Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le processus de paix au Proche-Orient, l'avenir des Balkans et sur la reprise des activités de prolifération nucléaire en Iran, Paris le 9 janvier 2006.

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Le ministre - Nous sommes très heureux d'accueillir notre ami, Javier Solana, en ce début d'année. Comme vous le savez, la France souhaite que l'Union européenne développe une politique commune à la hauteur de ses responsabilités dans le monde et je salue tous les efforts que déploie Javier Solana au service de cette ambition. Nous avons discuté ensemble des principales questions du moment, notamment de la situation au Proche-Orient, de l'Iran, des Balkans.
Sur le Proche-Orient, je dirais que la brusque aggravation de l'état de santé de M. Sharon intervient à un moment crucial du processus de paix au Proche-Orient. La région est à nouveau dans une période d'incertitude politique.
L'Union européenne tient un discours clair et équilibré : les élections palestiniennes doivent avoir lieu à la date prévue. Ceci suppose que les habitants de Jérusalem-est puissent participer au scrutin dans des conditions satisfaisantes. Et ceci suppose d'autre part que l'Autorité palestinienne doive renforcer la sécurité sur le terrain. Comme vous le savez, l'Union européenne apporte une aide très concrète. Elle a trois missions sur le terrain : soutien à la police palestinienne, point de passage frontalier à Rafah et observation des élections. Ces missions ont un rôle essentiel à jouer au niveau politique mais aussi au niveau sécuritaire. Je salue l'action entreprise par Javier Solana pour le déploiement de ces missions et son implication personnelle dans ces trois missions.
Et puis j'ai discuté avec Catherine Colonna et avec M. Solana de l'avenir des Balkans où nous nous sommes rendus chacun, l'un et l'autre récemment. L'année 2006 s'annonce cruciale pour l'ensemble de la région. Nous sommes convenus de voir dans quelle mesure l'Union européenne pourrait s'impliquer plus encore, en particulier au Kosovo.
Et puis nous avons examiné la situation en Iran. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni se sont engagés, avec le soutien de l'Union européenne et du G8, dans un difficile processus visant à résoudre la crise de prolifération nucléaire créée par l'Iran. L'intention iranienne de reprendre des activités nucléaires liées à l'enrichissement de l'uranium à Natanz est une cause de très grave préoccupation. La reprise effective de ces activités irait clairement et directement à l'encontre des demandes du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, encore exprimées dans la résolution du 24 septembre dernier. Je rappelle qu'aucun besoin civil identifiable ne peut justifier la reprise de ces activité aujourd'hui en Iran tandis que les doutes sur la nature des objectifs du programme nucléaire demeurent entiers. Ils ont même été renforcés par les derniers éléments découverts par l'AIEA en Iran en novembre dernier. Nous appelons l'Iran à revenir sur cette décision sans délai et sans condition. L'Iran doit comprendre que c'est l'ensemble de la communauté internationale qui est aujourd'hui gravement préoccupée. Je vous rappelle que la résolution du Conseil des gouverneurs de l'AIEA du 24 septembre dernier a posé des principes clairs : l'Iran a violé ses engagements internationaux. Des questions relevant de la compétence du Conseil de sécurité des Nations unies sont apparues. Nous avions décidé toutefois d'explorer toutes les voies permettant de reprendre la négociation avec l'Iran et nous avions rencontré les autorités iraniennes en décembre à Vienne. L'annonce de la décision iranienne compromet les efforts européens et la poursuite des discussions entamées le 21 décembre à Vienne avec les trois Européens, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. Le Conseil européen de décembre 2005 a souligné que l'amélioration ou la détérioration des relations à long terme de l'Union européenne avec l'Iran dépendra des progrès qui seront réalisés sur tous les sujets de préoccupation ; c'est la phrase, Javier, que nous avions écrite ensemble. Nous avons décidé de nous retrouver avec Javier Solana et mes homologues britannique et allemand prochainement pour discuter de la situation et décider des actions à entreprendre.
Je vous remercie.
(...)
Le ministre - Je suis complètement d'accord avec ce que vient de dire Javier Solana ; j'ajouterai que la dernière résolution qui a été votée au Conseil de sécurité des Nations unies concerne la commission d'enquête internationale pour rechercher les assassins du Premier ministre libanais Rafic Hariri, a été votée à l'unanimité. Il est donc important maintenant de mettre en application cette résolution qui passe par une coopération pleine et entière des autorité syriennes avec la commission et l'Union européenne vient, par l'intermédiaire de Javier Solana, de le redire fortement et nous également, à ses côtés.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2006