décembre 2005.

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Circonstance : Ouverture du colloque Sénat - Ubifrance "Maroc - Ouverture du marché et opportunité d'affaires", au Sénat le 15 décembre 2005

Texte intégral

Madame le Président,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mes Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Dans le cadre de son partenariat avec nos amis d'UBIFrance, le Sénat est heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque économique sur le Maroc. C'est le deuxième que nous organisons sur ce pays -le précédent remonte à 2002-, ce qui nous donnera l'occasion de faire un rapide bilan des avancées enregistrées depuis trois ans dans nos échanges.
Je le répète souvent, ce type de rencontre doit beaucoup à la mobilisation des groupes d'amitié, qui ne sont pas seulement des forums interparlementaires, mais qui prennent une part active au développement des liens entre la France et les pays auxquels ils s'adressent, y compris dans les domaines culturel, économique ou de la coopération décentralisée.
Le groupe interparlementaire France-Maroc, sous l'impulsion de notre infatigable collègue Paulette BRISEPIERRE, en offre un exemple vivant : c'est un trait d'union de tous les instants entre ceux qui, à un titre ou à un autre, sur les deux rives de la Méditerranée, s'intéressent aux relations franco-marocaines. C'est vrai aussi pour nos entreprises et pour leurs partenaires marocains.
Sans aborder le fond du dossier -je laisse ce soin aux spécialistes qui vont se succéder à la tribune-, je crois nécessaire de souligner l'intensité et la qualité des échanges économiques et commerciaux qui, de longue date, rapprochent le Maroc et la France.
La France est le premier partenaire économique du Maroc. Elle y assure, à elle seule, 50 % des investissements étrangers et le tiers de l'aide publique au développement.
Ce dynamisme est en large part le résultat du travail patient des quelques 550 entreprises françaises implantées à titre permanent au Maroc, dont plusieurs sont ici représentées.
L'État n'est pas en reste dans ce mouvement, bien au contraire. Dois-je rappeler que le Maroc a été inscrit dans la liste des 25 pays cibles prioritaires de notre commerce extérieur et que les pouvoirs publics français ont élaboré un ambitieux plan d'action commercial pour 2004-2006, en direction de ce pays ?
Mais, au-delà de ces indicateurs techniques, je voudrais surtout insister sur les solidarités et les affinités que partagent nos deux États. Elles ne sont pas chiffrables mais n'en constituent pas moins un socle robuste, sur lequel peuvent s'appuyer des projets d'entreprise ambitieux.
Fortes d'un long passé commun, les relations franco-marocaines se fondent sur des liens humains, que facilite beaucoup le partage de la langue française. Comment ne pas rappeler que 40 % des Marocains sont francophones, que la communauté marocaine en France compte environ 800 000 personnes (dont 350 000 doubles nationaux), ou encore que plusieurs centaines de milliers de touristes français visitent chaque année le Maroc ?
Notre coopération culturelle, scientifique et technique atteint elle aussi un niveau élevé.
J'observe surtout que sur le plan politique, nos relations bilatérales, déjà excellentes sous le règne de Hassan II, se sont encore améliorées depuis l'avènement de Mohamed VI. Le jeune roi avait tenu à effectuer sa première visite d'État à l'étranger dans notre pays, dès mars 2000. En 2003, le Président Jacques CHIRAC lui a rendu à son tour une visite d'État, au cours de laquelle il a confirmé le partenariat stratégique qui, désormais, représente un des axes de notre politique méditerranéenne.
Depuis, les visites à haut niveau, effectuées régulièrement de part et d'autre, nous ont permis de définir et d'actualiser les grands axes du partenariat franco-marocain qui, parmi différentes orientations prioritaires, inclut notamment le soutien réciproque aux PME-PMI et l'amélioration de l'environnement institutionnel de l'activité économique : deux domaines auxquels les participants à cette rencontre sont évidemment très sensibles.
Voici brossé, en quelques touches rapides, le tableau général très positif dans lequel les entrepreneurs et les investisseurs français et marocains peuvent bâtir de nouveaux projets et lancer de nouveaux partenariats.
Mais avant de céder la parole aux autres intervenants, permettez-moi de mentionner aussi un sujet qui me tient à c?ur, celui de la décentralisation marocaine et de sa représentation politique à travers la seconde chambre du Parlement marocain : la Chambre des Conseillers.
Comme nous l'avions souligné à Rabat en juin 2002, lors du deuxième Forum des Sénats et Secondes chambres d'Afrique et du monde arabe, le bicamérisme en Afrique et dans le monde Arabe représente un facteur important d'appropriation et de consolidation des institutions démocratiques.
Pour ce qui le concerne, le Maroc, vous le savez, s'est engagé dans la voie de la décentralisation, avec une charte communale et de régionalisation. Manifestement, l'avancement semble plus difficile que prévu.
Sans méconnaître les progrès déjà réalisés, je ne peux qu'encourager les autorités marocaines à persévérer dans cette voie, car l'économie marocaine a aussi besoin du dynamisme des collectivités locales, toujours plus proches des réalités du terrain que les grandes structures centralisées.
Les collectivités locales françaises partagent d'ailleurs cette attente, si j'en juge par le développement rapide des actions de coopération décentralisée engagées au Maroc.
Ma conclusion rejoindra celle du Premier ministre, M. Dominique de VILLEPIN, lors de sa toute récente visite à Rabat, le 16 novembre 2005 : « ...Nos deux pays ne cessent de vivre au quotidien dans l'échange, en particulier à travers les Marocains de France et les Français d'origine marocaine, mais aussi tous les Français qui vivent au Maroc. C'est une amitié profonde qui nous permet de regarder le passé avec sérénité et de nous tourner ensemble vers l'avenir ».
C'est cette sérénité et ce regard vers l'avenir qui, j'en suis convaincu, vont animer vos échanges.
A tous, je souhaite d'excellents travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un très bon souvenir.(Source http://www.senat.fr, le 28 décembre 2005)