Texte intégral
Richard Arzt : Bonjour, Jean-Claude Mailly.
Jean-Claude Mailly : Bonjour.
Richard Arzt : Force Ouvrière, réunie en bureau confédéral, hier, a refusé de se joindre à la CFDT, la CGC et la CFTC pour signer l'accord sur l'assurance-chômage qui a été négocié, la semaine dernière. Est-ce que la surprise aurait été là si Force Ouvrière avait signé ?
Jean-Claude Mailly : On est surpris quand on le veut bien. Non, je crois que, dans ce dossier de l'assurance-chômage - et nous, nous avons largement débattu, hier, dans le bureau confédéral - il y a différents problèmes. D'abord, il y a un problème de méthode. On n'est pas, là, en train de négocier sur des salaires où les uns vont demander 5 %, d'autres: 1. Et on essaie de se mettre d'accord à 3 %. Là, nous sommes en situation de responsabilités parce que nous sommes tous gestionnaires du système d'assurance-chômage. Et nous n'avons pas fait de surenchère, et les interlocuteurs patronaux le savaient très bien. Nous avions mis 3 conditions, sans les chiffrer, mais ces 3 conditions étaient incontournables et indissociables pour nous.
Richard Arzt : Alors, dites-nous rapidement lesquelles.
Jean-Claude Mailly : La première: pas de baisse des taux et des durées d'indemnisation.
Richard Arzt : Cela, vous l'avez obtenu.
Jean-Claude Mailly : A peu près ! La deuxième, c'est qu'il y ait une clarification des relations entre l'Unedic et l'Anpe. Il y a eu des progrès: ce n'est pas complet, mais il y a eu des progrès. Et la troisième, c'est qu'il y ait une sur cotisation, sous une forme ou une autre, sur la précarité qui est un des problèmes clés du système.
Richard Arzt : C'est-à-dire pour les salariés en CDD qui faisaient une formation.
Jean-Claude Mailly : Au départ, nous on voulait pour les CDD, l'intérim, etc. Au départ, on demandait une sur cotisation, en tant que telle, et ensuite - comme le patronat bloquait- on a dit: on est près à regarder pour que ces salariés, qui sont en situation de précarité, aient une réelle formation. On a eu, à moment donné, un accord du patronat. Et, ensuite, à la fin, il l'a retiré: ce qui a provoqué un clash, d'ailleurs.
Richard Arzt : Il y a quand même un minimum qui est accepté. Quand le patronat verse 0,04 % de la masse salariale.
Jean-Claude Mailly : Je ne vais pas rentrer dans la technique. Quand on regarde bien, ils ont, y compris, mis le paragraphe qui dévitalise tout. Donc, cela n'est pas sérieux: sur ce plan-là, ce n'est pas sérieux. Or, à partir du moment où on avait l'accord et que l'accord - je ne rentre pas dans le détail - ils l'ont retiré au dernier moment, eh bien, nous considérons que l'accord est déséquilibré.
Richard Arzt : Pourquoi l'ont-ils retiré, selon vous ?
Jean-Claude Mailly : Il faut leur poser la question! Mais je crois que c'est sur le principe même de dire : on va traiter ou amorcer le traitement du dossier de la précarité, qui est un des problèmes clés, aujourd'hui. A partir de là, on est logique, en ce qui nous concerne. Comme on n'a pas satisfaction sur un de nos points-clés - et je le dis bien: sur un de nos points clés - à partir de là, on dit: l'accord est déséquilibré. On reconnaît qu'il y a eu des avancées sur d'autres points - à notre demande, d'ailleurs - mais sur un point clé, il est déséquilibré. Il faut être logique, à ce moment-là. Vous savez, une augmentation de 0,04 de la cotisation patronale: quand on sait qu'une autre cotisation, dans l'assurance garantie des salaires, va baisser de 0,05. C'est pour cela qu'ils ont mis 0,04. Et encore! Et madame Parisot le savait. Nous n'étions des fans de l'augmentation de la cotisation générale, contrairement à d'autres. Ça ne nous choquait pas qu'il n'y ait pas d'augmentation de la cotisation générale, à condition qu'il y ait un geste sérieux sur la précarité, ce qui n'a pas été le cas.
Richard Arzt : Est-ce que, du fait de la non signature de FO, l'accord sur l'Unedic en question est fragilisé, à votre avis ?
Jean-Claude Mailly : Oui, s'il y avait pu y avoir un accord avec 4 organisations, il serait plus solide, c'est évident. Les autres organisations se prononceront. Ce n'est pas pour cela qu'il n'est pas valide: c'est autre chose.
Richard Arzt : C'est cela, c'est ce que je voulais dire.
Jean-Claude Mailly : En terme de validité, il faut que le patronat signe et que, au moins, 3 organisations signent. Donc, ces 3 organisations se prononceront la semaine prochaine, c'est à elles de prendre leurs responsabilités. Je veux dire que, y compris par rapport au comportement des autres organisations - il y a une organisation, pour être clair: c'est la CGT qui, dès le départ tout le monde savait qu'elle ne serait pas signataire.
Richard Arzt : Eh bien, là, c'est clair ! Alors que vous, on a attendu.
Jean-Claude Mailly : Ce n'est pas notre comportement! Nous sommes attachés à la négociation au paritarisme.
Richard Arzt : La CGT, non ?
Jean-Claude Mailly : Elle n'a jamais été paritariste. Ce n'est pas nouveau. Et elle est rentrée dans ce dossier en sachant, dès les premières réunions, qu'elle ne serait pas signataire. D'autres étaient plutôt tétanisées, suite aux événements de la dernière convention assurance-chômage. Nous, nous avons joué pleinement le jeu de la négociation. Des choses que nous avons obtenues : les contrats de professionnalisation, c'est une revendication FO, par exemple. Mais à partir du moment où, à la fin, on juge que c'est déséquilibré, et en plus, je le dis bien - le patronat dit que ce n'est pas vrai, mais moi, je dis que c'est vrai et j'ai une pleine confiance dans le négociateur FO qui est l'un des meilleurs, voire le meilleur spécialiste des questions d'assurance-chômage.
Richard Arzt : C'est Jean-Claude Quentin dont vous parlez.
Jean-Claude Mailly : De l'assurance-chômage et de formation, en France. Tout à fait. On avait eu l'accord. Vous savez, les coups de fil dans la nuit, je les ai eus également. On avait eu les accords. Au dernier moment, ça a été retiré. Alors là, pour moi, c'est une question de principe. Il faut avoir quelques principes. Quand on négocie, on passe des compromis - et je suis d'accord pour passer des compromis, et nous l'avons montré - mais ce n'est pas baisser la tête, négocier. Lors d'une négociation, tout le monde doit sortir la tête haute. Alors là, dans le cas présent, compte tenu de cet élément sur la précarité, nous aurions baissé la tête. Et cela, ce n'est pas ma conception du réformisme.
Richard Arzt : Pensez-vous que les économies prévues dans cet accord, globalement, pourront se réaliser et que les comptes de l'Unedic reviendront à l'équilibre en 2009, comme je crois que c'est envisagé ?
Jean-Claude Mailly : Avant ! Avant, Richard Arzt ! Il faut savoir: aux premières réunions de négociations, les chiffres de l'Unedic - donc sur le système tel qu'il est aujourd'hui - disaient quoi: équilibre en 2006. Donc, l'année prochaine. Et on a gommé les 14 milliards d'euros de déficit, en 2009. Cela, c'était avant qu'on commence à discuter. Et on l'a dit ! Il n'y avait, à partir de là, aucune raison de dramatiser le dossier. Vous savez, comme si, quand on négocie, c'est terrible : l'assurance-chômage, il faut qu'en même temps, ce soit Cecil B. de Mille avec du cinéma. Il faut absolument qu'on démarre les négociations à 15 heures pour passer la nuit, etc. On peut démarrer une négociation à 8h et demie ou 9h du matin, cela ne changerait rien sur le fond.
Richard Arzt : Vous accusez qui de faire du cinéma, alors ?
Jean-Claude Mailly : Ça fait partie du décorum. Moderniser la négociation, c'est peut-être aussi un peu regarder, regarder ce genre de chose. Mais je le dis bien: il n'y avait aucune raison de dramatiser. Le patronat a fait de la surenchère. Il faut le savoir. Au départ, il voulait tout réduire. Il a fait de la surenchère! Je dis bien: quand on est en situation de responsabilités, ça aussi c'est peut-être moderniser la négociation.
Richard Arzt : Vous l'avez dit comme cela à Madame Parisot ?
Jean-Claude Mailly : Oh ! Je l'ai même dit, parfois, de manière plus imagée. Polie, bien entendu, mais de manière plus imagée.
Richard Arzt : Exemple !
Jean-Claude Mailly : Je lui ai dit: on n'est pas en train de négocier une poterie dans un souk: ce n'est pas cela la négociation de l'assurance-chômage. La négociation de l'assurance-chômage: on est en situation, vous et nous, de responsabilités. A partir de là, ne faites pas de surenchère - patronale, ce n'est pas à la personne: qu'on se comprenne bien - Nous, nous n'en n'avons pas fait. Je considère qu'on n'a pas fait de surenchère sur ce dossier. Après, chacun prend ses responsabilités.
Richard Arzt : Je vous pose une question sur un tout autre sujet. A Cenon-sur-Vienne, dans le département de la Vienne, la direction de l'usine de manutention, Fenwick, veut faire passer la durée du travail à 37 heures et demi, sans hausse de salaires: c'est ça ou les licenciements. Ce n'est pas le premier exemple, mais qu'en pensez-vous ?
Jean-Claude Mailly : Ça fait partie de ce que l'on appelle «les procédures de chantage à l'emploi». C'est psychologiquement que ce n'est pas correct, ce genre de chose. Maintenant, je ne sais pas ce qui s'est passé dans cette entreprise, mais on l'avait connu sur Bosch. Quand les salariés sont consultés individuellement, ils traînent les pieds mais, en général, ils finissent par dire «oui». Pourquoi? Parce qu'ils ont peur de perdre leur emploi. Mais c'est bien dans une logique de chantage.
Vous savez, on ne réglera pas ces questions-là - et j'ai cru comprendre que cette entreprise, par exemple, comme d'autres, ce n'est pas parce que les bénéfices diminuent: ils sont même en augmentation. Donc, à un moment donné, on retrouve toujours le même problème, en France, comme ailleurs, ce n'est pas spécifiquement français en ce moment: c'est une question de répartition des richesses. Et le fait que c'est la logique financière qui l'emporte sur tout le reste.
Richard Arzt : Merci, Jean-Claude Mailly. Je rappelle que vous êtes le secrétaire général de Force Ouvrière.
Jean-Claude Mailly : Merci.
source http://www.force-ouvriere.org, le 2 janvier 2006
Jean-Claude Mailly : Bonjour.
Richard Arzt : Force Ouvrière, réunie en bureau confédéral, hier, a refusé de se joindre à la CFDT, la CGC et la CFTC pour signer l'accord sur l'assurance-chômage qui a été négocié, la semaine dernière. Est-ce que la surprise aurait été là si Force Ouvrière avait signé ?
Jean-Claude Mailly : On est surpris quand on le veut bien. Non, je crois que, dans ce dossier de l'assurance-chômage - et nous, nous avons largement débattu, hier, dans le bureau confédéral - il y a différents problèmes. D'abord, il y a un problème de méthode. On n'est pas, là, en train de négocier sur des salaires où les uns vont demander 5 %, d'autres: 1. Et on essaie de se mettre d'accord à 3 %. Là, nous sommes en situation de responsabilités parce que nous sommes tous gestionnaires du système d'assurance-chômage. Et nous n'avons pas fait de surenchère, et les interlocuteurs patronaux le savaient très bien. Nous avions mis 3 conditions, sans les chiffrer, mais ces 3 conditions étaient incontournables et indissociables pour nous.
Richard Arzt : Alors, dites-nous rapidement lesquelles.
Jean-Claude Mailly : La première: pas de baisse des taux et des durées d'indemnisation.
Richard Arzt : Cela, vous l'avez obtenu.
Jean-Claude Mailly : A peu près ! La deuxième, c'est qu'il y ait une clarification des relations entre l'Unedic et l'Anpe. Il y a eu des progrès: ce n'est pas complet, mais il y a eu des progrès. Et la troisième, c'est qu'il y ait une sur cotisation, sous une forme ou une autre, sur la précarité qui est un des problèmes clés du système.
Richard Arzt : C'est-à-dire pour les salariés en CDD qui faisaient une formation.
Jean-Claude Mailly : Au départ, nous on voulait pour les CDD, l'intérim, etc. Au départ, on demandait une sur cotisation, en tant que telle, et ensuite - comme le patronat bloquait- on a dit: on est près à regarder pour que ces salariés, qui sont en situation de précarité, aient une réelle formation. On a eu, à moment donné, un accord du patronat. Et, ensuite, à la fin, il l'a retiré: ce qui a provoqué un clash, d'ailleurs.
Richard Arzt : Il y a quand même un minimum qui est accepté. Quand le patronat verse 0,04 % de la masse salariale.
Jean-Claude Mailly : Je ne vais pas rentrer dans la technique. Quand on regarde bien, ils ont, y compris, mis le paragraphe qui dévitalise tout. Donc, cela n'est pas sérieux: sur ce plan-là, ce n'est pas sérieux. Or, à partir du moment où on avait l'accord et que l'accord - je ne rentre pas dans le détail - ils l'ont retiré au dernier moment, eh bien, nous considérons que l'accord est déséquilibré.
Richard Arzt : Pourquoi l'ont-ils retiré, selon vous ?
Jean-Claude Mailly : Il faut leur poser la question! Mais je crois que c'est sur le principe même de dire : on va traiter ou amorcer le traitement du dossier de la précarité, qui est un des problèmes clés, aujourd'hui. A partir de là, on est logique, en ce qui nous concerne. Comme on n'a pas satisfaction sur un de nos points-clés - et je le dis bien: sur un de nos points clés - à partir de là, on dit: l'accord est déséquilibré. On reconnaît qu'il y a eu des avancées sur d'autres points - à notre demande, d'ailleurs - mais sur un point clé, il est déséquilibré. Il faut être logique, à ce moment-là. Vous savez, une augmentation de 0,04 de la cotisation patronale: quand on sait qu'une autre cotisation, dans l'assurance garantie des salaires, va baisser de 0,05. C'est pour cela qu'ils ont mis 0,04. Et encore! Et madame Parisot le savait. Nous n'étions des fans de l'augmentation de la cotisation générale, contrairement à d'autres. Ça ne nous choquait pas qu'il n'y ait pas d'augmentation de la cotisation générale, à condition qu'il y ait un geste sérieux sur la précarité, ce qui n'a pas été le cas.
Richard Arzt : Est-ce que, du fait de la non signature de FO, l'accord sur l'Unedic en question est fragilisé, à votre avis ?
Jean-Claude Mailly : Oui, s'il y avait pu y avoir un accord avec 4 organisations, il serait plus solide, c'est évident. Les autres organisations se prononceront. Ce n'est pas pour cela qu'il n'est pas valide: c'est autre chose.
Richard Arzt : C'est cela, c'est ce que je voulais dire.
Jean-Claude Mailly : En terme de validité, il faut que le patronat signe et que, au moins, 3 organisations signent. Donc, ces 3 organisations se prononceront la semaine prochaine, c'est à elles de prendre leurs responsabilités. Je veux dire que, y compris par rapport au comportement des autres organisations - il y a une organisation, pour être clair: c'est la CGT qui, dès le départ tout le monde savait qu'elle ne serait pas signataire.
Richard Arzt : Eh bien, là, c'est clair ! Alors que vous, on a attendu.
Jean-Claude Mailly : Ce n'est pas notre comportement! Nous sommes attachés à la négociation au paritarisme.
Richard Arzt : La CGT, non ?
Jean-Claude Mailly : Elle n'a jamais été paritariste. Ce n'est pas nouveau. Et elle est rentrée dans ce dossier en sachant, dès les premières réunions, qu'elle ne serait pas signataire. D'autres étaient plutôt tétanisées, suite aux événements de la dernière convention assurance-chômage. Nous, nous avons joué pleinement le jeu de la négociation. Des choses que nous avons obtenues : les contrats de professionnalisation, c'est une revendication FO, par exemple. Mais à partir du moment où, à la fin, on juge que c'est déséquilibré, et en plus, je le dis bien - le patronat dit que ce n'est pas vrai, mais moi, je dis que c'est vrai et j'ai une pleine confiance dans le négociateur FO qui est l'un des meilleurs, voire le meilleur spécialiste des questions d'assurance-chômage.
Richard Arzt : C'est Jean-Claude Quentin dont vous parlez.
Jean-Claude Mailly : De l'assurance-chômage et de formation, en France. Tout à fait. On avait eu l'accord. Vous savez, les coups de fil dans la nuit, je les ai eus également. On avait eu les accords. Au dernier moment, ça a été retiré. Alors là, pour moi, c'est une question de principe. Il faut avoir quelques principes. Quand on négocie, on passe des compromis - et je suis d'accord pour passer des compromis, et nous l'avons montré - mais ce n'est pas baisser la tête, négocier. Lors d'une négociation, tout le monde doit sortir la tête haute. Alors là, dans le cas présent, compte tenu de cet élément sur la précarité, nous aurions baissé la tête. Et cela, ce n'est pas ma conception du réformisme.
Richard Arzt : Pensez-vous que les économies prévues dans cet accord, globalement, pourront se réaliser et que les comptes de l'Unedic reviendront à l'équilibre en 2009, comme je crois que c'est envisagé ?
Jean-Claude Mailly : Avant ! Avant, Richard Arzt ! Il faut savoir: aux premières réunions de négociations, les chiffres de l'Unedic - donc sur le système tel qu'il est aujourd'hui - disaient quoi: équilibre en 2006. Donc, l'année prochaine. Et on a gommé les 14 milliards d'euros de déficit, en 2009. Cela, c'était avant qu'on commence à discuter. Et on l'a dit ! Il n'y avait, à partir de là, aucune raison de dramatiser le dossier. Vous savez, comme si, quand on négocie, c'est terrible : l'assurance-chômage, il faut qu'en même temps, ce soit Cecil B. de Mille avec du cinéma. Il faut absolument qu'on démarre les négociations à 15 heures pour passer la nuit, etc. On peut démarrer une négociation à 8h et demie ou 9h du matin, cela ne changerait rien sur le fond.
Richard Arzt : Vous accusez qui de faire du cinéma, alors ?
Jean-Claude Mailly : Ça fait partie du décorum. Moderniser la négociation, c'est peut-être aussi un peu regarder, regarder ce genre de chose. Mais je le dis bien: il n'y avait aucune raison de dramatiser. Le patronat a fait de la surenchère. Il faut le savoir. Au départ, il voulait tout réduire. Il a fait de la surenchère! Je dis bien: quand on est en situation de responsabilités, ça aussi c'est peut-être moderniser la négociation.
Richard Arzt : Vous l'avez dit comme cela à Madame Parisot ?
Jean-Claude Mailly : Oh ! Je l'ai même dit, parfois, de manière plus imagée. Polie, bien entendu, mais de manière plus imagée.
Richard Arzt : Exemple !
Jean-Claude Mailly : Je lui ai dit: on n'est pas en train de négocier une poterie dans un souk: ce n'est pas cela la négociation de l'assurance-chômage. La négociation de l'assurance-chômage: on est en situation, vous et nous, de responsabilités. A partir de là, ne faites pas de surenchère - patronale, ce n'est pas à la personne: qu'on se comprenne bien - Nous, nous n'en n'avons pas fait. Je considère qu'on n'a pas fait de surenchère sur ce dossier. Après, chacun prend ses responsabilités.
Richard Arzt : Je vous pose une question sur un tout autre sujet. A Cenon-sur-Vienne, dans le département de la Vienne, la direction de l'usine de manutention, Fenwick, veut faire passer la durée du travail à 37 heures et demi, sans hausse de salaires: c'est ça ou les licenciements. Ce n'est pas le premier exemple, mais qu'en pensez-vous ?
Jean-Claude Mailly : Ça fait partie de ce que l'on appelle «les procédures de chantage à l'emploi». C'est psychologiquement que ce n'est pas correct, ce genre de chose. Maintenant, je ne sais pas ce qui s'est passé dans cette entreprise, mais on l'avait connu sur Bosch. Quand les salariés sont consultés individuellement, ils traînent les pieds mais, en général, ils finissent par dire «oui». Pourquoi? Parce qu'ils ont peur de perdre leur emploi. Mais c'est bien dans une logique de chantage.
Vous savez, on ne réglera pas ces questions-là - et j'ai cru comprendre que cette entreprise, par exemple, comme d'autres, ce n'est pas parce que les bénéfices diminuent: ils sont même en augmentation. Donc, à un moment donné, on retrouve toujours le même problème, en France, comme ailleurs, ce n'est pas spécifiquement français en ce moment: c'est une question de répartition des richesses. Et le fait que c'est la logique financière qui l'emporte sur tout le reste.
Richard Arzt : Merci, Jean-Claude Mailly. Je rappelle que vous êtes le secrétaire général de Force Ouvrière.
Jean-Claude Mailly : Merci.
source http://www.force-ouvriere.org, le 2 janvier 2006