Texte intégral
Monsieur le Président BERCHET, Président de la Fédération du Jouet et de la Puériculture,
Madame la Présidente UNGER, Présidente de l'Association des Jouets de Marque,
Messieurs les Présidents - Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un réel plaisir que jai répondu à votre invitation et que j'inaugure aujourd'hui le Salon International du Jouet, deuxième salon professionnel du jouet en Europe. Je voudrais être bref, car je sais que ce salon constitue pour beaucoup d'entre vous un rendez-vous majeur avec vos clients.
Mais, Monsieur le Président, vous avez exprimé les principales préoccupations de votre profession et je souhaite vous répondre, et aborder quelques points qui me tiennent à coeur. L'année qui s'achève a été bonne pour notre pays. Grâce à la croissance retrouvée - nous obtiendrons cette croissance de 3% que nous annoncions dès l'été 1997 - le chômage a commencé à reculer.
Le pouvoir d'achat a augmenté de plus de 3% en 1998 du fait de la forte progression de l'emploi. La priorité donnée à la croissance et à l'emploi depuis dix-huit mois a porté ses fruits, aidée par une conjoncture internationale favorable, au moins jusqu'au milieu de l'année dernière.
Avec un marché de 16,4 milliards de francs, le marché du jouet, deuxième marché d'Europe, devrait profiter honorablement de cette croissance en 1998.
Quelle sera demain la conjoncture économique ? La tourmente financière de l'automne a obscurci les perspectives à court terme. Il est vrai que le début de l'année 1999 s'annonce plus difficile. Le coup de déprime qui a affecté les chefs d'entreprise industrielle à la rentrée de 1998 pèsera sans doute sur le rythme de la croissance au début de cette année. Le socle de confiance que nous avons su acquérir collectivement devrait cependant nous permettre de surmonter ces difficultés passagères. Les ménages de ce pays, en particulier, continuent de nous accorder leur confiance pour améliorer leur situation. Nous ne devons pas les décevoir. Les perspectives européennes, nées notamment de la création réussie de l'euro, nous y aideront considérablement. L'industrie du jouet, avec ses 20 000 emplois, s'inscrit dans ce contexte économique français et européen, mais aussi dans un marché mondialisé âpre et exigeant. C'est une industrie de main d'oeuvre, soumise à une compétition internationale très vive. Monsieur le Président, vous avez insisté sur la réduction du coût du travail dans les entreprises de main d'oeuvre. Dominique STRAUSS-KAHN et moi-même avons oeuvré pour inscrire dès la loi de finances 1999 la première étape de la suppression de la part salariale de la taxe professionnelle. Ce mouvement va se poursuivre, produisant d'abord ses effets sur les petites entreprises, puis sur les moyennes et enfin sur les grandes. Je me réjouis d'autre part d'avoir obtenu, avec Martine AUBRY, la mise en place dune incitation additionnelle à laide à l'aménagement et à la réduction du temps de travail. Je vous incite à ne pas attendre et, dès maintenant, à négocier des accords dans les entreprises. Pour nombre d'entreprises, en particulier lorsque la saisonnalité de l'activité est forte - jy reviendrai - , un accord peut représenter un avantage économique.
L'industrie du jouet est caractérisée par un fort taux d'échanges extérieurs. L'industrie en France est loin de couvrir le marché, mais elle exporte néanmoins une part notable de sa production : 38 %, c'est plus que la moyenne dans les biens de consommation. Il faut continuer en ce sens.
Mais le secteur se caractérise aussi par un flux élevé d'importations, notamment d'Asie. Cette mondialisation de nos fournisseurs nous oblige à redoubler de vigilance en matière de contrôle des produits : je voudrais en dire un mot. Le jouet est un objet particulier, par sa proximité permanente avec l'enfant. Source de jeux et de joies, il peut aussi être source de mauvais usage et d'accident, voire de drames. La responsabilité individuelle des parents est donc grande à l'égard des jouets donnés aux enfants. La responsabilité collective de la société lest aussi. C'est pourquoi profession et pouvoir publics, chacun dans sa sphère de compétences, oeuvrent pour améliorer la sécurité du jouet. Parce qu'il nous est intolérable, en tant qu'adultes et en tant que parents, que le jouet puisse être associé au malheur, la sécurité est le premier objectif de la réglementation, et notamment de la directive " jouet " .
Comme souvent, la sécurité et la précaution rejoignent l'économie, dans un sens positif. Des règles exigeantes en matière de produits, d'étiquetage, de conformité, ce sont aussi autant d'accidents évités qui terniraient l'objet et le détourneraient de sa vocation principale : l'apprentissage par le jeu. Encore faut-il faire respecter ces règles ! Les services du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie - la Direction des Douanes et la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes notamment - sont très mobilisés sur cette question. En effet, par la forte ouverture du marché français, vous êtes aussi confrontés à cette plaie que je combats avec acharnement : la concurrence déloyale par la contrefaçon. Au sein du Comité National Anti-Contrefaçon, que préside Madame Brigitte DOUAY et dont mon Ministère assure le Secrétariat Général, industriels et administrations travaillent en étroite coordination pour lutter contre ce fléau.
En 1999, j'attends du Comité National Anti-Contrefaçon qu'il amplifie sa communication auprès des entreprises, et particulièrement auprès des PME, afin de les sensibiliser aux enjeux de la contrefaçon. Le groupe de travail du Comité consacré à la communication et à la formation étudie les moyens de multiplier les contacts avec les entreprises par une action fortement déconcentrée. C'est une bonne solution ! Il faut aller sur le terrain, dans les régions, pour de nombreuses actions ciblées sur les PMI concernées qui ne sont pas assez touchées par la communication dans des colloques à Paris. Pour ma part, je vous annonce que jai décidé sans attendre de rééditer à 20 000 exemplaires le Guide Contrefaçon publié par mon Ministère. Edité avec le Comité National Anti-Contrefaçon et sous-titré « ce qu'il faut savoir pour se protéger « , il rappelle l'utilité de la protection et indique les moyens d'actions pour les entreprises victimes de contrefaçon. Il donne des bases pour l'évaluation du préjudice et une liste de contacts utiles. Il sera mis à la disposition des PMI par leurs interlocuteurs habituels, DRIRE et Chambre de Commerce et d'Industrie notamment. Il sera l'un des outils de la communication du Comité au plus près du terrain. La Fédération des Industries du jouet et de la puériculture (FJP) fait partie du Comité National Anti-Contrefaçon. Je me réjouis quelle ait mis en place une cellule de sensibilisation et d'assistance aux entreprises. Il y a même un stand « Anti-Contrefaçon « sur ce salon, initiative que je salue. Je crois que nous travaillons en bonne coordination, pour inciter aussi les petites et moyennes entreprises à défendre leurs marques, leurs marques qui sont parmi leurs principales richesses.
Parallèlement, nous intensifions l'effort répressif. Comment maintenir le rythme d'innovation - marketing et technologique - dont votre profession fait preuve si nous ne jugulons pas ce fléau ?
Entre 1993 et 1997, le nombre d'articles saisis par les Douanes a triplé ! Le jouet est très concerné par cet effort. En 1996, 118 700 saisies ont été effectuées dans votre secteur et nous avons largement amplifié l'effort répressif depuis lors, avec une hausse de 50 % des actions.
Il faut continuer en ce sens, car le combat contre la contrefaçon est une condition l'avenir de votre profession en France, avenir qui passe par le développement de produits originaux, sur un rythme rapide. Le design, l'ergonomie, la technologie sont des enjeux décisifs pour les entreprises du secteur. C'est pourquoi j'en appuie le développement par des Appels à Propositions ciblés sur « 50 technologies clés « , ou sur « Ergonomie et design des produits de consommation « . Le soutien à ces dépenses d'avenir que sont les frais de design et de création reste à mon sens un dossier ouvert, et j'entends votre demande en ce sens. Mais je tiens à vous rappeler qu'il s'agit d'un exercice fortement contraint, par ses enjeux budgétaires et par les règles communautaires en matière d'aide à la R D.
Vous avez également rappelé, Monsieur le Président, combien l'industrie du jouet souffre aussi de la saisonnalité de ses ventes :
70 % concentrées dans les trois semaines qui précèdent Noël ! Désorganisation de la production, retours massifs après Noël, réassorts en catastrophe pour ne pas rater de ventes, le poids de la saisonnalité est lourd pour vos entreprises et vous avez bien su me l'expliquer.
C'est pourquoi votre profession tente de sortir de ce carcan. Pour ce faire, il faut convaincre les distributeurs, puis convaincre les consommateurs. Vous avez mis au point un plan de marche en ce sens, vous me lavez soumis et jy ai été particulièrement sensible. J'ai bien compris l'enjeu - majeur - de cette « désaisonnalisation « du jouet, mais quel vilain mot ! Désaisonnalisation !... Le jouet, pour ma part, je le ressens comme l'instrument d'éducation de l'enfant, mais aussi celui de la complicité de l'enfant avec ses parents. Nous restons tous un peu des enfants, alors ny a-t-il pas chez nous, consommateurs, un peu de place chaque jour pour le jouet ? Finalement, l'enfance ne s'arrête jamais, pour les petits bien sur, mais aussi de manière plus secrète pour les adultes ? Alors le temps des jouets, c'est vraiment tous les jours ! Votre projet présente une approche partenariale vis-à-vis du commerce, gage d'efficacité. Dès les prochaines semaines, vous lancerez une campagne auprès du commerce qui est votre partenaire incontournable dans cette opération. Et en l'an 2000, nous verrons apparaître des spots télévisés pour les consommateurs. Jai trouvé votre approche convaincante et votre démarche utile. La première phase de ce projet coûtera près de 2 millions de francs à vos organisations - FJP et AJM. Mon Ministère s'y associera, en participant à 50 % des coûts externes. Il serait magnifique, pour les enfants comme pour votre secteur d'activité, que cette évolution se produise ainsi, à lentrée dans le troisième millénaire.
Monsieur le Président, je souhaite que nous puissions nous revoir dans un an, peut-être aurai-je alors lavant-première de ce spot télévisé ?... Pour l'instant, je souhaite que ce salon connaisse une intense activité et que les affaires y marchent rondement !
(Source http://www.finances.gouv.fr)